La mort des petits vieux
dimanche 28 mars 2010, 13:46 Un peu de recul Lien permanent
Les petits vieux ne meurent jamais tranquillement dans leur panier. C'est un mensonge. Un doux rêve que caressent leurs propriétaires lorsque viennent les vieux jours, les premières alertes, les frémissement du taux de créatinine ou la baisse de la densité urinaire. Selon leur espèce et leur race, les vieux ont entre huit et dix-huit ans. Huit ans pour les grands chiens - papy leonberg et ses 70kg - ou dix-huit ans pour les chats et les chiens à grande longévité, les caniches, cockers et autres...
Ces petits vieux là, je les suis depuis longtemps. Ils sont lourdement médicalisés (ou pas), ont été vaccinés régulièrement (ou pas). Peu importe : au fil des années, j'ai appris à les connaître, ainsi que leurs maîtres. J'ai vu naître leurs chiots ou chatons, mourir leurs parents, je les ai opéré, grattés, caressés, spéculumés ou radiographiés, je suis entré, un petit peu ou beaucoup, dans leur intimité et celle de leurs maîtres. Le plus souvent, une vraie relation de confiance s'est construite, au gré des petits bobos ou des gros pépins, peu importe.
Certains ont insisté pour que je devienne leur "vétérinaire traitant". Ce n'est pas du tout dans la politique de la maison : nous sommes trois vétérinaires dans notre structure, à peu près interchangeables en ce qui concerne nos compétences, hormis quelques "domaines plus ou moins réservés". Le comportement et l'endocrinologie pour moi (tendance cas de merdes), la chirurgie pour un autre, etc. Mais sans plus. Notre carnet de rendez-vous est donc commun et nous nous appliquons à ne pas "personnaliser la clientèle". C'est beaucoup plus simple pour s'organiser, ça évite la routine et surtout les dérives, les malentendus et, globalement, les ennuis. En plus, ça permet souvent de croiser les points de vue sur certains cas. Évidemment, certains clients n'aiment pas : ils veulent me voir moi, ou un autre, le font clairement comprendre à notre secrétaire et peuvent être franchement désagréables lorsqu'ils ne sont pas satisfaits. Ceux-là, on s'en passe très bien. D'autres sont plutôt déçus, ce qui aurait tendance à nous faire culpabiliser, mais pas longtemps. On gèrera la prochaine fois. Et puis parfois, on laisse faire, et nous nous construisons, peu à peu, une espèce de petit "parc" de clients dédiés, sans forcément en être ravis : ce ne sont pas forcément les plus faciles. Lorsque cela ressemble trop à un piège, nous nous débrouillons pour faire exploser cette routine et passant un client d'un véto à l'autre, quitte à le faire au cours d'une consultation commune. Évidemment, tout ceci demande une rigueur d'enfer sur la tenue des fiches et des dossiers, mais après tout, nous sommes informatisés, autant en profiter.
Le problème, c'est que, véto "personnalisé" ou pas, nous finissons forcément par nous attacher. Certains reviennent à la clinique comme ils rentreraient à la maison, nous connaissons leur nom, celui de leur propriétaire. Lorsque je connais le nom d'un chien, d'un chat, ou pire, que je reconnais la voix de son maître au téléphone, je sais que les choses deviennent dangereuses. Nous entrons là dans le domaine trouble de la relation de confiance établie, fructueuse et constructive, intelligente et destructrice. Celui où il devient de plus en plus difficile de séparer l'empathie de la sympathie.
Relation de confiance, fructueuse, constructive, intelligente, je ne vous surprends sans doute pas. Il paraît évident que l'on fait du bien meilleur travail dans ces conditions. Après tout, si l'on connaît bien l'animal et, plus encore, son maître, on est bien plus à même de lui proposer les soins ou le suivi qu'il souhaite, d'anticiper ses demandes ou d'éviter de chatouiller sa susceptibilité. De savoir amener une intervention coûteuse ou un traitement pénible.
Destructrice, vous pouvez aussi l'imaginer, après tout : Il sera bien plus difficile d'annoncer, dans ce cadre, une pathologie très grave, ou à terme, de pratiquer l'injection létale. Dangereuse aussi parce que la force de l'habitude reste le meilleur moyen de se planter, de ne plus observer objectivement, de modifier ses arbres diagnostiques sans même s'en rendre compte. Le fait de travailler à plusieurs permet de limiter ce dernier écueil, mais... J'ai remarqué dans mes jeunes années, lorsque je remplaçais un véto, que je démultipliais son taux d'euthanasie. L'un d'entre eux avait d'abord été choqué, me livrant, très spontanément, un "mais tu m'as tué toute ma clientèle ?!" après deux semaines de remplacement. Il travaillait seul, toujours seul, et mon regard plus distant, plus clinique, avait été l'occasion de prendre un certain nombre de décisions. Il était sans doute plus facile pour les maîtres de se décider en remettant les choses à plat avec quelqu'un qui avait en main le dossier de leur compagnon, mais qui n'était pas encombré de souvenirs et d'histoires. Euthanasieur itinérant, un métier d'avenir ?
Dans un certain nombre de cas, le fait de s'en remettre à l'analyse d'un étranger "de confiance" (puisque choisi par leur vétérinaire habituel) permettait sans doute aussi d'évacuer une certaine charge de culpabilité, comme si choisir l'euthanasie était une sorte de désaveu des soins attentifs et consciencieux prodigués par leur véto. Comme s'il se serait alors agi de lui signifier son échec, de renier son travail, de l'amener, pourquoi pas, vers un sentiment de culpabilité. Je ne prétends pas que ces clients poussaient aussi loin l'analyse, pas plus que les véto que je remplaçais, ou moi-même. Mais je crois fermement à ces réactions complexes qui ne nécessitent nulle analyse pour se construire, hors de toute conscience, ou sous de faux prétextes.
Dans ma situation actuelle de vétérinaire désormais installé dans ses pantoufles, la mort des petits vieux est celle que je crains le plus. Pas celle de leurs maîtres, qui m'attriste mais suit, hors de mon regard, sa logique naturelle, mais celle de leurs compagnons, car je suis autant celui qui donne la vie que celui qui la retire... après, parfois, l'avoir sauvée. Je ne souhaite pas ici évoquer la difficulté de l'injection ou celle de ces derniers instants, solitaires ou entourés. Nous discutons souvent, le soir à la clinique, parfois autour d'un chien ou d'un chat hospitalisé, de la mort d'un patient. D'une mort à venir : comment cela se passera-t-il ? Résignation, cris, hurlements, colère ou larmes ?
Les plus dangereux sont les plus médicalisés. Cardiaques, sub-insuffisants rénaux, arthrosiques, plus ou moins aveugles, ils vivent leur petit train-train quotidien sur le fil de la seringue, ils ne mourront pas tranquillement dans leur panier, ils décompenseront assez brutalement avant d'agoniser pendant des heures et des jours. Ils ont un, deux, trois, parfois cinq traitements quotidiens ou bi-quotidiens, occupent leurs maîtres - souvent des personnes âgées, qui n'ont plus qu'eux - pendant le plus clair de leur temps. Ils sont parfois l'incarnation d'une sorte de lutte contre l'âge ou la maladie, et l'échec du maître n'est pas envisageable : trop intime, trop violent, il aurait d'inacceptables relents de défaite. Il devient difficile de leur expliquer que l'on ne maîtrise plus grand chose des interactions médicamenteuses à ce stade, qu'il est pourtant compliqué de choisir un médicament à sacrifier sur l'autel des bonnes pratiques. Le risque est pris en toute conscience, les ordonnances s'allongent, piluliers, contrôles, analyses, sans acharnement, mais avec une rigueur parfois obsessionnelle.
Il naît de ces vieilles années un attachement parfois - souvent - trop intense du chien envers son maître, qui lui sacrifie alors ses vacances et ses loisirs, acceptant le fardeau le plus souvent sans remords ni regrets avoués. Le chien ne devient pas une raison de vivre, mais parfois, un motif de lutte. Si les résultats sont au rendez-vous, ils sont souvent très visibles, objectifs et reconnaissables même pour un profane. La réussite de ces traitements ne devient-elle pas alors un facteur d'observance pour toutes ces personnes qui ont oubliées pourquoi elles devaient se soigner ? Peu importe : nous montons sur un piédestal, on nous compare souvent à ces médecins qui eux, n'arrêtent pas de poser des questions, et qui sont tous des tire-au-flanc et des incapables. Il faudrait qu'un jour un médecin me confie les commentaires de ses patients sur leurs vétérinaires. Je suppose que je ne serais pas déçu...
Le véto, ce héros, qui a sauvé Louloute, qui a opéré Pimprenelle de son cancer, qui a trouvé la maladie du cœur, qui a fait une prise de sang, qui l'a ressuscitée le jour où elle allait mourir d'une piro... celui qui l'a envoyé au bon moment chez ce spécialiste, qui a su expliquer. Des actes tantôt très lourds, mais parfois ridiculement anodins et qui se parent malgré tout d'un lustre sans pareil aux yeux de nos clients. Le véto, ce héros sur son podium, qui a toujours débusqué le microbe, détecté la tumeur, tué les puces et vaincu le diabète. Cette aura prend parfois des dimensions disproportionnées, et il semble que nous ne disposions d'aucun levier pour la tempérer : trop modestes ! Il est alors temps de changer de vétérinaire, de faire très attention au cahier de rendez-vous et d'espérer que Minette mourra gentiment dans son panier, ou sous une voiture.
Car forcément, un jour, quelque chose va lâcher. Ou parfois ne pas lâcher.
Milton avait 17 ans. Il traînait, et c'était le moindre mais le plus gênant de ses problème, une grave dermatite allergique aux piqûres de puces. Il était gravement cardiaque, avec de fréquentes complications d'œdèmes du poumon. Sa cataracte le rendait aveugle, les rares crocs qui lui restaient étaient pourris, il était perclus d'arthrose mais restait le soleil de son couple de maîtres âgés d'un peu plus de cinquante ans, et sans enfants. Nous le voyions au moins une fois par semaine, ils faisaient 70km pour venir chez nous, n'arrivaient jamais avant 19h30 vue la distance et étaient prêt à tout pour lui. Ils suivaient scrupuleusement nos prescriptions et nos conseils, attendaient, à chaque complication, l'injection salvatrice, et n'entendaient jamais nos mises en garde et nos réserves. Milton ne pouvait pas mourir.
Le jour où Milton a contracté, malgré son vaccin, une piroplasmose, nous sommes devenus des monstres ; sa pré-insuffisance rénale s'est transformée en crise d'urée, les médicaments étaient tous contre-indiqués, la spirale de la décompensation générale s'entamait. Nous avons proposé l'euthanasie, ils se sont enfuis. Milton est mort chez un confrère après deux jours de perfusion.
Nous nous sommes quittés sous une pluie de mots durs et méchants, avec une facture impayée, qui, suite à une relance, nous a valu une lettre acide et mesquine. Je garde un très mauvais souvenir de cette épisode, car si je n'avais pas une grande affection pour ces clients anxieux et stressants, nous avions consacré énormément d'énergie à leur compagnon et à leurs angoisses. Mais nous savions que cela finirait, forcément, très mal.
Cachou avait quatorze ans. Sa propriétaire reste, à mes yeux, la plus gentille et la plus lucide des mamies à caniche que j'ai jamais rencontré. Guère épargnée par l'existence, elle nous a toujours fait confiance, nous suivant dans nos diagnostics et nos traitements, avec toujours un mot gentil, toujours un cadeau pour Noël, des chocolats, une attention, une petite lettre. nous ne craignions pas, dans son cas, un drame à la Milton. Mais toute la clinique suivait les déboires de Cachou, les larmes de sa maîtresse, ses espoirs - nos espoirs. J'ai euthanasié Cachou chez elle, dans son refuge que je n'avais jamais pénétré, devant sa cheminée. Entouré de son mari handicapé, de ses proches, puis je suis resté pour une étrange veillée, autour d'une tasse de café.
Madame Lampernot nous a envoyé une lettre recommandée avec accusé de réception, destinée au Conseil Régional de l'Ordre afin de dénoncer les souffrances inacceptables infligée à son chien que nous venions de suturer, suite à une bagarre, pour la huitième fois. Mais sans succès en ce qui concernait le sauvetage de son oreille, ce qui avait été très clairement souligné auprès de son mari qui nous avait apporté le chien. Nous n'avions pas grand espoir, mais nous supposions qu'elle aurait préféré un essai, même manqué, à une disgracieuse amputation. Elle n'a pas amené son chien pour le contrôle - alors que les rendez-vous avaient été donnés - le vendredi matin, ni le samedi matin, puis a appelé le dimanche matin pour que nous puissions contrôler, en urgence, le pansement. Ce que mon confrère a refusé, occupé qu'il était à gérer de vraies urgences. La plaie de l'oreille avait mal évolué, il a fallu une nouvelle intervention chez un confrère, qui ne s'est pas privé de confier à Mme Lampernot ses confraternels préjugés sur les vétérinaires de campagne. L'Ordre l'a envoyée bouler après avoir entendu les parties, et, satisfaction suprême, s'est même fendu d'une admonestation paternaliste envers notre délicat confrère.
Ces vieux ne sont pas une angoisse permanente, mais nous observons et vivons avec plus de plus de méfiance ces relations trop intenses, ces réussites trop insolentes ou ces petits succès accumulés. Au risque de finir blasés ?
Commentaires
poulala l'affaire milton, c'est un peu abusé quand même, le véterinaire n'est pas Dieu tout puissant [de toute façon, il peut pas vu que c'est moi XD] non plus
Je ne pense pas qu'il faille devenir blasé, car alors nous deviendrions comme certains de nos confrères avec qui j'ai travaillé: des mécanos! On diagnostique, on répare, on traite, et basta!... Même froideur en cas d'euthanasie! Cependant, il est clair que travailler en clientèle peut être émotionnellement très lourd, et le mieux c'est effectivement d'arriver à prendre de la distance avec clients/patients. Donc je serais pour dire: l'empathie oui, la sympathie, non.
Bon courage!
Ouhaou encore un billet qui tue (sans jeu de mot)
Je comprends ces familles, car quand on vient vous voir c'est qu'on est perdu !
Quand mon véto a confirmé la piro sur ma BA, j'ai plongé la tête dans son cou et j'ai pleuré !
Bon il me l'a soignée et remise sur pattes en 48h !
Les sentiments, l'amour et la passion nous font perdre le sens des choses !
On attend tellement de vous, qu'il ne nous est pas facile de vous voir en situation d'échec (si je puis dire).
Donc des gens comme les maîtres de Milton n'étaient pas prêts (vous le dites vous mêmes) à voir partir leur chien. Donc il a fallu que leur colère passe et vous avez été le bouc émissaire idéal !
Idem pour Mme Lampernot, qui a eu "la chance" de tomber sur un bon commercial.
Vous êtes nos "dieux", nos "samaritains" et qu'y a t il de pire que de voir un être, ayant la connaissance, échouer ??
Vous n'y êtes pour rien ! mais l'amour et la haine sont 2 sentiments trop proches qu'un rien peut faire basculer d'un coté à l'autre. En un rien de temps
Pas un métier facile que vous avez là !!
Oh! j'en ai eu des genre Milton. Leur chienne a été empoisonnée au p...quat (analyses à l'appui), 2 semaines pile après l'ovariectomie... au final j'ai eu droit à : "on vous a payé pour tuer notre chienne"; et la facture de l'intervention d'urgence (bien sûr) impayée. On encaisse, parfois dur de garder la foi!
Bonne continuation (Blog et clinique!)
Même souci et difficulté pour tous les soignants, d'animaux et d'humains ...
Que voila un bel article !
En tant qu'humain, on aime bien avoir le même médecin traitant et référant, alors je suppose qu'il en va de même pour nos chers animaux.
Mais je comprends votre angoisse sur la différence entre "empathie et sympathie".
Il en va de même pour les humains, non ?
J'avoue que je préfère moi aussi pour mes chats avoir toujours affaire au même vétérinaire. Evidemment je ne le demande pas explicitement mais je m'arrange pour prendre mes rendez-vous le jour où il sera là. Pourquoi ? Parce que pour le suivi classique de tous les jours (enfin de tous les ans, vaccins etc.), je trouve ça mieux. Le vétérinaire connait mes chats, se souvient parfois d'une consultation précédente, ou bien simplement d'une anecdote, ou même juste de leur nom. Je trouve ça plus humain, quoi ! Parce que c'est vrai que autant mon médecin, je m'en tape qu'il change tous les mois, mais la relation de confiance, de respect mutuel, que je peux avoir avec mon véto, ça c'est sacré. Peut-être parce que les animaux ne peuvent pas parler, ils ne peuvent pas dire où ils ont mal, et qu'il est par conséquent plus facile de passer à côté de problèmes. Alors c'est important pour moi de connaître suffisamment mon véto, et de savoir que je peux avoir confiance en lui.
C'est vrai qu'on leur demande beaucoup à nos vétos. On attend plus qu'une simple relation docteur-patient. Parce que les sentiments qu'on éprouve pour nos animaux sont très forts, et que quand il leur arrive quelque-chose, on n'a pas toujours dans notre entourage le soutien que l'on voudrait. Alors oui, on se dit que le véto, s'il a voulu être véto, c'est qu'il les aime, les bêtes. Et que par conséquent, s'il y a une personne qui peut comprendre notre tristesse et notre désarroi lorsque notre animal nous quitte, c'est bien lui.
Enfin cela dit, ça ne me viendrait pas à l'idée de taper un scandale parce que je n'ai pas pu avoir un rendez-vous avec mon véto habituel. Si ce n'est pas possible, tant pis, je m'en contente.
Par contre, en cas de problème de santé un peu plus complexes, j'apprécie au contraire d'avoir des vétos différents, pour pouvoir bénéficier de plusieurs avis.
En tous cas, je comprends très bien votre point de vue, et vos raisons pour ne pas vouloir trop vous attacher à vos clients/patients. Ca doit être très difficile de trouver le juste milieu entre être totalement blasé, et être trop impliqué intimement.
J'ai découvert votre site récemment et je ne m'en lasse pas. Félicitations pour votre style et la densité de vos billets.
Je partage la vie de Garfield (chatte rousse)depuis bientôt 22 ans et depuis 2 ans je m'attends toujours à ce que ce soit son dernier noël, son dernier été, ... Et pourtant elle est toujours là et bien là ! Elle jacasse toujours autant, elle mange toujours avec voracité, elle monte encore les étages plusieurs fois par jour, elle fait son tour de jardin dès que le temps le permet,... Elle n'est plus vaccinée depuis ses 15 ans et ne prend aucun traitement. Elle fait une sorte de crise d'épilepsie environ tous les deux mois et reprend ses esprits en moins d'une heure.
J'ai l'impression que lorsqu'elle partira c'est une part de moi-même qui partira avec elle mais parfois je me demande combien de temps elle va encore tenir ? Depuis la mort de mon chien de 17 ans et demi en 2007 (elle en aura enterré 2 durant sa vie), je me suis interdit d'en reprendre un malgré le manque profond que je ressens car je ne veux pas hâter sa fin avec un nouveau chien un peu brutal.
Surtout continuez !
J'avoue être impressionné et inquiet : Car j'imagine que pour la rurale, les jugements sur les "patients" et surtout leur maîtres doivent exister ! Très beau billet au demeurant...
Fourrure :
Ce n'est vraiment pas comparable ! Même si l'attachement des éleveurs à leurs bêtes est (en tout cas pour moi) une évidence, on ne retrouve jamais ce genre de relation entre un éleveur et ses vaches. Ce qui ne nous empêche pas d'avoir nos accrochages, nos coups de cœur et nos bêtes noirs chez nos clients ruraux, mais ce serait le sujet d'un autre billet.
Tout bien analysé je me rends compte qu'il m'est plus facile de changer de médecin à chaque visite que de confier mon chat à un vétérinaire inconnu et un commentateur a donné l'explication : notre animal ne peut pas parler, il a davantage besoin (d'après nous évidemment) d'un suivi par un vétérinaire le "connaissant". Evidemment tout cela ne résiste pas au raisonnement, mais on s'accroche à cette idée.
Un mot pour vous dire merci... J' ai dû récemment faire euthanasier mon matou de 13 ans 1/2, et si sa perte a été, et reste très douloureuse, j'ai pu faire face aux aspects "techniques" liés à sa mort grâce à vos explications, scientifiques mais aussi empreintes d'attention à l'autre, qu'il soit humain ou animal. Je savais comment allait se dérouler le processus et que mon Jules ne souffrirait pas.
J'ai aussi mesuré -un peu- ce qui pouvait se passer dans l'esprit de celui qui est de "l'autre côté" de la table, et je me suis permis d'envoyer, après quelques jours, un petit mot à mon vétérinaire pour le remercier de sa douceur envers mon chat, qui lui avait assuré une fin paisible... Inutile de préciser que cet article sur "les petits vieux" m'a touchée en plein coeur...
bonsoir,
pas envie d'expliquer mes motivations... sous-jacentes dans mes questions sans doute ... mais SVP pourquoi le vaccin contre la PIF (péritonite infectieuse féline) n'est disponible que sur le continent américain ? et pourquoi n'y a-t-il qu'un seul laboratoire d'analyses en France, susceptible de détecter les mutations de ce **** de virus ? Je n'ai pas lu tout le blog, peut-être avez-vous déjà évoqué cette maladie ...
merci si vous pouvez communiquer à ce sujet, le nouveau "vétérinaire traitant" (suite à déménagement en "zone rurale") de ma Mite n'ayant pas pu nous aider à temps ...
Fourrure :
La péritonite infectieuse féline est une maladie extrêmement complexe au sujet de laquelle tout n'est pas encore connu... et de loin. Ceci étant, il y a tout de même de très nombreuses choses à dire. Cela fait un moment que je pense faire un billet sur le sujet, mais je ne vous promets rien à court terme.
mille mercis à vous pour votre réponse express !!!
la suite est à publier seulement si vous estimez le contenu "publiable"...
Avec 3 mois de recul, n'étant pas (mon mari ni moi) ni vétérinaire ni médecin (et moi incapable de regarder de vraies interventions chir. à la TV) je me culpabilise encore, car mon mari et moi avons préféré le "passage en revue de la pharmacie maison" (heureusement pour les autres, pas la "pharmacie maison" de tout le monde... mais je n'ai rien trouvé sur internet ni eu de réponse à ce sujet après appel à 23H au vet. concenant l'effet de cette famille d'anti-douleurs sur les félins) ... plutôt que de la coller dans le panier de tranport et la ballader dehors par -10° sous la neige pour l'emmener au cabinet vét. Je sais qu'elle souffrait trop et qu'elle était condamnée (peau jaune vif, alimentation forcée par sonde; diarrhée et j'en passe) mais sans avoir aucune réponse par tel. du vétérinaire qui la suivait, lui appliquer nous-même ce (très) gros anti-douleur pour les "sapiens sapiens" a été très dur !!! Le résultat du labo. d'analyses est arrivé une semaine plus tard pour confirmer la PIF (sans FIV) mais cette maladie attaque tellement vite tout l'organisme ! Oui il y a des choses à dire (y compris pour dire qu'on ne sait pas grand chose sur le déclenchement de la PIF!), je comprends que vous Fourrure(en tant que bloggueur vétérinaire) ne puissiez pas aborder "l'euthanasie d'urgence" sur des domaines publics; mais cela me paraissait la solution "la moins pire" ... J'ai eu peur de lui administrer cette molécule (effet humain : gros anti-douleur + myorelaxant; mais effet félin ???) mais il nous a semblé qu'elle est "partie" en s'endormant entre nous; bien avant que ses poumons ne se bloquent (ce n'était pas du curare !) au moins elle n'était pas seule
Même si je comprends bien les motivations d'Elyse, cette "euthanasie maison" me semble bien dangereuse.
Moi non plus je ne suis pas véto, et je ne connais pas les effets des traîtements humains sur un chat malade...Le résultat peut être bien pire que de le déplacer même dans des conditions difficiles, j'imagine!
Peut être que le véto de garde pouvait conseiller par téléphone de donner ou non le mdicament?
Ils s'appelaient Helios, 12 ans, opéré d'une tumeur de la rate il y a deux ans, Milo, 14 ans, suivi en IRC depuis 18 mois, Pollux, 12 ans, que je n'ai pas pu sauver de sa crise d'urée, Olix, 11 ans, qui a passé un mauvais weekend et que mes collègues ont dû euthanasier le mardi suivant... A chaque fois, la même intensité, la même émotion, les mains qui tremblent alors que c'est bien sur cet acte qu'on ne peut pas "se rater"... Stress... Et puis l'injection, tout se passe tellement vite, c'est si facile... Après trois ans d'exercice (c'est si peu!) je n'ai pas réussi encore à trouver le bon compromis entre la compassion et les larmes qui me montent aux yeux...
Merci Fourrure de mettre des mots sur nos vies de vétos, tu écris tellement juste!!
à smacks : On ne peut pas rater une injection letale, certes, mais on peut la pratiquer en pensant que c'est certainement, et de loin, la meilleure chose à faire... Et se tromper lourdement !
Ma seule experience en la matière est celle de mon premier chien (le seul dont j'ai eu à "affronter" le deces), un beauceron de 13 ans. Une après-midi, il peine à se lever, tombe dans les escalier, le lendemain, il ne peut plus faire ses besoins tellement ses pattes sont faibles. On s'était toujours jurés de ne pas laisser "trainer" notre chien comme ça, que le jour où il ne se lèvrait plus, on prendrait le courage nécessaire pour lui dire au revoir... On l'emmene chez le veto, ce dernier a eu un empechement, n'est pas là. Ma moitiée doit retourner au travail en fin de journée, pas le temps d'attendre, rendez-vous pris 3 jours après pour la piqure, seul rendez-vous disponible ; un "drôle" de surcis... On rentre à la maison avec le chien, pas sur de devoir se réjouir de ce delai accordé par la vie. On essaie de se conditionner pour emmener notre chien sur une couverture sous le regard des autres personnes qui attendent leur consultation... Et puis le lendemain, le chien peine un peu moins, se lève un peu ; le lendemain encore mieux. Il arrivera au rendez-vous en marchant tranquillement à nos côtés sous l'oeil dubitatif de l'équipe du cabinet... On en a conclu qu'il avait eu des courbatures très douloureuses, il est reparti avec nous pour déceder, plusieurs mois apres, d'une leucemie...
Si le veto avait été là, nous aurions perdu des mois qui furent très précieux.
La mort reste malgré tout irréversible, et les larmes se justifient à mon avis.
au printemps, ma vieille Reina, une beauceronne croisée cocker n'était plus qu'à quelques mois de ses 17 ans.... mais il faut bien avouer que la belle et mince athlète qu'elle avait été avait clairement disparu. Elle mangeait à peine, buvait beaucoup, on lui avait diagnostiqué un souffle au coeur l'année dernière et ses douleurs articulaires qui la torturaient depuis 3 ans l'empêchaient de se lever et d'aller uriner si bien qu'elle pissait dans la maison.
Ce fut une merveilleuse compagne, mais je savais que dans la nature(sans ses anti-douleurs), elle serait déjà morte à cause de son âge. Je l'ai laissé dans la maison avec à boire et à manger à portée de gueule. Et ma mère retraité est venue l'emmener pour la faire euthanasier ! J'ai préféré cela ! Ne pas insister pour la garder. Je n'ai ainsi QUE des bons souvenirs d'elle !!!
bonjour, vendredi 7 OCTOBRE 2011 à 16h45, j'ai toujours eu des chiennes chats qu'il a fallut euthanasier, je suis seule et j'ai besoin d'animaux pour compagnie, je suis allée à la SPA, sur internet et sur journal local j'ai vu un vieux chien cocker qu'il fallait sauver,aveugle il était, je cherchais un petit, mais devant la détresse de la SPA, sans le voir je m'étais engagée par téléphone à le prendre, il était plus grand et gros que je le pensais, je l'ai emmené, le lendemain je me suis aperçu de l'engagement que je venais de prendre on m'a dit qu'il avait environ 10 ans mais sur ses papiers
il aura 14 ans en novembre ou décembre, il est aveugle sourd, otite et arthrose; je dois l'accompagner partout, extérieur et intérieur,(j'ai la chance d'avoir une maison) mais j'avoue que je ne m'attendais pas à tous ces problèmes j'ai peur du temps à passer avec lui, il est tellement gentil que je ne puis me résoudre à ce jour de le ramener au refuge, il est adorable très affectueux, chien abandonné (en fourrière puis à la SPA) lorsque je vais m'absenter comment vais je faire, besoin de faire pipi il pleure aboie puis hurle, j'habite en lotissement je suis désemparée, quelqu'un pourrait il me conseillé
c'est pour moi un réel tracas....
Bel hommage aux petits vieux! Dommage que la relation avec les proprios n'ait pas survécu.
Ici, une petite vieille de 12 ans eutha chez véto, dur dur!
un autre petit vieux, de 18ans parti avec nous sur son coussin un dimanche matin, "en attendant" le RV à la clinique du lundi matin, douleur mais soulagement.
un autre petit vieux de 16 ans et demi, touj ok pour qui on espère qu'il partira avec nous.alerte en juin "prévenez les enfants" avait dit not' véto.
La décision de l'eutha est déja prise, si "besoin". La confiance en nos vétos de la clinique est entière.
Merci pour tous ces billets chargés d'émotion, d'humour découverts il y a peu sur ce blog.
J'imagine à travers du Doc Fourrure ce que peuvent penser "mes" vétos et le regard qu'ils ont de nous patients.
bonne continuation.