Soigner, parce qu'il le faut ?
mercredi 10 juillet 2013, 20:03 Un peu de recul Lien permanent
C'est un samedi soir. Il est 19h00, j'aimerais bien rentrer chez moi, mais, pas de bol, j'ai eu quatre appels entre 18h45 et 19h00.
Le premier a été vite expédié. Un chien qui s'étranglait avec un os, mais qui l'a vomi dans la voiture (technique à retenir pour quand je n'aurai plus d'apomorphine).
Le second, je l'ai mis sous perf' et hospitalisé direct, dans la cage à côté de son frère qui est là depuis hier. Une portée de chiots, un parvovirus, un week-end à nettoyer et désinfecter cages et chenil, histoire de mieux apprécier la valeur de nos assistantes.
Le troisième ne m'a pas pris bien longtemps non plus. Plus de peur que de mal sur un accident de la route, le conducteur a pilé, le pare-choc a juste bousculé le chien.
Le quatrième m'a occupé jusqu'environ minuit.
C'est une cliente que je ne vois pas souvent, mais régulièrement et depuis longtemps, qui me l'a amené. Mme Baïs. Sa fille l'accompagnait. Je soigne leurs chevaux, et leurs chiens à l'occasion. Ils ne sont pas très véto. Leurs animaux vivent leur vie, plus ou moins en liberté autour de la maison. Ils les nourrissent bien, s'en occupent, mais les chiens, les chats ou les autres bestioles ne sont que ça : des chiens, des chats, des bestioles. Pas des enfants de remplacement, des confidents ou des compagnons de vie.
Je les aime bien : ils sont clairs et cohérents.
Leur jack russel a déconné. Dans les grandes largeurs. Il n'a rien trouvé de plus intelligent qu'attaquer un chien qui passait avec une joggeuse sur la route devant la maison. Un jack russel, c'est un petit chien. Un terrier. Un genre de fox, si vous voulez (là, normalement, les fans de jack russel ET de fox devraient me sauter dessus). Le chien qui passait, c'était un leonberg. 60kg. Le jack russel est vite rentré chez lui, avec quelques trous dans la peau.
Une fois l'émoi de la bagarre passé, chacun est retourné à ses occupation. Les trous, ce n'était objectivement pas grand chose. Ils ont désinfecté et espéré que "ça lui apprendrait" - sans trop y croire. Puis oublié.
Le lendemain soir, ce samedi, à 18h30, le chien a vomi du sang.
Une bonne partie de son aine droite était tuméfiée. Il y avait un petit coup de croc. Pas grand chose. La peau avait pris une vilaine teinte violacée, nuancée de noir. C'était gonflé, mais la douleur était impossible à estimer. Le chien n'était vraiment, vraiment pas bien. Très abattu, un peu déshydraté. Il endurait.
Un examen rapide à l'échographe m'a rapidement confirmé ma suspicion : le muscle abdominal était déchiré, les intestins était sous la peau. Avec les vomissements, j'imaginais une occlusion liée à une hernie étranglée : l'intestin faisant une boucle par la déchirure abdominale, trop serré, étranglé par l'étroitesse de la plaie d'éventration. Le sang ne circule plus, l'intestin meurt.
C'est évidemment une urgence, c'est évidemment très grave. Je démarrerai l'opération environ une demi-heure plus tard. Finalement, le croc avait même percé l'intestin, qui déversait son contenu dans la poche entre la peau et le muscle abdominal. Il m'a fallu enlever environ 30cm d'intestins. C'est la chirurgie la plus complexe que je sache faire.
Tout s'est très bien passé.
Lorsque j'ai établi mon diagnostic, avec la propriétaire du chien et sa fille, j'ai évidemment expliqué les tenants et aboutissants du problème. Que j'ai eu tort sur la nature exacte de la blessure n'y changeait finalement rien : la prise en charge était la même.
Elles étaient évidemment d'accord pour que j'opère. Madame s'est d'ailleurs excusée, plusieurs fois, pour la soirée que j'allais passer. J'ai eu beau lui expliquer que j'étais là pour ça, elle avait bien conscience que mon samedi soir se passerait en tête à tête avec les intestins de son chien et pas avec ma famille. Elle avait compris que c'était une chirurgie complexe, et que le risque anesthésique était relativement important. Qu'il faudrait sans doute quelques jours d'hospitalisation, et une alimentation spéciale pendant deux semaines au moins.
J'ai donc recueilli dans les règles de l'art son consentement éclairé.
Je n'ai pas fait signer de demande de soin, ou de document prouvant le consentement éclairé. Ici, ça ne se fait pas. Nous n'avons pas de problème à ce niveau. Les gens sont d'accord ou pas, mais nous n'avons pas (encore ?) formalisé cette étape indispensable de la relation de soins. La parole donnée, la confiance et le respect mutuel entre client et vétérinaire fonctionnent bien. J'ai bien conscience que ce n'est plus le cas partout, et je chéris cette relation précieuse.
Nous n'avons pas parlé d'argent. Parce qu'avec eux, ça ne se fait pas. C'est monsieur qui gère, et, ce soir-là, il n'était pas là. Je le connais, il me connaît, je sais qu'il serait d'accord. N'y voyez aucun sexisme, ou mépris, ou catégorisation : c'est comme ça que leur famille fonctionne. Je n'ai pas abordé le sujet, elles non plus. Elles avaient pourtant parfaitement conscience que ça risquait de coûter cher.
J'ai préféré ne pas le mettre sur la table pour me concentrer sur le plus urgent : enlever ses intestins pourris à ce chien.
Elles ont préféré ne pas aborder la question pour des raisons qui leur appartiennent.
Ce n'était certainement pas parce que ça n'avait pas d'importance. Ce sont des gens modestes.
Ce n'était pas parce qu'il n'y avait pas le temps, ou que l'occasion a manqué.
C'était peut-être parce qu'on ne parle pas de ces choses là, et encore moins au docteur. Cela, j'en avais conscience, ce n'était peut-être pas à mon honneur de n'avoir pas brisé le silence sur cette question. On flirtait sans doute à la limite de la manipulation, comme c'est souvent le cas dans la relation entre le soignant et le soigné (ou le propriétaire du soigné, dans le cas d'un animal...).
D'habitude, je mets les pieds dans le plat. Je sais le problème de la valeur de la vie, je sais que les soins que je prodigue peuvent être chers. Je connais également leur coût. Je me suis dit qu'il était plus pertinent de ne pas aborder la question. Je ne sais pas exactement pourquoi.
La facture s'est finalement élevée à 700 euros, pour une entérectomie sur éventration souillée (anesthésie gazeuse, environ deux heures et demie d'intervention, seul, un samedi soir, deux boîtes de chirurgie...), surveillance du réveil (environ 3/4 h de plus dont j'ai profité pour nettoyer le bloc et les boîtes de chirurgie), trois jours d'hospitalisation dont un dimanche, des tas de médicaments (analgésiques surtout, anti-inflammatoires, antibiotiques), un petit sac de croquettes et tous les petits soins qui accompagnent une telle intervention.
Objectivement, je pense que ce n'est pas cher. Comme me le disait un confrère très spécialisé, habitué des grosses factures : "c'est pas cher, mais c'est beaucoup d'argent."
Nous n'avons abordé la facture que lors du retrait des points, deux semaines plus tard. Tout s'était très bien passé, quoique cette précision ne soit théoriquement pas pertinente concernant le prix des soins.
Cette fois-ci, c'est M. Baïs qui était venu, avec sa fille. Lorsque j'ai abordé la question de la facture, prévenant et anticipant sur une possibilité d'étalement de paiement, il se doutait bien que ce serait cher. Mais il ne pensait manifestement pas que ce serait autant. Je savais que, pour eux, c'était une somme très importante. Pour certains, ce serait une somme insurmontable (qui condamnerait leur animal ?). Pour d'autres, un simple détail.
M. Baïs n'a pas du tout contesté le prix. Mais il s'est visiblement décomposé. Du coup, j'étais encore moins fier de n'avoir pas abordé la question avant. Je ne sais toujours pas si c'était une erreur de ne l'avoir pas fait. Il m'a fait confiance, par procuration certes, mais peu importe. Il a apprécié la réussite de mon travail, et réalisé en voyant avec moi le détail de la facture, que d'une part le prix était "juste", et que d'autre part je lui avais "remisé" certains actes dans une logique de forfait de soins.
M. Baïs a eu très précisément les mots suivants :
"Je paierai, oui, bien sûr.
C'est normal, c'est mon chien, il faut bien le soigner.
Mais quand même, c'est sûr, ça fait beaucoup d'argent.
Mais quand on a un animal, c'est sûr, on le soigne, il le faut."
Je n'ai pas oublié ses mots.
J'ai entendu l'idée, considérée mais vite évacuée, de ne pas me payer. Il savait qu'il n'avait aucune raison de ne pas me payer, et c'est un homme honnête qui me considère comme un homme honnête.
J'ai entendu ce que je savais : c'était vraiment beaucoup d'argent. Il l'énonçait sans honte, ni comme un aveu, ni comme un reproche, et d'autant plus facilement sans doute que je l'avais déjà précisé. J'ai conscience du prix, de ce que représente cette somme pour une famille modeste. J'ai aussi conscience des coûts et de la valeur des soins, ce qui me permet de présenter sans honte mes factures (et il m'a fallu beaucoup de temps pour apprendre à assumer mes factures).
J'ai surtout entendu cette obligation morale à laquelle je n'avais pas vraiment réfléchi. J'avais bien sûr déjà entendu la formule "quand on a un animal, on l'assume", et ses diverses variantes. Mais cette phrase, jusque là, était restait pour moi une idée prête à penser, une formule toute faite. Je m'interroge encore régulièrement sur les questions liées à la valeur de la vie animale, évitant autant que possible ses dilemmes inhérents à mon métier. Là, ce n'était pas la question.
M. Baïs interprétait devant moi, avec beaucoup d'honnêteté, cette contrainte morale.
Il faut soigner son animal.
Pourquoi ?
Parce qu'on en a la responsabilité, et qu'avec elle vient une obligation morale qui n'existe pas s'il s'agit de réparer une voiture.
Cette obligation morale envers un animal n'existait pas, ou en tout cas n'était pas la règle, il y a quelques décennies. Elle ne vaut d'ailleurs que pour notre société et celles qui lui ressemblent. Elle sous-tend l'essentiel de mon activité professionnelle, surtout avec la baisse de l'activité "rurale" depuis quelques années. Elle est même entrée dans la loi avec la notion d'obligation de soins.
Dans le même temps, les progrès de la médecine vétérinaire, sur les traces de la médecine tout court, sont fulgurants. L'augmentation des moyens financiers consacrés aux animaux accompagne l'augmentation des moyens médicaux disponibles. Pharmacopée, imagerie, chirurgie, compétence... Les vétérinaires d'aujourd'hui ne font plus le même métier que les vétérinaires de la génération qui les a précédés.
Dans le même temps, les vétérinaires, comme les propriétaires des animaux, deviennent un enjeu financier pour les labos, les assureurs et les affairistes divers et variés.
Puisqu'il faut soigner l'animal, puisqu'on le doit, autant s'en donner les moyens.
Jusqu'où ?
Et comment devons-nous désormais comprendre l'obligation de moyens inhérentes à l'exercice loyal de la médecine ?
Parce qu'un moyen existe, faut-il l'utiliser ? Doit-on l'utiliser ? Le proposer, oui, on le doit, et c'est finalement ici que s'achève a priori le principe de l'obligation de moyens, réduite à une obligation d'informer sur l'existence des moyens. Ensuite, il faut composer avec les contraintes, les attentes, les limites et possibilités financières et techniques de chacun - aussi bien vétérinaire que propriétaire. De cette confrontation entre le "possible" et le "disponible" renaît l'obligation de moyens, définie cette fois par un devis qui tient lieu de contrat de soins.
Un médecin me disait l'autre jour : "nous, quand on ne sait pas, on fait un scanner." Curieuse logique, d'un point de vue médical d'une part, mais d'un point de vue économique également. Le moyen existe, on doit l'utiliser, d'autant plus qu'on pourrait lui reprocher de ne pas le faire. En médecine "humaine", la question économique est pour l'instant évacuée (du point de vue du patient en tout cas). Pour le meilleur et pour le pire, notamment l'insupportable "j'y ai droit, je cotise", à la fois parfaitement logique et totalement vicié. Je commence à le voir apparaître avec les mutuelles de santé pour animaux de compagnie, qui permettent de fausser la décision médicale d'une manière inédite : avant, on était contraint par défaut de moyens, nous dirigeons-nous nous aussi vers une contrainte par excès ?
Jusqu'où faut-il aller ? Et puisque la question est par essence morale, quel est le seuil immoral ? Celui qui rabaisse l'homme sous le niveau de l'animal de compagnie ?
Commentaires
"quand on a un animal, on l'assume".
C'est une phrase importante, qui va avec "un animal, ce n'est pas que pour Noel"
700€, c'est effectivement beaucoup d'argent. pas cher au regard de l'intervention, en effet, mais je comprends le questionnement, le cheminement de pensée du client.
Vous proposez, dans ces cas particuliers (clients connus, cas particuliers) des "facilité de payment" (ou difficulté de trésorerie pour vous)?
Fourrure :
Systématiquement dès qu'on dépasse 200 euros. Et si on me demande pour des sommes inférieures, en général j'accepte sans problème.
Je partage la conception de votre client. L'animal ne jouit pas de libre arbitre dans la mesure où il ne choisit pas son maître. Ça implique à mon sens un certain nombre d'obligations morales envers lui, dont celle de le soigner... dans la mesure du raisonnable en matière de souffrance, d'héroïsme et de finances (ces deux dernières composantes pouvant être très subjectives).
Décider de ne pas soigner sans savoir de quoi il en retourne c'est pour moi injustifiable. Ce genre de décision me parait acceptable à partir du moment où on a évalué les solutions de façon sincère.
La mutuelle peut être une façon d'évacuer la question financière, il reste encore celle de la souffrance que ça va causer à l'animal, de ses chances de récupération et de sa qualité de vie en cas de réussite.
Peut-être aussi qu'avant l'animal était davantage perçu comme un outil (le chat est là pour chasser les nuisibles, le chien pour garder ou chasser). Quand l'outil est défectueux on cherche naturellement à le réparer mais si c'est trop compliqué ou que ça risque de ne pas marcher on préférera en changer (à moins que ce soit vraiment un outil hors du commun). Quand l'animal a commencé à être davantage recherché pour ce qu'il est (un chat, un chien avec une personnalité... voire pour ce qu'il n'est pas : un enfant) plutôt que pour ce qu'il fait, ça me semble assez logique que des obligations morales soient apparues conjointement.
Pour moi, le fait que vous n'ayez pas proposé de devis montre aussi que vous appliquez ce principe de façon instinctive. Au moins dans ce cas. Il fallait sauver ce chien, pour cela il fallait l'opérer et ce malgré un coût élevé. Sans mauvaise conscience vu que de toute façon vous saviez que la famille vous suivrait.
Personnellement, je préfère que mon vétérinaire aborde la question financière. Je n'ai jamais signé le moindre devis, mais une simple indication orale ça rassure, ça prépare et ça laisse le temps de s'organiser. Je suis assez pudique, j'ai du mal à aborder moi même cette question et si mon vétérinaire ne l'abordait pas pour moi je pourrais me sentir obligée de soigner mon animal, avoir peur de passer pour une pourriture devant lui en ne le faisant pas (il y a son propre regard à affronter mais aussi celui de l'autre, surtout quand c'est un praticien pour qui on a de l'estime). En parler ça ouvre une porte de sortie, même si j'espère ne jamais avoir à la prendre.
J'approuve les commentaires précédents, mais j'ajouterais une chose. Je fais partie de ces proprio à mutuelle qui adoooorent leur animal. Je ne le considère pas comme un enfant, je ne fais pas d'antropomorphisme, mais je trouve idiot d'avoir un animal de compagnie (pas de travail, rien à voir) si on ne l'aime pas.
J'ai une certitude, peu importe ce que ma mutuelle prend en charge, je refuse tt acte qui ne soit pas absolument nécessaire. C'est une règle vue avec mon véto et que j'ai jugé indispensable de mettre en place puisque mon chiot est malade. Car pour moi la responsabilité morale est double: soigner son animal ET ne pas le faire souffrir inutilement pour le garder à nos côtés. J'ai toujours trouvé qu'il y avait un côté très égoïste dans le traitement à tout prix. Il faut faire attention à cet excès là.
Salut Fourrure.
pour ce qui est du scanner (chez l'être humain) je reste bien mitigée:
les médecins ont obligation de moyen ( pas de réussite hein :D) d'où peut être ce recours à l'imagerie.
mais aller à la pêche comme ça c'est bien casse-gu…
Des bisous
Fourrure :
C'est une réflexion d'un médecin dont je soignais le chien. Elle m'a laissé plus que mitigé.
Bonjour
Aussi véto (mais en ville) et plongeuse, cet article fait échos à des souvenirs de chien contre sanglier et perforation thoracique. C'est vrai que parfois, on évite de parler d'argent avec nos clients en pensant qu'ils savent que ça va coûter cher, surtout quand ils nous disent "faites tout ce qu'il faut" et qu'on est confronté à une urgence. Ils n'imaginent pas toujours le prix du "tout ce qu'il faut...". Le pire étant quand malgré tous nos efforts l'issu est fatale. Décider quelle remise on fait (beaucoup mais pas trop pour ne pas donner l'impression de ne pas avoir fait tout ce qu'il faut) et présenter la facture au client sont souvent complexes et nous donne quelques sueurs froides.
Je suis assez décomplexée vis à vis de l'argent et des soins. La médecine et la pharmacie sont devenues des commerces comme les autres. Et les vétos n'échappent pas à la règle. Quand mon chat a été malade, et que la remplaçante de ma véto habituelle m'a proposé de faire une analyse de sang et des tests Fiv et Fel, j'ai d'abord demandé combien ça allait couter. Elle m'a répondu 117€. Elle avait juste oublié de compter la visite et les médocs, j'en ai eu pour 170€. Mais ce qui m'a décidé c'est que les résultats étaient disponibles en moins d'une heure, et que comme ça j'aurai l'esprit tranquille et que je ne regretterai pas de ne pas l'avoir fait. Eu final, quand ma véto est revenue, elle m'a dit que la remplaçante avait fait n'importe quoi (elle avait rasé tout le cou de mon chat pour faire la prise de sang :D ) et elle a remplacé les comprimés qui faisaient vomir mon chat par des injections. Je n'ai pas payé les visites suivantes, seulement le traitement. J'ai trouvé ça très "commerçant".
Ouf la joggeuse avec le Leonberg ce n'était pas moi :D
Pour les sous c'est vrai que pour une somme aussi importante, je pense que j'aimerais qu'on m'en donne une petite idée à l'avance même si c'est vague, après je n'ai jamais été dans ce cas là alors difficile de savoir. Mais ça m'aurait évité le choc à la facture finale comme le monsieur. Après je m'en serais remise aussi (comme le monsieur). Si vous faites des crédits et des possibilités de payer en plusieurs fois, c'est chouette et ça doit bien dépanner.
En tout cas ce petit chien aura eu bien de la chance, j'espère qu'il en tirera des leçons!
700 € : le prix d'une paire de lunettes ou d'un demi appareil auditif.
Combien s'en passent ?
Pour Docteur_V : certes 700 € c'est le prix d'une paire de lunettes ou d'un appareil auditif... Vous dites "combien s'en passent"? Je vous répondrai "il y en a qui n'ont pas le choix". Je connais deux personnes myopes, mari et femme, qui ne font renouveler leurs lunettes que tous les trois ou quatre ans faute de moyens. Pour des personnes à faibles revenus, 700 € c'est une somme vraiment énorme, et s'ils ont des difficultés à les payer pour leur vue, ils auront certainement des difficultés à les payer pour leur chien, sans que ce soit de la maltraitance de leur part pour autant...
ça aurait sans doute coûté moins cher s'ils avaient emmené leur JR tout de suite après l'attaque...c'est aussi un point à prendre en compte il me semble pour le montant du coût final , il suffit de regarder la gueule d'un Léo pour imaginer sans peine les dégâts sur un petit chien même plein de muscles comme le Jack ...on en a eu des comme ça dans la grosse clinique où je bossais en tant qu'ASV ..on a aussi eu le cas de personnes pas forcément modestes qui ont refusé de régler une facture qu'ils considéraient comme étant trop élevée et qui ne sont jamais venus récupérer leur chat ..qui est devenu la mascotte de la clinique
Tout de même. Les propriétaires ont bien compris que vous alliez réaliser une intervention délicate, longue, et suivie d'une prise en charge clinique importante. Alors je ne vois pas ce qui pouvait surprendre leur "ministre des finances", si elles lui ont bien décrit la situation.
Là-dessus, votre parallèle avec la prise en charge des frais médicaux humains vient à point : à force de ne pas voir passer les factures, tiers payant oblige, on finit pas ignorer ce que coûtent les examens (parfois néfastes comme le scanner), les actes chirurgicaux ou les traitements pointus ! Alors le prix du sauvetage d'un petit chien, c'est encore plus flou ...
Dans le fond, vous exerce aussi une fonction pédagogique ;)
Ce point d'interrogation là, trop gros, trop présent dans le titre, si je pouvais l'effacer...
Pour notre famille, c'est "soigner parce nous le devons".
Bonne journée amis des animaux :D
Les patients, ceux qui ont subi une opération ou un gros pb de santé, ont conscience de l'aspect économique des soins. Dépassement d'honoraires, gestion des lits, rééducation, sécu... c'est des choses que l'on apprend très vite dans la maladie.Que ce soit pour l'homme ou l'animal, c'est la 1ère fois qui "abasourdit".
Mon chien a un cancer, je viens de débourser à peu près la même somme en examen. Mon véto m'a expliqué au fur et à mesure les "moyens" à sa disposition. J'ai accepté sans regret : j'aurai pu répondre "attendons voir", il me laissait cette possibilité.
Il ne cherche pas à me vendre de la nourriture spéciale, une opération ou quoi que ce soit... c'est là que le propriétaire d'animaux fait la différence entre le praticien et le commerçant.
Je crois que "quand on a des animaux, on les assume" n'est qu'une forme pudique de l'amour que l'on peut porter à un animal tout en lui laissant sa place d'animal.Mais il est vrai aussi que dans une société ou tout peut s'acheter à crédit il est difficile parfois d'avouer à un autre un manque de moyen sur la "vie".
"...Soigner, parce qu'il le faut ?..." Je pense pas que la personne qui pense ça, puisse désinfecter, surveiller, déranger le véto, si tard, et payer 700 euros !!!
@ 8. Docteur_V
700 € : le prix d'une paire de lunettes ou d'un demi appareil auditif. Combien s'en passent ?
Je m'en passerai si la CMU n'était pas là. J'ai connu des amis fauchés mais "trop riches" pour la CMU qui hésitaient à se faire soigner tant que ça n'était pas très grave. Et je ne parle même pas des soins dentaires.
Le sujet évoqué m'interpelle particulièrement. Je suis au RSA (au cas où ça ne semblerait pas évident: pas par choix!). J'aimerai bien avoir un animal de compagnie. Mais combien puis-je dépenser pour lui? Combien puis-je mettre de coté pour le cas où ça n'irait pas. Pour le cas où la "mauvais passe - période RSA" dans laquelle je suis durerait plus longtemps que je ne l'espère...?
Bonjour,
Encore un joli article, que je trouve personnellement très juste, qui résonne d'autant plus en moi que je commence à exercer, dans le même métier que toi, fourrure, et que la question du coût, du "est ce que ca vaut la peine", se pose quand même souvent. Je découvre également peu à peu combien ca peut être dur de parler d'argent ; oui, tout ça, sinon on ne peut pas le soigner.
C'est très dur d'annoncer un prix, cela semble toujours cher...
et pour répondre à une personne ayant commenté précédemment : non, on ne s'y attend pas. Comment le pourrait on? Surtout dans le cas d'opérations nécessitant autant de moyens, lorsque les frais s'accumulent... Avec la sécurité sociale et les mutuelles on a beaucoup de choses à portée de main, et à des tarifs bien réduits. On n'a pas toujours en tête tous les prix...
Quant au "jusqu'où aller?", il est clair qu'aujourd'hui, peu de technologies restent réservées à la médecine humaine. IRM, Scanner,endoscopies, chimio et radiothérapies, ... On peut résolument aller très loin !
Je crois (ca évoluera certainement, avec le recul et la pratique :)) que le role du praticien est justement là : évaluer la demande du propriétaire, sa relation avec son animal... et la possibilité de soigner et maintenir l'animal sous un seuil de souffrance tolérable et digne. C'est aussi son rôle de savoir guider le propriétaire hésitant si le soin est possible et avec un gros bénéfice ou au contraire l'amener à se résigner si cela prolonge un animal mourant. Et ce rôle n'est vraiment pas évident !
Je pense que la notion d'urgence complique la réflexion. Il y a quelques années, j'ai ammené en urgence chez le véto mon onctodon a qui j'avais bien involontairement arraché le bout de la queue en voulant le rattraper. Sur le moment je n'ai évidement pas posé la question du prix, sur le moment je n'ai pas immaginé que ça puisse couter bien cher, après coup ça ne m'a pas semblé si raisonnable si on ne regardait que le coté pragmatique des choses, mais j'avais entammé une relation affective avec cette petite bête... donc je ne l'ai pas non plus regrété.
Il y a 2 ans mon chien a commencé à montrer des signes de problèmes cardiaques. Mon véto lui a prescrit sans me demander mon avis des médicaments et des croquettes spéciales. Il y en avait pour près de 100€/mois. Là j'ai fait le calcul: Avec ou sans traitement mon chien n'était de toute façon plus en pleine forme et ne profitait plus aussi bien de sa vie de chien, le traitement ne permettrait que de le prolonger pas de le guérir. Il ne semblait pas souffrir. J'ai préféré faire l'impasse sur les médicaments.
Il a continué à vivre sa petite vie tranquile juste un peu plus essouflé jusqu'au soir 6 mois plus tard ou son coeur a définitivement et soudainement laché sans crier gare. Je ne suis encore pas prète à tous les sacrifices pour une "bête" aussi adorable soit-elle l'essentiel est qu'elle ne souffre pas ou le moins possible.
Toujours compliqué.
Moyens disponibles, obligation de moyens (mais lesquels?), moyens financiers...
Effectivement un animal (de compagnie) est un luxe et le fait de décider de le prendre entraîne une responsabilité. Pour moi le maître se doit de soigner. Mais effectivement pas a n'importe quel prix.
Je n'ai pas encore dépassé le stade de "j'assume mes factures". Je me sens souvent mal en présentant la facture même si en effet ce n'est pas cher. Mais cela reste une somme...
Je partage ton point de vue : j'explique ce qu'il existe, les différentes options et leurs tenant et aboutissant. Après c'est au propriétaire de prendre sa décision notamment en fonction de ses moyens financiers mais aussi de ses convictions.
Mais ces situations sont tjs très délicates ...
Effectivement, on assume aussi bien un animal sain que malade, jeune ou vieux. Car il faut savoir que l#animal vieillit et que la gériatrie animale existe, avec ses frais et charges de soins quotidiens (aider à monter ou descendre, une nourriture spéciale, des médicaments à donner, etc) mais ne le vaut-il pas notre animal qui a partagé tant de chemins de notre vie? C'est aussi une question de vie sociale humaine, car celui qui ne veut/peut point assumer un animal malade ou vieux, quel engagement pourra-t-il prendre envers un autre humains et s'y maintenir? Surtout envers des enfants?
Pour les frais vétérinaire, j'ai toujours trouvé un arrangement avec le mien pour les gros factures. J'ai payé petite à petit (une opération, 2 hospitalisation car un AVC suite à l'intervention et une toutoune handicapé, devant prendre un traitement à vie. Un prix allégé néanmoins dans les 3000 FF, avec un traitement de 140 FF par mois et quand on n'a que dans 3000FF/Mois et deux autres chiens, cela pose un petit problème. Cela m'a pris un an pour régler la note, tout en continuant son trainement et elle vécu 8 ans, seul une boiterie et la cécité - qui ne la gênait point- étaient les signes de sa maladie).
Mon caniche, âgé de 15 ans, maladie de vieillesse qui s#annonce. Je le soigne et me prive de certains trucs, car son traitement mensuel fut dans les 200 euro par mois (visite véto et médicaments). Il a atteint presque ses 18 ans. Je ne regrette rien, sauf qu'il n'a pas atteint ses 20 ans comme j'avais espéré.
Bonne soirée
Quelle intéressante réflexion...
J'ai un chien très vieux, je suis "travailleuse pauvre" (comme tant d'autres). Après la mort de mon vieux copain, qui devra bien arriver un jour, je ne pourrai plus prendre d'animal : trop risqué en cas de maladie. Là, j'angoisse à l'idée qu'il ait qq chose et que je doive l'euthanasier faute de pouvoir payer (à titre d'ex, seuls nos mômes ont les lunettes qu'il leur faut).
Dommage, je récupérais les gueules cassées à la spa. La paupérisation des humains en France va paupériser les bestioles aussi. Faut que ça se sache (ne serait-ce que pour ceux qui se foutent des humains... qu'ils sachent que ça contamine les poilus aussi...)
Je consulte ce blog, car je viens d’adopter un chiot sur ce site : http://www.paruvendu.fr/l/offre-de-... . Peut-être qu’un de ces quatre, nos chemins se croiseront. Merci de me faire rire.
700 €, c'est un sacrifice qu'on est prêt à faire quand on aime son animal.