Modification de la réglementation sanitaire pour les chevaux destinés à l'abattage, et autres considérations
vendredi 6 décembre 2013, 12:47 Un peu de recul Lien permanent
Mail reçu de la part des Haras Nationaux :
... suite aux différentes crises liées à la viande équine, la DGAL a décidé de renforcer les contrôles des équidés arrivant en abattoir.
La nouvelle note apporte des précisions quant à l'application du règlement européen 504/2008 concernant certaines règles d'éligibilité à l'abattage des équidés afin de faciliter le contrôle des documents d'identification par les inspecteurs en abattoir.
Les nouvelles consignes ont pour but la non-présentation en abattoir d'animaux ayant fait l'objet d'une rupture dans leur chaîne de traçabilité. Il s'agit notamment d'animaux identifiés tardivement, de ceux accompagnés par un document d'identification duplicata ou de remplacement, ou de certains animaux dont le feuillet "traitement médicamenteux" n'a pas été inséré dans les délais :
Résumé des principales mesures nouvelles :
- Exclusion en abattoir si feuillet traitement inséré tardivement ou ré-inséré :
- Équidés nés avant 2001 dont le feuillet n’a pas été inséré avant le 1er janvier 2010
- Équidés nés après 2001 avec feuillet «volant et non inséré par les Haras nationaux»
- Exclusion en abattoir des équidés identifiés tardivement :
- Nés avant le 1er juil 2009 non identifiés avant le 1er janvier 2010
- Nés après le 1er juillet 2009 non identifiés dans les 12 mois suivant leur naissance
- Exclusion des duplicatas :
- En abattoir (sauf exception avec présentation registres d’élevage ou attestation véto)
- A l’émission du document par SIRE (sauf exception dérogation à demander au préfet)
- Exclusion si documents de remplacement : ONC avec puce étrangère, feuillet traitement médicamenteux de remplacement.
Vous trouverez bien plus de détails dans cette note de service.
Une question de résidus et de traçabilité
Je vous rappelle le principe. Nous en avions déjà parlé ici, et là aussi.
L'idée est de ne pas manger de viande (ou de lait, d’œufs... pour les produits espèces concernées) contenant des résidus de traitements médicamenteux : antibiotiques, anti-inflammatoires, etc. Pour chaque substance, on a défini une limite maximale de résidu (LMR) à ne pas dépasser dans les produits de consommation. On ne cherche pas une absence de résidu : on ne veut pas qu'il y en ait assez pour nuire à la santé. A partir de ces LMR, on a calculé des temps d'attente. Chez le cheval, l'utilisation d'une pâte orale à base d'ivermectine aura ainsi un temps d'attente (TA) de 14 jours pour un certain fabricant bien connu. Cela peut être différent pour un générique. Cela signifie que le cheval recevant ce traitement ne pourra pas rentrer dans un abattoir dans les 14 jours qui suivent l'administration de ce vermifuge.
Certains médicaments ne disposent pas de LMR, parce que ça coûte très cher à calculer. Ceux-là sont donc interdits chez les chevaux destinés à la consommation. Si un cheval reçoit un traitement anti-inflammatoire à base de phénylbutazone (qui n'a pas de LMR), hop, on indique sur son carnet qu'il ne peut plus aller à l'abattoir.
Encore faut-il que le cheval ait un carnet d'identification avec ledit volet permettant d'enregistrer les traitements médicamenteux (ce système est assez récent).
Encore faut-il que le propriétaire ait le carnet sous la main quand le véto fait le traitement.
Encore faut-il que ce soit un véto qui fasse le traitement.
Encore faut-il que le vétérinaire pense à le remplir, ce carnet.
C'est foutrement plus facile pour les chevaux dont les propriétaires ont signé la catégorie interdisant la consommation du cheval. Là, on ne se pose plus de question. Il ira à l'équarrissage, personne ne le mangera, donc on se fout des temps d'attente.
Dans les autres cas, il y a clairement un risque très important de perte de traçabilité. Ce n'est pas forcément très grave (j'y reviendrai), mais ce n'est pas très carré. Cette modification de la règlementation est là pour remettre les angles à 90°.
Une question d'équarrissage
Si un cheval satisfait à toutes les conditions réglementaires et sanitaires à l'abattoir, sa viande entre sur le circuit de consommation.
Si l'animal est déchargé mais qu'il ne satisfait pas aux conditions réglementaires (ou qu'il est visiblement malade), il est euthanasié, et sa viande est détruite via l'équarrissage.
Si l'animal satisfait aux conditions réglementaires, qu'il est abattu mais que l'inspection de sa carcasse révèle un truc franchement anormal, la viande est détruite.
En dehors des abattoirs, les chevaux morts doivent être éliminés via l'équarrissage. Ils peuvent depuis peu être incinérés, mais cela reste pour l'instant marginal.
L'équarrissage, c'est cher. Vous trouverez une liste de prix ici, ce sont des marges basses, via un organisme de mutualisation.
Notez qu'une viande déclarée impropre à la consommation humaine ne part pas sur le circuit de consommation animale. Elle est détruite (transformée en farines animales puis incinérée).
Et alors ?
Alors on va trouver des carcasses enterrées à la sauvage un peu partout.
Il y a plein d'équidés qui ne sont pas dans les clous pour l'abattoir, avec cette modification réglementaire. On peut penser ce que l'on veut de l'abattage et de la consommation de la viande chevaline, ce n'est pas le sujet de ce billet.
Je constate déjà plusieurs cas de figure autour de moi :
Vous avez un cheval dans un pré derrière la maison. Celui de votre fille, celui qu'elle aimerait toute sa vie quand elle avait 15 ans. Il avait 10 ans. Il en a maintenant 20. Elle a 25 ans, un gosse, elle ne vient plus le voir qu'une fois par an, en passant à Noël. Ou alors vous déménagez, il ne peut pas suivre. Vous ne pouvez plus payer sa pension (acheter un cheval, ce n'est rien - l'entretenir, c'est autre chose). Bien sûr, il y a ces assos qui prennent les chevaux retraités. Elles sont débordées, elles vous ont envoyé bouler.
Ce cheval, il vous coûte cher. Vous le vendez à un maquignon, ça ne vous rapporte pas grand chose, mais au moins le problème est réglé. Lui l'engraissera et l'enverra à l'abattoir, mais vous vous dites qu'avec un peu de chance, il lui trouvera un cavalier qui l'aimera jusqu'à la fin de sa vie. Avec des coquelicots et un parfum de foin fraîchement coupé, au soir de sa mort au pied des monts du Cantal.
Vous dirigez un petit centre ou une petite ferme équestre. Vous en chiez pour ne pas gagner grand chose, vous faites ce que vous pouvez pour donner des conditions de vie décentes à vos chevaux et vos poneys. Vous gérez des gosses et des parents plus ou moins capricieux, mais de moins en moins nombreux. Le prix de l'équarrissage d'un cheval, c'est celui de 15 boules de foin, de quoi faire manger un cheval pendant un an. Sans compter le prix de la visite du véto qui viendra l'euthanasier. Mais de toute façon, vous ne pouvez pas garder les chevaux qui ne travaillent plus. Vous n'en avez pas les moyens. Vous essayez de trouver des gens pour accueillir vos retraités. Sinon, vous les vendez au maquignon. Vous savez qu'il n'y aura ni coquelicot, ni parfum de foin fraîchement coupé au pied des monts du Cantal. Vous espérez que vos cavaliers y croient, ou en tout cas qu'ils n'y pensent pas. Et vous êtes terrifié par le passage à une TVA à 20%.
Vous êtes agriculteur et vous avez deux parcelles que vous valorisez avec quelques poulinières. Bien sûr, la marge sur les chevaux est ridicule, mais entre ça et la friche... et puis, vous avez toujours aimé les chevaux. Vous vendez les poulains, mais vous n'avez jamais pensé à faire les papiers pour les mères. On les fera avant qu'ils partent à l'abattoir. Vraiment ?
Ces chevaux ne pourront plus être vendus au maquignon. Le maquignon, d'ailleurs, il fait la gueule, il est venu me voir l'autre jour avec un stock de carnets, pour savoir si ses chevaux pourront passer. Il lui en reste une douzaine sur les bras. Des chevaux dont plus personne ne veut. Il n'y avait plus que lui pour les acheter. Ils sont invendables pour autre chose que la boucherie.
Les services vétérinaires savent très bien ce qui va se passer. Il y a des pelleteuses qui vont travailler.
Je ne suis pas sûr que la sécurité sanitaire va y gagner.
Je ne sais pas s'il y avait une meilleure solution.
Je me dis que jusque là, on avait fait comme ça, et que le changement aurait pu être plus progressif.
Parce que finalement, ces résidus, de quoi s'agit-il ? De phénylbutazone ? Certes, cette molécule est très lentement évacuée par le corps du cheval, et elle est beaucoup utilisée, notamment en auto-médication, comme anti-inflammatoire de premier recours. Elle était encore utilisée il y a peu en médecine humaine, d'ailleurs.
Il n'est pas déraisonnable de penser que plein de chevaux sont passés à l'abattoir en ayant reçu de la phénylbutazone. Il doit y en avoir pas mal qui passent encore, cette modification de réglementation ne résolvant en rien le problème des trucs pas enregistrés. Mais 6 mois après cette administration non enregistrée, la carcasse contient-elle encore des résidus ?
On imagine bien que la plupart des chevaux ne vont pas à l'abattoir juste après avoir reçu des anti-inflammatoires de la part de leur propriétaire ignorant. Les maquignons savent bien qu'ils ne peuvent pas utiliser cette molécule. De toute façon, ils gagnent si peu sur un cheval qu'ils éviteront de l'utiliser... or comme ils gardent les chevaux plusieurs mois pour les engraisser, le risque devient minime.
Pour les autres médicaments, on sait bien que de manière réaliste, il ne reste rien dans le corps 30 jours après l'administration du médicament. Même raisonnement que ci-dessus.
Je n'apporte pas de solution.
Je constate simplement que l'application d'une réglementation logique pour améliorer la sécurité sanitaire des aliments va créer d'autres problèmes. A chacun de hiérarchiser.
Un certain nombre de chevaux ne peuvent plus rejoindre la filière boucherie en fin de vie.
Certains seront euthanasiés et équarris, pour ceux qui en ont les moyens.
D'autres pourriront dans des champs de boue trop petits pour eux, mal alimentés, plus du tout soignés ni même parés, et finiront par crever dans la douleur après des années d'indifférence.
Je sais que plein de gens sont contre l'abattage et la consommation de la viande de cheval. Moi, ça m'indiffère. J'accepte le nécessaire réalisme économique qui amène des chevaux de propriétaires ou de club dans cette filière. J'accepte encore mieux la vie plutôt peinard de ces poulinières et des poulains généralement très bien soignés qui sont élevés pour leur viande.
Par contre, la souffrance de ces équidés oubliés au fond de leur pré pas adaptés me révolte.
Et ça, ça ne risque pas de s'améliorer.
Commentaires
Ce n'est pas la peine de commenter si c'est pour troller sur l'abattage ou la consommation de viande de cheval. Ce n'est pas le sujet.
Nombre d'équidés solitaires que je vois pourrir (et je pèse mes mots) dans des prés y sont et y restent grâce aux bons sentiments.
Un très bel article qui j'espère fera prendre conscience aux gens que derrière chaque résolution de bonne volonté, il y a parfois des effets dramatiques derrière.
Je ne sais pas si l'on a vraiment le pouvoir de changer quelque chose à cet état de fait. Si comme dans le cas des encres de tatouage le gouvernement s'empresse de mettre en place de nouvelles restrictions pour se prémunir contre un potentiel scandale sanitaire.
PS : il est parfaitement possible d'avoir 25 ans, pas de gamins et d'entretenir son cheval, et même de l'emmener avec soi dans les déménagements ;) Je le dis parce que je l'ai vu, je le vois, et ça, c'est quand même un peu de beauté dans ce monde.
Fourrure :
Heureusement que c'est possible ! Mais il faut en avoir la volonté et les moyens.
Cette note de service est prévue (comme pour nombre de ces copines) pour un monde parfait de la sécurité sanitaire des aliments.
Un monde où tous les abattoirs et agents des services vétérinaires disposent d'un lecteur de puce, et d'une personne capable de comprendre un carnet de cheval. Un monde merveilleux où tous le monde pense au volet médicaments des carnets, et où ne pas appeler l’équarrissage pour raison économique n'existe pas.
Une fois de plus, mes petits camarades et moi même allons faire de notre mieux pour concilier la belle théorie parisienne et le vrai monde. ça va pas être de la tarte.
L'idéal aurait été une campagne intensive d'un an ou deux de prélèvements sur les carcasses de chevaux abattus pour la consommation. Et si effectivement on découvrait des résidus, durcir le système. Mais il faut pour ça ignorer la politique et les médias.
Tant pis.
Un bel article, comme toujours (un coup de brosse à reluire, ça ne fait jamais de mal, surtout que je le pense vraiment).
Mais je trouve que cela sonne un peu comme les discours concernant les autres animaux domestiques : n'adoptez un animal que si vous êtes sur de vous et que savez parfaitement ce que cela veut dire : frais de nourriture, d'entretien, de véto, des contraintes (ballades, litière, départ en vacances...)... C'est un engagement d'une vie (celle de l'animal !).
Vos explication me donne hélas l'impression que bien des gens ne réfléchisse pas beaucoup quand il adopte un animal, et ce quel que soit l'animal (même pour pour une bête aussi grosse qu'un cheval...)... C'est mignon, c'est sympas, le gamin nous tanne pour en avoir un, mais la réflexion s'arrête là. Au final, C'est l'animal qui paye pour ça, et c'est là que ça me révolte !
PS : D'un point de vue purement personnel, je trouve q'un animal bien traité, même si c'est pour finir dans un assiette c'est tout de même mieux et plus humain qu'un animal en train de crever dans la douleur et le manque de soins parce qu'on s'imaginait dans un monde bisounours !
Un très bel article, qui me touche beaucoup.
Petit centre équestre, j'ai toujours gardé mes vieux chevaux jusqu'au bout! Le coût de l'équarrissage est déjà très lourd( j'ai 7 équidés de plus de 30 ans, 2 de 40 ans morts en 2013).
Il y a un cas que vous n'avez pas envisagé, un des plus graves pour moi: le mauvais camion qui franchira une frontière, vers un pays moins regardant, et dans lequel les conditions d'abattage risquent de ne pas être celles exigées chez nous...
Je n'y connais rien au monde des chevaux, mais là je me demande un truc un peu idiot : est-ce que ce phénomène (chevaux abandonnés dans la boue, faute de moyens et de volonté) est nouveau ? ou bien est-ce son ampleur qui est nouvelle ? ou alors, ça a toujours existé mais il n'y avait pas un seul Docteur Fourrure pour attirer notre attention sur ce malheur animal ?
Quant à la règlementation à la parisienne, hélàs, elle devient terriblement banale. Elle sévit dans tous les secteurs professionnels. On a eu mille fois l'occasion d'exprimer le souhait que nos décideurs aillent faire un stage "découverte d'entreprise" (niveau collège) dans les mondes qu'ils entendent règlementer !
Encore une fois nos grands penseurs décident de tout et n'importe quoi en urgence sans concertations avec quiconque! Une fois de plus c'est l'animal (cf la loi des "délits de sale gueules", celle de 1999) qui va pâtir de ces modifications! Car oui pour répondre à Cécile le "phénomène" a hélas toujours existé mais passait quasi inaperçu. Aujourd’hui plus de personnes dénoncent de tels comportements et des "assos" se mobilisent cependant il y a de plus en plus de cas et après la lecture de cet article il y en aura encore plus comme le craint Fourrure.......
Je trouve la conclusion un peu orientée, tout de même Dr.
Et si le phénomène des chevaux plus ou moins abandonnés a toujours existé, faire le calcul :
N chevaux qui ne sont pas abattus pour la viande => N chevaux qui vont souffrir mille morts avant d'agoniser seuls et sans soins me parait un peu exagéré.
Oui, le monde change. Et oui, la réglementation change.
Mais plein d'autres choses changent aussi en même temps.
Pendant que le règlement empêche d'abattre des chevaux border-line, il y a Find Your Horse, Equirodi, etc. qui se développent.
Et grâce à cela, le nombre de transactions entre particuliers augmente franchement.
Il y a 20 ans nous étions quasiment obligés d'acheter à des professionnels.
Cela a changé.
Donc tous ces chevaux semi-abandonnés peuvent changer de main, retrouver une nouvelle vie, et être à nouveau utiles à illuminer la vie d'une cavalière.
Et une deuxième chance dans la vie, ça vaut mieux que l'abattoir.
Et quant à tous ces gens qui achètent des poneys ou des chevaux sans en mesurer la charge, et bien que pouvons-nous faire, à part distribuer quotidiennement la bonne parole ? Faire une réglementation ? ;-)
Fourrure :
Bien sur qu'elle est orientée, ma conclusion. Je vois le problème avec mon bout de lorgnette : je vois les chevaux dans les petits centres équestres, les chevaux de particuliers dans les prés (bien ou mal soignés), et les chevaux chez le maquignon. J'entends ces gens m'expliquer leur angoisse de l'avenir, ce (petit) problème ajouté à tous les autres.
Le monde change ? Je veux bien... mais en quoi cela justifie-t-il cette nouvelle règlementation, ou plutôt, pourquoi faut-il que cela soit fait de cette façon ? Encore une fois je n'ai pas forcément de meilleure solution à apporter. Je constate. Et puis, ces chevaux borderline, c'est un cheval sur deux par chez moi, ou pas loin (mesure pifométrique). Que les transactions aient lieu entre particuliers... je veux bien, je ne vois pas ce que ça change à ce niveau. Il y a pas mal de chevaux à donner sur le Bon Coin, parce qu'il n'y a personne pour les acheter.
Cela dit, tout va bien : comme me l'a indiquée hier une consœur bossant dans les services vétérinaires, on peut exporter ces chevaux, qui seront donc abattus à l'étranger. Et on pourra même ramener la viande en France. C'est parfait. Vraiment. Non ?
Et si vous me permettez de faire un petit hors sujet concernant les clubs hippiques qui seraient "terrifié par le passage à une TVA à 20%.", je voudrais rappeler les faits suivants :
En 2003 : passage de la TVA à 5,5 % => tous les prix HT (pensions, cours, cotisation, engagements, etc.) augmentent très exactement du même pourcentage que la baisse de TVA.
=> 100 % de la ristourne fiscale dans la poche des clubs, 0% dans la poche du client.
Entre 2003 et 2013, augmentation des prix HT de +50%, alors que l'inflation générale est inférieure à 20 % dans le même temps (je sais le blé est + cher, mais une pension, une reprise, ce n'est pas que de la paille, à ma connaissance).
En 2014, retour de la TVA à sa valeur normale.
Et quelle est la stratégie assumée par les clubs ?
=> Répercuter l'intégralité de la hausse sur les clients.
=> 0% hors de la poche du club, 100 % hors de la poche du client.
C'est moi, cliente, qui vais assumer l'intégralité de cette hausse alors que je n'ai jamais bénéficié de la baisse et que j'ai assumé une inflation galopante dans les entrefaites.
Si les clubs avaient tellement peur de la perte de clientèle liée à cette augmentation, ils rogneraient leurs prix HT d'une partie de l'augmentation de la TVA.
Mais non, ils n'ont pas peur. Ils se disent juste que c'est l'occasion ou jamais de tenter d'obtenir une n-ième subvention de l'Etat. Permettant ensuite de râler comme des poux sur l'augmentation des taxes, parce qu'on en est pas à une contradiction près dans les entreprises....
Fourrure :
Tiens, je ne savais pas du tout, pour le coup de la TVA à 5.5 en 2003 ! Mais elle était à combien avant ?
Je suis une grande admiratrice de votre blog et je suis presque toujours d'accord avec vos analyses. Mais concernant cet article, sincèrement, je trouve que vous êtes trop complaisant envers ceux qui se cherchent des excuses bidon pour ne pas assumer leur animal et l'envoyer au couteau pour ne pas avoir à gérer leur retraite. Cavalière depuis toujours, je suis entourée de propriétaires de chevaux et de centres équestres. Je connais des dizaines et des dizaines de personnes qui se défoncent pour offrir de belles retraites à leurs chevaux. Et je n'ai toujours monté que dans des centres équestres qui le faisaient - pas un baratin dit pour faire plaisir aux clients, mais une VRAIE retraite, photos à l'appui (affichées dans le club house). Ici, dans tous les champs où il y a des chevaux, on trouve des vieux aux côtés des jeunes. Je trouve que votre article déresponsabilise trop les propriétaires et fait, au nom d'un "réalisme" que je trouve ici bien cynique, comme s'il était normal de se débarrasser de son vieux cheval. On a le droit d'être un peu plus exigeant envers les gens de cheval. Moi, en tout cas, j'assume de l'être, et je ne vois pas pourquoi d'autres refuseraient de se donner le mal que nous, on se donne.
Bonne soirée !
Fourrure :
Bonjour,
Mmmh voilà une critique, ma foi assez sévère et tout à fait juste. Je pense cependant qu'il y a un malentendu, ou plutôt, une incompréhension.
Il y a bien sûr, comme vous le dites, des propriétaires, des associations, des clubs, qui se défoncent pour offrir le meilleur pour leurs chevaux âgés. Pour le meilleur, et pour le pire. L'enfer est parfois pavé des meilleures intentions.
Et il y a ceux qui ne font pas cet effort. Vous les critiquez, ce qui me semble tout à fait pertinent, comme d'autres critiqueront le fait de consommer de la viande chevaline.
Ce n'est pas mon problème.
Ce n'est pas mon problème, en tant que vétérinaire.
Même si j'ai mené MA mémé jusqu'à 34 ans.
Je suis là pour soigner des animaux, participer à la sécurité sanitaire et éviter la maltraitance.
Je ne travaille pas qu'avec des personnes comme vous ou des centres équestres comme ceux que vous décrivez. Vous avez le luxe, en tant que particulier, de pouvoir faire vos choix éthiques.
Je travaille avec les personnes, les assos et les clubs qui se trouvent autour de ma clinique. On y trouve le meilleur, comme le pire. Et dans tous les cas, moi, je dois soigner des animaux, participer à la sécurité sanitaire et éviter la maltraitance.
Je pourrais choisir d'éviter certains clients. Cela rendrait-il service à leurs animaux ? Je ne suis pas là pour juger, je suis là pour soigner. C'est ce que l'on attend de moi, comme nous attendons d'un médecin qu'il nous soigne sans nous juger.
Il n'y a pas de complaisance là-dedans. Du réalisme, par contre oui. Du cynisme, heureusement, non. J'espère qu'il ne viendra jamais.
J'ai écris ce billet car je constate que cette couche réglementaire supplémentaire ne va rien régler, mais va créer des problèmes supplémentaires. La sécurité sanitaire ne sera pas meilleure. Qu'un cheval ait reçu une injection de pénicilline 3 ans avant d'être abattu, on s'en fout. Qu'il ait reçu de la phénylbutazone 15 jours avant d'aller à l'abattoir, moins. Mais les fraudeurs continueront à frauder. Il n'y a aucune dissuasion dans ce dispositif, il n'y a de toute façon pas de contrôle possible. Cela encouragera à identifier les équidés plus vite, tant mieux sans doute. Mais tous ceux qui se retrouvent brutalement hors des clous sans que personne n'ait rien vu venir, cela ne va pas arranger leur situation. Je parle des chevaux. Et comme d'habitude, la barrière sera contournée, comme me le signalait cette interlocutrice des services vétérinaires sur twitter. Rien n'empêche d'emmener un cheval identifié tardivement à l'étranger, rien n'empêche de l'y abattre, rien n'empêche d'importer sa viande ensuite. Il vaut sans doute mieux en rire qu'en pleurer ?
Je vous remercie en tout cas pour votre critique (vraiment, sincèrement). Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je porterais volontiers ce commentaire et sa réponse au niveau d'un billet.
> Niceday
Vous êtes bien bizarrement informée si vous croyez que les chevaux se nourrissent avec le ballot de paille qu'on met dans le box.... (et qui sert de litière).Le gros de la dépense reste l'alimention, mais ce n'est pas de la paille.
Quant à l'augmentation de 50%, elle sort d'où??
L'énorme augmentation du nombre de pratiquants durant la même période ne semble pas confirmer ce chiffre.
> Boules de Fourrures
avant, la TVA différait suivant le statut
Si on était association, on ne payait rien et on avait des subventions (si club "municipal ou autre) et des emplois aidés (d'où un nbre important d'associations plus ou moins fictives et plus ou moins faciles à gérer...)
si on était "loueur d'équidés sans diplôme" on était déjà à la TVA agricole en générale
Seuls seuls qui étaient "dans les clous" payaient à taux plein
La loi de 2003 a surtout permis de remettre à plat les principes d'une concurrence équitable.
Bien évidement que cette réglementation supplémentaire ne change rien, Dr.
Elle n'est que la n-ième trace visible d'un État qui n'a plus les moyens financiers d'assurer le respect de ses propres lois et règlements.
Mais quand on n'a plus les moyens de créer des postes administratifs de contrôleurs (des douanes, de sécurité sanitaire, du travail, etc.) et bien on fait des lois, histoire de se rassurer, de montrer que le pouvoir de l’État existe toujours, et qu'on se préoccupe du sort des citoyens.
En fait, tout ce qu'on obtient ce sont des mega-tonnes de paperasse dont tout le monde se contre-fout.
Perso, je serai d'avis de supprimer automatiquement tout texte de loi pour lequel aucune contrevenance n'aurait été constatée depuis plus de 20 ans.
Si aucun tribunal ou administration d'aucune sorte n'a jamais jugé ou condamné une personne civile au morale pour violation d'une loi, soit parce que tout le monde s'en fout, soit parce que l’État n'a pas les moyens de la faire appliquer, alors c'est que cette loi ne sert à rien.
Personne n'a jamais respecté une loi juste parce qu'elle était écrite.
Et ça nous ferait sans doute diminuer l'épaisseur des codes de procédures d'un bon peu.
Et puis ça lutterait sans doute contre le sentiment d'impunité qui commence à envahir cette société, car créer des lois que l'on applique pas, c'est donner sans cesse aux contrevenants l'impression que la loi n'a aucune valeur.
Et quant à la pratique consistant légiférer "à coté" des problèmes réels, perso, ça me donne vraiment l'impression qu'on me prend pour une conne.
A l'issu de l'affaire des lasagnes au cheval, lorsque le gouvernement a annoncé qu'il allait légiférer sur la traçabilité de la viande contenue dans les plats préparés, ça m'a fait hurler.
Dans cette affaire, il s'agissait pas d'un problème de viande produite en Union Européenne ou en Poldavie, il s'agissait d'une ESCROQUERIE, d'une FRAUDE à des législations existantes.
La vrai réponse, c'est davantage de contrôle, c'est davantage de fonctionnaires au cul des industriels pour éplucher les factures, faire des analyses des produits finis, foutre des amendes COLOSSALES, histoire de les dissuader de recommencer.
Mais non, au lieu de cela, les députés vont aller voter un n-ième loi à la con qui va obliger Findus à écrire sur sa boite une mention genre "Viande Issue de l'Elevage Européen promis-juré", comme si ça allait l'obliger réellement à quoi que ce soit !
En attendant, ma réponse personnelle, à moi, aux industriel qui m'ont fait bouffer du cheval, ça été simple et assez radical.
Et c'est également ma réponse aux industriel de l'abattage qui se permettent de revenir aux pratiques ignobles de l'égorgement.
C'est arrêter de manger du vivant. C'est ma réponse, c'est la seule que j'ai trouvée.
Puisque je ne peux rien faire d'autre...
Concernant la TVA, elle est passée de 19.6 % à 5,5% pour les centres équestres en Janvier 2004 exactement.
J'ai encore les factures de pension où l'on voit "subrepticement" le HT augmenter exactement du même pourcentage, afin que le TTC reste constant.
Et j'ai encore dans l'oreille les propos de la direction du club se vantant, 2 ans plus tard, "de ne pas avoir augmenté les pensions depuis longtemps"...
Oh oui, oh là là oui, si c'est pas du foutage de gueule, ça...
Heureusement que les clientes sont des gentilles personnes bien élevées qui savent se mordre les lèvres et s'assoir sur leurs mains.
Tout ce que nous avons gagné dans cette histoire de stop&go sur la TVA, c'est une augmentation disproportionnée des tarifs.
Aucun club ne se serait permis une telle augmentation en dix ans si 15% n'en avait été artificiellement masquée par la baisse de la TVA.
Mais tout ça, j'en prend mon parti, perso, cette TVA je vais la payer, et sans manifester contre.
Ça représente une grosse somme pour moi et je devrais la rogner sur tous les postes de dépenses que je pourrais, mais je vais la payer, parce que personne d'autre ne le fera et qu'un État ruiné, c'est un pays détruit et dépecé par ses créanciers.
Fourrure :
Tiens, ce n'est pas directement lié, mais c'est intéressant.
Oui, oui, sauf que ça m'étonnerait bien de voir quiconque prendre la parole pour dire : "je vous le jure,Messieurs, Dames, ces animaux que l'on a piqué à droite et à gauche ne présentent AUCUN DANGER, JE VOUS LE JURE ET SI JE ME TROMPE ALORS J'IRAIS EN PRISON, promis".
Si les affaires du sang contaminé à l'hépatite C et au HIV, les affaires de l'hormone de croissance contaminée au prion de Creutzfeldt-Jakob, les affaires de la vache folle, etc. ne nous ont pas appris la prudence à ce sujet, alors, c'est à ne rien y comprendre, non ?
Dans tous ces procès, on a trouvé à tous les échelons de la hiérarchie des gens qui étaient sûrs de ne pas avoir pris de risques pour les autres, compte tenu de leurs connaissances à l'époque.
Alors, qu'est-ce qui nous dit que demain on ne découvrira pas que la viande de ces chevaux contient un microbe ou un poison quelconque qui fait des ravages dans dix ans sur les personnes qui les ont consommées ?
Sommes-nous si aveugles sur l'étendue de nos méconnaissances ?
Fourrure :
Il y a eu fraude et personne ne le conteste (enfin, pour autant que je sache). Mais ce que l'on entend à la radio est dément.
Ceci étant, si vos exemples sont pertinents, ils posent la question de l'équilibre à trouver entre deux extrêmes : le principe de précaution paralysant et l'action basée sur des preuves avérées, de préférence pas vérolées par des intérêts économiques (pour le cas que je connais, les farines de viandes qui ont amené au développement de l'ESB ont été préparées avec des process allégés par une volonté d'économie sans interrogations sur les dangers que pouvait présenter cet allègement, et sans contrôle indépendant). Ce qui est d'ailleurs une problématique différente de la fraude évoquée.
@rubis : faut apprendre la notion de "second degré"...
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me répondre, j'apprécie grandement.
Je sais bien qu'en temps que vétérinaire (et tout particulièrement, en tant que vétérinaire travaillant en zone rurale, ayant souvent affaire à des éleveurs, des grosses structures agricoles, etc), votre position ne peut s'aligner sur mon intransigeance de particulière passionnée et se revendiquant activiste de la cause animale.
Permettez-moi cependant de développer mon point de vue à travers un autre exemple, qui me vient d'une très bonne amie vétérinaire (qui, elle, a un cabinet de ville, donc une clientèle différente, je le sais bien). Il lui arrive régulièrement d'être contactée par des personnes qui souhaitent qu'elle pratique une euthanasie de convenance sur leur animal. Parce qu'ils déménagent et que le nouveau logement n'accepte pas les animaux. Parce que l'animal commence à vieillir et qu'ils n'ont pas envie de payer le traitement contre l'arthrose. Parce que l'animal a chopé la teigne/la gale et que c'est trop contraignant de le traiter. Et tout un tas d'autres mauvaises raisons, qui ne sont - pardon, mais moi c'est mon rôle de le dire - que paresse, absence de responsabilité et mépris de l'animal qu'ils avaient choisi d'accueillir. Mon amie vétérinaire a choisi une ligne claire dans ces cas là : elle refuse catégoriquement. Elle dit à ces gens "allez voir un autre vétérinaire si vous voulez, mais moi je ne le ferai pas". Il y a trois solutions dans ces cas là.
1) La pire, et elle sait bien que le risque existe : que les gens se chargent de tuer l'animal eux-mêmes, d'une façon atroce (coup de pelle, noyade, etc), ou, version moins brutale mais choquante aussi, de l'abandonner, de le laisser sur place ou devant une SPA. Ce risque existe, c'est vrai, tout comme quand on empêche les gens d'envoyer leur cheval à l'abattoir, il existe le risque qu'ils le laissent patauger sans soins dans un pré pourri.
2) Qu'ils aillent chez un autre vétérinaire qui fera l'euthanasie. Dans ce cas, le résultat sera le même, mais les gens auront eu plus d'emmerdements, plus le temps de réfléchir, de mesurer la lâcheté de leur acte, et l'euthanasie n'aura pas été une formalité rapide et facile, il aura vraiment fallu s'obstiner pour qu'elle soit conduite.
3) La troisième : que les gens prennent conscience du caractère inacceptable de leur demande, et qu'ils décident de soigner leur animal vieux/malade, ou de lui trouver une nouvelle famille s'ils déménagent, etc, bref, d'agir de façon responsable et respectueuse et non comme un gosse qui se débarrasse du jouet dont il ne veut plus. Eh bien, vous serez peut-être surpris de le lire, mais dans la majorité des cas, c'est la solution 3) qui est retenue. Mon amie me raconte que dans la plupart des cas, c'est ce qui se passe : en voyant le refus ferme du praticien qui les renvoie à leurs responsabilités, les gens ont honte de leur demande, ils n'aiment soudain plus voir le reflet de leur lâcheté dans les yeux du vétérinaire, et se laissent entraîner vers une solution plus éthique.
Alors oui, c'est vrai, il y a le risque affreux de la solution 1). Mais comme dit mon amie : si ils décident de tuer leur chien à coups de pelle, c'est eux qui auront ça sur la conscience, c'est eux que ça va hanter, pas moi. Ils sont forcés d'assumer leurs actes, au lieu de se défausser sur le vétérinaire.
Fourrure :
C'est un exemple très spécifique que j'ai déjà abordé il y a longtemps. Je suis entièrement sur cette ligne de conduite (dans ma zone rurale - pour le coup ça ne change pas grand chose, je pense, à part peut-être un accès un peu plus facile à un fusil, mais tuer son chien d'un coup de fusil, ce n'est pas le type lambda qui ferait ça). Par contre, une majorité de cas n°3... mouais, sur le court terme peut-être, sur le long terme... ? Il est difficile de généraliser. Il y a des fois où il faut se demander si refuser va rendre service à l'animal. Parfois, on se doute bien que non. Et là, les choix éthiques sont complexes. On ne peut pas se cacher derrière ses principes. Heureusement, la plupart du temps, une solution alternative est trouvée (placer l'animal, SPA, etc). Si il y a bien une leçon que j'ai retenue au fil des années, c'est qu'on ne fait pas du bon boulot sur un animal contre le gré de ses propriétaires. Même (ou surtout ?) avec les meilleurs intentions du monde. Il vaut mieux passer par la bande et "dévier le tir". Placer l'animal par exemple, pour en revenir à ça.
Je sors de l'exemple pour généraliser à nouveau, et revenir au sujet de votre billet.
Est-ce qu'au prétexte qu'il y a des irresponsables, des paresseux, des gens qui s'en foutent du bien être de leur animal, la loi doit les brosser dans le sens du poil et, au prétexte d'éviter des actes pire encore, entériner une situation moralement inacceptable et conforter les gens dans l'idée qu'elle est conforme au droit ? Est-ce que la loi ne doit pas plutôt être un modèle, un idéal moral vers lequel on doit tendre, qui, au lieu d'accommoder les gens qui méprisent leurs animaux, leur signifie clairement leur iniquité, et leur dit : "ce que vous faites n'est pas compatible avec le droit", de sorte qu'ils aient conscience de leur transgression s'ils choisissent malgré tout de passer outre ?
Le droit allemand est beaucoup plus strict que le nôtre quant aux droits des animaux. Les euthanasies de convenance sont interdites, les refuges n'ont pas le droit de piquer des chatons sous prétexte qu'ils en ont trop, et un vétérinaire n'a pas le droit de piquer un vieux chien qui n'a pas d'autre maladie que la vieillesse, s'il n'est pas dans une situation de souffrance. Le gavage est interdit, il n'y a pas de foie gras. Et autres exemples. Pour avoir longtemps vécu en Allemagne, j'ai pu constater que cette situation où la loi est très exigeante sur le respect animal n'entraîne PAS une multitude de fraudes, d'abattoirs clandestins, d'animaux abandonnés à croupir dans des cages ou des prés, etc. Au contraire. Cela tire les gens vers le haut, cela incite le pays tout entier à un plus grand respect de l'animal. Les Allemands traitent globalement bien mieux leurs animaux de compagnie que les Français, et leurs animaux d'élevage. Près de 10% de la population est végétarienne, et beaucoup d'autres ne consomment que de la viande qu'ils jugent plus éthique (conditions d'élevage et d’abattage très contrôlées, etc). L'Allemagne a été une vraie révélation pour moi. Depuis, je suis convaincue que la loi ne doit pas s'aligner sur le pire, mais sur le meilleur, tirer les gens vers le haut au lieu de légitimer leurs habitudes déplorables. Donc (pardon, je reviens enfin au sujet, sur un plan non sanitaire, ce n'est pas mon métier, mais éthique) : toute législation qui complique l'abattage des chevaux et qui met des bâtons dans les roues des centres équestres et particuliers qui veulent se débarrasser de leur fidèle compagnon après des années de bons et loyaux services est quelque chose de positif pour moi. Malgré les dégâts collatéraux, malgré les insensibles qui laisseront crever leurs chevaux dans un parc plein de boue. Car je crois que plus la loi donnera l'exemple en matière de protection animale, plus cela conduira à un changement des mentalités, à des politiques plus vertueuses, comme cela a été le cas en Allemagne ou en Scandinavie. Si, à court terme, cette intransigeance que je défends comporte les risques que vous soulignez, je soutiens qu'à long terme, elle nous fera aller vers une société plus consciente de la dignité de la vie animale.
Voilà, pardon, j'ai fini !
Si jamais vous voulez faire un billet de la discussion entre nous, cela ne me pose bien sûr aucun souci, je suis toujours ravie de vous lire.
Bonne journée.
Fourrure :
Je vois ce que vous voulez dire, mais je ne suis pas aussi optimiste que vous. Je pense aussi que la France n'est pas l'Allemagne ou la Scandinavie (ou les Etats-Unis, bref). Je ne crois pas que la multiplication des réglementations - parfois parfaitement sensées et justifiées, parfois complètement idiotes - nous tire vers le meilleur. Je pense que vous faites une erreur d'interprétation en pensant que c'est parce qu'il y a des lois plus exigeantes que les Allemands sont "meilleurs". Leurs lois n'ont pas rendus les Allemands meilleurs : les Allemands ont ces lois parce qu'ils sont qui ils sont. On a les lois qu'on mérite, en somme.
Pour revenir à ce cas précis : si cette réglementation (ce n'est pas une loi) était pédagogique, pourquoi pas ?
Elle ne l'est pas. On dit du jour au lendemain : "les chevaux dont la traçabilité des traitements médicamenteux potentiellement reçus ne pourra être prouvée ne pourront plus être abattus". C'est une réaction à un potentiel scandale, comme souvent en France : on légifère sur un fait divers (importation de carcasses de chevaux anglais contenant de la phénylbutazone). Le principe derrière cette réglementation n'est pas idiot, dans le fond, mais ça ne résout rien. Les chevaux qui ne sont pas en règle - et ils sont nombreux - qu'ils soient bien traités ou non, ne seront plus abattus, quelle que soit la filière, y compris des chevaux lourds nés et élevés pour faire des poulains et être finalement abattus. Les gens qui fraudent, volontairement ou non (les premiers sont les plus nombreux, et de loin), et n'enregistrent pas les traitements, continueront à faire de même - c'est incontrôlable ! En Allemagne comme en France, d'ailleurs.
Comme d'habitude, ce sont les gens qui font les choses correctement qui sont emmerdés. Les fraudeurs ne sont pas concernés par cette réglementation. Comme la loi sur les chiens dangereux, pour rester dans le vétérinaire.
Cette réglementation n'amènera, en aucun cas, quelqu'un à se dire "merde mon vieux et fidèle compagnon, tu as reçu de la phénylbutazone il y a dix ans, je vais te garder à la maison plutôt que te diriger vers la boucherie". Non, le quelqu'un qui a décidé de vendre son cheval à un maquignon continuera à le faire, celui-ci trouvera un système - exportation sur pied et abattage en Espagne ou ailleurs, et achètera peut-être le cheval un poil moins cher.
Quant à ceux pour lesquels la vente du cheval pour l'abattage est une source de revenu, ils attendront qu'il meure, en y prêtant attention ou pas en fonction de leur moyens et de leurs convictions, et puis ils l'enverront à l'équarrissage ou lui feront un trou avec une pelleteuse.
Dans tous les cas, je doute que cette réglementation améliore significativement la sécurité sanitaire des aliments, ni qu'elle rende service aux équidés ou à leurs propriétaires. Je ne crois pas non plus, comme vous l'espérez, qu'elle aura au minimum valeur de punition à l'égard de ces derniers si ce sont des cons insensibles, paresseux ou indifférents.
un sujet qui dit l'essentiel http://www.planetoscope.com/elevage...
un combat de tous les jours pour préserver les races de trait qui passe par cette filière viande chevaline qu'on le veuille ou non ... http://www.le-boulonnais.com/userfi...
ps si vous avez des idées concrètes pour sauver les chevaux de trait, nous sommes preneurs...
Je lis ici des propos du type "décision stupide, on voit vraiment que ça a été pris par des fonctionnaires parisiens ignorant les réalités".
Il me semble que cette conclusion est hâtive, tout simplement parce que ceux qui ont pondu cette réglementation peuvent très bien savoir les problèmes qu'elle causera et les contournements qu'elle suscitera, sans que cela ne les en ait empêché.
J'imagine la situation ainsi: sous la pression des médias alarmistes, le cabinet du ministre se demande quoi raconter (les conseillers en communication disent qu'il faut toujours annoncer que l'on va faire quelque chose). Le cabinet demande aux services de durcir la réglementation. Les services répondent à la demande ministérielle, sans se faire d'illusions (et sans doute même en annonçant en note aux ministre les problèmes à attendre). Le ministre peut annoncer des mesures pour faire plaisir aux médias.
L'alternative serait de dire "on va réfléchir et un jour peut-être on prendra des mesures", mais qui osera dire cela aux médias?
(J'ai vécu une telle situation avec un responsable associatif: "scandale" monté en mayonnaise par les médias, responsable qui, suivant ce que disent les "experts en com'", annonce des mesures inapplicables pour faire plaisir aux médias, etc.)
excellent billet, comme tjrs .
ça fait plusieurs années que le pucage et l'identification des équidés est obligatoire; alors ma foi, si ENFIN on décide d'appliquer la loi, ceux qui ne sont pas dans les clous n'ont qu'à s'en prendre à eux-même!!!
et SURTOUT ne me dites pas "je n'étais pas au courant"...
On peut se positionner sur le bien-fondé d'une loi mais une loi est faite pour être appliquée;
Et quand je vois le nombre de possibilité de frauder, euh plutot de contourner la loi, je me dis que y a pas grand chose qui va changer.... jusqu'au prochain scandale!
Fourrure :
Mais il y a tout un tas d'animaux identifiés et pucés qui ne sont pas dans les clous de cette circulaire. Questions de délais...
bonjour, un petit mot pour ajouter une goutte d'eau à votre moulin. Savez vous que le plus grand abattoir de chevaux de Belgique a proposé de faire une prise de sang à tous les chevaux 'en marge' (à ses frais) afin de faire abattre ceux qui ne présentaient pas de trace de produit prohibé. Et bien ça a été refusé. Résultat des courses le monde entier s'indigne contre les abattages scandaleux au Mexique ou au Canada. Obama a fait réouvrir des abattoirs pour chevaux aux USA , fermés par son prédecesseur, scandale ... mais scandale aussi de faire passer la frontière à tous ces 'unwanted horses'. Une question qui n'a pas été soulevée est l'abattage clandestin des chevaux 'pas en ordre', faut même pas passer la frontière pour ça, suffit de connaître la 'combine', oui ça rapporte moins que sur le marché 'officiel', oui c'est fait dans des conditions effarantes dans des fonds de hangars, mais ça existe et ça a tendance à augmenter. Pcq le cheval qui 'crève' au fond d'une prairie, les services vétérinaires finissent toujours par faire des ennuis au propriétaire et donc vaut mieux s'en débarrasser 'pour rien' ou pour 100€ auprès d'un marchand 'compatissant' qui fera 'disparaître' la bête tout en y trouvant son compte. Par contre je suis POUR les euthanasies de convenance, en tout cas pour les chevaux, car celui qui ne veut plus subvenir à ses besoins trouvera toujours une façon de s'en défaire (quitte à crier au scandale par la suite pcq l'animal s'est retrouvé sous cellophane), alors autant que ce soit le plus 'proprement' possible, pcq PERSONNE ne veut d'un cheval pour pure compagnie, il devra toujours être encore un peu (ou beaucoup) montable et utilisable, les frais engendrés par l'entretien d'un cheval ne sont pas vraiment comparables à ceux d'un chien, les infrastructures non plus, ainsi que le temps passé ...
Lorsqu'on dit que un cheval est exclus de la chaine alimentaire, peut-il quand même être envoyé a l'abatoire? Ou bien l'abatoir n'accepte que des chevaux qui pourront être mangé?
Fourrure :
L'animal sera déchargé à l'abattoir, puis ses papiers seront contrôlés, et il sera euthanasié puis envoyé à l'équarrissage.
Merci pour l'éclairage sur les conséquences de ce changement : propriétaire de cheval, j'avais lu ce même courrier des Haras, et suivi ces débats mais je n'avais pas bien envisagé la conclusion...
J'espère que vous avez tort (pour le bien des chevaux), mais en effet ce n'est pas très rassurant ...
Mais pourquoi le gouvernement ne voit jamais plus loin que le bout de son nez ?? l'ENA ne les prépare pas à cela.....trouver des solutions aux problèmes n'est pas une solution en soi si ça en créé de nouveaux ....ils sont stupides et inutiles (...)