Le scandale alimentaire blablabla
mercredi 27 février 2013, 19:45 Un peu de recul Lien permanent
On ne parle plus que de ça. Les lasagnes au bœuf à la viande de cheval, et puis les raviolis. On en oublie les résidus de phénylbutazone trouvés dans de la viande de cheval en provenance du Royaume-Uni (mais, soyons honnête, qui aurait pu venir de chez nous...), les résidus de produits antibiotiques, d'hormones, de phytosanitaires, les faux œufs bio, les OGM détectés là où ils ne devraient pas être, en traces certes infime, mais néanmoins...
Je vous invite à lire ce très intéressant article de Fabrice Nicolino. Complet, nuancé, il soulève des questions pertinentes, bref, j'aime beaucoup. Mais je n'aime pas son titre, et j'ai envie d'y aller, moi aussi, de mon commentaire.
En quel honneur ? Je suis vétérinaire. Je prescris donc des médicaments à des animaux, et notamment à des animaux qui entreront dans l'alimentation humaine. Des bovins, pour la viande ou pour le lait, des ovins, des porcins, des volailles. "L'incroyable pharmacopée" évoquée par M. Nicolino comprend des antibiotiques (nombre d'entre eux sont également utilisés en médecine humaine), des anti-inflammatoires, des hormones (pas les stéroïdes ou œstrogènes d’antan qui servaient à faire prendre du muscle aux crevures, mais des analogues d'hormones liées à la reproduction, FSH, LH, GnRH, et destinées à mieux contrôler la reproduction). Une pharmacopée pas franchement incroyable, et pour tout dire assez simple, utilisée pour soigner les animaux essentiellement, et bien secondairement, comme je l'évoquais à l'instant, à améliorer par exemple le contrôle de la reproduction.
Des résidus présents à doses infimes dans l'alimentation
M. Nicolino cite deux études indiquant avoir trouvé nombre de ces molécules dans du lait de vache, de brebis et de femme (les hormones citées dans l'étude ne sont pas utilisées en élevage en France, elles ne sont même plus disponibles), ou dans des petits pots pour bébé. Il précise bien que les doses relevées sont infimes - c'est important, je vais y revenir - mais que des chercheurs soupçonnent une toxicité liée à la synergie entre plusieurs molécules qui pourraient être consommées en même temps ou successivement. L'idée est inquiétante, et pertinente. Elle est vraiment loin d'être nouvelle, mais elle est très difficile à explorer (l'auteur le souligne à juste titre).
Entre une molécule A et une molécule B, il peut y avoir toxicité additive (A toxicité 20% et B toxicité 30% donne A+B toxicité 50%), antagoniste (A 20% + B 30% = A+B 5%), mais aussi potentialisée (A non toxique donc 0% + B 20% = A+B 50%), voire synergique (A 5% + B 10% = A+B 100%). Les vrais toxicologues me pardonneront, je l'espère, mes raccourcis.
Quelle est l'origine de ces résidus ?
La prescription et l'utilisation des médicaments sont soumises à des règles très strictes. Si je prescris un antibiotique à une vache, mettons, une association de benzylpénicilline et de dihydrostreptomycine pour sa péritonite, je dois indiquer sur l'ordonnance, et reporter sur un registre d'élevage, ce que l'on nomme des temps d'attente (TA). Dans cette exemple, 30 jours pour la viande, 6 traites (soit trois jours) pour le lait. cela signifie que l'éleveur n'a pas le droit de faire abattre, ou de livrer le lait de ce bovin dans les 30/3 jours qui suivent la dernière administration de ce médicament (le lait est donc éliminé, et non mis dans le tank).
Ces temps d'attente sont déterminés par des études reposant sur la notion de Limite Maximale de Résidu (LMR), elle même liée à la Dose sans Effet Toxique Observable (DSETO, NOAEL en anglais) évoquée dans l'article de M. Nicolino. Je vais essayer de ne pas être imbitable : on a obtenu une DSETO sur des souris. On sait que les souris ne sont pas des hommes, ce n'est pas un scoop, et on est prudent. On détermine donc une Dose Journalière Admissible pour l'homme (DJA) en divisant la DSETO par 100 ou 1000, ou plus, selon la solidité des données. En croisant ces DJA avec les consommations moyennes d'aliments d'un humains, on détermine une LMR, toujours avec des marges de sécurité. Des LMR, on détermine les temps d'attente, en faisant des analyses sur des groupes d'animaux traités avec le médicament étudié (on injecte, on abat à J1,2,3 etc, on mesure). Voilà pour le principe.
Soit dit en passant, ces études coûtent une fortune, et c'est normal. C'est pour cela que les médicaments coûtent cher, et qu'un certain nombre d'espèces n'ont plus de médicaments disponibles. Impossible de rentabiliser des médicaments pour les caprins ou les lapins, par exemple. Nous n'avons donc plus légalement la possibilité de soigner un certain nombre de maladies, parfois basiques, par manque de données. Je le déplore, mais je n'ai pas de solution.
C'est pas bientôt fini ces informations techniques ?
Ouais, ok, j'arrête avec les infos prise de tête. Ou presque. Là où je suis assez réservé sur l'article de M. Nicolino, c'est quand il évoque la surprise que constitue la découverte de ces molécules, de ces résidus, dans l'alimentation humaine. Le potentiel scandale.
Avec les techniques actuelles de dosage (chromatographie en phase liquide ou gazeuse, spectrométrie etc), si on cherche, on trouve.
Quoi que vous cherchiez, vous le trouverez. A des doses infimes dans l'immense majorité des cas, mais vous trouverez. On peut s'inquiéter des effets potentialisés ou synergique de toutes ces molécules qui en elles-mêmes, seules, à ces doses, ne sont absolument pas toxiques, mais je pense que l'on n'a pas le droit d'être surpris par leur présence.
M. Nicolino évoque par exemple la présence de phénylbutazone, un anti-inflammatoire utilisés chez les chevaux de sport et de loisir mais depuis longtemps interdit chez les animaux destinés à la consommation humain (je n'ai pas la date exacte, je ne l'ai jamais connue en service dans ces indications), et retirée depuis 2011 de la pharmacopée humaine en France. On en a trouvé dans des carcasses de chevaux importées du Royaume-Uni (les anglais ne mangent pas de chevaux mais ils les abattent et exportent la viande).
Oublions un peu la mesquinerie anti-anglaise, car cela aurait pu arriver en France. Je prescris régulièrement de la phénylbutazone pour des chevaux de sport et de loisir. Sous forme injectable, ou en sachets de poudre à faire avaler. Pas cher, très efficace, pas trop de risques pour le cheval, voire pas du tout ou presque sur des traitements courts. C'est un médicament intéressant. Lorsque je prescris cette molécule, je dois le noter sur le carnet du cheval, ce qui implique qu'il sera exclus de l'abattage. Définitivement. Honnêtement, je ne le fais que rarement. Parce que je n'ai pas le carnet sous la main, parce que je n'y pense pas. Je soigne le cheval fourbu du poney-club du village avec, et non, j'oublie qu'un jour il partira peut-être à l'abattoir. Ce n'est pas bien. Je ne suis pas non plus derrière le dos du propriétaire du cheval qui utilise des sachets de phénylbutazone lorsque qu'il estime que son cheval en a besoin. C'est pas bien. Dans l'immense majorité des cas, cela n'a pas d'importance, l'article le souligne en indiquant que les contrôles n'en détectent jamais : les résidus ne sont pas éternels, il faudrait que le cheval parte à l'abattoir peu après un traitement pour que cela soit un souci, ce qui est peu vraisemblable pour un cheval de sport ou de loisir. Mais ça arrivera, je n'en doute pas. Est-ce que la dose sera toxique pour le consommateur ? Peu probable, la phénylbutazone a une toxicité dose-dépendante, il en faut beaucoup pour être malade, et je rappelle qu'elle était encore utilisée comme médicament en 2011 chez l'homme.
J'ai évoqué tout à l'heure les temps d'attente pour les molécules autorisées chez les animaux destinés à la consommation humaine. Est-ce qu'ils sont toujours respectés ? Est-ce qu'il n'y a jamais d'erreur ?
Je ne crois pas.
Est-ce que c'est grave ?
Pour autant que l'on sache, non.
Est-ce qu'il faut pour autant dire que cela n'a pas d'importance, est-ce qu'il faut détourner le regard ? Non plus.
Le contrôle de l'alimentation dans le monde occidental est incroyable. Incroyable. Traçabilité, enregistrement, on demande aux éleveurs, aux vétérinaires, aux abattoirs, aux distributeurs, d'incroyables efforts pour contrôler les risques de résidus (et ça engendre une inimaginable paperasse). Tout n'est pas parfait. Il y a des erreurs. Il y a aussi des tricheurs, comme partout. Bien sûr : il y a de l'argent à se faire.
Mais il faut bien distinguer les résidus à doses interdites (supérieures aux LMR), qui résultent de ces manquements, et les résidus à doses infimes évoqués dans les articles cités plus haut, très inférieures aux LMR, et qui sont "normaux".
Vous n'avez sans doute pas envie de manger des aliments contenant ces résidus, même à doses infimes. C'est normal. Même si vous fumez, même si vous roulez en voiture, même si vous brûlez de l'encens chez vous, utilisez des désodorisants dans vos toilettes, même si vous fréquentez par essence un monde qui pollue par tous les moyens imaginables.
Vous vous dites que, quand même, vous voudriez bien être sûr de mangez des aliments sains. Mais, sincèrement, vous pensez vraiment qu'une alimentation si peu onéreuse peut être parfaite ? Je ne dis pas que vous avez forcément le choix : on achète des aliments pas chers parce qu'on le veut, parce qu'on n'a pas le choix, ou parce qu'on ne se pose pas la question. Je ne critique pas. Mais soyons réalistes : il faut nourrir des milliards d'humains, nous avons besoin de l'industrie agro-alimentaire pour cela. Et si nous industrialisons, nous créons des problèmes que nous allons devoir résoudre avec des produits qui laissent des résidus potentiellement toxiques (au-delà des autres problématiques liées à l'agro-alimentaire). Bien sûr, nous déplorons tous cet état de fait, mais, franchement, est-ce que nous faisons quelque chose pour que cela change ?
Ceci étant, je ne viens pas vous dire qu'il faut pour autant chanter les louages de cette industrie, dire que tout va bien et que l'on peut lui faire confiance sans se poser de questions. Bien sûr que non. Il faut des contrôles, il faut des procédures. Il faut du réalisme. Il y aura des scandales, des coups de pied dans la fourmilière. Tant mieux.
Je crois fermement que l'alimentation n'a jamais été aussi saine qu'aujourd'hui. Je suis sans cesse surpris de constater le faible nombre de problèmes alimentaires (toxi-infections alimentaires par exemple) du genre steaks hachés contaminés par des bactéries ou camemberts à Listeria, quand on voit les volumes de viandes, de produits laitiers, d’œufs, et de légumes consommés. Je trouve extraordinaire qu'il n'y ait pas plus d'emmerdes, sérieusement. Je trouve ça aussi magique qu'un truc en métal qui vole ou une boîte en plastique qui me permet de discuter avec des amis à des kilomètres de distance, et de surfer sur le web.
Évidemment, on peut manger bio. Ce n'est pas une solution parfaite : tout ce qui est bio n'est pas bio, et même ce qui est bio n'est pas franchement sans résidu. Et puis, c'est cher.
On peut acheter de la viande à un éleveur, des légumes à une AMAP locale. C'est une excellente idée. Ça peut être cher aussi. Est-ce que ça implique moins de résidus ? Boaaahhhh. Franchement, non. Et quand je vois les œufs que m'offre ma voisine, couverts de fientes et de plumes, certes excellents gustativement, mais, sanitairement, franchement ? Avec ses poules qui piétinent et mangent la merde de ses chiens et chats, avec les pigeons qui volent partout, it's the ciiiiircle of liiiiife... Bref. J'adore, mais d'un point de vue sécurité sanitaire, ça ne vaut pas les œufs de poule en batterie.
Ce qui ne va pas m'empêcher de continuer à échanger ces œufs de la voisine contre de menus services.
Je n'ai pas peur de ma nourriture.
Je ne peux pas contrôler grand chose, j'en ai conscience, et j'ai une vie à vivre.
Commentaires
Bien dit mais avec une remarque que je me fais depuis longtemps : Je passe sur la fraude constatée que je condamne car elle me fait une concurrence déloyale. Par contre, je crois que l'industrialisation exige un sérieux maximum de par la dissémination incroyable qu'elle peut provoquer ! La circulation des animaux ou des produits alimentaires et plus généralement des marchandises et des hommes créent des risques nouveaux ! J'en prend pour preuve la FCO !
Les steaks hachés autrefois produits par le boucher et consommés dans le village se promènent dans l'Europe entière puisque produits dans quelques "usines" ! C'est ce qui peut faire peur au sens où on a le sentiment de ne pas pouvoir contrôler soit même. D'où un facteur clé, à savoir la confiance, qui est mis à mal par les affaires...
Enfin concernant les résidus : Sincèrement, pour retaper une vache après une césarienne, la date de rétention est passée depuis longtemps puisqu'il faut plusieurs mois. Par contre, j'entends des reproches sur les quantités d'antibiotiques employés : Faut il rappeler qu'une vache ici pèse 700 kg soit presque 10 fois le poids de l'éleveur ou du vétérinaire... ( :-) )
Je crois bien que je suis d'accord tout plein.
En tant que technicienne des services vétérinaire, je réalise quelques uns de ces contrôles.
Cette histoire de viande de cheval, c'est vilain, c'est une tromperie, tout ça. Mais personne n'en est mort, et personne n'en mourra.
J'aime l'idée que la nourriture soit suffisamment saine pour avoir le "luxe" de se préoccuper de sa composition.
J'ajoute que suis tout aussi épatée par le faible nombre de problèmes liés à l'alimentation. Il y a tant de facteurs de risques... la matière première, la transformation, et le consommateur !! Ce consommateur qui mange son steak tartare surmonté d'un oeuf cru, qui essaye volontiers les poissons crus, le gibier rosé, voir saignant, la volaille presque rose à coeur... tout ces éléments ayant bien sur transités pendant 1h ou 2 dans un caddie à température ambiante, puis dans la voiture, puis dans le frigo domestique, dont la température tourne autour des 8/9/10°C.
Et il y a si peu de soucis au final.
On (tous les acteurs de l'alimentaire) est quand même très fort. (en toute modestie :D)
"Quoi que vous cherchiez vous trouverez ": exactement.
Et moi, tant que les aliments ne sont pas avariés, je les mange. Et si ce n'est pas fait "maison", je ne tiens pas à savoir ce qu'il y a dedans, parce que généralement, ça ne fait pas envie.
Et 100% d'accord avec le passage sur l'encens, l'essence etc.
Je trouve assez triste les dispositifs sanitaires dans les cantines même si je les comprends: on arrive à une nourriture lyophilisée.
Au sujet des lasagnes au cheval : on peut se gausser de ce qu'il se soit agi, finalement, de vendre une viande pour une autre, de toute façon méconnaissables une fois hachées et mélangées à de la sauce.
Ce scandale ne signifie-t-il pas également qu'on pourrait fort bien, au lieu de bœuf ou de cheval sanitairement correct, mettre des viandes encore moins chère car réputées impropres à la consommation humaine ? Si on arrive à falsifier la traçabilité pour mettre du cheval à la place du bœuf, ne pourrait-on pas mettre, par exemple, de l'animal de réforme ?
Fourrure :
Objectivement, tout est possible. Animal de réforme n'est pas le terme approprié, mais j'imagine que vous parlez de viandes qui auraient été déclarées impropres pour la consommation humaine (nous mangeons tous les jours des animaux de réforme, il s'agit par exemple de vaches laitières qui ont fini leur "carrière"). Je pourrais vous parler de consigne et de saisie, de contrôles et de procédures dans les abattoirs. Mais, bien sûr, des trucs peuvent passer. On peut tout imaginer. A tort ou à raison.
Ce qui passe par l’équarrissage, par contre, ce sont franchement des circuits et des process totalement différents, Je ne crois pas au croisement de ces parcours.
Très bon article.
Merci pour les détails techniques ;)
Nos points de vue se rejoignent...
Moi aussi je suis d'accord sur l'essentiel de ce billet ... à part que ...
D'abord si on se gavait moins de bidoche, on pourrait en acheter de la très bonne, issue d'animaux non "industriels".
Ensuite il n'y a pas que le bio ou les AMAP : s'approvisionner dans un marché de producteurs (circuits courts) et se "contenter" de produits saisonniers, ça réduit considérablement la facture alimentaire.
Enfin, l'aspect sanitaire éclipse un peu trop souvent le respect des animaux. Une poule, c'est un être capable de détresse. Mais oui, même une poule ! Alors des oeufs produits sur un grillage, c'est propre mais c'est triste.
Je réagis un peu vivement car j'ai eu de gros coups de cafard devant les animaleries de la Recherche, lorsque je gagnais ma croûte dans le secteur Biologie-Santé. On me répondait "Mais ce ne sont que des petites souris" quand je pleurais sur le sort des souris dont le génome était trafiqué de manière à les rendre déficientes, c'est à dire le plus souvent souffrantes, et que les chercheurs en commandaient de trop grande quantités "pour ne pas manquer". Mais enfin, la souffrance, même celle d'une petite souris, c'est toujours un scandale. Il n'y a pas que la sécurité ou la performance dans la vie ...
Cela dit, je ne veux pas avoir l'air de vous faire un mauvais procès puisque vous mangez les oeufs pleins de caca, offerts par votre voisine ;)
Merci pour vos billets, toujours intéressants, instructifs ... et qui nous donnent de belles occasions de réfléchir
Fourrure :
Je suis d'accord avec vous. j'ai volontairement écarté du billet tout un tas de sujets connexes, sur, dans le désordre, le bien-être animal, les circuits courts, les circuits boucherie traditionnelles vs supermarché, la traçabilité, les types de viandes (tiens, un bon article du Monde aujourd'hui sur les étiquettes et la mention "viande de boeuf"), la qualité gustative... pour me concentrer sur le sanitaire pur.
@Fourrure: Oui, bien sûr, je voulais dire des animaux malades et dont la viande serait impropre à la consommation humaine, mais qu'on abattrait dans un pays où les contrôles sont moins stricts. N'oubliez pas qu'on parle ici de chevaux roumains achetés via de multiples intermédiaires.
Je ne suis pas sûr que votre expérience des abattoirs et équarrissages français s'applique à l'ensemble des pays dont l'on importe de la viande.
Fourrure :
Vous avez raison.
j'aime bien ton post et ta conclusion :)
je fais (un peu) attention à ce que je mange depuis que j'ai compris qu'on était fait de ce que l'on avalait sans que ça soit une gageure de se nourrir ni sombrer dans l'orthorexie. Ainsi je suis sensible à ce que tu as écrit.
Par contre je trouve quand même qu'il serait de bon ton de réfléchir à des solutions alternatives quant au traitement antiinfectieux collectif dans les élevages en batterie. N'est-il pas possible d'écarter les individus atteints ? Les maladies infectieuses animales sont elles si contagieuses ?
Ainsi j'ai cru comprendre qu'aux US, le volume des antibiotiques consommés atteignait plus de 80% pour l'agroalimentaire... après on s'étonne des résistances aux quinolones...
Je n'y connais rien, quelques infos (un post ?) serait le bienvenue :)
Fourrrue :
Le problème, c'est que je connais très mal les filières indus (volailles/porcs/veaux). Les vétos qui s'occupent de ça sont des spécialistes, et je n'y touche qu'exceptionnellement (on me demande parfois une contre-autopsie, un avis, mais ce n'est pas mon boulot). Je ne suis pas pertinents sur ces sujets. Encore moins sur les filières US !
Cependant, concernant les choix de traitement collectif vs isolement etc : c'est illusoire connaissant l'organisation et la valeur individuelle des animaux dans ces filières. De plus, le diagnostic individuel est un non-sens. On ne soigne plus une entité-individu, mais une entité-élevage. Et si certains traitements sont des médicaments, d'autres seront des réglages d'ambiance, d'alimentation, d'hydratation, etc. C'est vraiment une médecine très particulière, passionnante et différente.
par ailleurs, je remets deux sous dans la musique :
* pour la problématique de la viande de cheval, clairement le problème n'est pas sanitaire. Le problème c'est la tromperie et la symbolique du cheval.
* pour l'hyperconsommation de viande, les circuits courts et tout. Je suis complètement d'accord mais je pense qu'il s'agit malgré tout d'un problème de riches. Le problème global de l'alimentation et de l'hydratation dépasse très largement nos considérations économiques et sanitaires.
* quant aux souris dans les labos, oui elles sont touchantes. Personnellement je n'ai tenu qu'une semaine et j'ai compris que je ne pourrais pas les bidouiller comme ça longtemps... Mes lectures bouddhistes ont achevé de me convaincre.
Mouais , enfin même si personne ne n'est mort, perso , j'aime pas bien qu'on me fasse prendre des vessies pour des lanternes ... donc, bon, tromperie il y a .
Fourrure :
Indiscutablement. Et je comprends la colère.
Mais cela interroge surtout sur la "facilité" à frauder.
En ce qui concerne le 'peu' 'd'accidents alimentaires', je crois surtout que l'humain (en bonne santé) est pourvu de défenses bien entrainee et d'une flore bien diversifiée ...
Qui n'a jamaiS eu de désordres gastro-intestinaux inexpliqués ?? ( en dehors de toute 'période gastro ' )
Fourrure :
A mon avis, notre réfrigérateur est bien plus dangereux que la nourriture que nous achetons. Franchement. Respecter la chaîne du froid, nettoyer et désinfecter tous les mois, contrôler sa température, le ranger comme il faut. Vous le faites ? Moi non. Et je sais donc que je cultive des bactéries ou des champignons.
@nfkb : Problème de riches ? Pas sûr. Aux alentours de 2005, la FAO et différentes ONG avaient lancé une alerte, à propos des abattis des poulets européens exportés à très bas prix vers l'Afrique. Ces résidus de volailles "prêtes à cuire" ont bien contribué à l'appauvrissement des paysans africains, incapables de vendre leur production au même tarif. D'après ce que j'ai compris, il semblerait que ce dumping ait été repris par le Brésil ... Comme quoi la distribution des "riches" varie avec le temps.
Pour le frigo comme lieu de tous les dangers, je suis vraiment d'accord. Mais où trouver l'énergie de tout vider, tout nettoyer, tout ranger là-dedans, alors que chaque soir on rentre tout ratatiné de son travail ?
Desinfecté peut être pas en effet, mais rangé si , j y tiens
Il n'y a pas que l'entretien du frigo qui pose problème : On ne parle jamais de la rupture de la chaine du froid entre le rayon surgelé de la grande ou moyenne surface et le frigo du particulier ! Pourtant, c'est un vrai problème... Un spécialiste nous avait expliqué que selon lui, il faudrait équiper les voitures d'un frigo, et pourquoi pas le caddie quand on doit attendre aux caisses ?... A chacun de se faire une idée sur la question et le surcoût occasionné. Mais ce problème reste entier : Qui est responsable en cas de développement de bactéries dangereuses suite à un transfert trop long ? On le voit, la responsabilité individuelle a son importance ! Mais heureusement, nous sommes résistants. Au passage, je me dis que la maîtrise du feu a été une des très grandes avancées de l'humanité et que la cuisson reste un élément sanitaire majeur ! ( Même si j'adore le charolais saignant)
Encore une fois, tout ceci est très juste. Je voudrais ajouter que je suis heureuse de voir des gens se mobiliser pour que la nourriture "frauduleuse" soit redistribuée aux associations et non pas détruite, s'il s'avère qu'elle est consommable.
On tape beaucoup sur l'industrie agroalimentaire, mais en dépit de tous les excès qu'on peut lui reprocher, il ne faut pas oublier que c'est à l'industrialisation de la production agricole que l'on doit (en partie seulement, certes) de nombreux bienfaits : l'amélioration considérable de la santé publique et la hausse impressionnante de notre espérance de vie (dans l'absolu et en bonne santé).
Jamais autant de gens n'avaient vécu aussi vieux qu'aujourd'hui dans nos pays. Ca ne fait pas si longtemps que ça que l'on ne souffre plus de la faim dans nos contrées : à peine plus d'un siècle.
Autre avantage de ce système, qu'il ne faudrait pas perdre de vue : son efficacité, qui permet à une petite fraction de la population de nourrir le reste de ses concitoyens. En France, de nos jours, quatre pour cent des actifs produisent assez pour nourrir le reste du pays, et il en reste encore à exporter. Il y a trois siècles (c'est peu), le travail de 80 % de la population n'y suffisait pas toujours.
De cela découle une conséquence assez inédite dans l'Histoire de l'humanité : la part du budget que nous consacrons à l'alimentation de cesse de baisser, et cela est constant depuis deux siècles. Cela laisse donc de plus en plus de ressources que nous pouvons consacrer à d'autres choses (soins, loisirs...), ce qui contribue à notre haut niveau de vie.
Nous en sommes à un point où nous pouvons nous payer le luxe de nous soucier du bien-être de ce que nous mangeons, voire de choisir ce que nous mangeons. Nous pouvons même choisir de laisser deux cents kilos de barbaque (désossée dégraissée) manger dans un pré, à perte, lui payer le vétérinaire... et tout ça pour le laisser devenir complètement immangeable. Je trouve que nous avons beaucoup de chance.
Tout d'abord ça me sidère de voir depuis...combien de semaines maintenant? on est toujours sur ce sujet de viande de cheval trouvée dans des lasagnes au boeuf. Il y a d'autres sujets dans l'actu mais c'est un autre pb...
Parce que pour moi si on mange du boeuf on peut bien manger du cheval (ok, si on avait découvert du chien ou du chat dans les lasagnes en question, j'aurais sûrement été- malgré tout- plus horrifiée).
Comme je ne mange pas de viande et que c'est donc facile pour moi de dire qu'on pourrait peut-être passer à autre chose - j'ai demandé à un ami qui achète de temps en temps des plats surgelés ce qu'il pense de tout ça.
Alors il dit qu'il s'en fout de manger du cheval à la place du boeuf mais ce qui l'ennuie c'est 1) que c'est à l'insu du consommateur, même s'il n'est pas plus surpris que ça 2) que la viande de cheval provenant de pays où elle est moins chère qu'en France -comme la Roumanie qui écoule son cheptel- soit vendue en France au consommateur au prix du boeuf alors qu'en réalité elle a été bradée.
Sur le fait que les lots aptes à la consommation mais retirés de la vente soient distribués à des associations, ce qui me gêne c'est le côté " je n'en veux pas mais c'est assez bon pour les autres" ou ce qui n'est pas dit "quand on a faim on mange ce qu'on nous donne".
Enfin, si une telle chose a été possible, est-ce que dans les boîtes de cette-marque-haut-de-gamme-d'aliments-pour-animaux-qui-commence-par-un-H, on ne trouve pas pire c'est-à-dire les déchets des déchets des déchets dont même les abattoirs ne veulent pas?
Et bien pour une fois... Je ne partage pas totalement votre point de vue. Oui, je suis d'accord qu'il faut arrêter la psychose sur tout. Oui, je suis d'accord aussi pour dire que notre environnement de vie est pollué, et que si on nous abattait pour nous manger, on se rendrait compte qu'on est bourrés de résidus.
Mais je ne suis pas d'accord pour dire que l'industrialisation de l'alimentation soit inéluctable. Tout comme je n'en ai rien à faire que les poules en batterie soit plus hygiéniques, vu qu'elles sont malheureuses. Quand j'étais gamine, je vivais à la campagne. J'ai passé ma vie au milieu des bestioles, à boire l'eau des rivières, et je n'en suis pas morte. Je pense que "l'hygiénisme" dans l'industrie alimentaire est de l'égoïsme. On pense à notre bien être, pas à celui de l'être vivant en question.
J'ai arrêté de manger de la viande. Je vis parfaitement bien, et je me sens même mieux. Alors oui, il y a toujours des pesticides et des engrais. Mais les salades élevées en batterie, c'est bien moins génant.
Enfin, n'oublions pas que l'élevage est énormément consommateur de céréales, et donc de nourriture potentiellement propre à la consommation humaine, sans parler des quantités d'eau utilisées. En plus, les céréales séchées se conservent très bien, il y aurait donc moins de gaspillage. Le luxe, ce n'est pas de se soucier des conditions d'élevage, c'est de manger autant de viande.
Fourrure :
Nous sommes d'accord sur le côté "hygiéniste" de l'histoire. Mais végétarisme ou pas, l'industrialisation reste nécessaire pour nourrir tout le monde ! Même si l'on imaginait un monde végétarien, vous auriez besoin de quantités délirantes de céréales, de pois, de soja, de légumes, etc. Ce n'est pas la consommation de viande qui a fait naître l'industrie agro-alimentaire : c'est la volonté de faire disparaître le risque de famine. Et jusque là, cela marche parfaitement pour ceux qui y ont accès sur les terres qui y sont adaptées (parce que, non, bien sûr, la faim dans le monde n'a pas disparue... mais c'est un problème qui n'a pas que des composantes agronomiques).
Le jeu, c'est justement qu'on n'aurait pas forcément besoin de beaucoup plus de productions végétales. Car de nombreuses terres servent à nourrir les animaux que l'on mange...
Je me suis peut-être mal exprimée : je ne pense pas que seule la viande ait amené à l'industrialisation agro-alimentaire, mais que c'est pour la viande qu'on a le plus de problème d'hygiène et de tromperie (une tomate reste une tomate). Et c'est dans l'industrie de la viande qu'il y a des problématiques de bien-être de ce que l'on élève.
Quid bien sûr des OGM.
Une tomate reste une tomate... Faut-il si peu de temps pour qu'on oublie l'affaire des "concombres espagnols" tueurs qui se sont transformés en " tomates tueuses" puis en "soja bio allemand tueur" pour finir (?) en "Fénu-grec égyptien" tueur à E.coli enterohemorragique?
http://archives-lepost.huffingtonpo...
Ce genre de fraude n'est pas nouvelle.
Etudiant en hôtellerie on avait des cours de préventions contre les TIAC, les parasites et les bases de la réglementation. Notre prof nous parlait de foie de cheval vendue en poudre à la place de cacao, d’œufs de vers solitaire dans des gélules pour maigrir ( ça marche! c'est fou non? XD) bref de tous temps il y a et y aura de la fraude. Personnellement je ne mange pas de viande de cheval par choix mais aussi car d'un point de vue sanitaire je n'ai aucune confiance dans les proprios qui mettent leur cheval à abattoir apres l'avoir eu pendant x années. La seule preuve qu'il n'a pas eu un médicament est que ce n'est pas inscrit dans le carnet de vaccination... il n'y aurait que des chevaux d'élevage ( comme les vaches ) j'aurais beaucoup plus confiance car ce serait des professionnels. Même si je sais bien qu'il peut aussi y avoir des abus chez les pro mais bon aux moins y a des contrôles.
Olivier, cette affaire est une question d'hygiène justement, et pas de tromperie du consommateur. D'ailleurs dans l'affaire de la viande de cheval, pas de problème d'hygiène n'est constaté jusqu'ici. Ca n'a pas grand chose à voir.
Sur le même sujet: beurk!!
http://www.youtube.com/watch?v=FWUJ...