Maladresse
jeudi 21 février 2013, 15:03 Vétérinaire au quotidien Lien permanent
C'est un jeune couple, un lundi matin. Ils sont venus sans rendez-vous, mais nous avons l'habitude : nous donnons peu de rendez-vous sur cette plage horaire, pour absorber les urgences plus ou moins urgentes qui ont attendu le week-end. Et nous prévenons ceux qui veulent malgré tout nous voir à ce moment là : les vraies urgences passeront toujours en premier, et elles peuvent être nombreuses. Comme les mercredis et les samedis après-midi avec les chiens de chasse au sanglier.
Personne ne râle jamais. Difficile de faire la gueule pour 30-60 minutes d'attente pour le vaccin du chien lorsqu'on voit passer un animal agonisant ou qui pisse le sang par tous les membres. Nos urgences sont quand même souvent de vraies urgences. Du genre qui auraient vraiment dues être vues avant.
Celle-ci fait partie du lot.
La chienne n'urine plus. Depuis deux jours. Le motif de consultation est peu crédible, à voir l'allure de la chienne dans la salle d'attente. Elle attend tristement, assise, l'abdomen gonflé, mais elle n'a pas l'air si mal, et une anurie de deux jours s'accompagne presque toujours d'insuffisance rénale avancée. J'ai très souvent des rendez-vous "n'urine plus depuis trois jours", "ne mange plus depuis cinq jours", "pas de selles depuis la semaine dernière". Dans l'immense majorité des cas, le "pas" ou le "plus" indiqué au téléphone lors de la prise de rendez-vous devient un "moins" ou un "pas comme avant" lors de la consultation. De quoi relativiser...
Pourtant, cette fois-ci, dès les premiers mots, les premiers regards, je comprends que, vraiment, il y a quelque chose de très sérieux. De définitif. Ce jeune couple a vraiment l'air d'être... comment dire. Précis. Pas qu'ils soient habillés tailleur et costard cravate, non. Pas du tout. Mais il y a un étrange mélange d'urgence, de crainte et de résignation dans leur attitude. Je regrette de ne pas en avoir tiré les conclusions logiques avant d'agir.
Je porte leur chienne sur la table d'examen. Elle manque sérieusement de muscles sur son dos voussé, ses membres sont de traviole, son ventre pendouille. Son poil est clairsemé, sa peau plus ou moins lichénifiée, pleine de comédons. Elle sent la malassezia. Elle est vraiment moche, elle est tout à fait vieille, elle est adorable. Pas le temps de gagatiser, mais bien assez pour une caresse, un mot gentil. La rassurer. Je palpe son abdomen gonflé, manifestement pas douloureux.
- Elle a gonflé depuis qu'elle n'urine pas.
Pas le temps, pas l'envie de discuter. C'est vraiment une urgence. Que j'aurais du voir samedi. Un spéculum, et je place une sonde urinaire en la priant de m'excuser, en lui parlant gentiment. Je ne cesse jamais de parler lorsque je place un spéculum. Un vrai ronronnement, à la limite de l'hypnose. Ça a l'air tellement désagréable... J'enlève environ un litre d'urine en pressant sur l'abdomen de l'épagneule. Ce n'est pas franchement douloureux non plus. Elle se laisse faire sans trop ronchonner pendant la bonne quinzaine de minutes nécessaire. Cette urine a l'air normale. Elle ne pue pas trop le vieux pipi macéré, il n'y a pas de flocon dégueulasse dedans, pas de sang non plus.
Je repose la louloute par terre. Elle semble soulagée et se promène dans la salle de consultation en remuant sa queue pelée. Son abdomen a repris un profil plus normal, même si je suis certain de ne pas avoir fini de vider sa vessie. Je verse le seau dans l'évier, le haricot métallique s'étant révélé largement insuffisant.
Je souris.
Elle a vraiment l'air mieux.
Le jeune couple sourit aussi, mais avec tristesse.
Je n'ai pas le dossier de cette chienne. Et je ne sais pas pourquoi elle n'urinait plus. Mais eux le savent.
- C'est rare, une vessie qui se distend autant. Il y a peut-être deux litres d'urine là-dedans. Cela fait longtemps qu'elle a du mal à uriner ?
- C'est de pire en pire, répond la jeune femme.
- Un an qu'on voit qu'elle force bizarrement, précise son compagnon.
- Elle n'a pas l'air franchement malade, de ses reins en tout cas. J'imagine que la distension de sa vessie a été très progressive, et qu'elle ne doit plus être capable de franchement la vider de façon normale, elle doit pousser avec le ventre, mais pourquoi ?
- On a trouvé une tumeur dans son bassin, il y a huit mois. Un truc pas opérable, mais qui ne lui faisait pas mal. On nous a dit que ça grossirait.
C'est la jeune femme qui a repris la parole. L'homme cache ses yeux derrière ses cheveux bouclés. Il se passe sans cesse la main sur son début de barbe, remonte et redescend ses manches.
- Au début, il lui fallait juste du temps. Et puis elle a forcé de plus en plus. Des fois, on avait l'impression qu'elle n'y arrivait pas, mais ça finissait par aller.
Il y a une putain de tumeur là-dedans. Une saloperie qui appuie plus ou moins sur sa vessie, la pousse vers le bas de l'abdomen, comprime sans doute l'urètre. Quand elle se met en position pour uriner, le poids de la vessie qui descend vers le bassin doit aggraver sa compression, voire plier l'urètre, l'empêchant d'uriner.
Ça, je l'ai dit à voix haute. Plus pour moi que pour eux. Eux le savent déjà, même s'ils ne maîtrisent pas forcément les détails.
Ils savent par contre, mieux que moi, que c'est foutu. Que suspendre la vessie ou autre chirurgie à visée "mécanistique" est ridicule vue la cause. Ils culpabilisent, parce qu'ils n'ont pas pu la faire soigner - il n'y avait de toute façon probablement aucun recours, même il y a un an. Mais ils culpabilisent quand même.
Ils viennent pour demander une euthanasie. Et moi, j'ai balancé un bon gros rayon de soleil bisounours sur la scène, redonnant un peu de joie et de confort à leur chienne, pour laquelle je n'ai aucun espoir à offrir. Shiny, happy bordel de merde. Quel con.
Mon assistante s'éclipse discrètement.
Je soupire.
- En fait... commence-t-elle
- On pensait venir pour une euthanasie, achève-t-il.
Je me passe la main dans la barbe. Rattrape le coup, super véto.
- Nous avons une politique assez... heu... simple, pour les euthanasies. Si nous estimons qu'il n'y a pas moyen de soigner ou d'offrir un confort à un animal dans des conditions raisonnables, nous acceptons l'euthanasie. Nous les refusons quand nous les jugeons injustifiées. Dans le cas de votre chienne...
- Vous ne refuserez pas ? demande-t-il, résigné.
- Je suis désolé, non, malheureusement, je ne refuserai pas, je n'ai rien à vous proposer. Les mêmes causes vont produire les mêmes effets, et des complications vont survenir même si on choisit de gagner du temps avec un système de sonde urinaire... Il n'y a pas d'alternative, et il ne sert à rien d'attendre, pour se revoir après deux jours de plus passés sans uriner. Vous avez raison, c'est le bon moment pour l'aider à partir.
Je suis écœuré, et triste comme une pierre tombale.
Je m’accroupis. La vieille épagneule vient me voir, comprenant l'invite aux caresses.
Commentaires
oh, c'est très touchant, vraiment.
dur.
Touchant, triste, que dire de plus....
Heureusement que vous êtes là pour les aider à partir le plus dignement possible...
Ramses, mon chat, a dû être euthanasié le 28 octobre dernier... tumeur à la rate.. inopérable.... on a grapillé 3 semaines après l'annonce du diagnostique et puis.....
c'est triste. Je ne voudrais pas être à votre place ni à celle de ce couple.
*larmes aux yeux* ça me rappelle mon stage véto malheureusement. En 3ème. J'ai du aider à endormir un vieux chien de très grand gabarit. C'était long, très long... Le voir petit à petit s'assoir, s'allonger, s'endormir, arrêter de respirer, de vivre. ça m'a paru durer une éternité. Et à chaque étape le maitre avait une nouvelle montée de larme... C'est ptet aussi pour ça que j'ai changé de voie (je regrette quand même un peu)
Touchant témoignage... Il est bon de savoir que même face à ce genre de situation au quotidien, vous restez sensible à la tristesse des maîtres. Vous avez un des plus beau métier du monde, mais aussi un des plus durs.
Nom de dieu je serais incapable de faire un truc pareil. Heureusement qu'il y a des "capables" pour gérer ces situations. Merci à eux.
Finir un billet la gorge serrée est rare. Le désespoir est palpable . Merci . Grand billet!
@DocArnica,
Je ne trouve pas que ce soit rare chez Fourrure! ;)
Mais c'est aussi pour ça qu'on vient: pour sa tendresse.
Aïe! On n'est pas devin, non plus. S'ils n'expriment pas le véritable motif de consultation, pour un chien dont tu ne connais pas l'histoire, tu pouvais pas deviner... même si je comprends bien la difficulté qu'il peut y avoir pour des maîtres aimants à verbaliser ce type d'attente.
Oui, c'est dur.
Mais je pense que si ça avait été ma chienne, j'aurais apprécié que le véto fasse quelque chose pour la soulager, même pour quelques instants, avant une mort paisible. Parce que visiblement, là, ils étaient bien au courant du pronostic sombre, et n'auraient pas pu partager ton optimisme temporaire. Tu ne leur a pas donné de faux espoirs, ni de culpabilité supplémentaire. Simplement un dernier rayon de soleil, alors pourquoi le regretter ?
Je n'aurais pas du venir, je viens de faire exactement la même chose. Cause différente même effet... Mais merci de mettre des mots sur ce que j'avais au fond de moi lorsque j'ai finalement poussé cette seringue rose. Pour son bien, mais pour la tristesse de tous.
Vous avez offert un moment de soulagement et de confort à cette chienne, juste avant de l'endormir. Ce n'était pas une maladresse, au contraire, c'était juste le petit bonheur qui lui manquait pour boucler sa vie.
C'était peut-être dur pour ses maîtres et même pour vous (on a tant de mal à euthanasier un ami-animal qui a l'air "en forme"), mais sûrement pas pour elle ! Surtout avec vos caresses et vos gentilles paroles. Merci pour elle !
Ils n'ont pas l'air méchants, ces gens, mais pourquoi n'avoir pas commencé par dire "elle a une tumeur, il y a huit mois qu'on le sait et on nous a dit que c'était inopérable" plutôt que "elle n'urine plus depuis deux jours" comme s'ils n'en connaissaient pas la cause?
Enfin, c'est ce que j'appelle une euthanasie "tranquille", et au moins la chienne aura été un peu mieux juste avant de mourir.
Tout à fait d'accord avec Cécile de Montpellier.
Ouin.... :( Et sinon moi non plus je ne vois aucune maladresse..
*larmes aux yeux également*
d'accord avec les messages précédents. Même si c'était la fin pour cette petite chienne, vous l'avez soulagée et elle aura eu un petit moment de confort avant le dernier voyage.
Vous devez être un vétérinaire auprès duquel on apprend énormément. J'espère que durant mes 5 ans d'études puis au travail j'aurais la chance de côtoyer des gens comme vous.
Vos billets sont sombres ces temps, à quand un doux vêlage? Ma vache a vêlé sans problèmes il y a 1 mois. Avec des cotes qui ont eu été cassées et une fin de gestation douloureuse elle a mis au monde la petite Isa-Lou sans problèmes. Quel bonheur! J'espère que la suite de ce dur lundi a été meilleure pour vous.
Tout de bon,
Emma
Sachant que lui vider la vessie était possible, je crois que dans leur situation je vous aurai demandé de le faire quand même, ne serait-ce que pour qu'elle parte plus légère, plus confortable.
J'ai dû laisser partir ma chienne il y a 2 semaines (je n'y étais pas préparée, chienne de 5 ans, intoxication probable), et après 1 semaine d'hospitalisation dans un état semi-comateux, elle qui pouvait à peine lever la tête, l'a levée quand même dans mes bras quand je l'ai transportée dans le coffre de ma voiture, avec perf et tout le tintouin. Trop heureuse de sortir de là. Je lui ai dit qu'on rentrait à la maison, ou "on va chez mamie", je sais plus, et elle m'a crue, elle était heureuse d'être dans la voiture. Je l'ai installée et me suis assise à côté d'elle dans le coffre. La vétérinaire a fait son œuvre et je l'ai remerciée.
Le bien être avant de partir, c'est tellement, tellement important. Si on a ce pouvoir on se doit de l'exercer, tout comme on se doit d'exercer ce droit à la fin de la souffrance qui n'existe pas chez l'humain, pas chez nous.
ah la vache, quel métier. décider de la vie et donc de la mort. et la donner. seuls celles et ceux qui ont ou soignent des animaux savent qu'il y a un moment où, privilège exorbitant, on décide. parce que c'est en notre pouvoir de décider de la mort, de la sortie de la souffrance, de nos bêtes ou de nos patients (hem, à 4 pattes). dès lors qu'on se sent, qu'on est responsable, la coupe ne s'éloigne jamais plus de nos lèvres.
@moi_larenarde
Parce qu'arriver avec son chien, sa chienne, même en la sachant atteinte d'une tumeur, on ne peut simplement pas commencer par ça, par dire que cette boule de poils qui nous suis depuis plus de 10 ans, on ne vient pas pour la soigner, mais pour mettre un terme à sa maladie.
Il y a toujours l’espoir un peu bête que le véto possède quelques pouvoirs divins, donc on ne peut tout simplement pas arriver au cabinet et dire qu'on vient pour une euthanasie : on vient pour l’opération, pour enlever cette chaine mammaire qui ne va pas bien... Et le véto rappelle pour dire que voilà, ça va pas le faire, que c'est assez méchant, on le savait, mais on ne pouvait pas la laisser partir sans "vérifier" qu'il n'y avait plus rien à faire.
@Monsieur Fourrure : je pense qu'il vaut mieux une maladresse comme ça qu'un bon gros bourrin qui aurait juste piqué la vieille sans rien savoir. Vous lui avez donné une importance, je pense que, au final, ces gens là ne vous porteront aucun ressentiment, au contraire.
J'ai les yeux qui piquent en finissant de lire ce billet. C'est d'autant plus le cas que j'ai à mes pieds en vous écrivant mon vieux compagnon de route. Un labrador de 14 ans , obèse, sourd et à moitié aveugle, boiteux, le poil pelé mais nabab de la maison, mais que j'adore. Et oui je sais qu'un jour plus ou moins proche moi aussi je serai à la place de ce couple. Il est bon de penser que peut être à ce moment là notre route croisera celle d'un vétérinaire aussi humain que vous...
Merci pour ce billet encore et toujours tres emouvant. Je pense que cette louloutte a ete aimée et bien accompagnée pour ses derniers moments. Merci pour elle et merci pour ce que vous êtes, profondément humain. Respects Mr Fourrure.
Je rebondis sur le commentaire de Sarah S dont la chienne a pu être euthanasiée dans le coffre de la voiture, un environnement plus familier et plus rassurant que la table du vétérinaire. Cette question me trotte dans la tête : est-ce qu'on peut demander à un véto de venir euthanasier à domicile (si mon mari n'est pas là, je ne pourrai pas porter seule mon golden dans la voiture) ?
A défaut, peut-on lui demander de procéder à l'euthanasie dans le coffre ? Ou ça ne marchera qu'avec un véto compréhensif ?
Vu comme mes chiens n'aiment pas être hissés sur la table d'examen (fixe), j'aimerais que le jour de l'euthanasie on puisse le leur épargner... Tout comme la chienne dont vous avez libéré la vessie, ce serait beaucoup plus confortable pour eux !
Pour ce qui est de cette notion de confort, si j'ai bien compris, ce qui vous a tracassé c'est que sonder est un acte désagréable pour l'animal et que si vous aviez su dès le début que l'objectif final était l'euthanasie, vous le lui auriez évité ? Car sinon je ne vois pas pourquoi vous vous en voulez, vous ne pouviez pas deviner l'existence de la tumeur et vous avez permis à cette chienne de bénéficier de quelques minutes de confort avant l'euthanasie...
Fourrure :
Certes, le confort pour la chienne est un plus sympathique. L'inconfort relatif du sondage est à mettre en balance, pour moi, ce n'est pas vraiment la question. Non, je m'en suis voulu car il est toujours difficile pour les maîtres de verbaliser leur demande d'euthanasie, et qu'une des plus grande difficulté est celle de ces animaux qui alternent les phases de souffrance avec celles de bien-être, même relatif. J'entends souvent des phrases comme "mais il a l'air si bien maintenant que je vous l'amène", phrases évidemment prononcées avec un ton de culpabilité sans équivoque. Soulager artificiellement la chienne a donc compliqué les choses pour ces gens, même si ce n'était pas non plus un traumatisme, même s'ils ont appréciés aussi qu'elle soit plus à l'aise. Je pense qu'ils ne m'en veulent pas du tout, et, non, bien sûr, je ne pouvais pas deviner.
Mais je me suis jeté sur ce sondage sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Bien sûr, ma motivation première n'était pas tant de la soulager que de poser un diagnostic en recueillant des urines. J'ai mis la charrue avant les bœufs en terme de conduite d'une consultation.
Mais j'aurais du mieux saisir l'attitude de ces personnes, que je connais trop bien, celles de ceux qui savent que c'est la fin. Ceux qui le savent souvent mieux que moi.
Pour finir, concernant l'euthanasie à domicile : je n'aime pas travailler à domicile. Je comprends parfaitement l'envie que l'euthanasie s'y déroule, pour des raisons que vous avez citées et qui sont excellentes.
Dans ma salle de consultation, je maîtrise tout, ou presque. J'ai tout mon matériel, il ne me manquera rien, si j'ai besoin d'assistance, je l'ai. Je travaille à hauteur, je peux me concentrer sur la précision de mon geste. C'est plus facile. Chez les gens, beaucoup moins.
Je fais un métier où je manque, toujours, tout le temps, de temps. Donner un rendez-vous à domicile implique un déplacement, et donc une perte de temps de soins. De plus, je risque plus facilement d'être en retard. Une euthanasie n'est pas une urgence, mais faire attendre quelqu'un qui a pris la décision d'euthanasier son animal, c'est cruel.
Enlever un corps à domicile, c'est compliqué. Si les gens gardent le corps pour enterrer leur chien ou leur chat, pas de souci. Mais si je dois le prendre pour incinération, c'est un geste qui demande beaucoup de tact, et il peut être difficile de voir son chien mis dans un sac puis poser à l'arrière d'un utilitaire, entre une vêleuse et la caisse où je range mes bottes.
Enfin, il est très difficile de refuser quelque chose à quelqu'un qui est chez lui. or il m'arrive de refuser des euthanasies. Évidemment, ce risque n'existe que pour les animaux et les gens que je ne connais pas. mes clients, je sais à quoi m'en tenir. Les autres... la plus grande prudence s'impose, pour nombre de raisons. Je ne refuse pas systématiquement les euthanasies à domicile. Encore moins pour les gens qui ne peuvent se déplacer ou déplacer leur chien. Mais j'essaye de les éviter.
Il faut que je refasse mon billet sur l'euthanasie.
Tu ne pouvais pas deviner ...
C est tout à ton honneur d avoir procédé comme ça.
Oui on peut demander au vétérinaire de venir à domicile, pq pas ?
Je partage ta dernière réponse, mais en effet, dans le cas où le corps reste sur place , c est quand même un 'confort' pour les gens, , même si ça ne l est pas pour nous ....
Quand mon vieux matou insuffisant rénal n'a pas pu "remonter la pente", la véto est venue l'endormir à domicile. Sur le lit où il avait l'habitude de s'installer. Pendant que je lui caressais les babines et les moustaches.
Effectivement ça s'est passé en fin de journée, quand la véto a eu fini toutes ses autres visites. Et c'est vrai qu'une journée comme ça, c'est éprouvant pour l'humain de service ... mais à vous lire, je mesure la valeur de l'effort consenti par la praticienne. D'autant plus qu'elle s'est chargée d'emporter la dépouille de mon gros minet, après m'avoir aidée à l'empaqueter dans sa couverture préférée.
C'est bien sûr à cette excellente personne que j'ai fait appel pour la vaccination de la chatte que j'ai adoptée à la SPA, un an plus tard ...
moi j'ai préféré faire euthanasier ma chatte chez le véto pour qu'il ait tout sous la main et je suis reparti avec dans mon coffre enveloppée dans une alèse. j'ai apprécié son tact sa patience le temps de vérifier que plus rien n'était possible...pour cette chienne tant mieux qu'elle soit partie dans de bonnes conditions, c'est pas la peine de mourir en souffrant quand on peut l'éviter c'est aussi ca le respect de la vie animale
des moments de grâce..quelque part..
la vie n'est pas toujours si moche qu'on pourrait le penser ...même assis sur une pierre tombale..
J'ai beaucoup aimé cet article..
Et bien joli billet / dur billet
Je rebondis sur le commentaire 22 et votre réponse.
Ma "Berger Allemand" devient folle aussi quand elle doit aller voir notre vétérinaire.
Je pense que, lors d'une consultation, je lui demanderai s'il accepte l'euthanasie à domicile ...
Peut-être aussi que si tu l'avais euthanasiée sans lui avoir vidé la vessie ce jeune couple s'en serait voulu quand même. C'est vrai que tu as mis la charrue avant les boeufs, mais savoir qu'un véto s'occupera du bien-être de mon chien avant de commencer le soin (ou l'euthanasie, ou l'examen, ou le vaccin) me pousse à croire que j'ai choisi le bon véto.
Je suis étudiante vétérinaire. Cette histoire m'a cruellement rappelé celle de Kenza, dogue argentin croisée bisounours, amenée pour anorexie et anurie depuis 10 jours (!!!), elle avait perdu plus de 10 kilos. Les profs ont fini par lui trouver une masse assez dégueu, de grande taille qui lui comprimait l'urètre. Elle s'était remise à manger et respirait la joie de vivre, même avec sa sonde et sa "poche à pipi" accrochée au derrière... Il fallait un scanner avant d'envisager la chirurgie, le proprio avait à peine de quoi payer l'hospitalisation... Kenza est restée un mois avec nous, je m'en suis occupée tous les jours... Quand elle a été euthanasiée, j'étais effondrée... J'espère qu'on réussit à prendre plus de distance avec le temps, mais je suis pas sure d'y arriver un jour... dur dur...
Je comprends pourquoi vous considérez qu'il s'agit d'une "maladresse", mais comprenez aussi que ce n'en est pas forcément une, humainement du moins :)
Soulager cette chienne avant son euthanasie est bien plus important, à mon sens, que l'éventuel ressenti des maitres.
Oui prendre la décision d'euthanasier un chien qui "a l'air d'aller bien", connait quelques moments de répit avant de mourir, ce n'est pas facile. Vraiment pas. Je sais, je suis passée par là, et y repasserai probablement bientôt :/
Mais savoir qu'on a tout fait, que le véto a tout fait, pour son animal est un grand soulagement, aussi.
Un peu comme celui qu'à dû ressentir cette chienne lorsque vous avez pris soin de vider sa vessie.
Les choses auraient pu tourner tout autrement, et bien plus mal : vous demandez si les maitres ont une explication pour la rétention urinaire de la chienne, ils vous parlent de la tumeur et de l'euthanasie, vous euthanasiez la chienne... et ses maitres auraient pu ne pas penser, ou ne pas oser vous demander, de vider la chienne ("puisque de toutes façons ça sert à rien juste pour quelques minutes, et on ne va pas embêter le docteur avec ça").
Vous auriez pu ne pas leur proposer, également.
Et la chienne aurait pu être euthanasiée comme ça, avec son gros bidon toujours immensément douloureux et/ou inconfortable.
Alors s'il s'agit d'une maladresse de votre part, c'est tout de même une bienheureuse maladresse finalement :)
Concernant L'EUTHANASIE À DOMICILE, je me suis renseignée car je pense y recourir. J'ai un grand croisé BA, la table en inox est particulièrement inconfortable pour les chiens lourds et arthrosiques/douloureux. Le porter serait douloureux aussi. L'euthanasier sur le sol de la clinique, heu... nan.
En région parisienne (oui je sais, c'est pas trop votre secteur ni celui de vos clients ^^), bon nombre des services vétérinaires à domicile proposent parmi l'offre de soins l'euthanasie.
Par exemple VETALIA http://vetalia.com/index.php/vous-a...
ou VETADOM http://www.vetoadom.com/la-fin-de-v...
Ils se chargent aussi du transport / la crémation de l'animal si besoin est.
À propos, VETADOM travaille en partenariat avec INCINÉRIS http://www.incineris.fr/etapes.php
J'ai fais appel à eux pour la crémation de mon précédent chien, car je souhaitais une crémation individuelle et récupérer les cendres de mon fidèle compagnon... J'ai été vraiment, vraiment, vraiment étonnée de la qualité de l'accueil et de la prise en charge (sur le site de Tôtes, pour info - ils ne sont pas sur Paris mais sur plusieurs sites en France).
Ils proposent différents "services", de l'incinération collective à l'incinération individuelle personnalisée avec remise des cendres (que j'avais choisie).
Toujours avec votre si belle plume, c'est encore une histoire touchante... Ayant connue ce type de décision à prendre, malheureuse soit-elle, je reconnais la difficulté et la tristesse que cela engendre...