Dilemme
dimanche 2 septembre 2012, 11:59 Un peu de recul Lien permanent
Elle n'a que trois ans, elle est couchée depuis deux jours, un mois après son vêlage. En réalité, elle a un défaut de contrôle de ses postérieurs. On aurait pu penser à une chute, à une compression nerveuse liée au chevauchement. Le genre de trauma pas évident à récupérer. Il veut la faire partir à l'abattoir, mais lors de l'examen obligatoire avant l'envoi d'animaux couchés, je lui découvre une fièvre à 41°, qui interdit l'abattage. J'ouvre mon panel d'hypothèses, il le referme et choisit. Euthanasie.
Elle s'est barrée au fin fond d'un vallon, dans les bois, pour s'isoler et vêler. Il l'a cherchée jusqu'à la nuit tombée, a du passer à côté d'elle une fois ou deux, elle n'a pas bougé. Il ne l'a retrouvée qu'au matin, l'utérus renversé et déchiré. État de choc modéré, bonnes réactions à la perf'. J'ai découvert les dégâts au fil de mon intervention, les ai géré les uns après les autres, malgré le pronostic qui se dégradait. On s'est posé la question de l'euthanasie, nous avons choisit d'essayer. Deux heures de boulot et les médicaments. Elle est morte trois heures plus tard.
Toutes considérations affectives évacuées, les choix en médecine vétérinaire "bovine" (mais c'est valable pour tous les animaux dits "de rente", c'est à dire élevés pour dégager un revenu à leur propriétaire) se heurtent rapidement à une barrière financière.
Poser un diagnostic pour traiter un animal, cela a un coût.
Coût du déplacement et de la visite, à peu près fixes.
Coût des éventuels examens complémentaires. Les analyses, ça revient vite cher.
La médecine rurale, en tout cas individuelle, repose souvent sur un diagnostic clinique simple. On examine l'animal, on en tire des conclusions, et on traite à partir de ça. Pour aller vite et réduire les coûts. Bien entendu, il existe des tas d'examens complémentaires simples ou complexes, bon marché ou très onéreux. Nous réalisons nous-même les coproscopies parasitaires. Les analyses biochimiques, les sérologies ou recherches virologiques ont un coût "raisonnable" et sont facilement réalisables. L'imagerie, oubliez. De toute façon, on se sert finalement assez peu de tout cela. Nous avons deux mains et cinq sens (on va dire quatre, parce que bon, le goût...). Des gants de fouille, un thermomètre, un stéthoscope, et pas mal d'astuces dans nos manches.
Et il y a évidemment le coût du traitement.
Les antibiotiques et les anti-inflammatoires, pour des animaux de 50kg (veaux) à 1200kg (les gros taureaux), avec une moyenne à 600kg, ça coûte cher. Une bête association pénicilline/streptomycine, ça revient à quelques euros par jour. Un anti-inflammatoire performant avec un antibiotique récent et de longue action, et le prix du traitement peut s'envoler à 100 euros par tête de pipe. Plus le traitement et long, plus il coûte cher.
Et il y a les coûts indirects : ils n'apparaissent pas sur la facture du véto, mais ils sont bien réels.
Pour tout traitement médicamenteux, il y a des temps d'attente : la durée pendant laquelle les produits issus des animaux ne peuvent être consommés. Jeter le lait pendant 4 traites après la dernière injection, ça peut vouloir dire une semaine de lait à la poubelle. Une injection de pénicilline longue action, c'est deux mois d'interdiction d'abattage de l'animal. Pour un veau qui devait partir, c'est difficilement acceptable. Si c'est une vache qui vit sa vie de vache allaitante, ça passe très bien. Il faut, en plus, tenir compte du risque d'échec.
Cette limousine qui s'est blessée un membre, blessure non infectée, pas de fièvre, on peut décider de l'envoyer à l'abattoir (moyennant un examen sanitaire renforcé avant et après abattage), ou de la soigner. Mais si je la soigne et que ça se passe mal, je n'aurais plus la possibilité de la faire partir puisqu'elle aura de la pénicilline plein les muscles.
Cette vache laitière qui s'est cassée la gueule en salle de traite juste après le vêlage à cause d'une hypocalcémie, je peux la soigner, c'est facile. Une perf' de minéraux, et puis des anti-inflammatoire, parce qu'elle s'est bien amochée. Même dilemme, si elle n'arrive pas à reprendre le dessus.
Et même sans molécules avec temps d'attente. mettons que je n'ai utilisé que des minéraux qui n'entraînent pas de temps d'attente. Que le gars décide de s'y mettre, soigner la vache à part, la traire couchée, la lever à la pince, quatre, cinq, huit fois par jour. Pendant, disons, 5 jours. Et que nous constations que, non, elle n'y arrive pas, que l'hypocalcémie, ok, c'est passé, mais qu'elle a mal, qu'elle est peu motivée à se lever. Une vache, ça s'ankylose et se démuscle à une vitesse hallucinante. Et maintenant, même sans temps d'attente, elle est si faible que c'est foutu. Elle n'est pas présentable pour l'abattoir... Ce sera une euthanasie. On aurait mieux fait de l'envoyer à l'abattoir dès le début, elle serait passée.
Il y a aussi le coût caché du temps passé, de la charge de travail : bichonner des veaux en diarrhée, leur faire prendre des lactoremplaceurs, les attraper, leur faire des injections, les isoler du troupeau avec leur mère. Lever une vache couchée, la retourner régulièrement pour qu'elle ne soit pas tout le temps couchée sur le même côté. Faire des injections à un lot de taurillons tousseurs mais peu coopératifs. C'est non seulement pénible, mais dangereux. Avec les années, les médicaments sont devenus plus pratiques, mais... n'empêche, s'il y a 10 veaux en diarrhée à gérer en plus de la traite bi-quotidienne, c'est l'enfer, tout simplement. Et quand on pense que ces veaux peuvent valoir moins de trente euros, il y a de quoi désespérer...
On peut philosopher à l'envie sur les choix de l'élevage, sur le coût de la viande et du lait, sur le prix que les consommateur sont prêts à investir dans ces produits. J'entends déjà les végétariens me sortir leur couplet habituel. Cela ne m'intéresse pas : face à moi, j'ai des éleveurs qui doivent raisonner leurs choix en fonction d'une balance coût/bénéfice qui devient, de plus en plus souvent, défavorable à l'animal. Et je dois les aider dans leurs choix, leur présenter le plus honnêtement possible les risques et les chances de succès.
Nous ne soignons pour ainsi dire plus les ovins, ou les veaux laitiers mâles. Leur valeur est si faible que le déplacement d'un vétérinaire la dépasse, sans même parler de traitement. Alors on nous les amène parfois à l'arrière du C15, parce que bon, merde. On pourrait me dire que je suis trop cher. C'est une critique que j'accepterai quand je gagnerai bien ma vie. J'en suis loin... et mes tarifs "rurale" n'ont quasiment pas évolué depuis 10 ans.
Alors on conseille au comptoir, on met en place des protocoles de soins, on essaie de réduire les coûts des traitements - la meilleur protection contre la survenue d'antibiorésistances liées à l'utilisation débridée de molécules de dernières générations repose dans leur prix.
On essaie de faire le boulot. Pas au mieux, mais au moins pire.
Et ça me casse les couilles.
Soyons honnête : j'aime les contraintes de la médecine rurale. Il faut faire le boulot au moins cher et au plus simple. Ça oblige à aller à l'essentiel, et à garder les pieds sur terre. Ma chance de vétérinaire mixte, c'est de garder les bottes dans le fumier tout en m'offrant le confort d'une médecine canine "de pointe". Les deux s'influencent mutuellement, pour le meilleur à mon avis. Mais ces contraintes sont acceptables tant qu'elles restent "équilibrées". Tant qu'on n'est pas obligé de baisser trop souvent les bras.
Dans ma région où l'agriculture périclite, où les éleveurs s'enfoncent dans la morosité, on ne nous appelle parfois plus du tout. Ou juste pour euthanasier une vache. Je n'ai pas fait vétérinaire pour euthanasier des animaux.
Commentaires
"(moyennant un examen sanitaire renforcé avant et après abattage)"
ça, je connais.
Du coup, je me permets de rajouter mon petit grain de sel dans le dilemne:
Le bien être animal (et les dispositions réglementaires qui vont avec)
L'envoi en abattage dit d'urgence, notamment les pattes cassées, c'est supposé être des animaux pouvant se mouvoir seuls, et c'est supposé être dans les 48 heures après l'accident...
Donc (toujours en théorie) l'accident du vendredi après midi, si aucun abattoir local ne travaille avant le lundi, c'est finir en euthanasie, de même l'animal équasillé et incapable de se relever, c'est euthanasie aussi... ça ne doit faire l'objet d'un abattage d'urgence, car l'animal est intransportable réglementairement parlant, et que le chargement au godet ou au treuil, c'est très limite, point de vue bien être animal.
Cette notion de bien être animal devient une priorité, les rumeurs parlent de sanctions dans les années à venir...
Ce genre de dilemme n'est donc pas près de disparaître.
Nos animaux...
Je suis en chèvres mais race coûteuse. Pour l'instant, aucune intervention de notre génial véto n'a été évitée à cause du coût.
Mais des financiers me diraient que je suis une mauvaise éleveuse, dans le sens gestion.
Mes bêtes me font vivre, je leur rends au maximum en confort et bien être.
je relativise toujours l'intervention du véto car j'ai une confiance totale en lui et si j'ai besoin de lui, c'est parfois de ma faute car j'aurais dû "voir" ou "prévenir". Alors j'assume et ce n'est pas à ma bête de le faire.
Charger la chèvre dans la clio je l'ai encore fait hier, mon véto vient me rejoindre sur le parking, il connait la voiture :)
Une seule fois il n'a pas voulu soigner, caev trop avancé, souffrance inutile et pour les médocs, il cherche toujours la bonne balance efficacité/coût.
Bref, en tant qu'éleveuse, je remercie les vétos comme vous car vous êtes un énorme soutien pour nous et je ne vous reprocherai jamais les sommes que je vous laisse, elles sont méritées.
PS : finalement, rien à voir avec une chanson paillarde ce billet, dommage.
Par chez moi, ce sont plutôt des vignerons et des producteurs de fruits et légumes.
Et, ces temps-ci, il arrive que ce soit eux que l'on dépende. Euthanasie des bêtes, suicide des hommes -même contexte économique , même sentiment que la baisse des coûts de l'activité signifie la diminution de la valeur des êtres.
Bon courage à vous...
Je vous tire mon chapeau ; en un seul billet tout est là. Le dilemme, vu de l'intérieur, quand une vache est malade : j'appelle le véto ou pas ? Je soigne, ou pas ? Et ce dilemme, il concerne le côté économique, mais aussi le bien-être de l'animal. Est-ce qu'en soignant au lieu d'euthanasier, je ne prolonge pas ses souffrances inutilement ? (Grosse boule dans le ventre.)
Merci pour ce texte.
encore bravo ... c'est encore une foi un beau billet que voila, j'aimerai faire un commentaire plus complet, seulement tout est encore en fouillis dans ma tête ... peut être le ferais-je un autre jours ... dans tout les cas merci de me donner au quotidien la motivation de tenter véto rurale ! vos billets sont utiles alors ne les arétés pas s'il vous plaît ... bonne continuation
Ce billet m'inspire une réflexion sur la situation actuelle de l'agriculture (au sens large) en France. Il me semble qu'il y a 50 ou 100 ans les agriculteurs parvenaient à vivre beaucoup mieux de leur activité, et en parallèle les coûts liés à l'alimentation (et donc achat de produits issus de l'agriculture) pesaient moins qu'aujourd'hui dans le budget d'un foyer moyen. Comment cela est-il arrivé? Y a-t-il un moyen de renverser la balance? L'Homme aura toujours besoin d'agriculture (et d'agriculteurs) pour se nourrir, donc une disparition de cette activité est inenvisageable. Alors augmenter les prix pour permettre aux agriculteurs de vivre plus décemment: oui mais l'alimentation ne devrait pas être un luxe, et de plus en plus de foyers ont du mal à se nourrir. Y aura-t-il jamais une vraie solution?
C'est triste pour tous: les animaux, les éléveurs, les vétérinaires et pour les consommateurs. J'aime les animaux, j'aime aussi la viande te mes chiens sont su^rement pas en accord à devenir vegetariens.
Und question hos sujet: où puis-je ttrouvé des info sur le "morbus crohn" chez le chien? La véto du chien de ma mère lui a diagnostqiué cette maladie (foie gros, les reins touchés avec surptoduction en cortisone). Franchement, je ne vois pas du tout de quoi il s'agit. Prochain Rv veto mardi et autre prise de sang (incroyable la voix qu'un teckel puisse avoir... je l'ai entendu dans la rue). J'aimerais seulement savoir de quoi il s'agit et à quoi m'attendre.
Bonne soirée
"Dans ma région où l'agriculture périclite, où les éleveurs s'enfoncent dans la morosité, on ne nous appelle parfois plus du tout. Ou juste pour euthanasier une vache."...c'est ce que je pourrais dire, mot pour mot ! Ici, entre la proximité de la mer qui encourage à la bétonification intensive et les céréales, qui sont plus rentables...ben, on n'a pas encore fini de voir disparaître nos éleveurs (mais à 30 piges pour moi, je pense que oui, je verrai le dernier de la clientèle partir si je reste, et sauf si on lâche l'affaire avant). Et vous pouvez être un bon véto, quand on ne vous appelle plus qu'une fois par semaine en rurale, vous perdez la main (enfin, c'est mon avis...). Quand en plus c'est pour un veau à 34°C - mais qu'on laisse couché sur du béton froid - et qui a passé la nuit avec l'oeil enfoncé de 3 cm...ou pour une génisse qui a déjà eu trois semaines d'automédication AINS + céphalosporine et qui ne va pas mieux...
Finalement, en élevage ce qui est le plus intéressant, le plus utile à l'éleveur (et aussi le meilleur au niveau bien-être animal !), c'est la médecine de groupe et la prévention. Pas de bol, il y en a d'autres qui se sont positionnés sur ce créneau, il y a bien longtemps...avec les autres vétos mixtes (des ruraux purs, j'en connais pas) de mon âge que je côtoie, on a un peu l'impression de payer pour ceux qui partent actuellement en retraite, qui ont bien césarisé et bien piqué et bien vendu des médicaments...et délaissé le reste : nutrition, prévention, parasito, suivis de repro, démarches qualité. Pis c'est pas avec ce qu'on en apprend à l'école qu'on va concurrencer les techniciens agro !...Je me formerais si j'avais une clientèle rurale vivante (et quelqu'un pour me former sur le terrain, aussi), mais...
C'est pas grave, de toute façon je n'avais pas l'argent pour l'AFVAC ET les GTV en même temps, donc je mise tout sur l'AFVAC ^ ^
Question directe, non orientée, à prendre simplement, il n'y a ni piège, ni provoc :
préfériez-vous l'époque à laquelle il était possible aux équarrisseurs d'euthanasier les animaux ?
Fourrure :
Je n'ai pas connu cette époque, je ne savais même pas qu'elle avait existé. Je pensais que les choses se réglaient à l'abattoir ou avec un fusil...
J'aime bien ce billet.
De tte façon véto rural c'est dur, entre les kilomètres, les journées chaudes, froides, se lever la nuit, enchaîner.....
Il faut avoir l'énergie et la condition physique.
L'agriculture a besoin de gens comme vous capable de relayer les difficultés des agriculteurs et de comprendre tout simplement leur métier.
Bravo et merci pour ce billet, avec comme toujours une vision très juste de notre métier (du moins, une vision que je partage!)
Ayant la double casquette véto mixte et véto inspecteur, je suis aussi très régulièrement confrontée à ces dilemmes et il faut reconnaître qu'il y a une pression de plus en plus forte concernant le bien-être animal des animaux susceptibles d'entrer à l'abattoir.
C'est évidemment une bonne chose qu'on se préoccupe de la bientraitance, mais ce que je vois en pratique, c'est que dans de plus en plus de cas, on n'a plus vraiment le choix et que la seule solution "règlementairement acceptable" devient l'euthanasie pour cause d'animaux non transportables.
L'alternative serait l'abattage à la ferme, facile sur le papier, mais toujours refusé en pratique vu les contraintes (trouver quelqu'un de compétent pour abattre et éviscérer proprement, et transporter le tout à l'abattoir dans les 2 heures dans de bonnes conditions, ie pas la carcasse dans la bétaillère, même rutilante....)
Est-ce qu'il est plus économiquement et éthiquement acceptable d'être obligé d'euthanasier plutôt que de faire abattre? Je n'ai pas de réponse...
Je suis attristée de lire ce billet..Les éleveurs ne seraient-ils plus des éleveurs ? au point de faire l'impasse sur les frais véto et en désespoir de cause ne compter sur le vétérinaire que pour l'injection létale ?
Il est vrai que les abattages d'urgence n'existent, pour ainsi dire, plus. Je pense juste que tout le monde a oublié qu'une vache n'est pas un tout, même accidentée certaines parties sont consommables. Mais il est vrai que nous sommes à l'ère du jetable...
Cet article me laisse pantoise..J'ai du mal à imaginer que l'on ne fasse appel au véto que pour l'injection létale..
Nous ne nous sommes jamais posé la question du coût des frais véto pour nos animaux, bien qu'en sachant que parfois c'était sans espoir..
Il est vrai que c'est de plus en plus la galère pour les abattages d'urgence..et pourtant un patte cassée ne remet pas en cause la qualité du reste de la carcasse (sauf en cas de fièvre bien entendu..)
Il fut un temps, où il existait encore des abattoirs de proximité, où il y avait toujours une bétaillère et un palan dans les environs..tant et si bien que la fièvre n'avait pas le temps de monter....
Je confirme la remarque de Niceday : Il n'est pas facile pour un éleveur ( au moins pour moi, je ne fais pas ) d'"achever" un animal de la ferme ! Discrètement, l’équarrisseur le faisait il y a déjà pas mal de temps...
Pour les animaux d'accident, il fut un temps où, si urgence, on pendait la bête avec la fourche à fumier et le véto la saignait ! Ensuite, il repassait pour contrôler tout comme les vétos sanitaires en abattoirs aujourd'hui. Les accidents arrivaient surtout en hiver avec une vache ( attachée à l'époque ) qui glissait en se relevant de vêlage ou les cas d’hémorragie interne ( il y avait moins de césariennes systématiques)... Il faisait assez frais pour avoir le temps de la découper puis de chercher de la place dans les frigos chez les voisins pour faire un peu de maturation avant congélateur ! Nous n'aurions jamais consommé sans le feu vert du véto !!!! Aujourd'hui, dans une majorité de cas, la bête est perdue, avec parfois des souffrances inutiles , du moins peut on le supposer !
J'ai l'impression de prendre un grand coup de vieux en parlant de cela !
Pour en revenir au sujet du billet, en regardant l'évolution du marché mondial, je pense que nous entrons dans un nouveau cycle et que cela vaudra, à nouveau, le coup de soigner raisonnablement les animaux... Du moins je l'espère !
Et encore quand on appelle le véto pour l'euthanasie; certaine fois même ce coût là parait un luxe.
Fourrure :
C'est vrai.
Comme dit ksk, c'est encore heureux quand on appelle le veto pour une euthanasie. Combien d'animaux finissent pendus à la fourche ou croupissent dans un coin à l'agonie jusqu’à leur fin?
Même si franchement, ça me fait C---R! de n'être appelé QUE pour l'euthanasie...quand l'éleveur a déjà bricolé tout son saoul avec des médicaments que nous lui avons vendus avec nos conseils et nos protocoles de soins mais sans jamais avoir vu l'animal, et que la bête ne s'en sortira plus.
Le jour où le vétérinaire arrêtera de brader son savoir au profit de la vente du médicament sera un grand jour! On fait des années d'études pour, in fine, vendre du médicament au comptoir à des personnes, si bien intentionnées et intelligentes qu'elles soient, qui n'ont pas une idée claire du fonctionnement et dysfonctionnement des corps, comment reconnaître les signes du dysfonctionnement et leur signification, et enfin, comment promouvoir un retour à l'équilibre et les risques que l'on prend en chemin. Un antibiotique par ci, un autre par là, c'est de la magie injectable !
C'est l'industrie pharmaceutique qui gagne: après un rapide calcul sur plusieurs molécules (un antibiotique et un AINS choisis parce-qu’elles existent dans le Vidal et le DMV et qu'on les utilise fréquemment), je constate que le médicament vétérinaire est plus cher (15 à 60%). Pourquoi ?
Pour limiter l'utilisation des antibiotiques critiques, on se propose de les vendre plus cher ! Voilà une fausse bonne idée. Parce que ça se passera aussi sans voir l'animal dans bien des cas, c'est juste que ce médicament coûtera plus cher à l'éleveur, et qu'en conséquence, les tarifs des actes vétérinaires seront maintenus bas encore plus longtemps par bien des vétos. Pourquoi pas les rendre non-délivrables sans examen clinique obligatoire? Pourquoi ne pas délivrer juste la dose qu'il faut? A force de compter sur le profit de la vente du médicament, on brade le savoir. Drôle de choix que fait la profession!
Enfin: une patte cassée ne remet pas en cause la qualité de la viande. Certes. Le hic c'est qu'en termes de bien être animal, ce n'est pas top: on envoie à l’abattoir un animal qui n' reçu par définition, aucun anti-douleur. Donc si la patte est cassée le samedi, ça peut aller à l'abattoir lundi. Bonjour la souffrance pendant ce laps de temps.
Paysanheureux: je rêve du jour ou l'on accordera de la valeur aux produits agricoles, surtout d'origine animale. Utopie: vos prix/revenus son si bas parce que beaucoup de monde doit faire son profit sur votre labeur et votre matière première. Vous faites vivre beaucoup de monde, beaucoup de fonctionnaires et de cadres et de techniciens et de tranformateurs et de vétérinaires (dont moi, merci sincèrement)...la liste est bien longue!
Dur constat...ces animaux ne sont que des produits, leur vie, leur bien être n'a aucune valeur
Fourrure :
Ah non, ça ce n'est pas vrai. Les éleveurs tiennent aussi compte de ça, en tout cas la plupart. Ça ne les amuse pas de "sacrifier" au lieu de soigner, par ailleurs. Ils font ce métier pour nourrir des gens, en élevant des animaux, il ne faut pas l'oublier. S'ils avaient voulu devenir riche, ou s'ils ne voulaient pas s'emmerder, ils feraient autre chose. Ceci étant, les meilleurs sentiments ud monde n'ont jamais nourri personne, et l'aspect économique ne peut - et ne doit - pas être occulté. Ce qui ne va pas - plus - c'est sa prédominance, malgré les éleveurs comme les vétérinaires.
je suis pas véto (quelque part hélas, vu la suite) mais je cohabite avec une centaine de chats, que je nourris, abrite, soigne, et fait stériliser, et tout mon fric y passe. mon véto me connait bien, mais les honoraires sont ce qu'ils sont, même si je bénéficie du tarif "haret" pour les stérilisations (à condition que les chats y laissent un bout de leur oreille gauche). et je me retrouve souvent (trop, hélas aussi) à devoir choisir : ça je fais soigner, ça j'essaie moi-même (eh oui, sinon je n'ai pas les moyens), là, je peux rien et j'attends la fin et l'euthanasie. non, vous n'êtes pas devenu véto pour faire des euthanasies. pour tuer, disons le mot. quel métier !