Veaurien
lundi 15 septembre 2008, 16:10 Un peu de recul Lien permanent
Calcul : petit problème appliqué
Soit le prix d'un veau laitier de sexe mâle, âgé de 4 jours, à la sortie de son exploitation de naissance : moins de 50€
Soit une réglementation pour la Fièvre Catarrhale Ovine imposant une virologie avant sa sortie de l'exploitation
Soit le prix de la visite du vétérinaire pour cette prise de sang, déplacement compris : environ 40€
Soit le prix de l'analyse virologique : environ 40€
Soit le prix d'une masse, inusable, incassable, ne nécessitant aucun entretien, pouvant servir à plein de choses à la ferme : environ 80€
Quel est le coût de vente du veau ?
Quelle est la valeur de la vie ?
La solution :
ksk le sait bien : en élevage laitier, les veaux mâles, c'est le dommage collatéral.
Si ce veau-ci suivra le chemin normal des veaux de boucherie, parce son éleveuse serait bien infichue de faire du mal à une mouche et qu'elle a une toute petite exploitation, la plupart de ses congénères veaux mâles de race laitière se prendront un coup de masse derrière les oreilles. Parce que les vendre, ça ne rapporte pas d'argent, au contraire.
Ensuite, un veau d'une semaine, c'est immangeable.
Bien sûr, on peut l'élever à la maison, et, si on a le coeur encore plus accroché que pour donner un coup de masse à sa naissance, le saigner en douce et le mettre au congélateur (je dis qu'il faut avoir le coeur bien accroché, parce que je connais peu de gens qui saignent facilement un animal qu'ils ont élevé au biberon pendant des mois...).
En douce, parce que l'autoconsommation, l'abattage à la ferme, c'est interdit. Pour la sécurité des consommateurs, et pour le bien-être animal (c'est pas moi qui l'ai dit). On peut faire abattre un animal à l'abattoir et le récupérer, ça oui, mais pas se le planquer au congélo. Bien sûr, il y en a qui le font. Mais je ne suis pas au courant (non, non, je vous assure, je ne sais rien).
De toute façon, ce n'est pas ça qui assurerait un débouché pour ces milliers de veaux...
L'élevage de ces veaux à la ferme, ce n'est pas une option non plus : élever des veaux, c'est pas si facile, ça prend du temps, et puis, surtout, il faut les nourrir... et ça coûte cher !
Alors voilà, les éleveurs qui vendront leurs veaux, en gros, payeront 30 euros pour ne pas avoir à leur mettre un coup de masse derrière la tête.
C'est "juste" une situation à la con.
Commentaires
Fourrure : Précisons qu'il est possible que l'analyse soit moins chère (environ 20€) et qu'elle soit prise en charge (mais je ne pense pas).
La masse, c'est pour taper sur le véto ? J'ai pas compris son rôle dans l'histoire :-)
Oui moi aussi je comprends pas ... plus rentable de tuer le veau soi-même ?
je pense que l'éleveur a du prendre la dernière option, mais surement à contrecoeur. Dire que le veau n'est même pas malade... N'est ce pas le comble de l'absurde?
Sinon, histoire de ne pas avoir tout perdu, peut-il au moins le mettre dans son congélateur?
À la masse ou avec un bon couteau bien aiguisé ?
Je pense comme Nat.... Pour le congel, je suppose que oui, mais en toute "illégalité", soit sur le principe du "pas vu = pas pris" ???
Pour sa consommation perso, il a aussi l'obligation du test ?
Prix du veau : -30€xnb de veau mâle=bobo le porte monnaie.
Un veau d'une semaine… dans le congel… beurk ! et il faut compter que l'éleveur n'a pas qu'une seule vache qui va faire un veau mâle, que s'il veut avoir du lait il faut que les vaches aient des veaux une fois par an… Il faut un serieux appétit.
Le grand dilemne de l'élevage actuellement quand une exploitation parvient à s'autonourir, elle ne peut pas forcement entretenir une ou plusieurs personnes alors quand on ajoute des frais… eh bien il faut être sacrément passionné pour continuer ce métier. Il y a les primes, pour les ceusses qui y ont le droit et qui peuvent permettre de dégager le salaire de l'agriculteur (ouf ! un bleu de travail tout neuf grâce aux primes !).
Billet édité
On devrait créer une spa pour les petits veaux. "Adoptez les, sinon c'est l'euthanasie !!!" "et puis on passe moins de temps à tondre le gazon et c'est assez champêtre comme déco dans le jardin..."
Fourrure :
J'étais en train de répondre, et puis finalement, ça m'inspire un billet. Je l'appellerai : "X bonnes raisons de ne pas prendre un animal de ferme comme animal de compagnie". Oui, je sais qu'à la base, c'était une plaisanterie !
Y a de quoi devenir végétarienne, comme je le suis (presque).
A par ça, je ne comprends pas ce qu'est un veau laitier de sexe mâle !!! Ca doit être une histoire de race, c'est ça ? Un mâle reproducteur uniquement dans la race de vaches laitières ?
Excuses, je suis un peu ignare sur ce coup-là.
Fourrure :
Pas de problème, c'est assez simple : en élevage laitier, on élève des vaches de races sélectionnées pour produire beaucoup de lait, mais qui sont nulles au niveau carcasse : Prim'holstein (les noires et blanches), montbéliardes, normandes. Les veaux mâles de ces races "ne servent donc à rien" puisqu'on n'a pas besoin de reproducteurs, et qu'ils ne sont valorisés pour leur viande qu'à travers les filière "veau de boucherie", anciennement veaux en batterie.
A côté de ces races laitières, on a des races allaitantes (allaitantes parce qu'elles allaitent), qui là ont une masse musculaire importante et possédant des qualités gustatives appréciées : limousines, blondes d'Aquitaine, charolaises etc.
Après, végétarien ou pas, c'est une question de philosophie qui me dépasse. Moi, la nature m'a fait omnivore, et je l'assume ! Parce que je connais les abattoirs, les élevages, les éleveurs, et que de la réalité au fantasme, il y a un pas dont je mesure l'étendue.
Ceci dit, être végétarien ne va pas beaucoup servir ces petits veaux : au contraire, il faut mieux se faire carnassier et manger beaucoup de viande pour valoriser cette filière et donc ces veaux afin que les éleveurs puissent les vendre un prix décent. Oui, je sais, c'est aussi un fantasme.
Ces équations sont inadmissibles ! Elles démontrent l'absurde de la situation ! "Quelle est la valeur de la vie ?" J'ajouterai quelle est la valeur du travail de chacun d'entre nous ! Éleveurs ou véto, il y a dans cet exemple l'expression du mépris profond des compétences de chacun et de l'énorme gâchis que notre société, repue à souhait, génère...
Oui mépris de beaucoup de choses dans notre société mais je suis peut-être trop idéaliste.
Une question me vient à l'esprit, en lisant votre billet:
Les progrès en matière de techniques de procréation assistée ne permettent-ils pas déjà, ou ne permettront-ils pas dans un avenir proche, de sélectionner le sexe du veau que l'on souhaite obtenir? Comme ça, plus de problème, les laitières font des velles, les allaitantes font des mâles et quelques femelles pour renouveler le cheptel... Certes, c'est plus lourd que la technique d'IA communément adoptée, mais à terme, n'est-ce pas plus avantageux?
On se place dans le fantasme, là aussi, ou bien...?
Fourrure : Non, ce n'est pas vraiment du fantasme, et beaucoup en rêvent. Ca se fait déjà dans certains cas très particuliers, en sexant les spermatozoïdes. Pour l'instant, cette technique reste trop chère pour être utilisée en routine, mais dans quelques années...
Ceci étant dit, cela pose d'énormes problèmes éthiques et techniques. La diversité génétique du cheptel français est déjà ridicule - imaginez qu'une centaine de taureaux inséminent des millions de vaches !
A suivre...
Je découvre ... enchanté !
Vrai que pareille situation confirme que certaines choses ne tournent pas tout à fait rond dans notre économie !
Si un système génére une part d'absurde, c'est qu'il y a un bug à résoudre!
Connaissant assez bien la campagne, je n'avais jamais pensé cogiter sur le cas du jeune-mâle-en-élevage-laitier !
Mais je militerai dorénavent pour le développement des congélateurs !
D'accord pour l'absence d'une réelle diversité génétique dans le cheptel français, mais, si je ne m'abuse, les taureaux reproducteurs ne sont de toute façon pas issus d'élevages laitiers ou allaitants "lambda", mais d'une filière qui leur est propre, descendant des meilleurs reproducteurs et des vaches les plus performantes dans leur "spécialité" ou avec les critères morphologiques les plus recherchés.
Ou bien votre remarque à ce sujet prend en compte le fait de choisir les spermatozoïdes, qui est un biais dans la sélection naturelle (et pour cause!) à cette échelle?
Quoiqu'il en soit, il doit être bien difficile aux éleveurs français de garder le moral en de telles circonstances, puisque j'imagine qu'ils ne se sont pas lancés dans la profession avec en tête l'idée d'abattre la moitié (ratio à confirmer) des nouveaux-nés de l'élevage.
Et du coup question, pour les veaux femelle, ils sont allaités? Si ils sont nourris au biberon ça revient pas plus cher que l'allaitement naturel ? Les femelles sont toutes gardées ? Parce qu'il ne faut pas tant de génisses de renouvellement que ça quand on voit l'age de certaines vaches, et puis simplement pour les élevages ou on réforme pas trop tôt , de façon raisonnable quoi ...
Fourrure : les femelles sont allaitées au biberon, mais avec du lait issu de la traite. Elles sont toutes gardées au moins jusqu'à 1 ou 2 ans, voire plus, pour le renouvellement et être vendues pour l'élevage (dans ce dernier cas, ce sont des animaux qui à l'heure actuelle valent environ 1500-2000 €, voire plus, selon leur âge, leur génétique, etc.)
@ Fourrure : vous êtes optimiste dans vos tarifs… Mais je suis hors sujet.
Fourrure : Ah... j'ai demandé à deux éleveurs de ma clientèle combien valaient leurs génisses pleines. Et c'est le prix que l'un d'entre a acheté deux Prim'holstein. Mais n'hésitez pas à me corriger quand je dis des âneries !
Incidemment, j'ai découvert l'existence du veau à 0 euros, le Brun des Alpes (une race laitière). Encore plus fort que le veau à 40€. Du coup :
"Hey Fourrure, à quel âge on peut castrer un veau ?
- Heu j'sais plus trop, je vais regarder, ça fait bien longtemps que je n'ai pas fait ça, mais j'ai le matériel.
- Sors-le du placard, parce qu'ils vont y passer. J'ai pas fait éleveur pour tuer des veaux."
Il y a des choses qui font du bien à entendre... Mais bon, c'est malheureusement anecdotique. Je vous tiendrais au courant des solutions trouvées par les autres, je sais que l'un d'entre eux va les garder jusque trois semaines pour les valoriser un peu.
imaginez qu'une centaine de taureaux inséminent des millions de vaches !
Oui... en Suisse, le diagnostique de certaines cardiomyopathies se fait (ou plutot c'est longtemps fait et se fait maintenant plus rarement) en reagardant le pedigree de la vache... Il y eut un magnifique taureau d'un standard remarquable, a la descendance remarquable que les eleveurs s'arrachaient. Malheureusement il etait porteur d'un gene recessif pour un probleme cardiaque mortel qui ne fut decouvert que quelques annees plus tard, lorsque ses enfants et petits enfants furent croises entre eux... mais c'est hors sujet.
----------- France---------
08-09-2008
1 million de veaux meurent chaque année dans les élevages français !
Dans un rapport publié récemment et intitulé : « Adéquation qualitative offre/demande en viande bovine » (dossier n° 379), l’institut de l’élevage fait ressortir un taux de mortalité des veaux en élevage variant de 2 % à … 30 %. Une réduction d’un point de cette mortalité représenterait la survie de 42 000 veaux laitiers et 37 000 veaux allaitants.
Avec une mortalité moyenne de 12 %, il est possible d’estimer à environ 950 000, le nombre de veaux qui meurent chaque année en France, soit 9 veaux toutes les 5 minutes ! Ces données confirment une autre étude réalisée en Bretagne, en 2004, où plus de 60 000 veaux étaient morts avant d’avoir atteint l’âge de 2 mois.
Comment expliquer l’importance de ces mortalités récurrentes ? Le rapport de l’institut de l’élevage apporte un début de réponse : « à certaines périodes, la valeur du veau de 8 jours est inférieure au coût d’une visite vétérinaire, ce qui peut enlever tout intérêt pour l’éleveur à la survie de son animal »…
Les représentants du monde de l’élevage, particulièrement présents en cette rentrée pour dénoncer la baisse de revenus des éleveurs, seraient bien inspirés de prendre le problème de la mortalité des veaux à bras le corps. L’image et la crédibilité de la profession ainsi que la survie de centaines de milliers d’animaux en dépendent.
L'article ci-dessus est édité par l'OABA dont je suis membre actif .
Il est évident que nous luttons par tous moyens pour que cesse l'hécatombe de petits veaux en France pour de simples questions de fric (hélas, en Normandie, les paysans ont un portefeuille à la place du coeur, et je suis bien placée pou le savoir).
Ici , ce n'est pas forcément le coup de masse, mais on les "oublie" dans un coin jusqu'à ce qu'ils meurent pour de bon.
anecdote : il ya quelques années, je fréquentais un négociant, qui, pour un billet de 100 francs avait récupéré par pitié un de ces veaux "pas rentables".Bien que n'étant pas riche, il a fait les soins nécessaires et se levait la nuit pour donner le biberon, et pourtant ce gars là n'était pas un tendre.
L'animal est finalement devenu un boeuf magnifique qui vous vous en doutez a fini dans des assiettes...
J'ai résolu le problème avec ma conscience : je ne mange plus de viande bovine...Super génial votre site
Fourrure :
Ceci étant dit, j'attends toujours une solution constructive, et non pas une simple dénonciation...
Avant de trouver des solutions à un problème ,il faut passer par un constat objectif. ce n'est pas de la dénonciation.Les chiffres sont là.
Fourrure : le constat est fait depuis longtemps. Reste à voir quelles conclusions on en tire.
Cela prouve que, dans tous les domaines, ou presque, nos sociétés ont basculé dans le "tout économique", et que l'agriculture si on peut encore l'appeler comme ça est devenue une industrie de plus en plus inhumaine.La situation est encore aggravée par le fait que certains paysans (les gros en l'occurence)sont devenus des chasseurs de primes et non plus de sages gestionnaires du vivant, que ce soit pour les paysages, les animaux, la terre ou l'eau dont la mission était de donner une alimentation saine à leurs semblables humains.
L'animal est devenu "outil de production" bien trop souvent et se retrouve chosifié.Lors des rencontres "animal et société", on bien vu les répugnances des mêmes à à faire évoluer le statut juridique de l'animal, toujours considéré comme un bien meuble dans le Code Civil .
Fourrure : Bien meuble disposant d'un statut particulier.
Je vous invite à passer du temps à côtoyer des éleveurs pour relativiser votre propos. Lisez ce blog, à défaut, ou celui de Paysan heureux.
Certes, un bovin n'est pas un animal de compagnie (encore que ça dépend comment on l'élève : voir certains reportages de 30 millions d'amis)mais ce que vous relatez dans cette affaire de coup de masse révèle un dangereux mépris du vivant.
Fourrure : Je vous invite à constater l'attitude de celui qui fait ça. De voir s'il le fait avec plaisir. Le coup de masse, vous croyez vraiment qu'ils l'appliqueraient s'ils avaient le choix ? C'est bien joli de vouloir sauver tous ces veaux, l'intention est admirable, et je dis ça sans ironie.
Mais vous allez en faire quoi ? Parce que s'ils ne se vendent pas, c'est que personne ne les achète. Pourquoi ? Ben la viande est trop chère, pardi. D'ailleurs, on va acheter de l'agneau ou du boeuf venu de l'étranger, moins chers, et où l'on sait bien que le bien être animal est encore plus à la pointe qu'en France. Oui, là, je suis ironique. Le bien être, ça coûte cher, comme la sécurité sanitaire, et oui, je sais que ce n'est pas la seule raison du coût des produits carnés.
L'OABA vient de siéger à BRUXELLES afin de participer à l'élaboration de la nouvelle directive abbattage plus stricte ne matière de respect des animaux dans leur mise à mort.
Pour le massacre des innocents, des campagnes d'info sont prévues et les membres ou toute autre personne qui assisterait à ce ce que vous décrivez est autorisée à saisir l'OABA pour défaut de soins ou sévices graves. C'est par le travail de terrain et tous ensemble, vétos ou simples citoyens que nous pouvons faire évoluer les choses, y compris par le biais judiciaire si besoin.
Eh non, l'homo sapiens n'est pas carnivore à l'origine.C'est ce que m'a appris un de mes anciens chefs biologistes. Car nous dosons l'amylase humaine dans le cas de certaines maladies.
Si nous synthétisons l'amylase et si nous avons la dentition que nous avons,c'est parce qu'à l'origine, l'homme vivait de cueillette de fruits de racines et autres baies qu'il fallait boryer. En me ragardant dans une glace, il ne me semble pas avoir les mêmes canines que mes chats ...
Fourrure : Le chat est carnivore. L'homme n'est pas carnivore. Il est omnivore.
L'OABA fait un travail nécessaire, un travail de fond et d'alerte, et c'est très bien. mais il ne faut pas non plus perdre de vue l'aspect économique du métier d'éleveur, qui lui, ne perd pas de vue que ses animaux sont des animaux, et non des biens meubles (oui, vous pourrez me sortir des exemples horribles, je vous en sortirai autant de tendres et émouvants).
Bon allez, bonne journée à tous.
Une petite pour la route : "Un chat suffit à ma compagnie" Aldo Ciccolini
La solution est simple: il suffit d'autoriser la zoophilie avec les veaux mâles de race laitière, et le problème est résolu pour le plus grand bonheur de toute la filière, spécialement du veau. Sinon, les Montbéliards et les Normands, c'est comme les Maine-Anjou, c'est mixte.
^^
trouver une solution !!!!!!!