Un peu de recul

Réflexions sur la pratique du métier de vétérinaire

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vendredi 1 février 2008

Le rapport Attali

Ca fait maintenant quelques jours que la commission présidée par M. Attali a remis son rapport aux Français.
Il y a eu beaucoup de réactions à chaud, certains tirant à boulets rouges, d'autres soulignant la pertinence de nombreuses décisions. Je n'ai lu aucun enthousiaste délirant, mais il est souvent mieux vu de critiquer que de féliciter, ce n'est donc pas surprenant (comment ça, cynique ?).

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samedi 19 janvier 2008

Donner la mort

L'euthanasie est l'un des actes emblématiques de la profession vétérinaire. Nous tuons tous les jours, ou presque. Pourtant, ce n'est un acte banal ni pour le praticien, ni pour le maître ou le propriétaire de l'animal.

Comment euthanasie-t-on ?

Il existe deux produits destinés à l'euthanasie des animaux, qu'ils soient de compagnie, de sport ou de rente (les animaux de rente, ce sont les bovins, porcins... qui sont élevés dans une optique économique).
Le premier est un anesthésique d'ancienne génération, surdosé. Le second est un toxique puissant qui bloque la respiration et arrête le coeur. Le choix de l'un ou de l'autre, ou d'un mélange des deux, repose plus sur des habitudes que sur des critères objectifs.

Je vais vous décrire ce que moi, je fais. Ce n'est nullement une méthode de référence. Je pense que dans la réalisation technique de cet acte, chaque vétérinaire doit surtout être à l'aise. Le résultat, de toute façon, est le même.

En général, je m'occupe des papiers et règlements avant l'euthanasie. Ainsi, le maître n'est pas obligé de s'attarder dans la clinique après ce moment difficile. Si je ne peux pas faire ainsi, c'est notre secrétaire qui s'occupe du règlement.

Le cas le plus classique, celui d'un chien ou d'un chat.

Je commence par poser un cathéter, car les produits euthanasiques doivent être injecté par voie intraveineuse. C'est parfois techniquement très difficile, notamment chez les tout petits animaux, ou ceux qui sont très déshydratés. C'est souvent la partie de l'euthanasie la plus pénible.
Ensuite, j'anesthésie l'animal. Il perd conscience très vite. Parfois, l'anesthésie induit des vomissements : je préviens avant. Si je peux (si l'animal supporte l'anesthésie), je laisse du temps au maître avec son chien. Juste une minute : c'est assez pour réaliser, pas assez pour se trouver mal à l'aise à côté du corps déjà inerte. Evidemment, cela dépend des gens, à moi de deviner à chaque fois.
Enfin, j'injecte l'euthanasique. La mort survient généralement dans la minute. Souvent, les animaux très âgés, ou malades, résistent mieux que ceux qui sont "en bonne santé". Je ne sais pas pourquoi. Encore une fois, s'il le souhaite, je laisse du temps au maître avec son animal.

La plupart des gens choisissent de rester pendant l'euthanasie. Evidemment, j'ai plus de pression, mais je préfère : ça permet de voir la réalité de cet acte et diminue d'autant les fantasmes. Le chien ne souffre pas, c'est évident, et donc apaisant pour les maîtres. C'est certainement une étape très importante du deuil.

Les cas plus difficiles, avec les animaux de compagnie.

Dans le cas de très petits animaux, ou d'animaux tellement déshydratés que je n'arrive pas à poser une voie veineuse, je n'ai qu'une solution pour euthanasier : l'injection intracardiaque. C'est un acte techniquement difficile, mais l'injection intrapulmonaire fonctionne aussi. Sauf que c'est très douloureux, il faut donc que l'animal soit anesthésié avant de la réaliser (l'injection intraveineuse n'est pas douloureuse).
Dans ce cas, je réalise une anesthésie avec une injection intramusculaire, puis l'intracardiaque (ou intrapulmonaire, à défaut). Si l'intracardiaque est réussie, la mort est instantanée. Sinon, cela prend deux à trois minutes.
Symboliquement, c'est un geste très fort, et très violent. Je préfère éviter que les maîtres y assistent, mais je ne leur ment pas.

Les bovins, équins, ovins...

Le protocole est exactement le même, mais sans l'anesthésie préalable qui entraîne avec ces animaux plus de problèmes qu'elle n'apporte de confort. Sans parler du coût des anesthésiques...

Qui euthanasie-t-on ? Pourquoi ?

En préambule, il faut aborder la question de la responsabilité de la décision d'euthanasie. Ne surtout pas choisir à la place du maître s'il hésite : je dois donner les moyens de choisir, mais pas choisir. A ce titre, la phrase "mais si c'était votre chien, docteur, vous feriez quoi ?", est un piège. Il faut l'esquiver : "ce n'est pas mon chien" !
Il est très important que les choses soient claires dans la tête de mon interlocuteur : il doit avoir été libre de son choix pour l'assumer, et ne pas rejeter "la faute" sur quelqu'un d'autre. Moi, en l'occurrence.
Evidemment, il est de rare cas ou j'appuie l'euthanasie. Lorsqu'il faut aller vite, qu'il n'y a pas vraiment d'alternative, suite à un accident par exemple, ou pendant une chirurgie lorsque je découvre une lésion trop importante pour qu'un traitement soit envisageable. Lors de souffrance aigüe et ingérable, également.
Mon devoir est d'informer de façon claire et loyale, de savoir me mettre à la portée de mon interlocuteur.

Les motifs d'euthanasie sont très variés, mais les plus fréquents sont :
- les maladies incurables, ou difficilement soignables. Le motif le plus fréquent est l'insuffisance rénale chronique dans son stade terminal, suivent les cancers divers et variés ou certaines maladies métaboliques en décompensation (diabète...). Parfois, l'animal peut techniquement être soigné, mais au prix de souffrances et pour un résultat difficilement justifiable. Parfois, c'est financièrement que les soins sont irréalisables.
- la paralysie, totale ou partielle, due à des causes nerveuses ou à une arthrose avancée (c'est très fréquent). L'animal ne peut plus se lever pour faire ses besoins ou manger, les escarres s'accumulent.
- les portées indésirées. Chiots ou chatons d'un jour ou parfois plus, portées entières ou partielles...
- les animaux mordeurs. C'est un motif rare, mais symboliquement important.

Dans le cas des grands animaux, c'est souvent une fracture qui amène à l'euthanasie. Certaines maladies chroniques qui rendent l'animal impropre à la consommation y obligent aussi.

Je peux refuser l'euthanasie. Cela m'arrive rarement, mais on ne m'obligera pas à euthanasier un animal pour lequel il existe une autre solution, traitement simple, placement ou abandon dans un refuge, selon les cas.
Je ne me fais pas d'illusions, certains recevront un coup de fusil, d'autre iront chez un confrère.

Ca fait quoi d'euthanasier ?

Pour le vétérinaire, je le disais en introduction, ce n'est pas un acte anodin.

D'abord, je dois anticiper. Deviner si le maître préfèrera être présent ou non pour l'euthanasie elle-même, comprendre très vite son état d'esprit, pour choisir les bons mots, pour réconforter, déculpabiliser ou expliquer pourquoi c'est un bon choix. Ca demande pas mal de finesse psychologique, c'est complexe.

Euthanasier un animal en fin de vie, souffrant de pathologies invalidantes et/ou incurables, moralement, ça ne me dérange pas. La justification médicale, pour moi, est évidente.
Parfois, l'euthanasie est l'aboutissement d'une longue démarche clinique et thérapeutique, un accompagnement de l'animal et de son ou ses maîtres jusqu'à cette dernière étape. A l'inverse, je peux aussi recevoir un animal que nous connaissons à peine car il n'a jamais été vraiment médicalisé, mais qui arrive au bout du rouleau.
Le geste en lui-même n'est difficile pour moi que sur les portées de chiots ou de chatons. Je sais que je n'ai pas vraiment le choix, mais ça reste moralement discutable et puis... euthanasier des nouveaux-nés, c'est dur ! Je le fais, parce que je sais que sinon ce sera la noyade ou l'abandon, ou d'autres solutions sans élégance. A choisir, les euthanasier implique moins de souffrances.

Dans tous les cas, il faut que je me protège. C'est vital. Même si l'animal est un patient depuis parfois dix ou quinze ans, même si j'ai fait son premier vaccin, même si j'ai parfois vacciné ses descendants, même si je l'ai suivi pour ses bobos et son coeur qui fatiguait, ou si j'ai sué sur un diagnostic complexe ou difficile à annoncer au propriétaire, je dois rester "le docteur". Même si les clients sont parfois des amis, ou du moins des relations appréciées.
Ne pas m'impliquer émotionnellement. Eprouver de la compassion, oui, mais rien de plus. Surtout, rien de plus.

Parfois, c'est terriblement difficile.

Certaines euthanasies m'ont dévasté. Le vieux caniche d'une grand-mère atteinte d'alzheimer, qui trouve dans la mort de son chien l'écho de sa propre déchéance physique et mentale.
Le chiot d'une petite fille qui ne peut pas accepter la malformation cardiaque incurable de la peluche. "Tu vas le soigner, docteur ?"
Cette dame d'une quarantaine d'années, qui m'a dit au moment ou j'appuyais sur la seringue : "ce chien, c'était notre cadeau de mariage. Mon mari est décédé il y a deux ans d'un cancer."
Tous ceux qui fondent en larme ou qui retiennent leurs pleurs, ces messieurs très dignes, ces dames effondrées.

Les larmes, c'est contagieux, mais je n'ai pas le droit de pleurer. Je suis "le docteur", solide, et rassurant.

Et ne croyez pas que ce soit facile pour une vache... ce n'est pas parce que la logique économique dicte les choix de l'éleveur qu'il apprécie pour autant de voir un animal qu'il a vu naître, qu'il a fait têter, qu'il a élevé pendant des années, finir tristement son existence à l'équarissage. Bien sûr, l'implication émotionnelle du propriétaire n'est pas la même. Mais elle existe, plus que la plupart des éleveurs ne l'admettront.

Mais c'est cher une euthanasie ?

Alors oui, une euthanasie, c'est assez cher.
D'abord, parce que ça prend du temps.
Parce que c'est un acte technique qui se passerait très mal si nous ne le réalisions pas dans les règles de l'art.
Parce qu'en général l'animal est incinéré et qu'il faut garder son cadavre puis payer l'incinération.
Parce que nous engageons notre responsabilité en acceptant d'euthanasier un animal (et si la personne qui présente ce chien n'était pas le maître mais un voisin mal intentionné ? Oui, il y a des décharges et des déclarations de consentement éclairé, mais...).
Parce que se décharger de sa culpabilité sur le dos du véto, ça a un prix (euthanasie de portées de nouveaux-nés...).

Parfois, c'est gratuit. Je ne facture généralement pas les euthanasies des animaux hospitalisés, ceux pour lesquels on a tenté un traitement qui n'a malheureusement pas porté ses fruits. C'est une erreur, sans doute, car généralement, je ne suis pour rien dans l'échec du traitement... Je facture un prix symbolique aux indigents qui ont été jusqu'aux bouts de leurs moyens pour leur animal de compagnie.

Le fait de payer, d'ailleurs, joue sans doute un rôle dans le processus de deuil, je ne sais pas...

Réflexions errantes en guise de conclusion

Il parait que nous, vétérinaires, avons un rapport très étrange à la mort. Notre profession serait l'une des toutes premières de par son taux de suicides. Nous avons les produits, nous savons que ça ne fait pas mal, et nous avons une profession très anxiogène.
Par ailleurs, d'après une espèce de sondage réalisé par un hebdomadaire vétérinaire sur son site internet, nous sommes globalement en faveur de l'euthanasie humaine.
D'après un autre sondage de ce même type, la plupart de mes confrères et consœurs se disent au minimum "affectés" par une euthanasie, même parfaitement "justifiée".

Ce qui me réconforte, moi, égoïstement, c'est que certains propriétaires d'animaux se rendent compte de ce qu'ils nous demandent quand il s'agit d'une euthanasie.

mardi 11 décembre 2007

Convaincre

Pour être vétérinaire, il faut aimer les animaux.
Pour être vétérinaire, il faut faire de longues études.
Oh moi docteur, je ne pourrais pas être vétérinaire : ça me retourne de la voir comme ça cette petite bête.

Autant de lieux communs, autant de préjugés. Bien sûr, tout cela est plus ou moins vrai. Mais à mon avis, pour être vétérinaire, il faut surtout aimer les gens, beaucoup, et avoir une patience à toute épreuve.
Et il faut savoir convaincre.

Le vétérinaire souffre d'un handicap terrible lorsqu'il s'agit d'expliquer un diagnostic, un traitement ou un pronostic : la plupart du temps, son client, le propriétaire de la petite (ou grosse !) bête, ne le croit pas.
Bien sûr, je ne parle pas des maladies "simples" dont tout le monde a plus ou moins entendu parler et qui n'amènent pas de discussion. La difficulté survient quand la maladie est complexe, qu'elle est connue mais entourée de nombreux préjugés (diabète, "SIDA du chat" ou épilepsie par exemple), ou que le diagnostic entraîne des conséquences lourdes en termes de traitement (long et pénible à mettre en oeuvre, ou cher).

Pourtant, il me semble que, contrairement au maître, je suis vétérinaire. Que j'ai acquis des connaissances et une certaine expérience, et que j'ai un regard objectif sur l'animal, objectivité dont manque généralement son maître. Logiquement, celui-ci devrait me reconnaître ces qualités et se fier à mes avis. Pourtant, à chaque instant, je dois me battre pour le convaincre !

Le pire survient sans doute quand le maître, ou un de ses amis "qui a des chevaux depuis longtemps, vous comprenez", a déjà posé un diagnostic. Ma terreur, ce sont les centres équestres : le moniteur et dix cavaliers ont déjà donné leur avis. Si vous n'êtes pas d'accord avec eux, vous courrez à l'échec. Evidemment : ils connaissent bien mieux les chevaux que moi ! Généralement j'engage la discussion, histoire de me présenter sans en avoir l'air, et, tout en examinant l'animal, je glisse que j'ai fait une quinzaine d'années d'équitation, mon aisance autour du cheval aidant à en convaincre les spectateurs. Je deviens plus crédible que ce confrère qui est tout autant, sinon plus compétent que moi, mais qui n'a jamais posé ses fesses sur le dos d'un cheval.

La variante, c'est le maître qui s'est renseigné sur internet, sympathique aussi. Son chien ne mange pas ? Hop Google : "chien mange pas". Le premier résultat sera sans doute le diagnostic du maître, sauf si, peut-être, on trouve un peu plus bas une maladie très rare et très horrible, qui emportera certainement ce pauvre loulou dans d'atroces souffrances.

Prenons un exemple caractéristique : le diabète sucré chez le chien. Voilà une maladie relativement fréquente et qui réunit toutes les conditions pour me pourrir la vie (et celle du malade, on s'en doute). C'est une maladie :

  • dont tout le monde a entendu parler. D'ailleurs, tantine fait matin et soir un petit test et se fait une piqure d'insuline sinon elle a trop de sucre dans le sang
  • dont beaucoup de gens croient qu'elle se guérit. Tantine va très bien. Pourtant le diabète sucré ne se guérit pas, jamais : il se gère.
  • que beaucoup de gens croient qu'elle n'est pas grave. Ben oui, tantine va très bien, je vous dit. Pourtant les complications sont fréquentes et éventuellement mortelles.
  • dont la gestion quotidienne demande énormément de rigueur. Aucun écart alimentaire, un régime spécifique (et relativement onéreux), des injections à heure fixe, même en vacance, même le week-end, selon une méthode qui ne doit jamais changer.
  • qui exige des contrôles réguliers, et non, ce n'est pas juste pour facturer des consultations.

Deux cas, deux catastrophes :

  • Mylord. La femme de M. Jessétou est diabétique. Comme elle est très âgée, il gère sa maladie au quotidien avec son excellent endocrinologue qui la soigne si bien. Et comme la gestion du diabète chez le chien n'est pas la même que chez l'homme, il se dit que je ne suis qu'un vétérinaire, que je soigne son chien comme en l'an 40 et qu'il va plutôt faire comme avec sa femme. D'ailleurs, il a posé des questions précises sur la maladie. Il est poli, intelligent et cultivé. Il a même demandé des conseils à son endocrinologue, qui certes, ignore tout de la physiologie canine, mais qui a décrété que j'étais un barbare. Mylord est devenu insulinorésistant, a accumulé les complications puis est décédé. Le pire, c'est que M. Jessétou pense que c'est ma faute : avec ma gestion barbare de la maladie, j'ai occasionné une perte de chance pour son chien. Mais comme il est bon prince et qu'il se rend compte que je suis le fruit d'une formation déficiente et d'une science balbutiante, il me pardonne.
  • Nick. Nick a été vu par une consœur, qui a parfaitement géré son diabète. Mais M. Jeveubienferre l'a entendu expliquer qu'il faudrait peut-être deux injections par jour pour Nick. Si une ne suffisait pas, on diviserait la dose. Au bout de quelques mois, M. Jeveubienferre a acheté une nouvelle boîte de seringues, et il s'est trompé, mais comme Nick allait bien, il n'a pas jugé utile de l'amener à un contrôle, jamais. Et puis Nick a commencé à aller moins bien, il avait écouté, il passe à deux injections, sans contrôle. Aujourd'hui Nick commence à se remettre d'un coma acido-cétosique, une grave complication, à cause d'une erreur de seringue. Il m'a fallu beaucoup d'arguments pour expliquer que non, ma consœur ne s'était pas trompée, et qu'il aurait fallu des contrôle, et qu'on ne change pas le protocole comme ça.

Il est évident que nous devons nous mettre à la portée de nos clients, simplifier notre vocabulaire, aller à l'essentiel, et pourtant répondre à toutes les questions.
Il faut comprendre et intégrer l'anxiété d'un maître qui voit son animal souffrir et qui ne comprend pas.
Je sais utiliser des comparaisons, avec le sport, ou les animaux sauvages, manier l'humour. Je sais aussi me taire et écouter, regarder le maître. Je connais même quelques méthodes de manipulation simple, comme le célèbre "toucher du bras". Je sais quand imposer mon avis médical, et quand céder sur un point pour mieux en placer un autre. Je connais et comprends les difficultés financières et sociales. Je m'améliorerais avec le temps, mais j'utilise déjà cette palette de techniques plus ou moins conscientes qui me permettent d'expliquer la maladie au maître, de le convaincre d'accepter une analyse ou de la nécessité de poursuivre le traitement jusqu'au bout.

Mais vous savez quel est mon plus gros atout, et ce depuis ma sortie de l'école ? Avec ma calvitie précoce et ma petite barbe, je parais dix ans de plus que je n'ai. Certaines amies, sorties de l'école en même temps que moi, entendent encore parfois : "vous êtes la stagiaire ? Où est le docteur ?"

Pour un cas simple qui me demande 5 minutes d'examen et de réflexion, il me faut souvent 10 minutes d'explications afin d'emporter l'adhésion du maître.
Il me faut parfois téléphoner à madame, à la maison, car si c'est monsieur qui a amené le chien, c'est elle qui donnera les médicaments.
Et je passe sur toutes ces maladies où le maître s'identifie au chien, sur la méconnaissance du comportement normal d'un animal, sur l'anthropomorphisme à outrance...

Pour les chiens, pour les chats, pour les hamsters, pour les vaches ou les chevaux : convaincre, convaincre, convaincre.

C'est usant.

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