Le rapport Attali
vendredi 1 février 2008, 20:22 Un peu de recul Lien permanent
Ca fait maintenant quelques jours que la commission présidée par M. Attali a remis son rapport aux Français.
Il y a eu beaucoup de réactions à chaud, certains tirant à boulets rouges, d'autres soulignant la pertinence de nombreuses décisions. Je n'ai lu aucun enthousiaste délirant, mais il est souvent mieux vu de critiquer que de féliciter, ce n'est donc pas surprenant (comment ça, cynique ?).
J'attends les commentaires d'autres avec impatience, comme Econoclastes pour me forger une opinion plus globale, le traitement par la presse me paraissant assez fragmentaire. En attendant, vous - nous - pouvons consulter le document dans son intégralité. Pour l'instant, je n'ai lu que l'introduction, c'est à dire un état des lieux, des intentions, les "objectifs prioritaires" et les "mesures fondamentales". Il n'y a rien de révolutionnaire là-dedans, je trouve, mais ça fait du bien de lire tout ça d'un bloc. En tout cas, ça m'intéresse beaucoup.
Entre 2 Vet a déjà consacré un court billet à ce sujet, les commentaires sont intéressants.
Les vétérinaires n'ont pas été oubliés, évidemment. Nous sommes même dans le sac des professions règlementées de la décision fondamentale n°14 :
DÉCISION FONDAMENTALE 14
Ouvrir très largement les professions règlementées à la concurrence sans nuire à la qualité des services rendus.
On s'en doutait. Ca fait peur, mais je trouve que certains tombent bien vite dans la caricature à ce sujet. Après tout, nous, en tant que vétérinaires, sommes déjà très ouverts à la concurrence : cela fait bien longtemps que n'importe quel diplômé peut s'installer n'importe où, les diplômes européens étant valables. Même la clause de non-concurrence, qui interdisait à un ancien salarié ou associé de se réinstaller trop près de son ancien lieu de travail, ne veut plus dire grand chose aujourd'hui.
Le décret prescription-délivrance confirme la place du pharmacien dans la délivrance du médicament (même si nous ne sommes pas sortis des lobbyings de tous poils à ce niveau là).
Des professions plus ou moins réglementées viennent chaque jour travailler avec nous, ou près de nous, voire, selon certains points de vue, contre nous. Inséminateurs, comportementalistes, ostéopathes, dentistes équins, éleveurs, groupements... Certains travaillent dans un cadre légal, d'autres non. En tout cas, de la concurrence, il y en a.
A notre profession de faire valoir sa spécificité, de faire reconnaître son expertise, et bien entendu de placer l'intérêt du consommateur et de l'animal avant le sien propre. C'est à ce prix là que nous serons crédibles, respectables et respectés. Je trouve, à cet égard, que notre Ordre et le Syndicat National des Vétérinaires d'Exercice Libéral (SNVEL) s'en sortent plutôt pas mal, même si je n'adhère pas à tout.
Ce qui concerne spécifiquement les vétérinaires
Au sujet des professions réglementées, le rapport commence par un long préambule, très prudent, qu'il sera peu imaginable de reproduire ici (sous peine de tous vous endormir), mais dont la lecture est instructive (pp. 155-159). Pas de quoi s'affoler ici, le constat de la commission, en gros, c'est que les professions qui furent réglementées pour des raisons d'assurance de qualité de service principalement, peuvent parfois être ouvertes en maintenant un contrôle sur les points essentiels à la sécurité et à la qualité des services offerts.
Les vétérinaires (12 343 actifs ; chiffre d’affaires : 1,5 milliard d’euros).
Augmenter le nombre d’élèves à l’entrée des écoles vétérinaires.
Le nombre de vétérinaires en France est très nettement inférieur à la moyenne européenne, alors que notre cheptel est le deuxième dans l’Union européenne et que la France compte 65 millions d’animaux domestiques. Il manque 2 000 à 4 000 vétérinaires en France. Cette singularité s’explique par la limitation du nombre d’étudiants, avec un numerus clausus très strict, contourné par des études en Belgique. Ainsi, le nombre de places offertes était de 470 en 1997 et a été réduit à 436 en 2003.
La problème de la moyenne européenne, c'est qu'elle englobe des pays comme l'Espagne ou les vétérinaires sont tellement nombreux qu'ils ne gagnent plus le SMIC... Après 6 ans d'étude, ça fait désordre. Ce qui est amusant, c'est que la Belgique a mis un numerus clausus en place récemment à cause de la pléthore d'étudiants français à Liège. J'aimerais savoir quels sont les chiffres pour les Etats-Unis, le Canada ou l'Allemagne, par exemple.
Et vu le nombre de consœurs et confrères qui ont du mal à joindre les deux bouts, je ne suis pas sûr que nous soyons si peu nombreux que ça...
De plus, un vétérinaire diplômé ne peut pas engager plus de deux assistants, qui doivent être titulaire d’un DEFV (Diplôme d’études fondamentales vétérinaires) obtenu après cinq ans d’études dont quatre années en école vétérinaire.
Ah bon ? Ouh la, va falloir que j'étudie ça.
Créer un statut d’infirmiers-vétérinaires pour certains actes.
Les vétérinaires peuvent aussi s’entourer d’Auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV), titulaires d’un BEP mais ceux-ci ne peuvent, par exemple, pas pratiquer d’injections, tâche exclusivement réservée aux vétérinaires diplômés.
Ca c'est vrai que c'est pénible, ça confine au ridicule, mais une large réflexion a déjà lieu sur ce sujet. Créer un nouveau corps de métier me semble par contre une voie bizarre, alors qu'il suffirait de créer un échelon supplémentaire pour les ASV.
Ouvrir la possibilité de recourir à des investisseurs non vétérinaires pour développer des établissements de soins.
En outre, les règles actuelles entravent la venue d’investisseurs « non vétérinaires » qui pourraient créer des cliniques ou des hôpitaux vétérinaires.
Mouais, pourquoi pas, mais il faut craindre le mélange des genres : l'activité vétérinaire n'a pas une rentabilité exceptionnelle, et donc n'intéresse a priori pas les investisseurs purement financiers. Gaffe aux dérives et au mélange des genres avec des investisseurs de type laboratoire pharmaceutiques, boîtes de pet-food. Quelle crédibilité aurons-nous si nous portons des blouses Trucmuche en injectant des antibiotiques Trucmuche ?
A ma connaissance, cette réflexion aussi est en cours dans nos instances.
Ce qui concerne indirectement les vétérinaires (via les Très Petites Entreprises)
DÉCISION 33
Créer une Agence de service aux petites entreprises de moins de 20 salariés.
Le but est de simplifier les démarches administratives et de conseiller, on ne peut qu'applaudir vue la jungle de paperasses qu'engendre la gestion d'une TPE !
DÉCISION 34
Instaurer au sein de l’Agence de service aux TPE un guichet unique en ligne pour la création d’entreprise.
Ca par contre je trouvais que ça allait encore. La création d'entreprise ne me semble pas trop complexe en regard de sa gestion ensuite !
DÉCISION 46
Simplifier les débuts d’une entreprise.
* Étendre aux TPE de moins de 20 salariés l’usage de mécanismes simplifiés du type chèque emploi pour recruter et déclarer des salariés.
* Simplifier les règles de création d’une SAS (Société par action simplifiée) et d’une SASU (Société par action simplifiée unipersonnelle).
* Confirmer l’insaisissabilité de la résidence principale pour les entrepreneurs individuels.
DÉCISION 47
Simplifier la comptabilité des TPE.
Les règles comptables que les TPE doivent respecter sont très lourdes et ne sont pas utiles à toutes les entreprises. On pourra donc s’orienter vers une comptabilité de trésorerie pour toutes les TPE de moins de 20 salariés. Cette mesure permettrait aux TPE qui ne font pas appel à des capitaux extérieurs de réduire leur charge administrative.
Les TPE souhaitant emprunter ou augmenter leur capital devront répondre comme à l’heure actuelle aux demandes d’information des investisseurs et des banquiers.
DÉCISION 48
Soumettre les TPE à un régime fiscal et social spécifique.
Les entrepreneurs dont l’activité génère un chiffre d’affaires de moins de 100 000 € seront soumis à un prélèvement libératoire de 10 % se substituant à tous les impôts directs. Le revenu correspondant sera déclaré à l’impôt sur le revenu.
Là je n'ai pas du tout le recul pour juger de l'effet de ces mesures. Je laisse à d'autres le soin de commenter !
Au final, je ne suis pas affolé par ce rapport. Je suis jeune, j'ai toute ma carrière devant moi, et je vois là beaucoup d'évolutions inéluctables que nous devons, en tant que profession, accompagner au lieu de tenter de les abattre par tous les moyens imaginables. Notre métier change, il change chaque jour. A nous de changer avec lui, même si je regrette, moi aussi, certains aspects de cet "âge d'or" dont nous parlent les vétérinaires qui arrivent aujourd'hui à la retraite.
Et vous, vous en pensez quoi ?
Commentaires
Comme tout bon français qui se respecte, le vétérinaire métropolitain a sauté au plafond à la moindre annonce de changement. Je l'ai fait aussi. Mes amis étrangers disent que c'est une spécificité à la française, l'immobilisme. Je ne crois pas. Un "Tiens" vaut mieux que deux "tu l'auras", il parait.
Ce rapport annonce plein de choses, dont on a parfois du mal à saisir l'intérêt et la portée.
Les deux choses qui, principalement, me "donnent du souci" sont :
- l'ouverture des capitaux : on sait, la possibilité de constituer des SEL vétérinaires avait déjà tracé la voie, il fallait s'en douter. Mais ce que tu dis, Fourrure, est très vrai : si demain, le laboratoire Droopy acquiert 49 % de ma structure, quelle liberté aurai-je dans le choix de mes médicaments ? Devrai-je utiliser l'antibiotique Droppy, pas exactement adapté à ce que je veux, mais qui doit marcher à peu près et qui a surtout le mérite d'appartenir à "la firme qui paie 49 % de mes factures" ?
- la formation d'un corps d'infirmiers. Là, honnêtement, je comprends parfaitement que cela soit grotesque de prétendre qu'il faut un doctorat pour faire une injection sous-cutanée. Néanmoins, ces injections sous-cutanées, via les vaccins notamment, sont une part considérable de l'activité. Une part agréable, de dialogue et de prévention, qui a le mérite de nous montrer aussi des animaux en bonne santé et pas uniquement agonisants, une part de travail planifiée et, ne nous voilons pas la face, lucrative. Si demain un infirmier peut vacciner à 25 euros, à domicile, déplacement inclus, "à la sauvette", c'est tout ce pan d'intérêt pour notre métier qui disparait. Je sais, beaucoup de vétos trouvent que les vacins, c'est chiant, c'est répétitif. Perso, je suis peut-être à contre-courant, mais voir chaque année un chien fidèle, en bonne santé, venir me faire des fêtes, discuter avec les maitres et les laisser repartir sans une poche de médicaments, ben j'adore...
Un édito récent de la Semaine Vétérinaire (de mémoire) déplorait cette évolution possible en expliquant qu'il ne faudrait pas tomber dans l'excès inverse et réduire l'action vétérinaire à "l'intervention en catastrophe, de nuit, pour un probleme grave, potentiellement insoluble. Une intervention pénible, souvent onéreuse et régulièrement impayée" (ceci n'est pas une citation de l'édito). C'est passer d'un extrême à l'autre, j'en suis conscient, mais ca n'en reste pas moins à craindre. Comme tu le dis, quand tu sais que de nombreux confrères se demandent déjà comment finir les fins de mois (oui, il y a une petite frange de population vétérinaire qui gagne TRES bien sa vie, mais une autre au moins aussi nombreuse arrive péniblement à se tirer un salaire proche du SMIC, avec 50 à 60 heures de boulot par semaine).
Bref, un peu inquiet, évidemment, comme il est de coutume avant tout changement dans mon cadre de vie. Mais je pense, hélas, que tout cela nous échappe et nous dépasse, et que quelles que soient les décisions prises, nous n'aurons d'autre choix que de les accepter et de s'y adapter. "Inéluctable" est le mot, Fourrure, tu l'as bien trouvé. Maintenant, wait and see.
*va mettre un mouchoir sur son pessimisme*
Fourrure : Au sujet de l'ouverture de capitaux, il "suffit" d'assurer que les tenants du marché (laboratoire & Co) ne puissent pas investir dans les cliniques vétérinaires. De mémoire, c'est déjà le cas, non ?
Pour les actes médicaux simples, je n'imaginais pas, je dois dire, faire réaliser un vaccin par une ASV. La consultation vaccinale est sans doute notre meilleur lien avec notre clientèle, et l'occasion de dépister beaucoup de choses. Insuffisances rénales, souffles cardiaques, obésité, luxations de rotules, douleurs chroniques, autant de pathologies d'évolution sourde, souvent inaperçues du propriétaire, et pour lesquelles il y a beaucoup de choses à faire.
Je pensais plus aux injections qui entourent la chirurgie, sous contrôle du vétérinaire : antibiotiques, anti-inflammatoires, morphiniques, relances d'anesthésiques... Ou aux soins aux animaux hospitalisés, injections à heures fixes, changements de poches de perfusions programmées, etc.
Ce que je sais, c'est que les taxis ont klaxonné pendant des plombes dans ma rue et ça c'est chiant!!!!!
Ah, ça n'a rien à voir?
ben moi je peux pas juger de tout ça, mais je vous souhaite bien du courage!
bisous
qu'on soit peu ou prou d'accord avec le rapport attali (après tout sur 316 propositions, on tombe forcémment d'accord avec un certain nombre: loi statistique), ce qui est navrant est l'absence de concertation pour ce qui concerne le volet vétérinaire et surtout la suffisance du sieur attali qui déclame que son rapport est à prendre en entier ou à laisser: ne serions nous plus en république? s'agit-il d'un ultimatum? monsieur attali n'est pas un élu que je sache...alors, certes, il préfère la république des (hauts) esprits "à celle des imbéciles" (sa réponse en général qui montre bien le mépris dans lequel il tient tout contradicteur), mais moi je préfère la république tout court.
quant à nous autres vétos, je ne pense pas que nous soyons si corporatistes que cela : la preuve, nous sommes d'accord sur le fait qu'il faut en finir avec les privilèges des notaires....o))
...pour les pharmaciens, c'est loupé, le corporatisme a été très efficace pour ce qui les concerne.
Fourrure : En ce qui concerne la suffisance du bonhomme, elle est évidente. Ce n'est pas une raison pour rejeter son rapport !
Il est évident que les propositions retenues passeront par le parlement et le Sénat. C'est là que la démocratie fera (ou non) son travail.
Il me semble que ce type de rapport passe forcément par le travail d'un homme seul à la direction d'une équipe de réflexion, pas par les débats parlementaires, trop souvent noyés dans des querelles politiciennes parfois sans queue ni tête. Ce travail de synthèse étant effectué, il doit évidemment être validé, ou pas, par nos instances législatives. En attendant, c'est une intéressante projection dans l'avenir, un état des lieux sans trop de concessions et un bon coup de pied dans la fourmilière. C'est déjà pas mal. Espérons que ça devienne plus, que les propositions soient, ou non, retenues.
@kastet : à la question "ne serions-nous plus en république ?" je répondrai par un extrait de l'allocution prononcée par le sieur Attali lors de la remise de son rapport à notre président :
"Il a surpris en empruntant les mots d'une lettre de Turgot pour s'adresser à "Votre Majesté" Nicolas Sarkozy. "Je ne demande point à Votre Majesté d'adopter mes principes sans les avoir examinés mais, quand elle en aura reconnu la justice et la nécessité, je la supplie d'en maintenir l'exécution avec fermeté, sans se laisser effrayer par des clameurs qu'il est impossible d'éviter" (source : gaelle.hautetfort.com/arc...
Faut qu'ils fassent gaffe avec les références historiques, ce n'est pas forcément de bon augure pour notre chef de l'Etat, un tel rapprochement.
@Fourrure : rien n'indique que demain, on ne pourra pas pratiquer les vaccins via des infirmiers. C'est déjà le cas en humaine (à ma connaissance) alors pourquoi pas pour les animaux ? Le concept de "je ne vaccine qu'après examen clinique", s'il est pertinent, n'a initialement été imposé que pour empêcher les mercantilistes de vendre du vaccin à la pelle et au rabais (et encore, cela n'empêche pas grand chose, au final, ni pour les mercantilistes, ni pour les pharmaciens). Dans une optique de "révision des privilèges", on peut très bien décider de laisser au propriétaire le choix entre un vaccin pas cher chez l'infirmier, sans examen, et un vaccin cher mais accompagné d'un bilan de santé annuel, chez le vétérinaire. Dans une clientèle comme la mienne, je connais d'avance le choix de la majorité.
Pour la limitation des fonds d'investissement en provenance d'acteurs du marché, oui, c'est le cas pour le moment. Tout comme, pour le moment, on limite l'ouverture des capitaux à 25 %. Mais comme tu le dis, à part ces fameux acteurs de la filière, qui va aller gaspiller des fonds dans une clinique souvent peu rentable en terme d'investissement, si ca ne te permet pas au apssage de placer tes produits et tes franchises ? Personne. Les deux seuls types d'investisseurs qui, à ma connaissance, pourraient se lancer dans la course, sont soit des laboratoires, pour installer leurs gammes dans les cliniques qui leur échappent, soit des "vétérinaires-investisseurs" qui ont de gros moyens et vont avoir l'opportunité de "franchiser" de petits confrères. "Vétos Turgot, le véto qu'il vous faut". "Vétérinaires Grabater, élevés au grand air". A voir.
Fourrure : Révision des privilèges ne signifie pas révision des compétences. La vaccination telle que nous la pratiquons pour les animaux de compagnie est censément bien plus que le vaccin. Si nous n'assumons pas ces responsabilités, il ne faudra pas pleurer si nous les perdons. C'est déjà arrivé par le passé (vous avez dit insémination bovine ?), ça peut recommencer. A nous de prouver que ça ne peut pas se passer comme ça. Nos instances représentatives ont de grosses responsabilités, et nous aussi !
Il faudra vraiment que je trouve un jour un article sur les prérogatives des nurses vétérinaires anglaises, bien fait et bien documenté, et sur les conséquences de l'existence de ces super-ASV dans la médecine vétérinaire anglaise.
Pour les investisseurs, je viens de lire je ne sais pas où que certains fonds de pension américains s'étaient intéressés aux cliniques vétérinaires, à cause de la régularité de la progression de leur chiffre d'affaire. A méditer...
Je ne ferai aucun commentaire sur les difficultés propres à votre profession, mais sachez que la mienne est également menacée. Quant à l'entrée en capital d'un laboratoire au sein de vos structures, il faut être précis : celle-ci ne pourrait intervenir qu'avec votre accord (à tout le moins dans les structures de type SELARL, SELAS ou SELAFA). A vous de bien prendre vos précautions tant en matière précontractuelle (c'est là qu'un conseil peut servir...) que sur le plan de l'organisation de vos relations futures (pacte d'associé ou, pour les SELAS par exemple, modification des statuts en y intégrant les clauses relatives à l'organisation des relations entre associés).
Bien sûr, c'est un investissement, mais à mon sens il est forcément payant, du moins si le conseil choisi sait ce qu'il fait. Dans le cas contraire, il a une assurance RCP.
Certaines structures existent, notamment en matière médicale, avec une scission stricte entre détention capitalistique / organisation opérationnelle et organisation strictement médicale. On aboutit ainsi, outre l'aspect actionnariat, quasiment dépourvu d'influence sur le fonctionnement de la clinique, à une double organisation administrative et médicale. Ce schéma ne serait-il pas envisageable pour certaines structures vétérinaires ? Si il est adopté, que l'actionnariat soit en partie assuré par un laboratoire n'a plus tant d'importance à mon sens.
Mais je ne suis pas véto hein...
Je ne connais pas bien le milieu de votre profession, je ne suis que cliente avec un cheval et un chat :)
Tout ce que je peux constater à mon niveau, c'est que pour mon cheval, il m'est demandé de plus en plus de choses...pour présenter un cheval parfait physiquement. J'ai donc deux vétos, un près de chez moi pour évaluer, un autre dans la région parisienne équipé et plus spécialisé. Je n'ai donc rien à redire sur les compétences vétérinaires de chacun d'eux. Enfin, j'ai recour à mon maréchal, qui en plus de mettre une ferrure, s'emploie à soigner les problèmes de pieds.....
Le problème ladedans, c'est la désertification de nos pauvres campagnes, le véto fait 20 bornes, le maréchal 30 bornes et quand il y a urgence, c'est difficile. Par exemple mon maréchal a mis 10 jours pour intervenir sur un abcès de pied, il est débordé.
J'ai besoin d'une prise de sang après une épreuve d'endurance, histoire de vérifier les paramètres, et bien ce n'est pas trop possible, le véto est aussi débordé.
Pour la petite histoire, j'ai aussi un véto pour le chat, un véto de ville cette fois.
Tout ce que je constate c'est qu'à la campagne que ce soit pour l'humain ou l'animal, c'est difficile pour un medecin d'être partout :)
Fourrure : Ouip, le fait qu'il soit parfois difficile de trouver un vétérinaire en zone rurale fait partie des arguments des supporters de l'augmentation du numerus clausus.
Le truc, c'est que c'est comme pour les médecins : tout le monde préfère être en ville (sauf moi et une poignée d'illuminés dans mon genre). Plus de vétos à l'école, ça me semble signifier surtout des études de moins bonne qualité (il n'y a qu'à voir ce que ça donnait à Liège avant le numerus clausus...), et plus de vétos en ville. Plus en campagne ? Ca n'a pas l'air bien parti.
Je note avec plaisir le distinguo que tu fais entre ton véto local (généraliste, disons), et ton veto spécialiste. Ca me fait plaisir, car c'est exactement le discours que je tiens à mes clients propriétaires de chevaux : moi, je vous fait les bobos, les vaccins, les urgences. Si quelque chose relève d'un confrère, je vous le dirai.
Ca me permet de me faire plaisir en soignant des canassons, ça met les gens en confiance, ça rend service aux clients.
Je crois surtout que pour avoir conscience des difficultés d'une profession, il faut la cotoyer. Pour aider des professions telles que la votre ou libérales tout court, la solution c'est simplifier la paperasse, baisser les prélèvements, procurer plus d'aide à l'installation, et rester indépendant.
Perso, pour rigoler un peu si j'étais une femme vénale ...entre l'avocat, le véto et la garagiste...j'épouse le garagiste, j'ai rencontré le premier :) ok j'arrête de déconner je viens de payer la révision de la bagnole :)
@Arkadia : "simplifier la paperasse, baisser les prélèvements, procurer plus d'aide à l'installation, et rester indépendant" Dieu vous entende !
@ FéliX: Dieu nous a fait bouffer des pates pour les 100 prochaines années en effet :)
Pour résoudre le probleme de la désertification rurale (peu évident), ce n'est effectivement pas une hausse du nombre d'élèves qui va y faire quoi que ce soit.
Le fait est, en temps que vétérinaire je parle, que dans une ville de la Cote d'azur tu n'as quasiment qu'à te baisser pour ramasser quelques milliers d'euros par mois (ce qui n'est plus tout à fait vrai avec, justement, la popularisation de cette croyance qui a provoqué l'afflux de moult confrères à ambition financière élevée), tu as un service de garde qui fait que tu bosses une nuit sur 25, t'es au chaud dans ton cabinet, etc... Le même vétérinaire, dans un canton rural, doit assurer toutes ses nuits de garde (ou une sur 3, dans le meilleur des cas), faire des kilomètres et des kilomètres, concilier avec la pauvreté de la population locale (hélas, qui dit rural dit souvent petites bourses, les gros investisseurs ne se massent pas en Lozère), voire "troquer" (je ne suis pas particulièrement dans une zone "pauvre", mais j'ai une sorte de tendance à drainer les plus désargentés, et il arrive qu'on me dise "je ne peux pas vous payer, mais je peux vous donner un cageot de légumes").
Le choix est donc fait d'avance pour beaucoup.
La situation est, je pense, assez comparable à ce qui se passe chez les médecins humains (à ceci près que, pour le vétérinaire, rentre en ligne de compte le choix "est-ce que j'aime les vaches ?" alors que pour le médecin, un humain est un humain). Il y a quelques mois, nous avions eu droit à un débat politique sur la "surtaxe" des médecins urbains pour les inciter à se délocaliser en campagne, voire à une "interdiction de s'installer" dans certains cantons déjà chargés en praticiens.
Parallèlement (et à l'inverse je dirais), une série de reportages montrait des maires ruraux bien inspirés qui avaient "parrainé" l'installation d'un médecin en zone rurale (locaux offerts - ils ne servaient plus à rien, de toute façon -, paiement par la commune des frais de rénovation, du matériel, voire prise en charge du déménagement du praticien).
Je pense que c'est vers cette incitation positive à aller vers les campagnes qu'il faut chercher une solution. Taxer les urbains ? A quoi bon, ils gagneront quand même davantage (c'est un peu la même hypocrisie que de dire "on taxe les entreprises qui polluent pour qu'elles se mettent en regle"... sauf que de rester en l'état et payer la taxe-pollution leur coute bien moins cher que de revoir leur circuit de fabrication...). En revanche, un jeune confrère sans trop de moyens à qui vous dites "Je paie tout, t'as pas de crédits, tu t'installes et tu soignes nos bêtes"... Un gars comme moi y aurait réfléchi sérieusement (cela dit, j'ai un probleme : j'aime pas les vaches - sauf les vaches bipèdes et lourdement armurées ;op -... du coup j'ai coupé la poire en deux : spécialisation en collectivités canines... Je cumule les défauts du rural et ceux du citadin...)
Allez, fin de la digression. Meuh !
Je suis assez d'accord avec toi :)
Alors Meuh aussi !!