Convaincre
mardi 11 décembre 2007, 15:51 Un peu de recul Lien permanent
Pour être vétérinaire, il faut aimer les animaux.
Pour être vétérinaire, il faut faire de longues études.
Oh moi docteur, je ne pourrais pas être vétérinaire : ça me retourne de la voir comme ça cette petite bête.
Autant de lieux communs, autant de préjugés. Bien sûr, tout cela est plus ou moins vrai. Mais à mon avis, pour être vétérinaire, il faut surtout aimer les gens, beaucoup, et avoir une patience à toute épreuve.
Et il faut savoir convaincre.
Le vétérinaire souffre d'un handicap terrible lorsqu'il s'agit d'expliquer un diagnostic, un traitement ou un pronostic : la plupart du temps, son client, le propriétaire de la petite (ou grosse !) bête, ne le croit pas.
Bien sûr, je ne parle pas des maladies "simples" dont tout le monde a plus ou moins entendu parler et qui n'amènent pas de discussion. La difficulté survient quand la maladie est complexe, qu'elle est connue mais entourée de nombreux préjugés (diabète, "SIDA du chat" ou épilepsie par exemple), ou que le diagnostic entraîne des conséquences lourdes en termes de traitement (long et pénible à mettre en oeuvre, ou cher).
Pourtant, il me semble que, contrairement au maître, je suis vétérinaire. Que j'ai acquis des connaissances et une certaine expérience, et que j'ai un regard objectif sur l'animal, objectivité dont manque généralement son maître. Logiquement, celui-ci devrait me reconnaître ces qualités et se fier à mes avis. Pourtant, à chaque instant, je dois me battre pour le convaincre !
Le pire survient sans doute quand le maître, ou un de ses amis "qui a des chevaux depuis longtemps, vous comprenez", a déjà posé un diagnostic. Ma terreur, ce sont les centres équestres : le moniteur et dix cavaliers ont déjà donné leur avis. Si vous n'êtes pas d'accord avec eux, vous courrez à l'échec. Evidemment : ils connaissent bien mieux les chevaux que moi ! Généralement j'engage la discussion, histoire de me présenter sans en avoir l'air, et, tout en examinant l'animal, je glisse que j'ai fait une quinzaine d'années d'équitation, mon aisance autour du cheval aidant à en convaincre les spectateurs. Je deviens plus crédible que ce confrère qui est tout autant, sinon plus compétent que moi, mais qui n'a jamais posé ses fesses sur le dos d'un cheval.
La variante, c'est le maître qui s'est renseigné sur internet, sympathique aussi. Son chien ne mange pas ? Hop Google : "chien mange pas". Le premier résultat sera sans doute le diagnostic du maître, sauf si, peut-être, on trouve un peu plus bas une maladie très rare et très horrible, qui emportera certainement ce pauvre loulou dans d'atroces souffrances.
Prenons un exemple caractéristique : le diabète sucré chez le chien. Voilà une maladie relativement fréquente et qui réunit toutes les conditions pour me pourrir la vie (et celle du malade, on s'en doute). C'est une maladie :
- dont tout le monde a entendu parler. D'ailleurs, tantine fait matin et soir un petit test et se fait une piqure d'insuline sinon elle a trop de sucre dans le sang
- dont beaucoup de gens croient qu'elle se guérit. Tantine va très bien. Pourtant le diabète sucré ne se guérit pas, jamais : il se gère.
- que beaucoup de gens croient qu'elle n'est pas grave. Ben oui, tantine va très bien, je vous dit. Pourtant les complications sont fréquentes et éventuellement mortelles.
- dont la gestion quotidienne demande énormément de rigueur. Aucun écart alimentaire, un régime spécifique (et relativement onéreux), des injections à heure fixe, même en vacance, même le week-end, selon une méthode qui ne doit jamais changer.
- qui exige des contrôles réguliers, et non, ce n'est pas juste pour facturer des consultations.
Deux cas, deux catastrophes :
- Mylord. La femme de M. Jessétou est diabétique. Comme elle est très âgée, il gère sa maladie au quotidien avec son excellent endocrinologue qui la soigne si bien. Et comme la gestion du diabète chez le chien n'est pas la même que chez l'homme, il se dit que je ne suis qu'un vétérinaire, que je soigne son chien comme en l'an 40 et qu'il va plutôt faire comme avec sa femme. D'ailleurs, il a posé des questions précises sur la maladie. Il est poli, intelligent et cultivé. Il a même demandé des conseils à son endocrinologue, qui certes, ignore tout de la physiologie canine, mais qui a décrété que j'étais un barbare. Mylord est devenu insulinorésistant, a accumulé les complications puis est décédé. Le pire, c'est que M. Jessétou pense que c'est ma faute : avec ma gestion barbare de la maladie, j'ai occasionné une perte de chance pour son chien. Mais comme il est bon prince et qu'il se rend compte que je suis le fruit d'une formation déficiente et d'une science balbutiante, il me pardonne.
- Nick. Nick a été vu par une consœur, qui a parfaitement géré son diabète. Mais M. Jeveubienferre l'a entendu expliquer qu'il faudrait peut-être deux injections par jour pour Nick. Si une ne suffisait pas, on diviserait la dose. Au bout de quelques mois, M. Jeveubienferre a acheté une nouvelle boîte de seringues, et il s'est trompé, mais comme Nick allait bien, il n'a pas jugé utile de l'amener à un contrôle, jamais. Et puis Nick a commencé à aller moins bien, il avait écouté, il passe à deux injections, sans contrôle. Aujourd'hui Nick commence à se remettre d'un coma acido-cétosique, une grave complication, à cause d'une erreur de seringue. Il m'a fallu beaucoup d'arguments pour expliquer que non, ma consœur ne s'était pas trompée, et qu'il aurait fallu des contrôle, et qu'on ne change pas le protocole comme ça.
Il est évident que nous devons nous mettre à la portée de nos clients, simplifier notre vocabulaire, aller à l'essentiel, et pourtant répondre à toutes les questions.
Il faut comprendre et intégrer l'anxiété d'un maître qui voit son animal souffrir et qui ne comprend pas.
Je sais utiliser des comparaisons, avec le sport, ou les animaux sauvages, manier l'humour. Je sais aussi me taire et écouter, regarder le maître. Je connais même quelques méthodes de manipulation simple, comme le célèbre "toucher du bras". Je sais quand imposer mon avis médical, et quand céder sur un point pour mieux en placer un autre. Je connais et comprends les difficultés financières et sociales. Je m'améliorerais avec le temps, mais j'utilise déjà cette palette de techniques plus ou moins conscientes qui me permettent d'expliquer la maladie au maître, de le convaincre d'accepter une analyse ou de la nécessité de poursuivre le traitement jusqu'au bout.
Mais vous savez quel est mon plus gros atout, et ce depuis ma sortie de l'école ? Avec ma calvitie précoce et ma petite barbe, je parais dix ans de plus que je n'ai. Certaines amies, sorties de l'école en même temps que moi, entendent encore parfois : "vous êtes la stagiaire ? Où est le docteur ?"
Pour un cas simple qui me demande 5 minutes d'examen et de réflexion, il me faut souvent 10 minutes d'explications afin d'emporter l'adhésion du maître.
Il me faut parfois téléphoner à madame, à la maison, car si c'est monsieur qui a amené le chien, c'est elle qui donnera les médicaments.
Et je passe sur toutes ces maladies où le maître s'identifie au chien, sur la méconnaissance du comportement normal d'un animal, sur l'anthropomorphisme à outrance...
Pour les chiens, pour les chats, pour les hamsters, pour les vaches ou les chevaux : convaincre, convaincre, convaincre.
C'est usant.
Commentaires
Ce que tu décris là est en fait le cas de toutes les professions de service au contact avec le public. Dis toi que tu aurais pu être technicien/assistant informatique, avec exactement les mêmes symptômes, très largement amplifiés, car de nos jours tout le monde fait de l'informatique. Mais disons que les médecins, les garagistes, les plombiers, etc. ont les mêmes problèmes de gestion du Monsieur Jesaistout.
Et puis bon, il faut rester humble, quelques rares fois le gars en face en sait réellement long, et l'écouter exposer son cas peut véritablement être utile à la résolution de son problème. Toute la gymnastique de ces professions de service est de garder la patience et la lucidité pour savoir écouter cette trop rare personne.
Fourrure : Ecouter n'est, à mon sens jamais inutile :
- au mieux, les informations délivrées par la personne sont utiles, que ce soit dans ses déclarations, ses omissions ou ses mensonges (tiens, ça ferait un autre sujet de billet ça)
- au pire, la personne ne sentira écoutée, on peut toujours espérer que ça la fidélisera...
Bonjour Boules de Fourrure (t'aurais pas pu choisir un autre pseudo, ça fait super bizarre de t'appeler comme ça!)
Tu me sembles avoir oublié les appels du type "je sais que vous m'aviez dit de ne pas faire ça, mais je l'ai fait quand même - explications embarrassées (ou pas), auto-justifications et demandes d'absolution - bon, maintenant, que faut-il que je fasse ?"
Ca serait drôle si ce n'était pas tragique parfois...
A+
FéliX
Fourrure : En fait, on m'appelle rarement pour me dire ce genre de trucs. Il me faut plutôt l'extorquer au propriétaire quand je constate que quelque chose ne va pas et qu'il n'y a aucune explication logique...
Ouf, qu'il en est des choses à dire sur le sujet. Le billet est très bien fait à mon sens, et l'exemple du diabète fort bien choisi. Etant vétérinaire moi-même, j'y ai reconnu l'un de mes propres cas où la patronne, infirmière, a jugé abasourdissantes nos méthodes de calcul de l'insuline à délivrer quotidiennement... Résultat : dose humaine 10 fois trop dosée, avec une insuline humaine mal adaptée au cas, et crise hypoglycémique mortelle à la clé - je suppose, n'ayant eu qu'une description a posteriori de "ce qu'il s'était passé. Autre cas tout aussi hallucinant : Monsieur X vient de recevoir la sentence : sa chienne Zia de 6 ans a un diabète sucré, il va falloir la traiter. Mais Monsieur X a de très bons amis, qui lui ont expliqué avec force références scientifiques que si le chien boit comme un trou et urine en permanence (le B-A BA du diabète sucré), c'est parce que de nos jours, tout est pollué, et que donc l'eau est devenu mauvaise et que sa chienne ne l'assimile plus... Conclusion : le meilleur traitement qui convienne, ce n'est pas de piquouzer Zia avec toutes ces cochonneries, mais bien de la conduire en montagne boire à l'eau des glaciers... Zia n'est jamais revenue de son glacier... (cette histoire est, hélas, parfaitement vraie).
Dreammm a hélas tristement raison, c'est l'apanage de tous les métiers de service en contact direct avec le public. Sans parler des états d'âme propres à la sensibilité de la personne, qui peut s'effondrer à l'annonce d'une mauvaise nouvelle pour tout un tas d'autres raisons que sa simple relation au problème qui justifie la consultation. A nous, alors, libéraux de tous bords, de servir qui de psychanalyste, qui de confident, qui d'éponge, et, hélas, qui de défouloir...
Le plus grand regret que m'inspire l'évocation de ce sujet est le silence qui règne, au cours des études (je me re-centre un peu sur le vétérinariat, n'ayant pas connu les autres systèmes d'enseignement), sur cette relation homme-homme. tout est fait pour nous fournir un solide bagage sur nos motifs de consultation, mais on éclipse totalement la dure réalité de la consultation, qui est rarement le diagnostic, et souvent le client. Nous n'y sommes pas préparés, et pire, pour les plus naïfs ou les plus rêveurs, nous n'en avons même pas conscience. Une fois dans la vie professionnelle, dans cette jungle où l'homme est un loup pour l'homme, la désillusion est grande, et les remises en question nombreuses.
"J'en ai bavé pendant des années d'étude pour faire ce que je pensais me plaire, mais est-ce bien ce que je veux, en fait ? Je suis venu ici pour soigner des animaux, et je me retrouve à servir de punching-ball ou de mouchoir à des êtres tantôt perdus, tantôt en révolte, tantôt désespérés, tantôt imbus de leur personne à un point tel qu'ils mettent la vie de leur animal en jeu pour prouver qu'ils savent ce que ce n'est pas un docteur qui va leur donner des leçons..."
Non que je sois misanthrope... simplement surpris chaque jour de la distance entre la théorie, si simple à appréhender avec le recul, et la pratique, si éprouvante émotionnellement.
En tant que propriétaire d'un animal, un minou noir tout mignon, tout chou et tout et tout.... je vous plains... En effet, dure réalité, ce minou tout adorable est tombé malade et c'est vrai, j'ai eu super peur (Boules de fourrure au téléphone et ensuite, la véto la plus proche à son cabinet m'ayant parlé de la possibilité de typhus, sida et autres maladies mortelles, effrayantes, etc... - au moins ils sont directs -); mais moi j'étais plutôt du genre à être d'accord avec tout ce qu'ils disaient, à vérifier deux ou trois fois les prescriptions à observer!
24h sont passées, le chat recourt partout, miaule, mange, bref exit les maladies horribles! ... et c'est moi qui suis complétement lessivée... mais heureuse! (je vous le confesse, j'ai ressenti un soulagement incroyable quand il a remangé le lendemain ^ ^)
Donc, amis vétérinaires, je vous souhaite bon courage ! et surtout bravo !
@Vache albinos
A propos de la formation et de la non préparation à la gestion humaine de nos métiers. Pour expliquer un peu cela, il suffit de considérer le parcours classiques de la plupart des enseignants dans le supérieur : parcours ultra académique avec très peu de passage sur le terrain (voire pas du tout). L'enseignement supérieur recrute avant des tout des chercheurs ou enseignants chercheurs, qui sont jugés sur leurs travaux de recherche en priorité, et sur leurs enseignements passés éventuellement.
Fourrure : Pour différentes raisons, on constatait d'ailleurs souvent que les enseignants les plus appréciés à l'école véto avaient eu un passage par la clientèle avant de revenir vers l'école.
Cela dit il "suffirait" d'avoir une matière dédiée, non ? Genre des cours de psycho appliquée, avec des TP de mise en situation, etc. Avec l'inflation des connaissances scientifiques, ça donnerait une bonne raison de rajouter une année au cursus...
Ouais!!! Et apprenons aux futurs profs à devenir des profs (parce que quand on se retrouve devant une classe, ben on a l'air con...)!!! Donc il suffirait, il suffirait...............
..... Je sais: Boules de fourrure président !!
Aie !
Si j'ai un cheval et deux chats, alors je suis une mauvaise cliente...
:-(
Pourtant, pour moi, depuis toute petite, un véto c'est un demi-dieu.
Quand vous découvrez Doudou dans son boxe, qui creuse avec son pied un trou dans le ciment de la dalle, qui a de la paille jusque dans les oreilles, dont le boxe est retourné comme avec un caterpillar, vous savez que la Camarde vient de s'inviter.
Elle est rentrée dans l'écurie vers 18H0, sans bruit, s'est assise dans un coin et a commencé à regarder ce cheval. Elle le prendra peut-être cette nuit, ou demain, ou sur la table d'opération ou finalement, peut-être pas, elle repartira bredouille, mise en fuite par une vague piqure...
Mais quand Doudou continue à gratter et à se rouler sur le sol du manège à chaque fois que vous arrêtez de marcher, alors l'attente de l'arrivée du véto vous parait interminable.
Et lorsqu'on entend sa voiture se garer devant l'écurie, là où personne d'autre n'a le droit de mettre sa voiture, c'est un premier soulagement. Et quand il entre dans l'écurie, on voit la Camarde qui recule. Elle baisse les yeux et se recroqueville dans son coin. Elle sait à qui elle a affaire. Et nous, on a une vague impression que les tubes fluorescents éclairent mieux l'écurie qu'il y a dix minutes.
Le véto fouille, sonde, pique, perfuse et la Camarde recule. Et encore et encore.
Parfois elle gagne. Mais quand elle perd, on sait que c'est parce que Machin et Véto étaient là ce soir. Machin, c'est celui qui a toujours un oeil qui traine sur les chevaux dans leur boxe ou dans leur pré. Machin, qui prend la peine de s'attarder quelques secondes pour déceler des signes. Machin, qui prend la peine de signaler les symptomes à l'équipe de direction du club. On sait aussi que c'est parce que Véto est venu. On n'est pas ingrats. Même quand on perd le cheval. Véto est un demi-dieu seulement. Il lui manque une moitié...
L'équilibre est difficile à trouver aussi pour nous Fourrure.
Il faut être suffisamment compétent pour soigner correctement l'animal dans le quotidien, et être suffisamment compétent pour parler avec vous.
Vous donner les symptômes avec précision, sans les interpréter, sans rien omettre, utiliser le bon vocabulaire, comprendre votre vocabulaire, être capables de faire un choix en toute connaissance de cause lorsqu'il y a plusieurs alternatives. C'est difficile aussi pour nous Fourrure, sans même évoquer le coté affectif ou financier.
Alors c'est probablement vrai, celui qui a pris la peine de se documenter n'en sait probablement pas assez, ou alors peut-être trop...
Je ne sais pas, moi.
Mon père disait "Comment voulez-vous apprendre quelque chose à des gens qui ne savent rien ?".
Aujourd'hui je vois deux mondes qui s'affrontent :
- dans les écuries, l'incompétence grandit. Les cavaliers ne savent même plus nommer les parties des membres de leur chevaux : "Allo Docteur je crois qu'il a mal à la patte... J'y mets de l'argile ?". Ils ne connaissent plus les pathologies élémentaires qui les menacent : colique, fourbure, coup de sang... Combien parmi eux savent aujourd'hui les circonstances qui amènent au coup de sang, les symptomes, la conduite à tenir, les séquelles irrémédiables qui resteront ? Résultat : les chevaux sont mal soignés, pas vermifugés, parfois même pas vaccinés, les pathologies qui auraient dû être prises en main par un véto s'éternisent, s'aggravent. Pourquoi ? Parfois parce que les humains n'ont pas un rond et parfois parce qu'ils sont complètement incompétents.
- sur Internet, la compétence grandit. Les sites spécialisés décrivent clairement les pathologies, vous apprennent enfin le pourquoi du comment de ce que vous ne connaissiez avant que par les symptomes. Vous comprenez mieux ce qui vous arrive, certaines de vos idées reçues tombent. Alors bien sûr, il faut faire le tri, il y a des stupidités et des récits d'expériences intelligentes, il y a de l'intox, mais aussi de vraies informations utiles.
Je crois que vous savez que le chien, le chat, le cheval ont tout intérêt à avoir un compagnon humain compétent et je crois aussi que vous préférez exposer votre diagnostic à un humain qui a envie de comprendre et d'apprendre plutot qu'à une bûche. La bûche est docile, mais elle ne vous apporte rien.
"A va mourir Hochette ?"
Céline
Fourrure :
Pour ce qui est de "former" les propriétaires, ce n'est pas moi qu'il faut convaincre, je passe mon temps à ça, plus qu'à soigner !
Le problème, ce sont finalement ceux qui croient vraiment tout savoir et qui s'enferment dans un raisonnement qui leur parait logique sans accepter d'en sortir quand nous ne sommes pas d'accord. Cela dit, il y a aussi plein de choses intéressantes à piocher dans les raisonnements des propriétaires, c'est pour ça que je ne ferme jamais totalement mes oreilles, ne serait-ce que parce qu'il peut y avoir des observations très importantes au milieu des interprétations.
L'un des points les plus importants de notre formation est le tri, la connaissance encyclopédique et l'étiquetage des données par probabilité : internet offre des parties de la connaissance encyclopédique, sans montrer le reste des affections qui peuvent être liées à des symptômes. Beaucoup de gens ont un raisonnement linéaire "un symptôme <-> une maladie", alors que ce n'est pas du tout le cas ! Il y en aurait des billets à faire avec ça...
A l'intention de Vache Albinos :
La difficulté que vous rencontrez à vous interfacer avec vos clients n'est pas un problème limité aux métiers de la santé, ni même du service.
Nous sommes tous confrontés à la difficulté de travailler AVEC l'autre.
Que cet autre soit un client, un supérieur hiérarchique, un pair qui travaille sur un autre site géographique, un collègue de travail assis à coté de vous, le problème reste le même pour tous.
Je suis salariée du serteur privé et mes vrais problèmes ne sont pas ceux de la résolution des problèmes techniques. Mon école m'a appris à analyser, à interpréter, à résoudre, à choisir. Jamais à échanger avec un autre humain. L'industrie est un monde dans lequel on retrouve toutes les situations possibles et "humaginables" de conflit :
- ceux qui sont révoltés parce qu'on les a dépossédés de leur projet,
- ceux qui veulent avoir des responsabilités hiérarchiques sans se rendre compte qu'ils ont des devoirs,
- ceux qui profitent de leur position de client pour ch... sur la tête des fournisseurs,
- ceux qu'on a pressés comme des citrons pour remporter un contrat ou pour réparer les erreurs de leurs prédécesseurs,
- ceux qui boufferaient leurs collègues pour grimper un échelon,
- etc.
Non effectivement, l'Education Nationale ne nous prépare en rien à cela.
Probablement parce qu'un enseignant passe directement de la chaise de l'élève à l'estrade du prof. Il n'a jamais travaillé sous la contrainte d'un planning de projet avec des dates de livraisons. Il n'a jamais eu à supporter les contraintes qui s'appliquent aux salariés d'une entreprise "fournisseuse" par rapport aux salariés d'une entreprise "cliente". Il n'a jamais eu à choisir entre sauver une vie avec des séquelles ou laisser mourir, rien de tout ça.
Ses relations humaines dans son travail sont essentiellement celles de la relation élève/enseignant, relation asymétrique et qui ne relève que d'un seul stéréotype. Le prof est certainement presque toujours un ancien bon élève, et en conséquence n'a même qu'une vision partielle de son propre monde. Il ne sait rien du vécu intérieur d'un cancre à l'école. Le prof est souvent un fils ou une fille de prof, ou le conjoint d'un prof et ses amis sont aussi souvent des profs.
Alors où trouverait-il la capacité à imaginer les situations auxquelles les actifs sont confrontés dans le commerce, dans l'industrie, dans les activité libérales, dans la santé, etc...
Comment pourrait-il se rendre compte que les relations humaines sont souvent notre problème numéro 1, loin devant les problèmes "techniques" ?
S'il s'en rendait compte, il est clair qu'au lieu de nous faire perdre notre temps à l'enseignement d'une 2eme langue comme l'italien, ou l'allemand, on ferait mieux de nous enseigner les rudiments de la psycho.
Céline qui est énervée aujourd'hui encore contre l'EN.
Bonjour
Je découvre votre blog qui me passionne profondément; j'ai lgtps rêvé d'être vétérinaire... je n'imaginais pas que ce fut si dur ni si prenant et je me prends à penser que ce n'était sans doute pas pour moi....
Je vous écris ce commentaire pour avoir un éclaircissement sur la situation de mon chien et pour mettre en garde les gens afin que son exemple serve.
J'ai adopté une chienne bâtarde à la SPA. Très vite, le problème de la contraception s'est posé. Le vétérinaire a proposé la stérilisation mais - j'étais enfant et naïve - j'avais peur de faire mal à ma chienne, je ne voulais pas qu'elle soit mutilée, bref j'ai refusé. Mes parents ont accepté mon choix pour des raisons financières. Le vétérinaire a alors proposé la solution des injections hormonales afin d'éviter les chaleurs, solution présentée comme facile, rapide, fiable... et onéreuse mais bon.... Après que ma chienne ait eu une portée, nous avons accepté cette méthode.
Vers l'âge de dix ans, ma chienne, batarde très résistante, a développé un cancer des mamelles. Il fallait lui retirer tous les six mois une mamelle gonflée par la tumeur. Nous avons accepté les opérations. Hélas, le cancer toucha bientôt les parties génitales et commencèrent alors de terribles souffrances pour ma chienne donté l'état s'aggravait de mois en mois. Nous étions chaque mois chez le véto qui nous assurait qu'elle ne passerait pas le mois suivant. Notre chienne était solide, elle tint encore deux ans mais deux ans de souffrances terribles pour elle et pour nous, puisqu'elle se trainait, incontinente et souffrait horriblement. Des phases de mieux succédaient pourtant à ces épreuves et nous gardions toujours espoir. Je suspecte les piqures contraceptives d'être entièrement responsables du cancer de ma chienne.
1. Ai-je raison?
2. Si oui, pourquoi les maîtres ne sont-ils pas informés de ce fait?
Je voulais épargner à ma chienne une opération douloureuse et je l'ai finalement condamnée à trois ans de souffrances horribles...
J'ai pris conscience des terribles difficultés de votre métier et s'en ajoute une: informer et communiquer avec les maîtres. Si le vétérinaire m'avait expliqué ce qui attendait ma chienne avec ces maudites piqûres, même du haut de mes douze ans, j'aurai sans doute compris et accepté l'opération qui est tout de même une solution plus efficace et moins coûteuse au long terme.
Si mes pressentiments sur ces piqures sont vrais, je ne comrpends même pas qu'elles soient encore autorisées. Pour ma part, marquée par ce sinistre exemple, je suis devenue méfiante je refuse depuis la pilule contraceptive. humaine.
Merci de me donner votre point de vue de professionnel sur ces piqures si votre métier vous en laisse un peu le temps.
Fourrure :
Connaissez-vous le nom du produit qui a été utilisé ? A priori, la réponse à votre question est "non" mais des nuances pourraient être apportées.
Comme je comprends la difficulté que vous rencontrez dans les rapports humains...
Je disais à l'educatrice canine que je vois régulièrement "je ne pourrais pas faire votre métier, non pas que je doute qu'avec une formation adaptée je ne pourrais pas gérer les chiens, mais je ne supporterais pas les clients et honnetement je vous admire car je ne pourrais donner des cours à quelqu'un comme moi".... ça l'a beaucoup fait rire !!!
@Céline: Attention, il me semble que vous mélanger l'enseignement primaire et secondaire d'une part, l'enseignement supérieur d'autre part.
Les enseignants du supérieur sont des enseignants-chercheurs. Dans les disciplines scientifiques, cela implique d'être membre d'un laboratoire, et, le plus souvent, de chercher de l'argent pour des projets de recherche, de recruter du personnel, de ménager des susceptibilités, tout en se battant avec l'administration mais pas trop (il faut être ferme, mais ne pas se faire d'ennemis en êtant cassant). Je vous passe la surveillance des contrats de recherche, qui suppose des connaissances juridiques et comptables.
Quant à l'enseignement universitaire, sa gestion recèle une mine d'ennuis et de problèmes humains.
Le tout est assorti de contraintes de temps (vous DEVEZ recruter votre chercheur CDD avant telle date sinon le budget saute, vous DEVEZ soumettre un article pour telle date) et de rapports et évaluations diverses (regardez la tête des gens mal classés par l'AERES).
Bien évidemment, comme vous le soulignez, on ne forme pas les gens à tout cela, il faut se former sur le tas.
haaa, le bon vieux "je connais, j'ai eu des chats/chiens/chevaux moi!"
l'un de mes chats a eu le "sida des chats"
son état s'est dégradé très rapidement, il a fallu le faire euthanasier.
lorsque j'en ai parlé a mon entourage j'ai eu droit a "quoi??? tu l'as fait eutha??? mais il aurait encore pu vivre de looongues années, t'es barbare! je le sais bien, la soeur de mon voisin a eu un chat qui a aussi eu le sida"
heuuu, ouais mais non...
j'ai ensuite eu droit a "t'as bien fait de le faire tuer (-_-') s'il avait le sida. c'est dangereux comme maladie. Et comme ta nièce vient parfois chez toi, si tu avais gardé un chat atteint du sida elle aurait pu l'avoir suite a une griffure ou une morsure!"
ha...oui, bon.
prochaine fois qu'un de mes animaux eternuera, je viendrait te demander s'il n'a pas la rage hein?