Ils gisent
lundi 3 juillet 2017, 19:35 Un peu de recul Lien permanent
Elle gît. J'observe sa tête posée entre ses deux pattes, son corps amaigri, son poil terni. Elle m'attendait sur la terrasse, à l'ombre d'une table, incapable de bouger. Ils m'attendaient autour d'elle. Il n'y avait plus rien à dire. Pas de surprise, pas de colère, pas d'incompréhension. Simplement, la fin. Attendue.
Sur la terrasse de la maison, j'essaie d'entendre son cœur tandis que passent, indifférents, voitures et camions qui couvrent mon auscultation.
J'attends le silence. Enfin. Ni voiture, ni camion.
Ni cœur.
Il est si facile de tuer. Tout s'est, vraiment, très bien passé. C'était une bonne mort.
Lorsque je rentre à la clinique, mes pas me dirigent vers le bloc. Il est toujours là. Lui aussi, il gît. Couché sur le côté, son pansement autour du corps, on pourrait croire qu'il dort encore. Mais le concentrateur d'oxygène est éteint, le circuit est débranché. Il est extubé. Il a encore son cathéter, sa perfusion, même si elle est arrêtée. Près de son corps, deux seringues, une aiguille, posées sur le métal de la table de chirurgie. Un gant retourné. Un stéthoscope. Sous lui, le tapis chauffant qui l'a accompagné pendant toute l'opération. Une petite serviette, aussi. Au-dessus de son corps, le scialytique semble le veiller. Tout est éteint, mais les grandes baies vitrées baignent de lumière son pelage tigré, son épaisse fourrure dans laquelle, hier, encore, je plongeais mes mains lorsque j'essayais de le rassurer. L'inox de la table brille tout autour de lui. Il est resté comme je l'ai laissé, lorsque son cœur l'a abandonné : silencieux, enfin apaisé. Je regarde à nouveau la cuve de chaux sodée et les tuyaux de la machine d'anesthésie. Le scialytique. Mes témoins. Je m'assieds, et, par réflexe, je reprends le stéthoscope. L'absolu silence là où cela devrait taper, souffler, grouiller et gargouiller. Le délicieux et répugnant vacarme de la vie, contre le silence sans nuance.
Il y a deux heures à peine, son cœur battait, il se réveillait. Je le veillais depuis une trentaine de minutes, seul dans la clinique, attendant le moment où je pourrais, en conscience, le laisser. Je n'aimais pas sa respiration, je pressentais que les choses allaient mal se terminer. Accélérations cardiaques, ralentissements, régularisations, des respirations spastiques puis à nouveau harmonieuses… son cœur a finalement perdu le rythme, et il ne l'a pas retrouvé. Je pouvais bien masser et m'exciter sur mon ballon d'oxygène, mes seringues et ses tuyaux. Il ne s'est jamais réveillé. Près de trois heures de chirurgie après deux jours d'hospitalisation, pour… rien.
Pas pour rien, non : il fallait tenter. Après l'avoir stabilisé et vaincu l'état de choc, il fallait lui laisser le temps de récupérer, puis attendre que nous puissions opérer, dans les meilleures conditions. Il fallait opérer, de toute façon. Ou décider d'abandonner, et l'euthanasier. Tout arrêter ? Alors qu'il n'avait que quatre ans et que nous avions une vraie chance de le sauver ? Je me suis impliqué, je l'ai... porté. Le matin, à midi, le soir, la nuit aussi. J'ai surveillé les drains, je l'ai caressé, je lui ai donné des médicaments avant de prendre le temps de me faire pardonner, jusqu'à l'entendre ronronner. J'ai rassuré ses propriétaire sans jamais leur mentir, je savais que les choses pouvaient mal se terminer. D'autres que lui… s'en sont sortis. J'ai l'impression de les avoir trahis, en les accompagnant dans la décision d'opération, en insistant sur les chances de le sortir de là. J'ai l'impression de lui avoir fait défaut, aussi. On ne demande jamais son consentement à un animal. Et de toute façon, ils hurlent tous non, de toutes leurs forces, même si, souvent, ils font confiance. J'accepte de ne pas les écouter parce que je sais que je peux les guérir, que je peux les sauver. Je le sais. Je sais aussi que je peux avoir tort. Je joue avec les probabilités, je tente ma chance, et la leur. J'apprends l'humilité. Je ne veux pas regretter de n'avoir pas essayé, mais je ne veux pas infliger à un animal une souffrance qui ne serait pas justifiée. Drôle d'équilibre.
Depuis sa mort, je cherche. Ce que j'ai pu rater, ce que j'aurais pu mieux faire, ce que j'aurais pu décider. Je ne trouve pas de vrai mauvais choix. Pas non plus de décision justifiée mais malheureuse. Les choses ont suivi leur cours logique, nous avons bien travaillé, et il est mort. C'est tout.
C'est tout et comme toujours, c'est insupportable. Je pense à ceux qui l'aimaient, qui sont venus le voir jusqu'à l'ultime instant, pour son endormissement, qui voulaient m'entendre dire que oui, nous allions, j'allais le sauver. J'ai, nous avons échoué.
Il est tellement difficile de les sauver.
Commentaires
Comme j'ai pleuré à la lecture de ce billet...
Mon gros chat mou comme j'aimais l'appeler est mort il y a un an de cette saloperie de PKD (c'était un Persan et quand je l'ai eu, je n'y connaissais rien en maladie féline et je me suis fait avoir par l'éleveur...)
Notre véto a été exceptionnel, il n'a rien pu faire bien entendu, mais il nous a remarquablement bien accompagnés. Il a gardé notre chat sous morphine toute la journée et l'a veillé jusqu'à notre retour du travail afin que l'on puisse lui faire nos adieux en toute quiétude. En 20 ans, c'est la 1e fois que je l'ai vu écraser une larme et son humanité à ce moment-là s'est avérée précieuse. C'est bête mais je me suis dit qu'il avait traité notre chat comme le sien et ça m'a touchée, ton billet me rappelle cet instant précis.
Nous vous aimons d'essayer toujours aussi fort à chaque fois. Pour eux, pour nous, merci.
Tellement joli texte encore une fois.
Ils ne nous ont jamais trahis, une fois le pacte d'amitié signé, avec
le cœur, sans papier ou acte notarié.
La dernière preuve d'amour que nous pouvons leur donner, c'est de
les empêcher de souffrir et les laisser partir doucement, en leur
tenant la patte jusqu'au bout. Tant
de gens ne "peuvent pas voir ça" et
se cachent derrière la porte pendant que le docteur abrège
la dernière souffrance... Merci pour votre
profonde humanité pour tous les êtres vivants, même ceux à poils !
Dur, dur, certains jours de faire
ce qu'on estime devoir faire...
Merci aussi de nous faire partager
votre vie quotidienne.Cela fait du
bien de constater qu'il y a des
"humains" dignes de ce nom !
Retour de Fourrure enfin... mais dans un contexte si triste. Oui, c'est précisément cela "le vacarme de la vie conte le silence sans nuance, qui après,ne quitte plus celle que je suis qui aimait tant son double chien..
L'humanité, l'humilité,comment ne pas relever les mots si justes employés ici?
Vous avez essayé, moi je n'ai pas assez essayé.je ne suis pas pro, que c'est con.....C'est comme marcher sur un fil de vie,quel est le pas de trop? celui posé de travers quand un coup de vent fait bouger le fil? quand le déséquilibre fait que le petit détail emporte la vie?
Nos biais de décision, le fait que même un doc hyper compétent ne peut tout contrôler...Parce qu'un animal en mouvement est si beau, traversé par le flux de vie, parce qu'on ne peut pas comprendre que son temps de vie soit si court et que la nature l'ait destiné bien souvent à lutter pour survivre chaque jour, parce que souvent l'homme lui inflige souffrance et esclavagisme...
Fourrure a mal, je repense aussitôt au cheval qu'il a dû tant aimer et dont il a dû ôter la vie. Je sais que ce jour là il a porté atteinte à la sienne propre.
Pourtant Fourrure se bat encore, pour d'autres bêtes qui ne lui sont pas familières, Fourrure parfois se trompe aussi, mais il continue et sauve, sauve encore et toujours...
Combat sans sens universel puisque tout finit mal irrémédiablement et combat si précieux pour l'animal qui ne possède rien, mais rien qu'une vie...Et la consacre à aimer, même dans les conditions les pires...La bête n'a pas besoin d'accorder le pardon , la question ne se pose pas...Courir sous la pluie, courser un papillon, humer dans le vent la pluie qui s"approche, se blottir contre son maître apaisé et dormir, se réveiller tout guilleret et faire tourbillonner l'air dans la maison en faisant valser sa queue d'un air follement joyeux...
Mais voilà, un jour, il n'y a plus rien...Qu'un congélo, qu'un trou de terre ou pire...On reste là, assassiné de l'intérieur en se disant qu'il est vraiment monstrueux d'avoir tenu sous la pulpe de ses doigts tant de beauté, d'avoir pu sentir tant d'amour émanant de son corps et pénétrant le sien, d'avoir senti chaque vibration inoubliable sous sa peau, d'avoir entendu un rythme de respiration, palpé des battements de coeur, d'avoir déployé nos doigts en éventail dans un tapis de poils, d'avoir remonté chaque vertèbre une à une jusqu'à fondre notre regard dans le sien...pour la dernière fois...
Avoir espéré, avoir eu peur, avoir ré-espéré,avoir saisi la profondeur de la vie paradoxalement inutile et éphémère.
le vide...Au moins,entendre un hurlement c'est encore la vie. Sauf qu'il n'y a pas même un chuchotement.
Alors, c'est le rien, le vide...
Pourtant Fourrure va recharger son coffre, laver ses bottes et va repartir armé d'une seringue comme d'autres sont armés de fusil...Seringue qui achèvera, seringue qui sauvera...Un me^me geste pour soulager...Fourrure se penchera, se saisira du stétho et ne pensera plus qu'à cet animal, ici, tout de suite.
Fourrure sera là...Au fond, le reste importe peu...
Je partage le post de Ladyandbird et je remercie le vétérinaire qui a endormi pour toujours notre Griotte, nous avons tous en famille dit au revoir à notre compagnon de 10 ans et le vétérinaire nous a accompagné dans cette démarche avec tellement d'empathie et de compréhension, merci...
La vie est injuste et vous n'y êtes pour rien. Merci de vous battre pour eux, pour nous.
Je suis en train de rédiger mon rapport de stage et j'allais justement rédiger un paragraphe sur l'euthanasie dans la vie du vétérinaire, alors je vous le demande... Comment est-ce qu'on fait ? Comment fait-on pour garder le moral et rester fort ? Comment fait-on pour ne pas fondre en larmes chaque soir dans ce métier... ? Je l'ai choisi pour sauver les animaux, les soigner, mais la mort y est aussi omniprésente. Parfois je doute d'être assez forte...
Fourrure :
Oh la... je pense que j'apporte des éléments de réponse un peu partout sur le blog, avec les billets portant le tag euthanasie.
Je dirais que tant qu'on est droit dans ses bottes au niveau éthique - savoir qu'on pratique l'euthanasie pour de bonnes raisons, à chacun de définir son niveau de "bonnes raisons", les choses se passent bien.
C'est plus un "Web-log"
C'est une psychothérapie...
Moins chère...
Fourrure :
Tiens ça faisait longtemps que vous n'aviez commenté ! Et oui, vous l'avez déjà dit, et je vous avais déjà dit que vous aviez raison.
Profondément touchée par ce texte je me dis que nous humains, tant que nous nous posons la question "est ce que j'ai vraiment tout fait" nous sommes sur la bonne voie.
La remise en question après la perte d'un patient est fondamentale et c'est de cette manière là que nous avons la possibilité d'avancer dans nos têtes pour faire le bien autour de nous.
La mort fait partie dès que nous nous occupons d'un être. Elle est là, elle est présente quelque part en arrière plan....
Je remercie ma véto que je connais depuis des années et qui nous a accompagnés sur cette route de la mort, moi et mes animaux partis, avec toute son empathie, sa délicatesse, mais aussi son savoir et ses compétences....Parce que, malgré tout, il est aussi important de savoir pourquoi mon animal n'a pas pu survivre....
Dr Fourrure, vous êtes vraiment quelqu'un de bien.....
je suis très triste à la lecture de ce post et j'imagine vos sentiments.
Merci pour vos partages
Il y a un écho dans votre récit, entre la mort paisible mais un peu culpabilisante sur la terrasse, et l'autre, que vous envisagez comme "suppliciée" et plus dure, parce que chirurgicale.
Le supposé "supplicié" a eu sa chance et son tapis chauffant. Il est mort pendant qu'on essayait d’allonger sa vie. Le "tué" a connu sa mort un peu plus tôt que ce que la nature voulait, pour mourir calmement.
Deux décisions contraires, la mort au bout à chaque fois.
La seule chose qu'on espère d'un bon véto, c'est qu'il tente sa chance quand les probabilités sont bonnes. Ce que vous avez fait.
En aucun cas vous n'êtes omnipotent, ni seul décisionnaire, dans ces affaires de vie et de mort, et personne ne l'exige de vous.
Je lis toujours les commentaires qui suivent vos récits. Une chose me
frappe : en grande majorité, ce sont
des femmes qui les envoient. Coïncidence ? Absence de honte mal
placée en montrant des sentiments
d'empathie ? Sommes-nous plus proches
de la vie que les hommes parce que
nous pouvons la donner ? Je n'ai pas pu trancher jusqu'à présent.
Qu'en pensez-vous, vous ? Si souvent confronté à la vie, à la mort, et au chagrin des proches ?
Continuez votre blog. C'est plus que de simples récits de véto.C'est
chaque fois aussi une leçon de vie...
La mort, et sa fidèle suivante: la culpabilité... J'en déduis après nombre de questionnements que lorsque les 3 limites que sont celles de l'animal, du véto et du maître ne coîncident plus, la mort se saisit de cet espace là....Il y a toujours une faille non repérée ou non repérable qui fait qu'elle s'y glisse...
C'est vraiment le plus grand challenge qui soit que de poser le bon acte au bon moment en vue de colmater la brèche...temporairement.
Quelle bizarrerie que ce combat là...Que c'est beau de voir un animal s'en relever...Oui, si beau...
Bonjour Dr Fourrure.
J'aime votre écriture qui viens du coeur.
C'est triste mais tellement vrai , travaillant dans un refuge le plus difficile c'est d'accepter... oui la mort. Vous faites un travail merveilleux c'est beau de voir un vétérinaire aussi passionné et de nous transmettre cette passion qui nous prend les tripes.
J'ai découvert votre bouquin je l'ai acheter et je suis partie à l'alpage avec mon chien 1semaine 1/2 autan vous dire que c'était parfait comme évasion la retour était beaucoup plus difficile.
Je voulais vous remercier pour ce que vous faites et pour votre bouquin qui était une belle étoile dans mon chemin de vie comme quoi rien n'arrive par hasard :-)
Je vous souhaite une belle journée et plein de belles aventures dans votre métier que vous rendez merveilleux pour nous les patients curieux :-)
Carla
Encore un sublime texte... Je n'oublierai jamais les mots gentils que vous m'aviez répondu au lendemain de l'euthanasie de mon chat, alors que j'étais hantée par des questions. Sur un ton plus léger, et pardon d'avance pour cette irrévérencieuse question hors contexte : les angines chez les chats, ça dure combien de temps ? Et est-ce transmissible à l'homme ? (ou suis je une première mondiale ?) Car mon chat et moi sommes tous deux malades du même mal de gorge (semble t'il) et nous en avons toutes deux ras le pompon. Pardon de cet opportunisme dans mon commentaire :) Bravo pour votre magnifique blog.
"Il est tellement difficile de les sauver."
Les médecins et autres vétos sont du mauvais coté. Vos patients finissent toujours par mourir. Bon, dans le cas d'un médecin, c'est plus vrai pour un cancérologue que pour un gyneco, mais l'idée est là : quand on vient vous voir, c'est que ça ne va pas.
Vous n'avez pas vu tous les instants de bonheur qu'à vécu le chat, le chien, l'animal qui gît sur votre table. Vous n'avez pas vécu tous ses moments de joie qu'il a eu avant que la maladie ou l'âge ne l'emporte et que vous ayez le choix entre lui proposer une mort douloureuse et une mort sans douleur.
Vous n'êtes même pas dans un métier type employé d'abattoir où la banalité de l'acte finit par vous anesthésier plus ou moins. Ou dans la peau d'un fantassin qui à force de dégommer de l'ennemi à la baïonnette ou au fusil fonctionne de manière automatique. Vu que votre mission n'est pas de tuer, elle est à priori de sauver, et que malheureusement la vie implique la mort.
Je me souviens du récit d'un médecin militaire atteint de SSPT qui lorsqu'il se promenait dans une rue voyait parfois les gens marchant dans celle ci sous forme de cadavres. Trop d'heures au compteur, je suppose.
Peut-être faut-il que vous alliez voir un psy. Peut-être faut-il que vous alterniez avec vos collègues pour les euthanasies.
Tuer fait partie de votre métier comme de soigner. Et en général, lorsque vous devez tuer, c'est parce que tout a été tenté, ou presque.
Vivre c'est attendre la mort.
Quand Bastet a du être euthanasiée
notre vétérinaire a accompagné le geste bcp + humainement que certains médecins pour les humains.
Ces animaux qui accompagnent notre vie doivent compter sur nous pour les aider à franchir le pas.
J'aimerais qu'il en soit de même pour nous
@Youpi :
C'est dur, vraiment dur, pour les employés d'abattoirs. Fourrure vous dira qu'une anesthésie n'est pas un geste anodin...quelle que soit la méthode employée.
Un travail violent, brutal, en plus soumis à des cadences de malade et payé au lance pierre, a toujours des conséquences affreuses. Harcèlement, "marche ou crève" entre collègues, TMS, pêtage de plombs...
Heures au compteur ou pas !
Ca fait longtemps que je n'étais pas passée vous lire.
Et puis je repasse par là, parce que c'est votre blog et celui d'un de vos confrères qui m'ont amenée tout doucement à m'intéresser à la mixte. Que je me pose pas mal de questions mais que celle-là, j'y ai répondu l'an passé en stage rural, et cette année dans les Pyrénées : oui, je crois à ce que je fais et j'y suis bien.
Mais j'ai aussi commencé les gardes de nuit cette année et appris brutalement qu'il y a un monde entre l'école, quand on ne décide pas, quand on laisse la responsabilité au senior, et l'euthanasie que je dois évoquer à deux heures du matin, devant mes clients, mon patient, ma responsabilité. Et mes paroles, celles qu'ils attendent, celles qu'ils croient. Grosse, grosse responsabilité face à eux et à l'animal.
Mes premières gardes en canine, je n'ai pas dormi. Un peu la trouille de mal faire, et surtout les cas qu'on se "repasse" : j'aurais pu faire ci, ou ça, j'ai oublié ça, j'aurais dû lui dire ça, insister pour hospitaliser celui-là. L'angoisse passe vite, l'assurance vient, les certitudes non et c'est tant mieux : j'espère ne pas devenir tout de suite un vétérinaire bourré de certitudes.
Pour l'instant, à deux pas du diplôme, je crois toujours que mon métier a du sens.
Etrangement, ce billet me le rappelle encore. Je m'y retrouve. Et c'est fou comme cette petite constatation, toute petite constatation, permet de passer, plus ou moins vite, au-dessus des doutes qui m'assaillent à tout bout de champ.