Je veux qu'il ne souffre pas
jeudi 4 décembre 2014, 10:15 Un peu de recul Lien permanent
C'est devenu une litanie. Quand les questions deviennent compliquées, les pronostics défavorables, les diagnostics trop sombres, on me dit, presque toujours : je veux juste qu'il ne souffre pas.
Parce qu'on sait qu'on ne peut pas vraiment le guérir, que l'on peut sans doute ralentir la maladie, améliorer ses symptômes.
Qu'il ne souffre pas.
On peut choisir l'euthanasie, tout arrêter dès aujourd'hui.
Pour qu'il ne souffre pas.
Oh, non, docteur, pas d'analyses, de toute façon. Moi, je veux juste...
Qu'il ne souffre pas.
Cette litanie est parfois une fuite. Qu'il ne souffre pas, ça peut être la réponse facile. Celle qu'on ne vous reprochera jamais. A juste titre, d'ailleurs.
C'est aussi, simplement, souvent, la conclusion logique d'un raisonnement parfaitement sain, et construit : arriver aux soins palliatifs, dans le sens le plus noble de cette terme. Soulager la douleur, accompagner l'évolution inéluctable d'une maladie.
C'est souvent moi qui le précise, alors : faire adhérer le maître de l'animal à la démarche, lui rappeler que c'est la motivation finale de mon travail. Soigner, certes, guérir, de préférence, mais atténuer la souffrance, avant tout. Ne me demandez pas pourquoi, d'ailleurs. Je ne sais pas. Il est simplement inenvisageable de voir les choses autrement. Drôle de question, non ?
D'autant que nous avons vraiment les moyens de gérer la douleur et la souffrance, maintenant.
Alors pourquoi écrire ce texte ?
Parce que cette litanie, cette formule tant répétée, « je ne veux pas qu'il souffre », est la réaction normale et réflexe du maître tétanisé. Je viens de vous assommer. De vous apprendre, ou de vous confirmer – souvent, vous vous en doutiez – que la douleur, ou la souffrance au sens plus large du terme, ne disparaîtra jamais tout à fait. Alors je voudrais, que plus souvent, dans un second temps, vous vous demandiez : « qu'est-ce que je veux vraiment ? ».
Alors, dans ce second temps, une fois que l'urgence, le court terme, aura été géré, on pourra étudier toutes les possibilités. Soigner vraiment, parce que c'est la meilleure façon de faire disparaître la souffrance. Ou utiliser les bons médicaments, sans se cacher derrière de faux nez. Des anti-inflammatoires, des morphiniques, pour la douleur. Des diurétiques, des IECA, pour soulager cette insuffisance cardiaque et cet œdème pulmonaire que vous remarquez à peine. Parce que finalement, c'est souvent ça, mon problème : vous faire admettre que l'animal souffre, quand vous trouvez juste qu'il vieillit. Ou que vous n'avez rien remarqué, ce qui d'ailleurs, peut régulièrement vous vexer. On n'aime pas entendre que l'on a rien vu, et qu'on a laissé, plus ou moins consciemment, son animal se dégrader.
« Boaf, de toute façon, il est vieux, qu'est-ce qu'on peut y faire. »
On s'habitue à la souffrance. Surtout quand ce n'est pas la nôtre.
D'ailleurs, on préfère ne pas la voir, la minimiser. C'est naturel. C'est confortable.
C'est insupportable.
C'est mon boulot. Vous dire que s'il se lève difficilement le matin, c'est qu'il a mal. Que s'il pue autant de la gueule, c'est parce qu'il a des abcès dentaires, et ça fait mal. Que son otite chronique, sa maladie de peau qui ne disparaît jamais vraiment, non, ce n'est pas anodin. Que sa respiration courte et rapide, c'est un signe de souffrance.
Que oui, il vaut mieux prendre des anti-inflammatoires tous les jours de sa vie que d'avoir mal tous les jours de sa vie.
Personne ne souhaite qu'un animal souffre.
Mais qui se donne les moyens, simples, au quotidien, de lutter contre cette douleur ? De la reconnaître, de l'accepter, puis de la traiter ?
Et ne me sortez pas l'argument du prix. Oui, soigner un animal, ça peut coûter cher. Très cher. Mais au long terme, pour la grande majorité des cas, il existe des traitements efficaces et accessibles.
Bien sûr, tout ne se soigne pas, toutes les souffrances ne se soulagent pas. Et finalement, finalement, oui, on pourra finir par choisir l'euthanasie. Pour qu'il ne souffre pas.
***
Petit complément en réaction à plusieurs commentaires :
Ce billet n'est pas une critique ou une moquerie. Il est peut-être un constat d'impuissance, comme, pourquoi pas, un appel à la remise en question sur la gestion de la douleur. On s'enferme si vite dans ses habitudes et ses référentiels, que l'on soit propriétaire d'animaux ou vétérinaire. Et on est souvent obligés de se replier sur un compromis. De se demander s'il vaut mieux soigner une cause, une conséquence, si intervenir est vraiment une bonne idée ? C'est une démarche qui devrait être systématiquement issue de la confrontation et de la collaboration entre deux points de vue : celui du soignant, et celui du maître de l'animal.
Et c'est là dessus que je voulais insister : il ne faut pas simplement dire "je ne veux pas qu'il souffre". Il faut réfléchir, dans toutes ses implications, le sens de cette demande.
Commentaires
Encore un texte juste, qui appelle à réfléchir, comme tout votre blog d'ailleurs.
Ah, cet argument du "il est vieux", le meilleur moyen de laisser baigner les arthrosiques dans leur jus, en considérant que leur baisse d'activité est normale et pas due à des douleurs au moindre mouvement. Combien de propriétaires qui attendent que leur chien boite franchement pour se décider ?
J'avoue que je me suis souvent posé la question, pourquoi les gens ne voient pas leur animal vieillir, plonger progressivement dans l'inconfort puis la douleur. De la culpabilité, comme vous dites, de ne pas avoir remarqué avant. De l'évitement, aussi, l'idée folle que si on ne reconnait pas le fait, les choses vont s'améliorer toute seules. L'indifférence, probablement, pour certain. Dans tous les cas, c'est toujours difficile à gérer je trouve, convaincre le propriétaire de faire un traitement pour soulager un animal chez lequel il ne voyait aucun problème. Certains sont convaincus de suite, d'autres ne vous croient pas.
Dommage pour leur animal. :(
C'est clair, rien à dire.
C'est comme les critiques que j'ai reçu parce j'ai pris deux billets à 2000 euros pour mes chats à l'autre bout du monde. Et oui, je les assume mes greffiers et je n'ai pas hésité avec mon ancien véto.
Et ils sont en pleine forme :)
Merci de dire et de redire qu'on peut (on doit, pour moi) soigner au sens profond de ce mot ceux que l'on a pris en charge et qui sont nos compagnons de chaque jour.
Nous avons eu des chats, presque tous "tombés du ciel" pendant des années. Nous n'avons jamais hésité devant un traitement à court ou à long terme ni à demander une euthanasie le plus confortable possible et dans nos bras le plus souvent. Quant au traitement à long terme ... Cali, ma chatoune écaille de tortue, nous était d'autant plus attachée qu'elle avait été maltraitée de quasiment sa naissance à 3 ans passés. Lorsqu'on a découvert qu'elle était diabétique, la seule solution était la piqûre d'insuline quotidienne, piqûre sous-cutanée et indolore si elle est bien faite pour injecter une goutte, pas plus. La première fois ... pas facile; la deuxième ... bof ! Et puis, au bout de moins d'une semaine, elle a pris l'habitude, le matin, de s'asseoir devant son écuelle PLEINE et d'attendre d'avoir eu sa piqûre avant de manger ! Et cela a duré plusieurs années.
Mais peut-être aussi, lorsqu'on est maître et non pas soignant, qu'on ne réalise pas ce que c'est que vieillir, avant d'en être victime soi-même.
Jusqu'à 50 ans, j'ai pété la forme, en dehors de quelques sciatiques ou lumbagos dus a trop d'activités diverses. Je ne savais pas ce que signifiait avoir du mal à sauter de son lit, à grimper sur quelque chose, etc.
Et puis, depuis quelque temps, j'ai mal partout certains jours, je récupère difficilement après l'effort, un de mes proches souffre d'arthrite et un autre de rhumatismes : cela m'ouvre les yeux sur la souffrance chronique. Alors, quand il s'agit d'un animal qui ne peut s'exprimer clairement, il est parfois difficile de percevoir qu'il se passe quelque chose avant plusieurs jours/semaines. On est vite alerté par un jeune chien/chat qui vomit, est prostré... mais beaucoup moins par un animal âgé qui a juste l'air calme.
Parfois, les maîtres manquent juste d'expérience, comme les parents.
Fourrure :
C'est très juste, ça. Merci.
Beau texte, bel engagement professionnel !
Mais quelque chose m’interpelle : comment savoir ce qui est une souffrance pour l'animal et ce qui ne l'est pas ?
En médecine humaine, la phrase que tu dis est souvent décriée par les détracteurs des soins palliatifs :
"Soigner vraiment, parce que c'est la meilleure façon de faire disparaître la souffrance."
= trop souvent [de la part de proches d'une personne mourante, ou de médecins prenant des décisions unilatérales] de l’acharnement thérapeutique.
En médecine humaine, heureusement le patient, si on se donne la peine d'en parler vraiment avec lui, peut nous expliquer ce que lui considère comme une souffrance (souvent différent de ce que nous médecins aurions imaginé). Des fois les soins eux-mêmes sont une souffrance.
Pour illustrer en reprenant les exemples que tu cites (même si la comparaison n'est peut-être pas appropriée), il m'est arrivé de diminuer des diurétiques chez une personne en palliatif en insuffisance cardiaque parce qu'elle préférait être un peu essoufflée que se pisser dessus sans arrêt. J'aurai pleins d'autres exemples ou l'absence de soin (ou au moins leur diminution), alors même qu'on aurait pensé œuvrer pour le confort du patient, est la solution qui convient pourtant mieux au patient.
Malheureusement parfois le patient n'est plus apte à s'exprimer, et des directives anticipées n'ont pas été prises. A ce moment là, on a encore quelques outils +/- objectifs pour évaluer la souffrances.
Mais en médecine vétérinaire, comment évalue t'on la souffrance ?
Avez vous des outils de référence, des études sur le sujet, ou est-ce basé seulement sur votre décision d'expert en médecine vétérinaire ?
Existe t'il des formations à la médecine palliative vétérinaire ?
nb : Je sais que le parallèle médecine humaine et vétérinaire n'est pas forcément si évident. Tout ça pour dire que sont de vraies questions qui m'intéressent, pas des critiques :-)
Fourrure :
C'est vraiment une question complexe. Il faut bien sûr distinguer la douleur en tant que telle et la souffrance dans son acception la plus large.
Évaluer la douleur, c'est déjà quelque chose de difficile. On a pas mal de critères, il existe des grilles d'évaluation, mais au final, ça reste une question de perception forcément subjective. On nous forme à utiliser les grilles, pour se donner un cadre. Et après...
Pour le reste, on est obligé de se fier à ... tout. Dans le cas cité, un chien qui s'urinerait dessus en macérant dans sa pisse à cause de ses diurétiques, on chercherait sans doute à les diminuer, quitte à favoriser l’œdème pulmonaire, moins handicapant. Mais c'est notre perception de la chose.
Alors je me donne des critères de base. Est-ce qu'il mange ? Est-ce qu'il boit ? Est-ce qu'il se toilette, pour un chat ? Est-ce qu'il défèque et urine normalement ? Est-ce qu'il montre des signes d'intérêt pour son environnement ? L'avis du maître est alors primordial : c'est son animal, c'est lui qui sait, une fois alerté, nous dire ce qui est vraiment anormal.
Et puis, on ne peut pas ne pas tenir compte de la souffrance et de l'avis, au sens plus large, du maître. Peut-il gérer son animal en souffrance ? En est-il capable, ou aide-t-on juste un animal à pourrir sur pied plus longtemps parce que son maître ne sait pas gérer, quelles que soient ses raisons ?
J'ai une question stupide :
peut on vraiment toujours lutter contre la douleur?
Parce que je croyais naïvement ça et de voir ma grand mère souffrir +++ d'une cruralgie avec les médecins qui lui disent que c'est normal de souffrir et qu'on ne peut rien y faire, je me dis que peut être c'est vrai.
Mais mince si on peut soulager la douleur des chats et des chiens et pas celle des mamies...!
Fourrure :
Non, on ne peut pas toujours soulager la douleur. Pas totalement. Mais on peut toujours améliorer les choses. Même si les douleurs de type sciatique et cruralgies sont parmi les plus frustrantes à gérer. Dire que c'est normal de souffrir, de la part d'un soignant, comme "excuse" pour ne pas mieux faire, ça me donne envie de mordre.
Merci de ce beau billet, comme d'habitude, mais qui me touche beaucoup car je viens de faire piquer ma caniche de 17 ans. Et vous parlez de soins palliatifs, j'ai connu pour ma femme à 50 ans il y a quelques temps c'était son chien. Et bien sûr qu'on s'interroge, qu'on la tiré le plus possible cette caniche, ramené plusieurs fois de la limite avec les perfs, les médicaments en continu etc. Et elle a sans doute gagné 2 ans sans souffrir me semble-t-il. Et là, son cancer s'était généralisé, elle ne pouvait plus marcher, plus se coucher, presque plus manger.
Pas facile à décider. C'est là aussi que votre rôle et celui de vos collègues est important, pour aider le maître à ne pas aller trop loin.
Dr Fourrure,
Vos billets sont de plus en plus mornes et tristes.
Prenez soin de vous...
Bonjour,
Très bon texte et commentaires pertinents, c'est ce qui fait l'intérêt de ce site. La souffrance animale est souvent la conséquence de l'ignorance. La pédagogie est essentielle. Quant à la souffrance de nos compagnons en fin de vie, notre amour est parfois égoïste. Parce que je n'ai pas pu faire le bon choix, mon chien est mort dans mes bras. Ce n'était pas une mort paisible. Jamais je ne me pardonnerais cette erreur. J'espère juste ne pas manquer de discernement la prochaine fois, mais comment en être sûre ?
Pour ajouter à la réponse faite à l'Arnal.
Je pense qu'il est aussi essentiel de prendre en compte la souffrance du propriétaire: est-ce que lui peut vivre/gérer/ médicaliser son animal malade? Est-ce qu'il est trop malheureux d'accompagner ou au contraire, il s'investit et s'adapte à la situation? Est-ce qu'il a le temps, la force physique ou morale, un logement et mode de vie adaptable?
Chacun a son seul de tolérance: Minou et Horatius décrivent très bien leurs seuils respectifs. Dans ce cas: on médicalise en restant vigilant au moment où le propriétaire ne peut plus gérer. On accompagne, on se base beaucoup sur les perceptions du propriétaire.
Parfois le client ne VEUT pas investir (argent, temps) dans les soins à son animal. "Je ne veut pas qu'il sooouffrrreeee" est l'argument sensé vaincre toute tentative de diagnostic, soins etc en donnant bonne conscience. C'est beaucoup plus rude pour le véto: accepter une euthanasie alors que des soins existent? On se dit que l'animal ne sera pas soigné à la maison et souffrira, ou on se dit qu'on est pas là pour faire le sale boulot. Malheureusement, ici, la mesure de la souffrance de l'animal est vraiment secondaire.
Aussi, il existe des personnes qui trouvent absolument insupportable de voir souffrir leur animal. Tellement insupportable que ça pourrait leur faire prendre de mauvaises décisions ;)
Mon chien s'est fracturé l'ulna en 4 morceaux le 01 octobre dernier, il a fallu l'emmener le lendemain à 150 km de chez nous pour le faire opérer. Alors que le chirurgien tentait de m'expliquer le protocole, je lui ai juste dit "dîtes moi où signer et mettez le sous morphine".
Tout ça pour dire que ce n'est pas toujours une façon de se cacher derrière une "excuse"...
Le mois dernier, le toutou de ma Mére, 12 ans souffrant de morbus coching. Notre véto en vacances bien mérité et le chien va mal. Il nous fallait 4 jours, 1 cabinet véterinaire refusant la prise en charge médical m'envoyant à une clinique véterineaire où à part une analyse sanguine et le test de morbus cushing (400 euro) et garder le chien 2 jours sans le soigner (bilans hépatique catastrophique, glycemis à 6 gr, ne mangenat plus et vomir son eau mais pour la clicnique tout va bien, le chien vivra encore quelques années), le jour suivant (soit Nr3), il s'éffondre dans le jardin et n#arrive plus à se lever et nous allons cossulter un autre véto libéral Nr3 (lui nous informa du bilan sanguin catastrophique du chien, ce que la clinique n'a pas fait sauf pour le foie, problement bien connu). Lui enfin accepta à envisager l'euthansaie du chien, qui fut au bout du rouleau, mais ma mère suite à l#espoir de la clinique tenta de le soigner avec mise en garde que le chien peut être amener à être euthanasier les jours suivants. Au fond, le jour suivant, le chien s'est mis à vormir du sang et le véto de service, par téléphone, me conseilla de me rendre à la clinique (véto Nr4) de service et là, en plus de tout le reste il n'arivait plus à bien respirer. Résultat: l'euthanasie au bout de 4 jours où j'avais su qu'on y arrive à cela. Mais le véto trouvant que le chien marche sur ses patte, il est en bonne santé donc refus de mettre fin. Ce que je déplore là dedans est que le chien a eu une fin de vie en souffrance qu'on aurait pu lui éviter, l'espoir rendu à ses maitres (c'est le plus horrible qu'on puisse faire à un maitre aimant son animal) et ensuite presque 1000 euro pour rien! D'ailleurs, essentiellement cela se fait par une certaine catégorie de véto (ici en Allemagne) pour augmenter le CA, donner de l'espoir et seulement reculer ce qui est dès le debut clair.
Parfoir, le maitre voit clair mais le professionnel refuse.
Je lis les billets depuis longtemps sans jamais intervenir mais là... l'euthanasie est avant tout une question de confiance avec son vétérinaire... Quasi tous mes chiens, chats ont été euthanasiés parce que justement, je ne voulais pas qu'ils souffrent. Qd, à l'issue des soins, pour certains qui ont duré plusieurs années, le vétérinaire me dit qu'il n'y a plus rien à faire, je lui fait confiance. La décision, pas forcément immédiate, est plus facile à prendre. Il peut encore soulager le chien ou le chat, mais comme je connais bien mon animal, je "sais" si le moment est arrivé et je n'ai jamais eu un regret après avoir pris l'ultime décision. Actuellement,j'ai une chienne de 13 ans en fin de vie, opérée d'une tumeur cancéreuse il y a plus de 3 ans. Pour sa race, elle est vieille, très vieille... se déplace avec lenteur, se fatigue très vite, mais est toujours partante pour une sortie, a bon appétit... tant que cela durera, elle sera à mes côtés. Le jour où elle ne pourra plus se lever, cela sera la fin... avec l'accord de son vétérinaire traitant qui m'en a déjà parlé...
Bonjour Fourrure
Je vous lis régulièrement, je trouve vos écrits toujours très justes et bien posés, mais aujourd'hui, j'avoue que ce fil m'a mise mal à l'aise, pourquoi je ne saurai trop vous dire ... enfin si, je crois
J'ai moi aussi un petit vieux de 11 ans, xmalinois, que j'ai adopté en SPA quand il avait 3 ans.
En plus de ses problèmes comportementaux que j'ai pu améliorer très efficacement, mais par un long travail avec un comportementaliste canin que je remercie, il s'est révélé qu'il était dysplasique des 2 hanches,D et E, confirmé par radio.
Le véto qui a consulté un collègue plus pointu dans ce type de pathologie, m'a déconseillé l'opération et a privilégié la médicamentation. Il est véto, pas moi, j'ai suivi son conseil.
Donc, depuis ses 3 ans pratiquement, mon chien est sous Locox, d'abord en cure, puis journellement. Parfois, nous passons sous Previcox quand l'inflammation le fait trop souffrir, quelques temps, puis cela s'améliore.
Depuis quelques temps, j'ai remarqué que mon chien s'affaiblissait et peinait à se lever, parfois il venait à tomber en descendant les quelques marches pour sortir de chez nous, il peinait aussi pendant les balades.
J'ai raccourci les balades, je suis repassée au Prévicox, aucune amélioration notoire ... et je voyais bien mon chien souffrir, dans ses yeux, dans son calme anormal, dans ses allures.
Bref, je suis allée chez un véto de garde, le mien étant absent et là, quelle a été ma première demande : mon chien souffre, je ne veux pas qu'il souffre, aidez-moi !
Jamais, je n'ai songé à une euthanasie, je ne l'ai même pas envisagé une seconde ... mais, M. le véto, aidez-moi, je ne veux pas qu'il souffre
Palpation, auscultation et oui, c'est sa dysplasie qui se manifeste plus méchamment : M. le véto, aidez-nous, je ne veux pas qu'il souffre !
Le véto lui prescrit du Rimadyl 100, me prodigue des conseils que je suivais déjà (mon chien est dysplasique depuis longtemps donc j'applique les consignes : pas de saut, de l'exercice pour maintenir sa musculation, de la natation en été...)
M. le véto : je fais tout çà, mais cela n'attenue pas ses douleurs
Il me conseille d'essayer 1 Rimadyl tous les 2 jours. Je pars avec mon chien et le médicament et je dois revenir dans quelques jours pour donner des nouvelles.
Le Rimadyl un jour sur 2 ne suffit pas, je passe donc à 1 par jour en plus du Locox quotidien.
Je précise bien sur que mon toutou est suivi pour surveiller ses reins et son foie, je sais que les anti inflammatoires peuvent faire des dégâts.
Et j'ai acheté un rehausseur de gamelles pour qu'il n'ait plus à se baisser trop pour manger, j'avais remarqué qu'il s'affaissait aussi pour cela. J'ai mis au rancard sa corbeille en plastique de laquelle il n'arrivait plus à s'extraire qu'avec peine, je l'ai remplacé par un Vetbed sur lequel il est bien mieux.
Aujourd'hui, il est mieux, mais je sais qu'il faut le ménager.
Si ses douleurs reviennent, il faudra m'a t-il dit songer à la cortisone, voire au-delà à la morphine.
Mais moi aussi, j'ai débarqué chez le véto avec ma grande détresse : je ne veux pas qu'il souffre
Cette litanie peut être tout à fait sincère et sans arrière pensée ou si, simplement, le fait d'espérer de l'aide
Fourrure :
Ah, je crois que j'ai été trop négatif dans mon post.
Me voilà soulagée par les nombreux commentaires qui mettent en relief la difficulté pour le propriétaire à savoir ce qui vaut mieux, parce que je commençais à me sentir coupable.
Ma minette pue de la gueule, j'ai vérifié que c'était pas une IRC, la véto qui a pratiqué le dernier détartrage m'a dit que c'était un problème de gencives. Je pourrais envisager un traitement ... sauf que ... cette minette est très sauvage et extrêmement émotive : tout traitement devient un drame pour elle. Par ailleurs elle sort, joue, fait sa toilette, mange de bon appétit, fait de gros câlins ... bref est en pleine forme. Alors, pour "soulager" une douleur qui apparemment n'est pas handicapante, causer une détresse réelle ? En accord avec la véto, j'avais décidé de ne rien faire.
Et voilà votre billet qui m'incite à penser que je suis une horrible égoïste, même pas capable de faire avaler un cachet à mon petit fauve.
Et voilà des commentaires, qui rappellent que tout n'est pas si simple. Et voilà que vous les approuvez.
Alors un double merci à vous (pour la mise en question et pour la reconnaissance de sa complexité) et merci à vos lecteurs si réactifs !
Mon chat âgé de 9 ans a commencé par des diarrhées soignées par du riz et du poulet, sans résultat. Alors a commencé une batterie d'examens tous plus coûteux les uns que les autres, jusqu'à une laparotomie avec biopsie, pour m'annoncer un cancer des surrénales et un lymphome digestif.
Donc médicaments de chimio et contrôles vétérinaires une à deux fois par mois, avec piqures d'antiinflammatoires, bilans sanguins, etc.. Accessoirement, en passant, le véto me signale un souffle au cœur, mais privilégie le traitement des cancers, donc rien pour le cœur. Mon chat traumatisé par ses traitements et visites véto a développé un comportement anormal en faisant ses besoins hors la caisse, et même sur le lit. Ceci a duré plus de deux ans, pour m'entendre dire finalement par le véto qu'il n'y avait pas de cancer, puisque pas d'évolution. J'étais contente, mais aussi très en colère de tout ce qu'avait subi mon chat. Puis un jour, il a fait une uvéite (œil en sang) retour véto qui m'annonce hypertension, et se décide enfin à le traiter pour le cœur. Malheureusement trop tard. Mon chat est décédé peu après de son souffle au cœur et non pas du cancer. Il a beaucoup souffert pendant trois ans, et le vétérinaire à qui je faisais confiance s'est bien rempli les poches (7000 à 8000 € sur la période, médicaments inclus), mais quand on aime on ne compte pas. Je m'en veux énormément de ne pas avoir pensé à demander un autre avis, et je hais ce docteur, soit incompétent, soit mercantile, ou les deux. C'était ma deuxième mauvaise expérience. J'ai eu une chatte il y a une vingtaine d'années qui avait du sang dans les selles, et avait perdu beaucoup de poids. La clinique vétérinaire où je me rendais très régulièrement persistait à me dire qu'elle n'avait rien, donc aucun traitement ni examen. Là aussi, j'aurais dû aller voir ailleurs, mais je suis allée au plus près de chez moi ne conduisant pas. Pour finir, ils se sont décidés à la garder et elle est morte sur la table d'opération où ils ont enfin trouvé un cancer des intestins.
Alors à qui se fier ?
Merci encore une fois pour ce post qui amène à la réflexion.
Petite anecdote perso :
Mon chat (croisé american curl) récupéré de la rue fait des otites chroniques mais ne montre pas du tout qu'il souffre.
Je me suis donc retrouvé la derniere fois chez le vétérinaire pour une oreille qui saignait (à force de gratter..) parce que le serum s'évacue pas.. 'fin bref.
Je me suis sentie tellement mal (genre maitresse indigne) quand le vétérinaire m'a dit que c'était dans cet état la "depuis plusieurs semaines"
Des fois on aurait envie qu'ils nous parle et nous disent... Depuis j'essaye d'être vigilante.
Bonjour, beau texte comme d'habitude. Par contre je m'étonne que les réactions viennent surtout de proprios d'animaux de compagnie. Je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que la compassion est bcp plus grande pour eux que pour les chevaux. Combien de chevaux qui souffrent n'ai-je pas vu devoir travailler malgré tout, les 'boiteux qui n'ont pas mal' et qu'on monte quand même. Tous ceux qui ont mal au dos sans que personne ne s'en préoccupe sauf pour leur mettre une 'trempe' pcq ils n'arrivent plus à faire leur boulot correctement. N'oubliez pas qu'un cheval qui souffre ne crie pas, ne pleure pas, le plus souvent il subit. Ecoutez aussi vos chevaux quand ils souffrent ... merci pour eux
Bonjour et merci ! Si le billet me laisser pensive, je remarque, à la lecture des réponses, qu'il y a des interprétations très différentes de ces propos.
Etant justement en plein questionnement au sujet de l'euthanasie ; je pensais trouver des pistes, des chemins, mais je suis finalement encore plus perdue ... chaque chose en son temps.
Votre humilité vous honore et votre écriture est magnifique.
Bonne journée
Je suis tombée par hasard sur votre blog ce midi, et depuis je lis vos articles.
Merci de partager ces moments de votre quotidien.
Ça nous remet les idées en place à nous, les propriétaires d'animaux en tout genre !
Bonsoir,
Oui au traitement et à son coût, oui aux inconvénients de la maladie, oui à l'angoisse que la maladie provoque chez le maître dès lors que la qualité de vie de son animal est préservée. Dans le cas contraire, il faut le soulager par l'euthanasie : c'est aussi le rôle du maître. Ma chienne a une cardiomyopathie dilatée depuis des années ; il y a 2 semaines, j'ai voulu faire un bilan : prise de sang normale mais radio alarmante... Pourtant, elle a toujours envie alors OUI, moi aussi.
Merci de rappeler que posséder un animal est une responsabilité et qu'il nous revient d'essayer vraiment.
Bien à vous.
La douleur..Humains ou animaux, c'est quelque chose de si délicat à traiter. Même lorsqu'on peut parler, on ne nous croit pas forcément, alors lorsque la parole n'existe pas, heureusement qu'il y a des gens comme toi, dont c'est le métier..
j'ai lu votre texte avec attention et je le trouve très pensé et élaboré. De plus je tiens à ajouter que les propriétaires s'identifient par fois à leur animal, et le fais qu'il ne puisse pas parler ou se plaindre les met dans une certaine union avec l'animal. C'est pourquoi la première chose qu'ils disent est le ''je veux juste qu'il ne souffre pas''. C'est un peu de la transposition d’émotion.
Bonjour, merci pour le partage!La question relative à la santé des animaux est une question très complexe. Certaines personnes ont tendance à être toujours pessimiste lorsqu'elles voient leurs animaux souffrir et n'arrivent plus à supporter qu'ils soient dans cet état parce qu'elles veulent juste qu'ils ne souffrent pas.
Avant que notre ami blogueur ne publie un nouvel article, je me dépêche de répondre à Tara.
Vous avez raison, Tara : il faut toujours demander un autre avis, surtout en cas de grosse panique ! Hélàs, c'est bien souvent au détriment du bien-être d'un animal aimé que nous avons appris cette leçon.
On peut aussi s'informer auprès de voisins de confiance, ayant des animaux : dans les années soixante-dix, on s'échangeait des adresses de bons psys, à présent on s'échange des adresses de bons vétos ;)
Cette phrase, je l'ai dite il y a quelques années maintenant. J'avais adopté, un an plus tôt, dans un refuge. Une chatte en or, une chatte qu'on m'avait dit avoir 6 ou 7 ans (moi je voulais un jeune chat, mais comment lui résister, finalement, alors même qu'elle avait sûrement encore le double d'années devant elle?) Elle a passé un an et demi avec moi, j'aurais dû voir les choses venir, j'ai été naïve. Elle perdait ses moustaches. Moi qui ai toujours eu des chats, j'aurais dû m'en douter. Un an et demi plus tard, donc, ma minette s'amaigrit, semble souffrir en allant à la caisse. Ni une ni deux, c'est la case vétérinaire. Je suis un peu affolée, je viens de déménager, je ne connais pas l'endroit, je vais chez celui à deux rues de chez moi. Je ne regarde pas comme je le fais maintenant les avis sur internet et les forums sur les praticiens. Il ausculte ma chatte. Première claque : elle a 12 ans environ, vu les dents. Seconde claque : c'est les reins. Je bredouille que je veux juste pas la faire souffrir inutilement, qu'elle a assez eu de douleurs dans sa vie. Le véto me fixe, me rit presque au nez, l'air méprisant, me balance à la figure un "on va d'abord la soigner hein." C'est lui le véto. j'aime mon chat. Il me parle à peine de ce qu'il va lui faire, il est question de ponctions lombaires. Trois. Sur trois jours. Premier jour, je ramène mon chat après une matinée chez le véto : elle est stressée mais semble mieux. J'ai peur. Je la ramène le lendemain, même topo. Je la ramène, très faible, elle bouge peu, semble exténuée. J'hésite. J'ai peur. Mais c'est lui le véto. Je sais pas, moi. Alors je la ramène. Troisième jour. Je la récupère pour la dernière fois. Elle n'a pas la force de lever la tête et bave quand je la récupère. Il me demande plus de 300€, moi qui n'avait rien, pas un rond, me refourgue de la nourriture hyper-protéinée en, quantité industrielle. Je suis trop choquée, je paye, je pars. Il me dit, narquois, d'attendre de voir un jour ou deux si ça va mieux.
Rentrée à la maison, je regarde mon chat agoniser dans mes bras. Elle est morte tout doucement dans la nuit. Je voulais pas qu'elle souffre. Elle a souffert.
On a tué mon chat, mais pas de la manière dont j'aurais voulu qu'elle puisse partir...
Réflexion intéressante. Quelle dommage que la plupart des gens ne pensent pas à l'appliquer aux animaux que nous mangeons. Si la mort d'un animal souffrant vous semble injuste et difficile ; que dire de la mort d'un animal qui ne souffre pas, ou dont la souffrance a été infligée intentionnellement ?
Fourrure :
Vous commentez à côté du sujet du billet, contrairement à votre autre commentaire. Ce n'est pas la mort de l'animal souffrant qui est ici le sujet : c'est sa souffrance, et la difficulté à l'appréhender. Le prosélytisme ne fonctionne que s'il est pertinent.
Très intéressant votre billet, merci.
Je me permet de vous poser une série de questions : que choisir entre donner des anti-douleurs (est-ce masquer le problème et se voiler la face?) ou choisir l'euthanasie, certes radicale mais qui fait que l'animal ne souffre plus.
Comment savoir si une douleur peut-être "supportable" et mériter qu'on s'accroche à la vie de son animal? Comment savoir si ce n'est pas juste de l'égoïsme, qu'on est incapable de voir partir notre animal, par notre choix.
Ces questions me taraudent, j'ai mon chat qui a été diagnostiqué d'une tumeur de 1,5cm à l'hypophyse. Inopérable et très douloureuse d'après le vétérinaire qui a fait le scanner. D'après lui, il faudrait opter pour l’euthanasie de ma chatte ragdoll de 12 ans. Elle souffre et je vois certains symptômes (ne ronronne plus, fait des rondes dans l'appartement, sursauts des pattes ou de la tete) et en même temps, je la vois s'endormir paisiblement dans nos bras, sans agitations aucunes, je la vois jouer avec notre chienne, je la vois réceptive aux grattouilles sous son menton... donc que faire... que choisir ?
Je pense déjà échanger avec mon vétérinaire, savoir son opinion sur la gestion de la douleur. Merci pour votre billet
Fourrure :
Il est toujours très difficile de répondre à cette question. Et nous nous la posons souvent. J'aurais tendance à dire que tant que les comportements de base sont conservés (alimentation, toilettage, jeu, recherche de caresses etc) pas "trop" de soucis. Mais c'est très discutable.
Si, les soins, les examens et encore pire, l'euthanasie et la crémation ont un prix. Et c'est honteux. J'ai une chienne mourante et c'est malheureusement arrivé pendant le pont de l'ascension. J'ai appelé de nombreux vétérinaires de garde. Les tarifs allaient de 300 à 600€, sans récupération des cendres. Je travaille pourtant, mais je n'ai pas les moyens, dans le contexte de crise actuel de perdre mon chien ET mon PEL! Mon vétérinaire roule en Porsche Cayenne. Moi, j'ai tenu ma chienne dans mes bras pendant 5 jours. Je l'ai portée dans le jardin pour qu'elle fasse ses besoins, je l'ai entendue tousser à s'en décrocher les poumons. J'ai souffert avec elle et pleuré pendant 5 jours. Alors, cher vétérinaire, vos prix sont abominables. Ils nous culpabilisent en plus quand nous n'avons pas les moyens de lâcher 600€ comme ça. J'ai adopté mes 2 chiennes. Elles étaient abandonnées. J'ai maudit ces gens capables de tels actes. Mais je me suis vite aperçue que les tarifs que vous appliquez en sont largement responsables.