Tu les vois mes granules ?
lundi 24 octobre 2011, 21:29 Vétérinaire au quotidien Lien permanent
Dans mon imaginaire, à l'école véto, l'éleveur bio était assez jeune, avec des locks, une plantation suspecte dans le bois derrière la maison. Je le voyais en même temps plutôt technique, choisissant ce mode d'élevage non seulement en réaction avec un système qui le défrise, mais aussi pour privilégier une certaine qualité, pas forcément tant sanitaire que "gustative" de ses produits. Attaché au bien-être animal. Plutôt rétif à toute intervention extérieure dans son élevage.
Aucun éleveur bio de ma clientèle ne cadre vraiment avec cette caricature. Certains ont une soixantaine d'année. Aucun n'a de locks. J'en suspecte au moins un ou deux d'avoir des plantations bizarres, mais bon, ils ne sont pas les seuls. Certains sont "techniques", m'enfin sans plus. Certains carrément pas : ils regarderaient plutôt pousser leurs vaches comme des pissenlits dans les champs. Pas forcément avec de mauvais résultats, d'ailleurs. Certains sont très demandeurs de conseils, appellent beaucoup, apprécient la discussion, demandent de l'aide pour des coproscopies avant vermifuge éventuel, ce genre de choses. Pas une grosse source de boulot pour moi, mais après tout, l'élevage n'a pas pour finalité de me faire vivre. "Mes" éleveurs bios peuvent se sentir concernés par le bien-être animal, ou pas plus que ça. Certains sont très fiers de proposer des produits de grande qualité, d'autres s'en foutent.
J'imaginais aussi que tous les éleveurs bios votaient à gauche, ou vert. Je ne m'attendais pas du tout à travailler avec un bio de droite. De très, très, à droite. Militant, même. Soutien inconditionnel du père. De la fille, je ne sais pas. Très mécanisé, très technique, très bio, bien plus que ne l'imposent les normes actuelles. Avec, par ailleurs, un gros troupeau, des bêtes magnifiques, des terres très intelligemment exploitées (pour autant que je puisse en juger). Je vais très rarement chez cet éleveur, vu qu'il pense à peu près tout savoir faire, ou qu'en tout cas je ne ferais pas mieux que lui. Nous ne nous voyons en général qu'une fois dans l'année, pour la prophylaxie. J'essaie à chaque fois d'y aller moi-même, car je sais que nous allons nous engueuler pendant 4 ou 5h à chaque fois.
Enfin, nous engueuler, ce n'est pas vraiment le terme. Disons : débattre. On trouve toujours un sujet. Pas la politique, on a déjà donné la première année, et botté en touche. On n'en parle plus. Non, on discute plutôt sur mon terrain, l'aspect sanitaire et médical de l'élevage. Parce que le bonhomme a des idées très arrêtées sur ce sujet là aussi. Il a son gros bouquin d'homéopathie, un net penchant pour les fleurs de Bach, et une tendance à considérer que si un truc a marché une fois, ça marchera à chaque fois, et que si ça ne marche pas, c'est la faute à... quelque chose. Ou quelqu'un.
Parce que le gars est adepte des théories du complot, en plus.
Et il sait que j'adore ne pas être d'accord avec lui. Je crois qu'il aime ça aussi. Alors nous débattons. Un des deux prononce une bonne grosse énormité caricaturale, l'autre bondit, chacun argumente, cède du terrain pour mieux en reprendre. Il parle de plus en plus fort, et moi de plus en plus doucement. Les vaches défilent les unes après les autres, et la prophylaxie se termine en général au bout de deux ou trois "sujets". Jusqu'à l'année suivante.
Il y a deux ans, pour la vaccination contre la fièvre catarrhale, il avait regroupé tout son troupeau dans un parc plutôt serré, histoire de faire passer vaches et veaux dans le couloir de sortie où je vaccinais et prélevais. Le parc était trop serré, vraiment. Il ne voulait pas décomprimer tout ça en ressortant une partie du troupeau. Le souci, c'est que les veaux se retrouvaient sous les pattes des vaches, là où ils pouvaient, et qu'il est arrivé ce qui devait arriver : une vache s'est couchée sur un veau d'environ 100kg, heureusement en bord de barrière. Pas moyen de faire relever la bestiole : d'autres vaches lui tombaient quasiment dessus. Et dessous, le veau devenait violet. Nous avons tiré le bestiau à trois : mort. Je l'ai intubé, massé, j'ai injecté mes analeptiques, et, coup de bol, je l'ai ressuscité. L'éleveur a ensuite plastronné pendant deux heures sur le veau qu'il avait relancé en lui collant ses foutues fleurs des Bach dans la bouche. Autant dire que mes réponses ont été acides.
Cette année, nouveauté, il m'appelle pour une vache "qui a une infection de l'utérus". Arrivé sur place, j'apprends que la bestiole a vêlé huit jours plus tôt, qu'elle a eu un renversement de matrice (comprenez : après le vêlage, l'utérus s'est retourné dehors comme une chaussette), qu'il l'a remise tout seul, mais 24h après, et apparemment pas trop bien puisque la vache l'a ressortie 6h plus tard, qu'il l'a reremise, et que voilà. Il ne m'écoute même pas lorsque je lui dis gentiment qu'il ferait mieux de m'appeler pour des trucs pareils, parce que l'utérus n'a pas à ressortir s'il est bien remis en place (enfin, la plupart du temps). "Mais il y a deux ans c'était arrivé, je l'avais remis, et pas de souci !" Je lui explique aussi que si l'utérus est resté 24h dehors, il a largement eu le temps de s'oedematier, la muqueuse de se lacérer, et les microbes de s'installer confortablement. Et qu'en plus si il n'a pas désinfecter tout ça avant de le remettre, il est normal que ça fasse une putain d'infection ! Vérification faite, il y a une bonne péritonite associée, et la vache risque donc très fortement d'y rester.
"Mais je lui ai donné des granules !"
Les granules. Homéopathiques, donc. Bon. Du sucre avec une "marque" ou une "essence" de quelque chose qui pourrait avoir un rapport symbolique avec l'infection ou l'inflammation. Parce que c'est de ça qu'il s'agit, hein. Hop, telle plante est réputée être bonne contre l'inflammation, ou alors tel truc est au contraire, très inflammatoire, alors avec la théorie des similitudes et ce genre de chose, on se dit que ça doit être bon, on dilue le truc un max (10CH ? 10 fois une dilution au centième, comme si on diluait un dé à coudre d'alcool dans 100000000000000000000 mL d'eau, soit 10000000000000 mètres cubes, soit 100000 kilomètres cubes de flotte - pour info, il y a 89km3 d'eau dans le lac Léman (si j'ai fait une erreur de zéros et que vous voulez recompter, signalez le moi). Je n'ai rien contre la médecine par les plantes, hein. Il y a des molécules très actives, dans les plantes. Mais l'homéopathie, non. Je veux bien croire qu'un homéopathe obtienne d'excellents résultats avec ses patients humains, notamment via l'effet placebo (et je ne suis pas du tout moqueur en disant ça), et que nombres de maladies guérissant toutes seules si on attend un peu, on a même des "résultats" en médecine vétérinaire. Mais il y a des limites.
Bref. Je sens que je vais encore me faire des amis.
En plus, il n'y a aucune logique dans sa pratique homéopathique. Il a un gros bouquin sur le sujet, il a retenu deux ou trois "recettes", enfin des préparations commerciales toute faites, elles ont "marché" une fois, et il les utilise du coup comme des incantations.
Là où je suis content, c'est qu'il m'a écouté. Et son fils encore plus - vu le caractère de son père, il ne doit pas souvent voir quelqu'un lui tenir tête.
Là où je suis moins content, c'est que malgré le lavage utérin, les anti-inflammatoires et les antibiotiques, la vache a peu de chances de s'en sortir. La péritonite va probablement lentement gagner du terrain, elle va sans doute décliner, et mourir.
J'espère qu'il ne me sortira pas un truc du genre "vos antibiotiques n'ont pas mieux marché que mes granules". Parce que là, j'ai préparé le terrain. Je lui ai dis que le traitement démarrait trop tard. Que les antibios, c'était au moment de l'accident qu'il fallait les utiliser, pas quand la fibrine commençait à noyer la masse intestinale. Que la vache avait très peu de chance de s'en sortir. Il m'a écouté, mais...
On verra bien.
Commentaires
Ben là, j'ai qu'une chose à dire... Bon courage ! Faut l'avoir la patience pour continuer à discuter avec ce genre de personnes, c'est souvent désespérant.
Fourrrue :
Désespérant ? Non. Plutôt stimulant. Il est intelligent, ses choix sont raisonnés, parfois sur de mauvaises bases. Il n'accepte pas une affirmation sans explication, et il a du répondant. Pour le convaincre, il faut être sacrément carré, et cela oblige à beaucoup de rigueur !
Bon, ok !
C'est ce qui transparaît dans le début du billet, mais vers là fin on a plutôt l'impression que quoi que vous fassiez ou disiez, il trouvera toujours assez de mauvaise fois pour vous donner tort, c'est pour ça que cela me semblait désespérant. Toutefois, j'imagine que si vous lui prêtez cette estime, c'est qu'il doit tout de même être capable d'admettre son erreur quand il en commet une :)
Méa Culpa Monsieur l’éleveur Bio
C'est le cas de beaucoup de personnes têtues qui sont sur une ligne de conduite et qui ne veulent pas en démordre !
Je le sais j'en suis une ! MDR
Mais je reste, un peu comme votre client/patient, ouvert à la discussion !
J'adore vos zéros. Je ne les ai pas recomptés. Un de plus, un de moins, on s'en fiche, à ce niveau.
Je vous suis à 100% sur la phytothérapie et l'homéopathie : intérêt de la première, avec le risque inhérent au dosage des substances, et pour la seconde, ben... Un petit lien pour réfléchir autrement : http://www.charlatans.info/index.ph... .
Il est un peu concon votre bouseux, non? Ne vous méprenez pas, c'est affectueux.
Perso, j'aime bien me faire soigner avec la phyto, l'homéo et les fleurs de Bach. Mais si je me blesse sérieusement, saigne de manière inexpliquée ou ne peux plus sortir de mon lit terrassée par quelque chose de plus sérieux que la flemme, je vais voir mon doc. Tout de suite. Il lui arrive de me donner des granules, lui aussi. Cela me rassure : c'est que je ne suis pas bien malade!
Les ayatollah, de toute obédience, doutent si peu qu'ils se foutent pas mal de faire souffrir autrui, qu'il s'agisse d'humains, d'animaux ou de plantes. Au nom de leur grands principes. On n'en est toujours là, hélas.
@zygielle : c'est amusant de voir que ce site web est farci de publicités via google, publicités pour tout ce qu'il dénonce justement....
Pour le reste, j'utilise assez régulièrement l'homéopathie, pas uniquement avec des éleveurs bio d'ailleurs, et dans certains cas, ça fonctionne (peut-être que ce serait pareil sans rien, mais peut-être aussi qu'en temps normal on aurait mis sous antibiotiques et obtenu le même résultat, donc à choisir... )..
En tout cas, c'est toujours plus intéressant d'échanger avec un bio "par conviction" plutôt qu'un bio par "intérêt financier" qui aimerait bien qu'on lui donne l'équivalent de la "guérimycine" en homéopathie... (c'est du vécu...)
Je me marre, pas pour la vache, mais pour la démonstration à multiples zéros, que j'ai entendue il y a 15 ans de la bouche de mon frère, alors étudiant en pharmacie... ;-)
Dans la majorité des élevages bio que j'ai pu suivre, l'état sanitaire et le bien être animal étaient très en dessous du standard de la région ! Avec cependant certains élevages bio qui était très au dessus de la moyenne. En bio, on retrouve souvent les 2 extrèmes sans avoir de moyenne.
@Caroline : oui, c'est assez rigolo de cliquer sur les liens et de tomber sur des pubs qui vont précisément à l'opposé de l'argumentaire ! Mais je trouve intéressant de pouvoir lire des avis qui démontent des croyances, trop souvent présentées comme des vérités, surtout sur internet. Cela ne veut pas dire que je cautionne tout ce qui est écrit ! Sinon, on peut lire travaux de Henry Broch, le fondateur du laboratoire de Zététique.
Ceci dit, vive le bio, mais un bio qui allie réflexion et éthique.
Très bon post. Merci.
(J'ai essayé de plus développer mon commentaire, mais c'était pas top... Tant pis, je laisse juste le plus important !)
La différence entre le bio et l'écolo, c'est que le bio vise la santé de l'être humain... l'écolo vise la conservation de la nature. C'est en tout cas la conclusion à laquelle je suis arrivée en voyant des haricots verts du Kenya arriver sur les étals de mes commerçants bio.
Donc faut pas tout mélanger. Il semble que tant que la vache meurt saine, y a pas mort d'homme.
Bonjour, le titre du post m'a bien fait rire! Même si je prends de l'homéopathie, pour le stress ou le rhume, enfin le "pas grave ça va passer". Par contre je n'en donnerait pas à un animal : si il va pas bien, c'est sûrement pas des granules qui pourront l'aider... Parfois les gens sont à la fois drôles et navrants! Merci pour vos articles en tout cas.
Huhu.
"l'utérus n'a pas à ressortir s'il est bien remis en place".
Merci pour cette idée (que vous assénez à vos lecteurs éleveurs. Qui vont peut-être trouver que leur véto à eux est bien mauvais...)
J'ai déjà eu des matrices qui sont ressorties. Pourtant je fais gaffe, je déroule à fond en prenant mon temps, je promène ma bouteille dedans, et je joue du tuyau d'eau quand je le peux (pas au fond du champ, ok). Bah, j'suis p'têt nulle, mais je ne suis pas la seule : de mémoire d'ex-assistante, on a vu 3 "patrons" y aller, chacun leur tour, pour une vache qui au bout du compte l'aura ressortie...4 fois (après la première remise en place).
Alors dites, Dr Fourrure, chapeau bas, mes respects, et surtout : la recette, chef ! Dites-nous comment faire !
Fourrure :
OK, j'admets, oui, cela peut arriver. Il y a des utérus qui n'ont manifestement pas lu les manuels. Ça m'est arrivé une fois, la dernière où j'ai remis une matrice sans épidurale. Cela m'arrivera sans doute un jour avec l'épidurale (c'est arrivé une fois à l'un des vétos avec qui je bosse, qui a fini par faire une tranquillisation pour avoir la paix). Mais même dans ces cas, les matrices ressortaient de suite, parce que la vache poussait à nouveau de suite. Pas 6h après. Je me permets néanmoins de penser que mes lecteurs éleveurs ne trouveront pas leur véto mauvais juste parce qu'un blogueur a dit qu'une matrice ne ressortait pas si elle était bien remise. Ceci étant, je vais modifier mon texte pour tenir compte de votre remarque.
Et ma recette, c'est épidurale et AINS, chef.
Toujours pertinent et bien ecrit.
Peut être un petit tour sur le site de nos anglais confrères "BVVA".A savoir : british veterinary voodoo association !
En résumé : si on peut mentionner sa spécialité d' homéopathe , exigeons de pouvoir mentionner celle de spécialiste en médecine vaudoue : non mais!
S'il a remis la matrice lui-même, pas impossible non plus qu'il ait passé la main à travers sans s'en apercevoir, d'où la péritonite !
Par ailleurs, l'effet placebo marche très bien chez le chien : rien que l'attention supplémentaire que lui accorde son maitre pour le soigner l'aide à aller mieux...si les soins ne sont pas douloureux bien-sûr!
Fourrure :
Ouip, mais je n'ai pas voulu "charger la barque" concernant la matrice éventuellement percée. Cela n'aurait rien changé, et ça l'aurait juste un peu plus braqué.
Pour le placebo, entièrement d'accord. L'inverse est vrai aussi, nous connaissons tous ces chiens comédiens qui ne sont malades que quand ça les arrange (spécialistes des boiteries à la maison mais plus chez le véto, présentez-vous !). Les placebos qui ne marchent évidemment pas sont ceux qui sont "provoqués" par les attentes du patient envers son traitement.
Bravo pour votre ténacité !!! Formatrice, j'accompgagne de futurs éleveurs qui sont depuis quelques années de plus en plus tournés vers le bio. Jusque là rien de mal me direz-vous, mais où çà me gêne, c'est quand des donneurs de leçons (je ne mets pas tout le monde dans le même panier hein!)se prennent pour des sauveurs et vous prennent de haut parce que c'est vrai vous les formateurs vous n'êtes que des conventionnels productivistes! Ils sont "ouverts d'esprit" mais parlent comme des extrêmistes (conventionnel=capitaliste pollueur), avec une telle aversion pour l'allopathie qu'ils sont prêts à mettre en danger leurs animaux (et entourage). J'en ai vu qui remplaçait du F******ne par des HE sur un chat,qui s'est retrouvé aux urgences véto:cqfd! Sans compter ceux qui consomment des légumes bio importés par avion du bout du monde:vive le bilan carbone!Je n'ai rien contre faire du bio et j'en connais même qui le font très bien mais les gourous détenteurs de la science infuse me font grincer des dents.
Encore bravo pour votre blog!
Shetty : de fait, l'effet placebo peut aussi marcher sur les animaux. Du coup, l'homéopathie en usage vétérinaire, pourquoi pas (en d'autres termes, pourquoi se priver de l'effet placebo) mais en complément de l'allopathie quand elle est nécessaire, pas à la place de.
http://martinwinckler.com/article.p...
@Shetty et Anna : oui, l'effet placebo fonctionne chez les animaux. Lire les expériences (en double aveugle) relatées par Patrick Lemoine dans "le Mystère du Placebo".
Ce n'est que mon expérience, mais le seul élevage où j'ai vu des bêtes mourir de faim et de parasitisme était un des deux élevages "bio" de la clientèle. Dans l'autre, les génisses avaient juste un retard de croissance irratrappable.
Même si depuis un ou deux éleveurs un peu plus rationnels se sont lancés dans le bio, je garde une certaine réserve vis-à-vis des prêches écolos venant de gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une ferme.
Concernant l'homéopathie, elle a au moins l'avantage d'éviter une utilisation abusive de médicaments par des gens qui n'ont pas les compétences nécessaires. Primum non nocere, c'est pas mal aussi...
Autant pour moi, je n'avais jamais vu ces études ; donc l'effet placébo et par conséquent l'homéopathie marchent autant sur l'animal que sur l'humain. Mais je maintient que pour mon pauvre chat qui a une insuffisance rénale, c'est vétérinaire et allopathie! (et pourtant, je suis plutôt "bio"). Tout dépend de la gravité du problème!
(Aaargh, pas rénale, hépatique! Bref. Un truc qu'on ne peut pas soigner avec des granules.)
Je découvre ce blog à l'instant, via celui de paysanheureux.
Je ferais juste une critique sur le rassemblement du troupeau pour la prophylaxie, car à la place de l'éleveur jamais j'aurai laissé les veaux mélangés avec leurs mères dans le parc au risque de se faire piétiner, il a eu de la chance que le veau s'en soit sorti ! Ceci dit je suis éleveuse en zone extensive, presque bio mais pas quand il s'agit de soigner comme il faut une bête malade, je préfère écouter mon véto, enfin s'il est de mon avis bien sûr...
Avec un mois de recul, vous avez eu des nouvelles de la vache ?
Au moins il l'a pas lavé avec des huiles essentielles avant de le remettre a l'intérieur !
Completement hors-sujet (j'ai découvert le blog mais je sais pas si vous lisez les commentaires sur des vieux posts plus adaptés):
Pour en savoir plus sur les actes que l'on peut faire soi-meme, et quand appeler le véto a minuit/ou pas, est-ce que vous recommandez le livre: "The Cornell Book of Cats: The Comprehensive and Authoritative Medical Reference for Every Cat and Kitten" ? Ou un autre ?
Fourrure :
Oui, tous les commentaires apparaissent sur mon interface. Je ne connais pas ce bouquin, et je n'en ai aucun à recommander à un propriétaire d'animal (non que je n'en connaisse aucun, mais ceux que je connais n'ont pas grand intérêt). Si le livre est à destination du grand public, pourquoi pas (et si vous maîtrisez l'anglais médical !). Je vous déconseille un manuel à l'usage des vétérinaires, où de nombreuses choses sont sous-entendues en général, et où il est très difficile de faire la part des choses pour un particulier angoissé !
Et elle s'en est sortie, la vache, ou pas ? C'est que je me suis attaché, moi...
Fourrure :
L'éleveur était revenu chercher le renouvellement du traitement le surlendemain. Après, je n'ai pas eu de nouvelles, comme souvent. Et comme je ne vois pas souvent le bonhomme, je ne sais pas. j'en saurais plus lors de la prophylaxie.
Ce n'est pas parce qu'elle est improbable que l'homéopathie est inefficace.
@ Le Garde-mots: En effet, ce n'est pas parce qu'elle est improbable que l'homéopathie est inefficace. Dans l'histoire de la médecine on a observé les effets des substances et utilisé leur propriétés avant de comprendre leur mode d'action (ce n'est que récemment que les pharmacologues ont commencé à avoir la démarche inverse en essayant de synthétiser des molécules en fonction des récepteurs qu'ils veulent cibler et donc en connaissant a priori le mode d'action avant que le produit n'existe ; c'est encore très laborieux). Non l'homéopathie est à la fois improbable et inefficace.
Lorsqu'on les attaque sur l'efficacité défenseurs de cette "médecine" citent en général
* L'arnica...sauf que les produits qu'ils citent contiennent la "teinture mère" d'arnica c'est à dire le principe actif non dilué. Donc effectivement si on ne dilue pas, ça marche... et ce n'est plus de l'homéopathie.
* des exemples pris à la phytothérapie ou à l'acupuncture... car on regroupe abusivement les médecines "douces" ou "alternatives" dans un gros sac alors qu'elles n'ont absolument rien à voir. Comme le dit Fourrure les plantes contiennent des produits très actifs (dont l'effet peut être positif ou négatif: ça peut être "naturel" et vous tuer net), et donc la phytothérapie marche. Ceci dit, une fois qu'on a passé 50 ans à isoler un principe actif dans une plante, à le purifier et qu'il est disponible dans un comprimé à concentration connue, l'intérêt de prescrire une gélule d'extrait de cette plante contenant à nouveau tous les produits inactifs voire toxiques associés mélangés au principe actif dont la concentration dépend en plus des conditions de culture, de la météo...est à mon avis très faible.
* Une histoire perso concernant les insomnies de Tonton Nestor. Car oui, dans des cas isolés et de préférence sur des problèmes à composante psychosomatique on peut observer un effet, lié à l'effet placebo. On peut trouver des articles scientifiques prétendant démontrer l'efficacité de l'homéopathie... fait par des homéopathes, publiés dans des journaux d'homéopathie, de préférence sans comité de lecture (personnes chargées de vérifier la cohérence de la méthode et des données exposées, et de la véracité des résultats présentés). Lorsque que ce sont des médecins "traditionnels" qui font les études qui concluent à une absence d’effet significatif, les homéopathes s’insurgent en expliquant qu’on ne peut pas appliquer une recette toute faite pour une maladie donnée, qu’il faut tenir compte du patient, de ses déséquilibres, et que donc cette étude n’a pas de valeur. L’homéopathie aurait donc une valeur que seul les « croyants » pourraient apprécier. Je dois quand même concéder que le fait de s’intéresser non seulement au passé médical du patient, mais aussi à son mode de vie, son alimentation, son sommeil etc…et de se donner du coup une occasion d’effectuer des corrections est un point très positif dans le camp des homéopathes. Je pense d’ailleurs que le déficit d’attention accordé au patient dans son ensemble qu’il peut y avoir chez certains allopathes est ce qui a permis l’essor de la médecine homéopathique.
Pour finir une anecdote qui m’a fait sourire : j’ai fait mes études avec le fils d’une médecin homéopathe. Nous étions amis et donc le sujet de l’homéopathie est souvent revenu. Bien qu’il défendît l’homéopathie essentiellement avec des arguments économiques, d’absence d’effets secondaires… je n’ai jamais réussi depuis plus de 10 ans qu’on se connaît à lui faire concéder que l’homéopathie avait moins d’effet que l’allopathie, encore moins que ça ne servait à rien. Il y a 15 jours, il est venu me voir, nous sommes allés à la plage (je vis au soleil) et il s’est assis sur une fourmilière… hurlant de douleur, se trémoussant en essayant d’arracher son short de bain il demande à sa femme « vite, ça brûle, qu’est ce qu’on a comme crème ? et celle pour le bébé ? ». Celle-ci dégaine presque instantanément une crème apaisante… conseillée par belle-maman « Mais non ça c’est de la connerie d’homéopathie, ça sert à rien, il me faut un vrai truc ! »
Aaaahhhhh enfin. Après tout ce temps, bas les masques et finie la mauvaise foi !
Bon je me suis emporté, j'espère que ce n'est pas trop indigeste comme tartine
Tombé un peu par hasard sur le blog et le texte de Fourrure. J'ai apprécié le peu banal bio-lepéniste-homéopathiste mais aussi le style. Il en reste quelques uns qui savent et aiment écrire.
Dans une monde de brutes décivilisés,de barbares hypertechniques et SMSistes, la même joie qu'une oasis dans le Sahara.
MERCI !
D'un biologiste (non véto) : vautours, bouquetin, castor.
Bon, finalement, les nouvelles sont peut-être arrivées en 2 ans... Comment va la vache ? :)