Plongée dans le bleu
samedi 8 janvier 2011, 20:54 Vétérinaire au quotidien Lien permanent
J'ai le dos tourné à la table d'examen. Je chipote mes flacons et mes seringues, sur mon plan de travail.
- Mais vous, ça ne vous fait pas mal de faire ça ?
J'ai soudainement une poussière dans l'œil, lorsqu'elle brise ainsi ma fragile carapace. Une grosse.
Je chasse la bulle de la seringue pour me donner une contenance. Professionnel. Caché derrière mon aiguille.
Je croasse. Me reprends en me raclant la gorge.
- Si, madame La Prune. Ça me fait mal.
- C'est le bon moment, hein ?
- C'est le bon moment.
Ma voix n'a pas du tout l'assurance que je voudrais. Pas parce que je ne suis pas sûr de moi.
- Il va s'endormir, c'est ça ? Ça ne fait pas mal ?
Elle soutient la tête de son chien. Sa main droite est posée sur son thorax, soulignant sa respiration.
- Non. C'est une anesthésie. Ça ne fait pas mal. Il va s'endormir. En dix secondes.
Et sa tête se fait plus lourde sur sa main gauche. Et sa main droite bouge moins vite sur son thorax. Machinalement, je compte jusqu'à dix, et lui ôte les longs poils qui se sont glissés dans sa bouche, entre ses babines. Lui peigne sa moustache entre mes doigts. Place naturellement ma main à la place de la sienne lorsqu'elle la retire pour se moucher. Sa tête pèse de tout son poids sur ma main.
Je le caresse en silence en lui injectant l'euthanasique. Le liquide court dans la tubulure de la perfusion, et madame La Prune cherche avec une douloureuse habitude le battement cardiaque, qui court à toute vitesse vers l'imperceptible. Et s'éteint.
Encore une fois, je me suis concentré sur ces derniers battements, ce rythme de mort, doux et fascinant. Isolé avec mon stéthoscope, accompagnant la plongée vers le néant.
Pourquoi ai-je toujours cette même sensation que lorsque je plonge, juste après le check-up surface, lors de la descente "dans le bleu" ? Dans le bleu parce qu'on ne voit pas le fond, parce qu'il n'y a que... le bleu, sans nuance, infini et indéfini, inconnu et rassurant, confortable et affolant.
Elle me regarde lorsque je le couche dans un carton.
Sourit lorsque je m'excuse de le coucher en boule.
Me répond qu'il ne prenait pas plus de place que cela lorsqu'il dormait à côté d'elle devant la télé.
Commentaires
bon, ben voilà, j'ai pleuré...
(je suis trop sensible c'est ça ? a moins que ce ne soit ce billet... il est magnifique, merci)
quelle plume..... le film lentement me revient,les larmes doucement glissent sur mes joues,les souvenirs alors remontent,mes mains impuissantes le carressent tendrement,il est allongé les yeux fermés,je n'entend plus rien,je suis seul avec lui dans notre bulle puis la vie deserte sont corps et je reste là perdu.sa presence me manque deja
.seul le temps apaisera ma douleur.cela fait 8 mois c etait un magifique york.merci pour vos billets leur lecture est a chaque fois un plaisir.
Bonjour,
J'ai découvert votre blog il y a quelques jours, et ai lu à peu près tous les articles, telle une drogue.
Je me suis toujours demandé ce que ressentait le vétérinaire face à l'euthanasie. J'ai déjà eu "honte" de pleurer car je ne pouvais pas m'arrêter, ne pouvais pas la toucher dans ces derniers instants, et c'est lui qui lui fit les dernières caresses. La décision avait été prise, on ne pouvait plus rien faire, on croyait à un empoisonnement, mais finalement c'était une hémorragie cérébrale du à un choc violent sur le crâne. Nous n'avons jamais su pourquoi, comment, mais depuis l'idée même qu'il faille recourir à une euthanasie me rend malade, tant c'est dur à vivre.
J'ai tellement peur qu'un jour cela arrive.
C'est toujours le moment que je redoute, ASV débutante, il m'arrive encore de devoir quitter la pièce, surtout quand on s'est occupé de l'animal hospitalisé pendant des semaines... ce sentir impuissant face à la douleur des propriétaires, ne pas savoir quoi leur dire, les voir chercher un peu de courage dans vos yeux et n'y voir que de la tristesse partagé les faisant fondre en larmes... non décidément je ne sais pas si on fini par s'y faire...
Fourrure :
C'est toujours plus dur avec l'animal d'un client connu de longue date, ou avec un animal suivi et connu depuis longtemps. C'était le cas de ce papy.
@ Camille:
Ben, non, on ne s'y fait pas....
Depuis 32 ans, j'en pique de tous les formats et dans toutes les circonstances, j'ai toujours un petit moment d'effroi en poussant le piston, une culpabilité sourde, comme une vague menace de rétorsion aussi, bref, un malaise qui rend l'esprit totalement vide: on se concentre sur la technicité du geste (surtout pas louper l'intraveineuse, pasque y'a rien de plus glauque qu'une agonie provoquée qui s'éternise...)
Ca doit être la résurgence d'un vieux fonds judéo-catho (Tu ne tueras point!!!), et aussi, peut-être, un vague sentiment qu'il faudra payer tout ça, un jour ou l'autre...
L'euthanasie, c'est le mal suprême, l'acte totalement irréversible. Pas d'excuse possible, il faudra assumer la responsabilité entière après coup: Plusieurs techniques: Essayer vite, vite, d'en "sauver" un autre pour compenser (une vie contre une vie...), ou bien se taper un footing de malade, jusqu'au moment où les endorphines vous anesthésient agréablement la conscience, ou bien avoir recours aux "exorphines" accessibles sur le marché (du pinard à l'héro, le choix est vaste).
La plupart de ces méthodes servant à accélérer la fonction "oubli"...
Jusqu'à la fois suivante...
J'aime bien les débats médiatisés sur l'euthanasie, éthérés et manichéens souvent...
J'en aurais des choses à dire sur le sujet, moi, mais on ne me demande jamais mon avis...
Pourtant, on n'est pas tellement nombreux dans la société, nous les 007 comme disait un vieux prof, les "Licensed to Kill", ceux à qui on a donné ce droit (devoir??) exorbitant, même s'il n'est dirigé que sur les animaux.
P'têt' qu'on pourrait nous écouter là-dessus...
Fourrure :
Lorsque je suis sorti de l'école, j'étais pour l'euthanasie. Gonflé de principes, sûr de mon droit et de mon devoir, sans doutes ni interrogations, au-delà de la vieille angoisse de me planter (dans un diagnostic, ou autre, quand on débute, c'est normal et même sain). En tout cas, à ce niveau là, je ne me posais pas de questions. Et puis, dans la foulée, j'étais pour l'euthanasie humaine, qu'on laisse à chacun "le droit de mourir dans la dignité", comme on dit. Commode formule pour dissimuler une affolante disparité de cas et de situations, touchant aux plus complexes interrogations sur le droit à disposer de la vie d'autrui, et même de la sienne propre.
La religion, la philosophie, le bon sens, l'empathie, la sympathie, toutes ces façons de réfléchir différemment la douleur et la mort, apportent des réponses nuancées et contradictoires. Pour ceux que le sujet intéresse, et qui ont envie de lire une plume intelligente et sensible, je vous conseille le blog de Koztoujours, et notamment ses billets sur l'euthanasie. S'il faut lui coller des étiquettes, disons que l'homme est intelligent, avocat, de droite, et chrétien. Et si vous n'aimez pas une ou plusieurs de ces étiquettes, ou si vous imaginez déjà les mêmes arguments toujours ressassés, lisez-le. Il réfléchit.
PS : lisez aussi les commentaires. Je vous mets un lien vers un billet, mais il y en a d'autres sur le sujet.
Non, on ne s'y fait pas... voire c'est de plus en plus difficile, on ne s'habitue ni à la tristesse, ni à la douleur... même si parfois ces instants partagés avec le propriétaire m'ont valu les plus touchants remerciements que mon exercice professionnel m'aient donnés. Il faut à chaque fois plus de temps pour digérer, pour oublier et parfois, souvent, on n'oublie pas, on accumule...
ces billets sur l'euthanasie auront toujours la fâcheuse manie de me mettre la larme à l'oeil ( non cette fois ci je n'ai pas pleuré ... ) je redoute tant ce jour où je devrais conduire un de mes compagnons pour son ultime voyage et je redoute encore plus ma réaction , je pense que je ne serais alors pas digne, pleurant toutes les larmes de mon corps , ne voulant pas lâcher le corps de mon chien, ... je m'excuse d'avance auprés du vétérinaire qui exécutera cet acte ...
Ophélie> alors ne retiens pas tes larmes car elles ne sont pas un manque de dignité je pense mais des témoignages d'amour. C'est comme ça que je le ressens et je suis sure que ton véto aussi.
Ben moi en tout cas j'ai pleuré en lisant ce billet...
moi aussi j'ai pleuré, énormement pleuré...j'en avais honte, mais j'ai préféré avoir honte que de ne pas accompagner ma chienne, puis ma jument jusqu'au bout...je ne voulais pas les laisser seules dans ce dernier moment..
On s'y fait... on ne s'y fait pas...on croit s'y faire... et puis ça vous rattrape. J'ai essayé de me blinder. Par exemple, j'euthanasiais sans aucun état d'âme des animaux dangereux.
Mais cela ne voulait pas dire que j'étais blindée pour les autres. Tout à coup, il fallait que je sorte de la salle de consultation. Tout à coup, ma main tremblait. Je me suis surprise à pleurer comme un âne parce que le chien me rappelait celui que j'avais eu, quand j'avais 10 ans. Maman m'avait dit que ce serait moi qui le piquerai, quand je serai vétérinaire et qu'il serait très malade. Déjà (bien sûr) j'avais pleuré, j'avais dit non. Et c'est pourtant ce que j'ai fait, 15 ans après. Je ne laisse à personne le soin de piquer mes animaux. Je ne suis plus vétérinaire, mais la seringue est et sera toujours tenue par moi. J'ai l'impression de devoir ça à mes animaux.
Je ne sais pas si ce sera comme cela pour mes proches. A priori, je suis pour l'euthanasie humaine. Mais ce sont des choses que l'on doit vivre avant de dire ce que l'on en pense. Je perds peu à peu mes certitudes.
Non, on ne s'y fait pas.
J'ai perdu toutes mes certitudes également en ce qui concerne l'euthanasie. Pas trop pour les animaux pour lesquels j'y vois la fin de souffrances inutiles. Mais pour les humains, où c'est autrement plus complexe... Je lirai le lien chez koztoujours.
Très beau billet qui me met la larme à l'oeil, peut-être en écho à une euthanasie fraichement vécue.
Il y a peu, avant que ma minette ne rende son dernier soupir, après que tout ait été tenté pour la sauver, je m'excusais auprès de ma vétérinaire pour mes larmes et lui disait qu'elle devait en avoir l'habitude. Elle m'a répondu qu'on ne s'y habituait jamais. Je lui ai dit que ma phrase portait sur les larmes des propriétaires et elle m'a répondu que c'était ceux qui ne pleuraient pas qui la mettait mal à l'aise.
J'ai hésité à lui demander de faire les injections moi-même, pour ne pas stresser la minette, étant assez familière des injections mais je n'aurais pas réussi à appuyer sur le piston de l'injection létale.
Et c'est là la raison pour laquelle je n'ai pas tenté de devenir vétérinaire, métier qui me passionne en tous points : même pleine de certitude quant au bien-fondé de la démarche, je n'en avais pas quant à ma capacité à effectuer une euthanasie.
(salut "Chat d'oc", décidément on se retrouve sur les mêmes blogs...)
moi aussi ce billet me parle, moi aussi, j'ai vécu une récente euthanasie.
Ma véto est jeune, sympa, (elle accepte les gens jusqu'à 19h et plus sans râler -bien qu'elle ait une vie de famille !), s'occupe des chats trappés par les associations... bref qq'un que j'estime et que j'aimerais compter parmi mes amis.
c'est pourquoi, j'ai été très consciente que je lui jouais un sale tour en lui faisant terminer une de ses longues journées de boulot par cet acte, pratiquée sur une minette trop jeune, pour laquelle on avait tenté pas mal de choses durant les mois précédents, une minette "patiente idéale", tellement confiante avec tous les humains, vétérinaires inclus....
je voulais juste la remercier ici.
malgré l'heure tardive, elle a pris le temps..
... pris le temps de considérer encore une fois la situation calmement, puis de me conforter dans cette décision difficile.
Son attitude n'a rien eu de mécanique, loin de là, mais elle a aussi assumé son rôle de "professionnelle".
voilà, c'était dur, et je suis sure que ça n'a pas été très facile pour elle.
Pour l'anecdote, j'ai connu un responsable de Centre equestre assez "endurci", qui a laissé partir qq vieux chevaux chez des marchands en sachant très bien qu'ils allaient "mal finir" (à sa décharge, il n'avait pas trouvé de clients susceptibles d'assurer une retraite à ses qq chevaux devenus trop vieux).
néanmoins, ce dur à cuire avait gardé une très vieille ponette shetland et assuré lui-même la fin de vie des chevaux ou poneys qui avaient marqué la vie du club.
Cette ponette (au moins largement trentenaire), un matin, était tombée dans son pré, paralysée, en fin de vie.
Il a voulu économisé quelques sous, et avec l'obligeance d'un véto "ami", il s'est procuré le produit, et a pratiqué lui-même l'injection.
Il est revenu extrêmement secoué, et a dit qu'il ne referai jamais ça.
Entre décider de le faire et assumer la décision, et pratiquer l'acte, il y a une importante différence.
ouah ça me rappel tellement de souvenirs. Très beau texte merci .
à ROLLIN_DELAY
vous dites " l' euthanasie c' est le mal suprême ". je voudrais vous rassurer. j' ai travaillé de nombreuses années en réanimation, j' y ai vu des patients privés de tout mode d' expression, intubés ou trachés, entravés, souffrant des douleurs atroces, et j' y ai vu des réanimateurs se voulant " dieux à la place de Dieu " sans doute, incapables de reconnaître ne plus rien pouvoir, sauf refuser à ces patients la libération, mettant tout en oeuvre pour éterniser leur agonie : ça c' est le mal suprême à mes yeux. j' en ai gardé une sorte de terreur qui ne me lâche pas. pourtant, quand j' ai emmené mon vieil ami chien se faire libérer, après 19 ans de vie commune, ce fut hyper-difficile de ne pas rebrousser chemin ! mais au-delà de l' aspect terrible de ce choix, je ne cesse de trouver beau d' avoir la force de le faire, choix ultime d' amour !
Jeune véto, me voilà confrontée aussi à effectuer des euthanasies. Je travaille surtout de nuit. J'ai souvent donc des gens dont l'animal s'est dégradé très vite et qui viennent en urgence abréger ses souffrances.
Comme les autres, je ne m'y habitue pas, et ne veux surtout pas m'y habituer. C'est toujours dur.
Pour l'instant j'ai réussi à contenir mes larmes. Pour l'instant j'ai réussi à "passer outre", bien qu'on ne nous apprend pas à l'école comment on gère ça, comment on fait, quoi dire aux gens...
Alors on essaie de penser à ce qu'on aimerait qu'on nous dise dans un cas comme celui là.
Non pour nous vétos, ce n'est pas un geste banal, mécanique. On enlève une vie. Même si c'est pour abréger une souffrance...
encore quelques larmes ici... sans doute parce que cet article me rappelle que ce moment viendra bien trop vite pour ma chienne. Je n'ai déjà pas pu retenir quelques larmes quand le verdict "tumeur" est tombé, avec tout ce qu'il sous-entend...
Mon vétérinaire connait chacun de mes animaux de longue date, et je crois que le jour venu, ce ne sera pas facile pour lui non plus... Il m'a déjà rassuré : il viendra à domicile car il sait à quel point Horis déteste le cabinet vétérinaire et à quel point elle est stressée dès qu'on y entre...
Mais pour le moment, c'est la vie que ma chienne semble choisir : toujours joyeuse, joueuse et gourmande malgré tout, malgré parfois des moments douloureux qu'elle exprime en grognant toute approche. Heureusement, ils sont très rares !
Un beau billet... qui rappelle à chacun comme nous sommes fragiles face à la perte de nos compagnons, bien qu'ils ne soient "qu'un chien ou un chat".
Le véto qui a euthanasié mon chat a pleuré. Quelques mois plus tard, je lui ai amené un chien renversé par une voiture sous mes yeux, le chien est mort le temps du trajet, le véto a pleuré. Quand il a piqué le chien de mes parents, il a pleuré aussi. Quelque part, ça me rassure, même si ça m'attriste pour lui. C'est dur d'être sensible, mais ça nous ouvre de bien belles émotions quand même.
Monsieur Fourrure, cela fait un moment maintenant que je vous lis, le jour où je suis tombée sur votre blog j'ai tout dévoré d'un coup... Je n'ai jamais commenté, par manque d'habitude, par peur de ne pas savoir quoi dire, je ne sais pas. Les mots se bousculent à la lecture et puis, arrivé à la fin du billet, on ne les trouve plus, face à la justesse des vôtres. Comme ceux de ce billet. Sobre, chaque phrase à sa place... Que peut on ajouter ensuite ? Rien, on se tait, et on revient lire.
Alors, exceptionnellement, et parce qu'il fallait bien que je le dise un jour : bravo, et merci, pour vos écrits...
Je pense que "une lectrice parmi tant d'autres....." a parfaitement bien résumé ce que je pense..........belle humanité ! vous êtes exceptionnel et talentueux, merci.
Non, on ne "s'y fait pas".
Et heureusement, car cela voudrait dire que tout sentiment a disparu.
Mais si l'animal souffre inutilement, si le diagnostic de phase terminale est établi , c'est "la moins pire" des solutions.
Non?
Et ne mésestimez surtout pas le reconnaissance du maître (maîtresse) qui voit une agonie pénible se terminer.... même si c'est juste pour pouvoir se dire (bien piètre consolation) : "J'ai fait tout ce que j'ai pu pour que mon animal ne souffre plus et parte dignement"
J'ai - de loin, de très très loin - préféré la "piqûre" sur ma chatte adorée.... à l'agonie sans fin de ma chienne atteinte d'une péritonite (et sans soins possibles, c'était dans les années 1950... pas encore de vétérinaires de garde la nuit dans ma région)
Éternel débat que celui là.
Voilà encore un billet saturé d'émotions qui me fait espérer que mes deux sacs à puces finiront tranquillement à la maison, dans mes bras sur le canapé (ou dans leur panier).
Car je ne pense pas avoir le courage de "vous" les amener ! Même si cela reste LA solution pour les soulager.
Je rejoins l'avis d'une "lectrice parmi tant d'autres" et Coco...
Ce moment tant redouté , se dire adieu pour toujours , je voudrais ne pas le vivre à chaque fois que je le fais pour un des miens.
Quand on trouve un vétérinaire avec votre attention , votre accompagnement dans la peine, comme si notre chien devenait d'un coup aussi le vôtre, on a l'impression que ce n'est pas un adieu mais un aureveoir...nous ne l'abandonnons plus grâce à vous nous l'accompagnons sans connaitre les sentiments qui vous habitent à cet instant...merci à vous d'avoir partagé cela.
A plusieurs la peine est moins lourde...
Je découvre votre blog. Le premier billet lu fut celui-ci, par hasard... Retour en arrière de quelques mois... Moments douleureux et auxquels on repense si souvent. L'impression d'avoir "abandonné" mon gros derrière moi, je ne suis pas restée pour la 2ème piqure sur les conseils de la véto. Moments de parano ensuite "et si il était pas mort? Et si? Et si? Je l'ai laissé tout seul, je suis partie alors qu'il était vivant". Surprise à l'accueil, au moment de payer et de composer le code de la carte de crédit sans se gourrer à travers les larmes, la petite assistante qui propose d'une voix chantante "vous ne voulez pas prendre un petit chaton, nous en avons plein". Non pas de chaton, non merci, pas de poilu, plus jamais, ni aujourd'hui, ni demain. Même si avec le temps cette certitude s'estompera. On oublie vite ses douleurs, on les enfouit proprement. Je continue mes lectures sur votre blog et reviendrai souvent vous lire. Bon courage pour ce métier, qui si il est passionant (lorsqu'on est passionné), doit être aussi usant. Pourtant, j'espère que ça restera toujours un dur moment la plongée dans le bleu, cela voudra dire que vous êtes toujours humain..Et cette qualité est inestimable, même si elle rend parfois (souvent?) les choses plus difficiles.
C'est bon ça, Coco: les histoires d'euthanasie ça plaît toujours. Ca avance bien ce livre?
Il faut vraiment que j'arrête de lire votre blog. Je suis trop souvent en larmes... Et au bureau, cela fait désordre ;)
Je ne sais pas, si, comme dit Créon, les histoires d'euthanasie "ça plaît toujours" mais moi aussi j'ai été émue bien sûr.J'ai pensé à mes toutous chéris en espérant qu'ils mourront le plus tard possible dans leur sommeil, j'ai pensé à ceux qui sont déjà partis et j'ai eu le coeur comme un gros caillou dans la poitrine.
Je ne crois pas que l'euthanasie des animaux ce soit le mal, je pense que c'est un moyen d'éviter la souffrance. C'est la souffrance qui est le mal.
Mais je pense aussi à tous ceux qu'on tue à tour de bras et qu'on maltraite toute leur vie sans que personne ne s'émeuve beaucoup parce qu'il faut bien manger...
Ce n'est pas une critique, ni une pose morale de ma part, j'y pense, c'est tout.
Article L. 211-25 du Code rural : Après l'expiration du délai de garde, si le vétérinaire (de la fourrière NDR) en constate la nécessité, il procède à l'euthanasie de l'animal.
En tant que bénévole dans une association de protection animale, l'euthanasie est un cauchemar contre lequel je lutte tous les jours auprès de mes collègues. Nous courons toute la journée pour trouver des solutions et essayer de sortir chiens et chats de la fourrière car le "euthanasie prévue tel jour" est affichée au-dessus de leur box. Et parfois -hélas, 100 fois hélas- nous arrivons trop tard. Qui sont ces vétérinaires qui euthanasient à tour de bras ces malheureux animaux qui ont eu pour seul défaut de s'être trouvés un jour sur la voie publique ? Non, vraiment, je ne comprends pas. Et que l'on invoque pas la légalité de l'acte devant moi.
petit préambule pour ce premier commentaire : j'apprécie beaucoup votre blog, merci!
Nous souffrons lors de l'euthanasie de nos amis mais c'est difficile également me semble-t-il pour leurs "copains" animaux : alors que faire?
Ma réflexion à ce sujet m'amène à essayer que ces derniers instants ce passent chez moi pour le confort du "partant" déjà et afin de laisser les autres venir sentir leur copain, leur laissant "le corps" le temps nécessaire à un certain détachement.
J'essaye de procéder pareil pour les chevaux.
Qu'en pensez vous et que conseillez vous dans ces cas là?
Fourrure :
Je ne sais pas. Il est difficile de démêler l'anthropomorphisme de la réalité, dans ce genre de cas. Il est certains que les chiens notamment peuvent être désorientés après la disparition d'un compagnon. Mais est-ce différent lorsque la mort est "constatée" ? Aucune idée.
Ce commentaire m'interpelle et m'étonne un peu, et je serais contente de savoir ce qu'en pense Fourrure???...
le 10 décembre 2010, mon mari et moi avons pris la décision de "laisser partir "Ophélie notre chienne de 12 ans qui ne mangeait plus et ne se levait plus, elle ne faisait même plus ses besoins,je veux rendre hommage à mon véto qui nous a bien aidés dans ce difficile moment, elle s'est envolée au paradis des chiens en douceur dans mes bras(mon mari n'a pas pû assister à sa fin). Depuis 2006 elle s'est fait opérer 4 fois et depuis 1 an elle allait à peu près bien et denouveau la fatalité, elle avait cette arthrose qui l'empêchait de marcher sans métacalme et un cancer au cerveau est venu ajouter à son malheur!! Mon véto nous a soutenu et a accepté un samedi matin "d'endormir" Ophélie comprenant notre chagrin et nous laissans le temps de lui dire aurevoir!!Merci Sébastien!!
Deux petit toutous partagent notre vie. Depuis 10 ans je n'ai jamais regretté de les avoir, mais je sais que je le regretterai deux fois. C'est peut-être le prix des années de bonheur qui précèdent.
Chaque euthanasie est une histoire à part. Certaines sont plus marquantes que d'autres. Des fois, on se sent un peu coupable parce que peut-être y aurait-il eu autre chose à faire, d'autres fois on se sent soulagé, on a l'impression d'avoir limité les souffrances de l'animal. Souvent, il faut déculpabiliser le propriétaire...
Et ça, quelle que soit l'espèce animale. Que ça soit le vieux chien au bout du rouleau, le vieux chien pas tout à fait au bout du rouleau mais que la propriétaire âgée et malade ne peux plus assumer, la brebis attaquée par un chien qui a survécu quand même mais pour laquelle on ne peut rien faire, les chatons dont personne ne veut, la vache qui ne se relève pas malgré les soins, la vache de 18 ans qui hélas ne mourra pas toute seule au fond de son pré, le veau "cassé" au vêlage, la chèvre affaiblie par les arthrites, le cheval de 30 ans qui est tombé et a roulé en bas du pré...
Parfois, même si l'on fait tout ce qu'il faut comme il faut, des euthanasies ne se passent pas très bien et là c'est dur pour tout le monde..
Ou alors, certaines circonstances de la vie vous font relativiser ou au contraire exacerbent les émotions liées à l'euthanasie..
Quoiqu'il en soit, l'euthanasie d'un animal n'est jamais un acte anodin... même si on arrive parfois à se blinder (extérieurement du moins) pour ne pas paraître trop affecté, ce n'est pas un geste sans conséquence pour celui qui le pratique.
C'est la première fois que je commente mais je vous lis depuis longtemps déjà... Cet article me ramène au 14janvier de cette année jour où j'ai amenée chez le vétérinaire ma petite rate Kishi pour son dernier voyage. C'est une jeune vétérinaire qui nous a reçues quand elle est revenue avec le corps sans vie de ma petite rate, sa voix tremblait et elle m'a dit "Désolée, je suis émue, c'est la première fois" et je suis vraiment désolée pour elle de lui avoir imposé ça... vraiment... Pardon !
Après m'avoir fait rire, vous m'avez fait pleurer ! Vous êtes un très bon narrateur en plus d'être un bon vétérinaire ! Merci pour ces émotions !
Quand j'ai amené mon rat, après avoir tout tenté pour guérir sa probable tumeur au poumon, pour le faire piquer, je n'ai pas eu la force de rester... Trop en pleurs pour reprendre la voiture, j'ai fait un tour à pied ds le village, et quand je suis revenue après une demi heure à errer, ce jeune vétérinaire qui s'est occupé de mon animal est sorti en courant sur le parking, pour me rassurer, avec une infinie gentillesse, pour me dire que tout c'était très bien passé. J'ai trouvé ce geste "gratuit" très touchant, je n'oublierai pas...
ce site est bien je suis moi meme etrin de fair un stage cher une veto et je trouve que sa reflete bien la vie d'un veto
Ah la la les euthas... :/
Des fois on est bien obligé, mais que c'est dur.
J'essaie de me préparer à la mort - inéluctable certes mais la pluuuuus tardive possible sivouplé Madame La Mort... - de mon croisé berger-allemand.
Il aura 12 ans cet été.
Il va bien :)
Mais bon, je sais qu'il ne sera pas éternel alors j'essaie de me préparer :'/
Je me rassure comme je peux en me disant que cette fois-ci, cela se passera mieux qu'avec mon précédent chien, dont l'euthanasie a été un désastre, une catastrophe, un foirage complet, une horreur totale.
Pour commencer, le véto a posé mon chien - vieux et qui ne tenait plus bien sur ses pattes - sans précautions particulières ni aucune délicatesse sur la table en inox (pourtant, mon chien n'était pas bien gros, un croisé caniche de 8kg). Le chien glisse, et tombe, ses os cognant contre le revêtement dur et métallique de la table.
Mon chien se relève, mais le véto le "plaque" (un peu comme au rugby) en position couchée.
Puis commence les injections. Ratées.
Mon chien hurle, des cris que je n'avais jamais entendu, des cris longs, suraigus, plaintifs et furieux. J'étais pétrifiée. L'ASV a débarqué dans la salle, visiblement alarmée elle aussi par les cris du chien.
Puis, plus rien.
"C'est bon" me dit le véto.
C'est bon quoi? Vous allez lui faire la deuxième piqûre, il dort là?
"Non, il est déjà mort là."
...
...
J'ignorais qu'il existait "deux protocoles" pour les euthas, l'un avec une seule injection et l'autre à deux injections.
Je n'avais entendu parler que du protocole à deux injections : d'abord un anesthésique pour endormir l'animal, puis l'injection létale.
Ce protocole me convenait, il m'aurait laissé le temps de dire au revoir à mon chien (on a passé + de 17ans ensemble, c'est pas rien !), et lui aurait permis de s'en aller en douceur, sans souffrances.
Au lieu de ça, mon super toutou a eu une fin ignoble, plaqué contre une table toute dure (lui qui souffrait de ses articulations :/), luttant et hurlant pour s'échapper, à chaque ratage des injections...
Et moi j'étais littéralement tétanisée, j'ai pas compris ce qui se passait, je n'ai pas su le "défendre" au moment où il a eu le plus besoin de moi.
J'ai grandi dans un hôpital (suis handicapée), j'en ai vu des vertes et des pas mûres, tant sur le plan strictement "médical" que sur le plan humain. Bref, suis pas une chochotte.
Mais cette eutha complètement foirée m'a vraiment marquée, traumatisée.
Plus-jamais-ça.
J'ai changé de véto.
J'envisage - quand le temps sera venu, dans trèèèèèèès longtemps j'espère - de recourir à une eutha à domicile.
Et de bien discuter du protocole avec le vétérinaire AU PREALABLE.
Je ne veux plus jamais revivre - ni infliger à mes animaux - ce qui s'est passé avec mon précédent chien.
Alors même si c'est pas facile, je prends le temps de déjà penser - et préparer - ce délicat et triste moment que sera l'eutha.
Pour qu'à la tristesse ne s'ajoutent pas la douleur ni la culpabilité.
Merci pour votre (vos) billet(s) qui montrent qu'une eutha peut se passer "paisiblement" et en douceur, ça remet un peu de baume au coeur :)