Le retour du répit, et du reste
mercredi 8 septembre 2010, 14:20 Un peu de recul Lien permanent
J'ai hésité à répondre dans les commentaires, puis à éditer le billet précédent, mais finalement je préfère revenir dans un nouveau billet pour ne pas perdre les lecteurs qui me suivent sur flux RSS.
Récapitulons.
Vous me disiez :
Partir quinze jours,
Sans retour,
Oublier, le passé
Sans se retourner,
Ne rien regretter,
Penser à demain recommencer
En fait, le problème est plus complexe que ce que nous apprend ce célèbre trio de chanteurs à textes.
Mettons que, pour l'instant, nous sommes deux au lieu de trois à travailler dans notre clinique (je parle des vétérinaires). Ce n'est pas tout à fait vrai, mais, temporairement, on va faire comme si, et on va supposer que ça va encore durer un bon moment (je ne m'étalerai pas sur les causes, cela ne vous regarde pas, bande de curieux). De toutes façons, ce sont les conséquences qui nous intéressent. Même s'il faut gérer d'autres conséquences, plus subtiles, de ces causes.
Si je pars deux semaines, cela signifie que mon confrère se retrouve, pour ainsi dire, tout seul. Comme je viens de l'être. Donc que ses vacances seront "usées" à peine la rentrée entamée. Au bout d'une semaine, il se retrouverait en état de "too much", en deux, à la limite du surmenage, à se demander comme moi jusqu'où aller trop loin. Psychologiquement, c'est assez intéressant de chercher ses limites, d'ailleurs. Mais ce n'est pas le sujet. Opérer tout en répondant au téléphone et en réfléchissant aux derniers résultats d'analyse sur le cas "housesque" de la semaine, tout en tentant d'imaginer la tronche des propriétaires de chevaux censés déclarer les lieux de détentions de leurs équidés, c'est assez amusant. Et puis, il y a un côté ludique.
Tiendra, tiendra pas ?
Je le disais dans d'anciens billets, ce sont les cassures de rythme qui sont mauvaises. Bosser tranquille en partageant les gardes, les coups de bourre et les jours de repos, c'est une routine confortable et tranquille. Presque reposante. Le tout est de ne pas dépasser, disons 50 heures par semaine de présence sur le lieu de travail ou en visites. Oui, je sais, la plupart des gens bossent 35 à 40 heures par semaine, avec 5 semaines de congés payés. Mais je gagne moins en 50 heures que ce que je devrais en 35, donc, pour l'instant, on continue comme ça.
Les vacances sont donc un authentique cauchemar pour celui qui reste. Théoriquement, nous sommes trois à travailler sur la structure. A deux, la différence est absorbée sans difficulté et les gardes restent partagées. Mais tout seul, c'est le tunnel dont je parlais dans le billet précédent. Je n'ai aucun intérêt à voir mon associé partir en live à cause du surmenage, et s'il faut que je lui botte le cul pour qu'il parte en vacances, je le ferai. D'ailleurs, je sais qu'il aura les mêmes délicates attentions à mon égard. Car comme le dit l'ancienne sagesse :
Je te donne ce que j'ai, ce que je vaux
I can give you the force
Of my ancestral pride
The will to go on when I'm hurt deep inside
Whatever the feeling whatever the way
It helps me go on from day to day
Par ailleurs, nous avons tous nos moyens de recharger les accus, au moins en charge minimale. Pour moi, l'objectif après ce genre de traumatisme professionnel, c'est de revenir à un niveau compatible avec une vie personnelle normale, le travail en rythme "normal" me permettant de me reposer ensuite. Trois jours loin de chez moi, sans animaux, dans un environnement "vacances" sans faire la cuisine ni avoir de choix plus complexe que celui de "j'descends à la plage ou j'reste dans le hamac ?", avec, surtout une ou plusieurs plongées à la clef, c'est suffisant. La plongée, c'est magique. Il y a l'odeur du néoprène, le bateau, les sourires des gens qui sont là pour le plaisir, l'immersion et la coupure avec le bruit de la surface (même si le monde du silence n'est en réalité pas du tout silencieux), bref, une apesanteur salvatrice.
Comme le signalait d'ailleurs une des plus belles voix de la chanson française :
Les pieds dans l'eau on s'amuse
En employant mille ruses
Pour éviter les méduses
C'est amusant
Ça fait passer le temps
Vive les vacances...
Et puis, j'ai bien l'intention de repartir pour au moins deux semaines, mais là, ce n'est vraiment pas le moment. Bien entendu, il y a cette petite voix acide qui me susurre quelque chose du genre : "et ce ssssera quand, le bon mommmment ?". Mais bon, on f'ra avec. Et en attendant, je vais simplement recommencer à avoir une vie.
Bref.
Évidemment, nous pourrions embaucher un remplaçant. Deux écueils à cela : c'est difficile à trouver quand on fait de la rurale, mais, surtout, nous n'avons pas les moyens de nous en payer un... Ceci étant, cela fait partie de nos grands projets.
J'en profite pour vous remercier de tous vos commentaires, les constructifs, les inutiles, les blessant, les encourageants, les réconfortants. Je ne réponds pas souvent, parce qu'il n'y a souvent pas grand chose à dire, mais je vous lis toujours.
PS : Ma douce et tendre signale que lorsque je suis fatigué, j'ai un humour "blessant" et j'écoute de la "musique de merde". Je ne vois pas du tout ce qu'elle entend signifier par cette dernière précision.
PPS : elle dit aussi : "je te foutrais bien sur les ailes d'un avion de Barbie", comprenne qui pourra.
PPPS : Dans ces cas là, je lui réponds :
C'est la musique
Qui nous fait vivre tous les deux
Et l'on est libre de partir demain où tu veux
Commentaires
Cher Fourrure,
L'important, c'est votre santé, et votre chère et tendre.
Tant que ces deux choses là tiennent bon...Le reste, c'est votre choix.
Amicales pensées.
PS : pour la musique de merde, je confirme.
Je comprends tout à fait ce discours, nous sommes partis seulement 4 jours pour ces presque mêmes raisons, 4 jours qui nous ont fait un bien énorme. Courage :)
J'aime beaucoup l'allusion à l'avion de Barbie ... Tellement mignonne quand on ne sait d'où elle sort et tellement vrai quand on le sait ^^
Au moins, vous nous avez épargné les "maïlayiii, maïlayaaa, maïlahooo, maïlahaha ! "... votre douce moitié vous aurez directement propulsé sur cet avion barbie !
Bon courage à votre associé et vous même en attendant ce fameux "bon moment" ;)
avion de Barbie ->> voir Florence Foresti!
Le prix de l'indépendance !
En lisant ce billet, je n'ai pu m'empêcher de faire des comparaisons, même si elles ne sont pas pertinentes. Nous avons des professions dites "indépendantes" mais nous ne sommes pas aussi libres que cela ! La conscience professionnelle, le soucis de la gestion de boutiques qui même petites sont aussi exigeantes que des grosses, la contrainte d'une clientèle par essence exigeante, les contraintes administratives, le travail avec du vivant toujours imprévisible rendent certains métiers à la fois passionnants et en même temps terriblement contraignants. En même temps, les standards de consommation font qu'il parait anormal de ne pas partir en vacances. Mon métier est plus tâcheron que le votre mais il présente des similitudes en terme de présence. Par contre, je ne mesure pas la capacité que vous pouvez avoir de vous "sortir" un moment de son exercice en restant sur place ! Pour ma part, c'est impossible. Habitant au milieu de ma ferme, je vis à son rythme et je n'arrive pas à m'en libérer tant que j'y suis. Mes parents ne prenaient pas de vacances au sens courant du terme mais ils se ménageaient tout au long de l'année des moments de répit qui faisaient qu'en heures de travail effectifs, je dois en faire plus qu'eux... Ma femme exerce une profession libérale plus valorisante que la mienne. Son rythme dépasse la raison au travail, je ne parle même pas des semaines de garde où le cumul est absurde. Pour elle, les temps de respiration sont indispensables sinon physiquement, cela coincerait vite. Si on additionne le total des heures sur une année, là encore, les compteurs en surprendraient plus d'un... Rémunératrices ou pas, les professions libérales ne sont pas les espaces de liberté que certains envient. Mais au moins avons nous la chance de ne pas avoir de patron sur le dos même si là encore, ce n'est pas si simple. Je comprend votre raisonnement mais victimes du stress ambiant, je me demande comment gérer de vrais temps de pause efficaces ?
Force et honneur...
Je pense à vous plus souvent que je ne l'aurais cru...
Alors 2 choses
1 : c'est quoi comme style de musique ?? :p
2 : l'odeur du néoprène! raaah odeur des plus addictive, souvenir du silence du calme par 20m de fond et au delà ...
Souvenir souvenir !
Fourrure, c'est effectivement ZE moyen de casser le rythme et de se ressourcer
J'aime beaucoup les références de Madame Fourrure à propos de l'avion de Barbie : ! Et moi aussi je serais curieuse de savoir de quel type de "musique de merde" il s'agit... Et s'il s'agit du même genre que les références que vous-mêmes utilisez ici dans ce billet, je m'étonne qu'elle ne vous ai justement pas encore posé elle-même sur les ailes de l'avion de Barbie, ha ha !!!
En attendant, bon retour à la clinique et en espérant que le "bon moment" des 2 prochaines semaines de vacances ne se fasse pas trop attendre.
Pour l'avoir vu avec mon ex-mari et aussi un peu avec moi, recharger les accus au minimum, ça ne peut marcher qu'un temps... Au bout d'un moment, ce n'est pas vous qui soignerez en clinique mais qui serez soigné !
Bon courage pour la suite ;) !
..."Psychologiquement, c'est assez intéressant de chercher ses limites..." oui mais faudrait pas que ça soit au détriment des animaux que l'on vous confie ;-)
Surmenage, "burnout" soit, mais est-ce que tous les vétérinaires ont la "capacité" ou "la possibilité" de dire stop, je ne peux pas traiter ce "cas" à 100 % ?
J'amène mon animal chez le véto, j'espère qu'il est à 100% concentré sur ma bestiole ! Egoïstement votre.
Fourrure :
C'est angoissant d'avoir affaire à des êtres humains, hein ?
Sujet du congrès de Vittel la semaine prochaine : "errare veterinarum est". Ou l'art d'officialiser l'humanité d'une profession.
Etant moi même vétérinaire j'ai un peu de mal a croire qu'avec le boulot que vous avez vous n'ayez pas les finances pour prendre un remplacant de temps en temps...
Fourrure :
Nous aussi ! Mais c'est pourtant le cas. En fait, prendre un remplaçant mixte à un tarif décent revient pour nous à partir en congé sans solde... et nous pouvons difficilement nous le permettre. Pour le moment en tout cas. D'ailleurs, je n'ai jamais aussi bien gagné ma vie qu'à l'époque où je faisais des remplacements. Hop, direction le charolais, quelques semaines à faire des césariennes tout la nuit avec un intéressement sur les actes, c'était l'enfer mais ça payait bien.
C'est très vrai!
Au démarrage, j'étais parti dans ce métier avec la classique conception de "L'ami des animaux", plus une volonté assez précise de me situer dans l'Actif du thérapeute plutôt que dans le Contemplatif du zoologiste, universitaire par exemple; tout en sachant qu'il faudrait assumer une charge de travail considérable...
Et puis une fois dans le bain, il a fallu composer avec tout un tas d'activités "annexes", pas prévues dans les sessions d'enseignement des ENV: Gérer l'administratif propre à la profession en prenant connaissance, puis en appliquant l'Himalaya des circulaires, arrêtés, notes d'informations des nouvellement créees DDPP, avatar fusionnel des DSV & DDCCRF, jamais en mal de nouveauté... Et puis Libéral, comme l'a si bien dit notre Heureux Paysan, c'est aussi être son propre patron, mais aussi celui de ses employés, d'où un nouvel Everest de paperasse comptable, (TVA, Bilans, Déclarations de tous poil) et Sociale (URSSAF, ASSEDIC, AG2R, Médecine du Travail). Sans compter la gestion "Psychologique" du personnel et parfois les relations inter-associés! Eh oui, plus on est nombreux, plus ça se complique...
De toutes façons, les choses se font souvent d'elles-même, ajoutant une couche après une autre, progressivement, tel un gros millefeuille pas bien crémeux et plutôt indigeste.
Pour ceux qui se demandent comment on peut en arriver au "Brûlé-Dehors", ben voilà, comme ça, tout doucement, comme la grenouille qu'on chauffe dans son bocal, degré par degré, sans vraiment qu'elle s'en aperçoive jusqu'au moment où elle est cuite!
L'an passé, j'eus quelques échanges assez vifs sur le forum de RUE89 avec un Médecin déclarant ne plus vouloir accepter d'effectuer des gardes... Je me suis même fait engueuler pour avoir déclarer enfiler trois à quatre nuits de gardes de suite, pour non-performance à l'arrivée!!!
J'en suis resté pantois! Comme si moi, j'avais le choix de dire "Faites le 15, j'suis crevé!" C'est sûr, à 58 balais, j'aimerais bien lever le pied, mais pour ça, faudrait trouver un assistant à temps partiel compétent, et dans le coin, c'est plutôt le repoussoir des vocations... Même en payant bien! Alors, je fais un peu comme Fourrure, je m'extracorporalise en me regardant du dehors pour savoir si ça va tenir, ou combien de temps...
Justement, Cher Fourrure que j'imagine vigoureux, jeune et bien gaulé, comment fais-tu en cas de pépin physique sérieux???
Fourrure :
Pour l'instant, c'est encore virtuel : je suis suffisamment jeune et bien gaulé pour ne pas avoir eu de sérieux souci physique. A peine un genou retourné par une vache pas commode, et une côte cassée doublée d'une déchirure de muscles intercostaux. Bref, pas de quoi m'arrêter plus du temps nécessaire pour aller faire une radio.
Par contre, pour avoir vécu en direct les conséquences de l'imprévoyance d'un confrère, couverture accident, incapacité de travail et tutti quanti optimale. Je ferai un billet là-dessus, j'attends justement une très prochaine occasion de remise à plat de tous ces contrats pour faire le point et vous donner mon expérience de la chose.
Allo? Saloute ! C'est Diego, haïduk.
(Tu pourras néanmoins préciser à ta douce et tendre qu'il ne fait pas bon de jouer au roumain ces temps-ci... ;)
Mais l'image m'amuse beaucoup !
Allez, à très vite, prends soin de toi tout d'même !)
En lisant ce billet là et le dernier, je me sens moins seule tout à coup! Je suis passée par là ce printemps, à enchaîner les gardes et les astreintes tout en gérant le quotidien du cabinet- la vaccination FCO et son cortège de corvées administratives pour ne citer que cela - (par exemple en avril : 2 jours de repos en tout et pour tout) et en oubliant qu'il y avait une vie à côté du boulot... je pense être aussi passée tout près du burn out (où est la limite??), avec des moments où on n'a l'impression que rien ne va, qu'on risque l'erreur ou l'accident à tout moment car trop de fatigue et plus assez d'énergie pour être vigilant.. en voiture ça peut avoir des conséquences non négligeables quand on fait plus de 200 km par jour sur de la toute petite route.. mais aussi avec les animaux, et un coup de pied par ci, un pied écrasé par là... n'importe quelle broutille entraîne un état d'énervement complètement disproportionné, de la colère, des larmes, l'envie de hurler, de pulvériser le téléphone dès qu'il sonne... Quand on bosse, on n'a pas de vie, quand on est de repos, on récupère, donc on n'a pas bien de vie non plus.
Heureusement pour moi, l'été est arrivé, une période un peu plus creuse dans ma région, et j'ai pu prendre pour la 1e fois 3 semaines de vacances d'affilée, qui ont été salutaires ... Je ne devrais pas repasser d'hiver aussi horrible, si tout va bien on prend un aide cette année...
Bref tout ça pour dire que je comprends ce que tu as traversé et que je te souhaite de pouvoir très vite prendre un remplaçant!
A vous lire tous, et après avoir récemment rencontré une consoeur véto avouant frôler le "cramé" régulièrement, je me dis que j'ai sauvé ma vie... J'ai été à la limite à la fin de mes re-études et au début de mon installation (mémoire à rédiger, enfants, maison, seule la semaine, soucis financiers, recyclage professionnel de mon mari au même moment, puis installation et découverte d'une nouvelle profession), et je me suis dit que je n'aurais pas tenu si j'avais créé un cabinet véto au lieu d'un cabinet d'orthophonie !
Il est certain que lorsque les investissements sont remboursés, ça commence à aller mieux et on peut s'offrir un remplaçant ou un aide, mais ça peut être long, et en rurale, ça devient difficile.
Quand on me dit que j'ai été courageuse de reprendre des études, je réponds que non, que le vrai courage (ou la folie) aurait été de m'investir bien plus dans mon activité vétérinaire, de me remettre à niveau et de créer au lieu de bosser pour les autres... Mais j'avais trop envie de pouvoir vivre, et comme vous l'écrivez tous, la vie en majuscule commence pour beaucoup d'entre nous quand cesse le travail.
Pour la petite histoire, j'ai eu pendant toutes mes études véto la tentation de les arrêter pour chanter du jazz (et écrire). Cela ne m'a jamais quittée, et m'a conduite à l'orthophonie.
Je ne veux surtout pas faire de prosélytisme, parce que le métier de véto est magnifique et que j'ai aimé l'exercer quand je pouvais m'y consacrer pleinement, mais je pense qu'on devrait tous avoir un plan B...
@ Caroline...
"Quand on bosse, on n'a pas de vie, quand on est de repos, on récupère, donc on n'a pas bien de vie non plus"
Super-bien dit, chère Caro: Je me suis rendu compte de ça il y a bien 20 ans maintenant, quand mon fils m'a demandé innocemment: "Papa, pourquoi nous, on n'a jamais de parent (sous entendu: de père!) avec nous pour nous emmener aux matchs de foot le dimanche?? Faut tout le temps qu'on se fasse emmener par les copains!..."
Ben voilà, pas de vie sociale parceque, soit tu bosses, soit tu récupères...
Une variante, suite à la rencontre d'un de nos anciens aides "passé" dans l'administration:
"Quand je bossais chez vous, je gagnais bien du pognon, mais j'avais pas le temps de le dépenser; Alors que maintenant, j'ai vachement de temps disponible, mais je gagne pas lourd..."
CQFD...
@Rollin_Delay : ah oui, le problème du plan B, c'est que des fois il a un inconvénient !
Wahou, a vous lire c'est pas rassurant ! Avoir une bete qui s'agite dans l'estomac, se reveiller la nuit pour les cas, se laisser déborder par tout ca, je me disais que avec le temps, j'apprendrais a gerer... J'ai la chance de bosser avec une equipe top, mais pfiou, parfois je gère plus.
Si je devais changer de boulot je ferais fleuriste, pour vendre du bonheur, et puis une fleur quand elle fane c'est pas grave...
Deux articles assez prenants, et qui font mesurer la chance qu'on a dans certaines autres professions.
Bon courage à vous !
Je ferai court cela fait 2 fois que mes commentaires ne sont pas publiés (bug ou volontaire ??) et c'est assez frustrant et décevant.
Ce que vous décrivez-là, j'aurais pu l'écrire. Et pourtant je ne suis pas vétérinaire. Je suis salariée d'une entreprise, avec un boulot qui ne me plaît pas, mais qui m'occupe déjà 35h par semaine. En plus de ça, je m'occupe d'une association, en tant que bénévole. Association que, bien que loi 1901 à but non-lucratif, je gère comme n'importe quelle entreprise: je ne compte pas mes heures (j'y suis souvent jusqu'à 1/2h du matin), je subis les assauts des humains (tout toujours urgent, sans qu'ils ne veuillent faire le moindre effort), je gère tous les problèmes avec les chats en accueil, je "manage" une équipe de bénévoles, qui n'est pas sans souci non plus (justement parce que étant bénévoles, on ne peut pas se permettre de trop leur en demander), j'endosse bon nombre de responsabilités, etc... Bref, un vrai second boulot, qui me prend quasiment plus de temps que le premier. Sauf qu'il n'est pas payé. Je vous entends dire: "oui mais tu l'as voulu, tu n'avais qu'à pas la créer ton asso". Certes. C'est vrai, j'aurais pu continuer à profiter de la vie et m'occuper de mon nombril. Mais si je l'ai créée, c'est que quelque-part, il y avait un manque, un besoin. Et le nombre de demandes que je reçois, de plus en plus nombreuses, le confirme. L'asso m'apporte beaucoup aussi au niveau personnel (ce qui m'aide à tenir), tout comme le métier de vétérinaire peut beaucoup apporter également, je pense. Mais le souci est que c'est impossible de trouver le moindre répit. Cet été j'avais 3 semaines de vacances (imposées par la boîte dans laquelle je travaille). Mon conjoint ne peut pas prendre à cette époque de l'année. J'ai donc passé mes 3 semaines de vacances à la maison. L'HORREUR. Le téléphone qui n'arrête pas de sonner, les gens qui veulent tout, tout de suite, sans faire le moindre effort. Les urgences qui s'accumulent, et l'impression grandissante d'avoir la tête sous l'eau et de se noyer en permanence. J'ai presque trouvé grâce de reprendre le boulot à la rentrée. A la fin des vacances, je saturais tellement que j'étais INCAPABLE de décrocher le téléphone, un vrai blocage.
Bref, tout ça pour dire que je comprends très bien les difficultés de votre métier, car moi aussi je me demande: "jusqu'à quand vais-je tenir le coup ?". A toujours marcher sur un fil, il risque de casser à un moment ou à un autre.
Sur ce bon courage, et je vous souhaite de pouvoir avoir bientôt un nouveau week-end salvateur.
Fourrure :
Non, bug sans doute, car ici vos commentaires ne sont pas passés en spam (ce qui peut parfois arriver, mais je vérifie toujours la boîte à spam). Pour le reste... bon courage !
Le véto que j'avais dans le Nord (maintenant je suis en Dordogne) m'a dit juste avant de partir en retraite :
"ce qui va me faire le plus bizarre, c'est le silence. Mais aussi de savoir que je vais pouvoir terminer un repas lorsque je me mettrai à table et faire une nuit complète en allant me coucher".
Il m'a dit aussi "j'ai adoré mon métier, ses joies, ses peines mais je ne ferai pas parti de ce qui le regrette, il y a un temps pour tout et il est temps pour moi d'arreter".
Effectivement, nous, en tant que "clients", nous oublions souvent votre côté humain au profit de votre côté "sauveur scientifique". Mais depuis qu'il m'a dit ça, je me suis rendue compte à quel point votre métier est physiquement et nerveusement difficile (on voit souvent le côté elitiste des études mais pas le reste).
Alors bon courage fourrure, vous semblez être une personne très investie dans son métier, tenez bon et essayez de vous ménager !!!!
L'inconvénient du blog de Fourrure, c'est qu'il écrit trop bien ou trop juste, qui sait? Quand je l'ouvre, je m'y promène 2 heures et si le téléphone de garde sonne cette nuit ce sera dur. Bon une question , c'est quoi un salaire décent pour un remplaçant mixte, parce que oui il en existe encore
Fourrure :
Merci et... la convention collective est votre amie (on la trouve facilement sur le site du snvel, partie véto) !