Le retour du répit, et du reste

J'ai hésité à répondre dans les commentaires, puis à éditer le billet précédent, mais finalement je préfère revenir dans un nouveau billet pour ne pas perdre les lecteurs qui me suivent sur flux RSS.

Récapitulons.

Vous me disiez :

Partir quinze jours,
Sans retour,
Oublier, le passé
Sans se retourner,
Ne rien regretter,
Penser à demain recommencer

En fait, le problème est plus complexe que ce que nous apprend ce célèbre trio de chanteurs à textes.

Mettons que, pour l'instant, nous sommes deux au lieu de trois à travailler dans notre clinique (je parle des vétérinaires). Ce n'est pas tout à fait vrai, mais, temporairement, on va faire comme si, et on va supposer que ça va encore durer un bon moment (je ne m'étalerai pas sur les causes, cela ne vous regarde pas, bande de curieux). De toutes façons, ce sont les conséquences qui nous intéressent. Même s'il faut gérer d'autres conséquences, plus subtiles, de ces causes.

Si je pars deux semaines, cela signifie que mon confrère se retrouve, pour ainsi dire, tout seul. Comme je viens de l'être. Donc que ses vacances seront "usées" à peine la rentrée entamée. Au bout d'une semaine, il se retrouverait en état de "too much", en deux, à la limite du surmenage, à se demander comme moi jusqu'où aller trop loin. Psychologiquement, c'est assez intéressant de chercher ses limites, d'ailleurs. Mais ce n'est pas le sujet. Opérer tout en répondant au téléphone et en réfléchissant aux derniers résultats d'analyse sur le cas "housesque" de la semaine, tout en tentant d'imaginer la tronche des propriétaires de chevaux censés déclarer les lieux de détentions de leurs équidés, c'est assez amusant. Et puis, il y a un côté ludique.

Tiendra, tiendra pas ?

Je le disais dans d'anciens billets, ce sont les cassures de rythme qui sont mauvaises. Bosser tranquille en partageant les gardes, les coups de bourre et les jours de repos, c'est une routine confortable et tranquille. Presque reposante. Le tout est de ne pas dépasser, disons 50 heures par semaine de présence sur le lieu de travail ou en visites. Oui, je sais, la plupart des gens bossent 35 à 40 heures par semaine, avec 5 semaines de congés payés. Mais je gagne moins en 50 heures que ce que je devrais en 35, donc, pour l'instant, on continue comme ça.

Les vacances sont donc un authentique cauchemar pour celui qui reste. Théoriquement, nous sommes trois à travailler sur la structure. A deux, la différence est absorbée sans difficulté et les gardes restent partagées. Mais tout seul, c'est le tunnel dont je parlais dans le billet précédent. Je n'ai aucun intérêt à voir mon associé partir en live à cause du surmenage, et s'il faut que je lui botte le cul pour qu'il parte en vacances, je le ferai. D'ailleurs, je sais qu'il aura les mêmes délicates attentions à mon égard. Car comme le dit l'ancienne sagesse :

Je te donne ce que j'ai, ce que je vaux
I can give you the force
Of my ancestral pride
The will to go on when I'm hurt deep inside
Whatever the feeling whatever the way
It helps me go on from day to day

Par ailleurs, nous avons tous nos moyens de recharger les accus, au moins en charge minimale. Pour moi, l'objectif après ce genre de traumatisme professionnel, c'est de revenir à un niveau compatible avec une vie personnelle normale, le travail en rythme "normal" me permettant de me reposer ensuite. Trois jours loin de chez moi, sans animaux, dans un environnement "vacances" sans faire la cuisine ni avoir de choix plus complexe que celui de "j'descends à la plage ou j'reste dans le hamac ?", avec, surtout une ou plusieurs plongées à la clef, c'est suffisant. La plongée, c'est magique. Il y a l'odeur du néoprène, le bateau, les sourires des gens qui sont là pour le plaisir, l'immersion et la coupure avec le bruit de la surface (même si le monde du silence n'est en réalité pas du tout silencieux), bref, une apesanteur salvatrice.

Comme le signalait d'ailleurs une des plus belles voix de la chanson française :

Les pieds dans l'eau on s'amuse
En employant mille ruses
Pour éviter les méduses
C'est amusant
Ça fait passer le temps
Vive les vacances...

Et puis, j'ai bien l'intention de repartir pour au moins deux semaines, mais là, ce n'est vraiment pas le moment. Bien entendu, il y a cette petite voix acide qui me susurre quelque chose du genre : "et ce ssssera quand, le bon mommmment ?". Mais bon, on f'ra avec. Et en attendant, je vais simplement recommencer à avoir une vie.

Bref.

Évidemment, nous pourrions embaucher un remplaçant. Deux écueils à cela : c'est difficile à trouver quand on fait de la rurale, mais, surtout, nous n'avons pas les moyens de nous en payer un... Ceci étant, cela fait partie de nos grands projets.

J'en profite pour vous remercier de tous vos commentaires, les constructifs, les inutiles, les blessant, les encourageants, les réconfortants. Je ne réponds pas souvent, parce qu'il n'y a souvent pas grand chose à dire, mais je vous lis toujours.

PS : Ma douce et tendre signale que lorsque je suis fatigué, j'ai un humour "blessant" et j'écoute de la "musique de merde". Je ne vois pas du tout ce qu'elle entend signifier par cette dernière précision.
PPS : elle dit aussi : "je te foutrais bien sur les ailes d'un avion de Barbie", comprenne qui pourra.
PPPS : Dans ces cas là, je lui réponds :

C'est la musique
Qui nous fait vivre tous les deux
Et l'on est libre de partir demain où tu veux

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