Journal de campagne - Fièvre Catarrhale Ovine : Une journée en enfer
mardi 9 septembre 2008, 22:32 Vétérinaire au quotidien Lien permanent
4h10 - Réveil en sursaut, pas de sonnerie de téléphone pourtant - je suis en sueur, j'ai rêvé que les vaccins qui devaient être livrés ce matin n'arrivaient pas car j'avais oublié de passer le fax. 10 minutes pour me rendormir en m'insultant.
5h10 - Mon foutu téléphone portable fait vibrer les baffles de mon radio-réveil. Pour rien. Résultat : une augmentation délirante de ma fréquence cardiaque, une bonne bouffée de stress et une dizaine de mots doux à l'encontre de mon téléphone que je balance bien loin de ma table de nuit. Je ne suis même pas d'astreinte !
8h00 - Lever rapide, petit-dej' très rapide, café, sortir les chiens. Même pas en mode automatique : je me réveille instantanément maintenant !
8h30 - Je démarre la voiture, direction la clinique. 10 minutes de route avec les infos. Rien de neuf sous le soleil, évidemment.
8h40 - Je passe vite fait entre les cages des animaux hospitalisés après avoir salué notre ASV, qui vient de reprendre le téléphone de garde. Ici non plus, rien de neuf sous le soleil. Si j'ai le temps, je ferai les soins aux animaux, sinon Francesca s'en occupera. Rien d'urgent de toute façon. Notre parvovireux a arrêté de tout repeindre de diarrhée et l'anémie auto-immune a uriné clair. Impeccable.
8h50 - Je distribue la tournée de vaccination FCO à Olivier qui vient d'arriver. Ben oui, j'ai le privilège d'être le Grand Organisateur de nos tournées de prophylaxie. Boulot de dingue, je vous en toucherai un mot dans ce billet, et plus encore dans un autre épisode du journal de bord FCO.
9h00 - La clinique ouvre ses portes. 8 personnes (!) s'engouffrent avec leurs bestioles, leurs enfants, leurs sacs à main et leur stress. Je me cache lâchement dans la deuxième salle de consultation avec un téléphone, le planning des tournées et les feuilles de prophylaxie.
9h02 - Après deux minutes à bouger des piles de papier pour éviter de réfléchir, je jette un oeil par la porte. Merde, M. Dueil, c'est moi qui lui ai donné un rendez-vous pour une série de tests hormonaux. Pauvre chien, ça fait des mois qu'il se traîne une foutue infection cutanée récidivante, sans cause sous-jacente encore détectée. Le chien a 8 ans, c'est un chien de chasse, mais son propriétaire est prêt à aller sur les tests hormonaux et leur éventuel traitement. J'en profiterai pour refaire une série de raclages à la recherche de demodex ou autres saletés parasitaires.
9h03 - Finalement, je me décide. Un bonjour à la contonnade, j'interpelle M. Dueil et lui demande d'aller chercher son chien. Quelques minutes plus tard, ce dernier est dans la courette, son propriétaire reparti au travail, il reviendra le chercher à midi. Dans le même mouvement, j'hospitalise une minette venue pour une ovariectomie, salue un client venu régulariser des factures de médicaments pour la FCO, et avise un homme d'une quarantaine d'années avec sa fox dans les bras. M. Petit. Lui, il avait rendez-vous à 10h00, il s'est encore gouré...
9h15 - Olivier est parti en tournée, il n'a que 200 vaches à faire ce matin. Tranquille. Cette fois-ci, il a pris trop de vaccins, il s'est fait coincé hier à 25 km d'ici avec 35 doses manquantes...
9h16 - J'invite M. Petit à me rejoindre en salle de consultation avec sa fox, pour un vaccin. Ca fait au moins trois fois que ce rendez-vous est reporté : M. petit est vraiment un homme très gentil, mais il est un peu... léger. Sa présence est presque incongrue dans notre quotidien de stress et de tensions. Il sourit et me salue de sa voix étrange, à la fois brisée comme celle d'un vieux fumeur, et aiguë comme celle d'une fillette. Il n'articule pas bien du tout et entends très mal, mais il lit remarquablement sur les lèvres. Il rit aux éclats en voyant sa chienne faire le beau devant moi, puis me décrit ses dernières chasses au renard. Je n'y comprends pas grand chose : son élocution est terriblement difficile à suivre, surtout quand il aborde un sujet que je ne maîtrise pas du tout, mais il mime, il gesticule, il rit à nouveau pendant que j'examine rapidement. J'en oublierai presque la FCO et le stress quotidien.
9h24 - Olivier passe la tête par la porte de la salle de consultation :"heu j'avais rien compris à ce que m'avait dit Mme Wood au téléphone ce matin, je croyais qu'elle amenait un chat qui bavait mais c'est un bélier ! Il est dans le coffre de leur 4x4, tu y jetteras un coup d'oeil ?"
Il n'était pas parti, lui ?
9h30 - Le bélier a une magnifique langue bleue. Évidemment, c'est un tout petit cheptel non déclaré, et Francesca a remarquablement anticipé la suite : elle a déjà téléphone à l'EDE pour faire enregistrer le cheptel afin que la suspicion de FCO puisse être validée. Deux injection, une longue conversation en anglais pour expliquer la blue tongue et la déclaration de l'élevage, le traitement aux insecticides et la vaccination à prévoir dans la semaine qui vient (mais quand ???), et je repars sur les chiens et les chats.
9h50 - Je m'excuse auprès de M. Bel qui avait rendez-vous à 9h30, pour recevoir Belle (si si, Belle Bel) qui nous revient avec sa DAPP annuelle mâtinée d'aoûtats en goguette. En plus elle est en chaleur et mon pantalon vient de recevoir une belle quantité d'écoulements vaginaux. C'est tiède, c'est humide, c'est presque transparent (fin des chaleurs, donc) et ça va terriblement plaire aux chiens mâles que je verrai en consultation aujourd'hui.
10h15 - Je vois Francesca qui réceptionne un sac de poulets morts pour autopsie. Super.
Je viens de me rendre compte que nous n'avons pas en stock les produits nécessaires aux tests hormonaux que je comptais réaliser sur le chien de M. Dueil. Je téléphone donc illico à la pharmacie pour les commander - livraison à 15h30 cet après-midi. Il faut penser à rappeler le propriétaire pour lui dire de venir chercher le chien ce soir, finalement.
Pas de rendez-vous avant 10h30, je devrais pouvoir placer quelques fermes supplémentaires sur la tournée de vaccins de vendredi, et il faut que je valide un élevage pour demain, je n'ai pas encore eu leur réponse.
10h20 - Finalement, c'est une éleveuse qui m'alpague avec sa feuilles d'analyses bactériologiques à la main. Un prélèvement qu'elle a elle-même réalisé sur le lait d'une vache à mammite, et une belle saleté de Streptococcus uberis résistants à plein de choses. Pratique.
10h45 - J'ai prescris le traitement ad hoc à l'éleveuse et invite M. Dulin dans la salle de consultation. Évidemment, je n'ai pas pu joindre les éleveurs comme je l'avais prévu quelques minutes plus tôt, je m'excuse auprès de M. Dulin pour le petit quart d'heure de retard et je l'écoute m'expliquer les manies de sa chienne anxieuse. Je n'ai absolument pas le temps de gérer une consultation de comportement maintenant, d'autant qu'un éleveur de mouton a appelé, il a un cas de FCO... Je rassure donc M. Dulin sur les tumeurs mammaires de sa chienne, il faudra penser à opérer mais sans urgence, je l'invite à reprendre un rendez-vous pour une consultation de comportement si mes quelques indications trop vite assénées ne suffise pas faire rentrer les choses dans l'ordre. Accessoirement, je le conseille sur le choix d'un traitement pour les aoûtats qui pullulent sur sa chienne.
10h58 - Je prends ma voiture et me lance vers un village distant d'une dizaine de kilomètres afin de vérifier l'existence d'un nouveau foyer de FCO. La brebis a les lèvres gonflées, violacées, mais elle est relativement en forme. Comme le bélier de ce matin, elle a une chance de s'en sortir. prise de sang, conseils, dissipation de rumeurs, je note ce que j'ai fais sur mon indispensable bloc-note et reprends la route.
11h28 - Je m'arrête chez des clients qui sont sur le chemin, pour prendre des nouvelles d'une vieille chienne opérée une semaine auparavant avec d'énormes réserves sur la période post-opératoire, en raison d'une ancienne crise d'insuffisance rénale aiguë. Ils ne sont pas là, mais j'entre quand même pour jeter un coup d'oeil au chenil des chiens de chasse. Elle ne semble pas en forme du tout, la louloute...
11h35 - J'arrive à la clinique, le livreur est en train de déposer la commande. Tandis qu'il finit son déchargement, je passe enfin les coups de fil pour les rendez-vous de vaccination de demain.
11h42 - Je remplis rapidement la paperasse pour les deux suspicions de FCO de ce matin, puis je m'attelle au classement des prises de sang de prophylaxie d'un cheptel ovin.
11h48 - Je me lève pour aller chercher un meilleur stylo, et, sur le passage, je ne peux pas m'empêcher de jeter un oeil aux milliers de doses vaccinales pour la FCO.
11h48 - Le temps s'arrête.
11h48 - Il manque les doses de sérotype 8.
11h48 - Il me reste à peine de quoi faire la tournée de demain au frigo !
11h48 - En plus les seringues automatiques commandées ne sont pas livrées non plus, et il ne nous en reste plus que deux !
11h49 - J'appelle la centrale d'achat, qui me confirme une rupture de stock de vaccins et m'annonce une livraison dans la semaine.
Dans la semaine ?
Mais quand ?
Impossible !
Et les seringues automatiques ?
Il ne reste plus qu'un modèle médiocre et inadapté en stock.
11h51 - Je téléphone à un confrère voisin pour lui demander s'il pourrait me dépanner de 1500 doses. C'est une de ses ASV qui me répond, elle dépose le combiné le temps d'aller vérifier les stocks. J'entends une autre ASV expliquer à une dame manifestement bouchée que les vétérinaires, elle ne les voit pas de la journée, et que donc le certificat pour Kiki, il attendra ! Je souris malgré moi.
11h53 - 1500 doses, peut-être. Il faudrait que je rappelle dans l'après-midi.
11h58 - Je file en vitesse de la clinique, j'ai une course urgente à faire. Évidemment, en partant, je croise M. Dueil que personne n'a appelé pour le prévenir du contretemps sur les tests hormonaux de son chien. Heureusement, il n'habite pas loin. Il repassera ce soir vers 18h.
12h25 - Je suis chez moi avant 13h00 ! Une première depuis 24 jours de travail non-stop ! Pour fêter ça, je mange en vitesse et j'écris un billet sur mon blog.
14h00 - De retour à la clinique, je croise mes deux confrères qui vaquent chacun à leurs consultations canines. Olivier repartira en tournée de vaccination. Dans trente minutes j'y vais aussi, en attendant je découvre avec plaisir qu'il faut que je prépare les cartes roses de 27 veaux pour l'éleveur de 14h30 : il a trouvé un acheteur et il faut donc mettre leurs papiers en règle pour la vente. Tampons, signatures...
14h14 - Olivier est en train d'examiner un chat qui avait rendez-vous avec moi, normalement, un suivi d'une vilaine plaie cutanée. Je vais quand même saluer la dame et regarder l'évolution, histoire de. Puis je retourne à mes tampons.
14h21 - Je rappelle à Olivier qui passe par là dans sa blouse immaculée qu'un éleveur l'attends pour la tournée de l'après-midi.
"Merde !"
14h27 - Francesca me demande de l'aide pour une facturation de médicaments pour la FCO - il faut faire des factures spéciales afin que les éleveurs puissent prétendre à la caisse de solidarité des GDS pour les soins aux bovins malades. Je ne vois vraiment pas comment je serais à 14h30 chez cet éleveur pour les vaccins et les prises de sang de vente...
14h41 - Je tamponne à nouveau.
14h52 - Je n'ai pas fini de tamponner mais je me rends compte que j'ai oublié de rappeler le véto voisin pour les 1500 doses. Et s'il pouvait avoir deux seringues automatiques, aussi... ? la discussion s'anime au sujet de quelques problèmes de procédure avec certains élevages que nous nous échangeons pour les vaccination : normalement, cette vaccination est réalisée par le vétérinaire sanitaire de l'élevage, responsable du suivi sanitaire. Afin de gagner du temps, pour cette crise, nous nous "échangeons", sur demande ou avec l'accord des éleveurs, certains cheptels qui sont beaucoup plus proches du cabinet du voisin. J'apprécie vraiment la bonne entente qui règne entre les vétos de la région. En attendant, il peut me dépanner de 1000 doses, et pas de seringue automatique.
15h08 - J'appelle la DSV pour lui soumettre mon problème de doses. On me propose 1500 doses débloquées pour demain et livrées sur place afin de pallier l'urgence. Pour la suite... croisons les doigts pour que notre centrale soit très vite livrée en doses fournies par d'autres centrales (c'est marrant, à leur échelle, les centrales d'achats font comme nous : "t'as pas 1000 doses ?").
15h24 - J'ai fini de tamponner ces foutues cartes, je file chez l'éleveur pour les vaccination et les prises de sang.
15h52 - Premier lot de 24 broutards terminé. Numéros relevés, vaccinés, prélevés, triés, ils sont prêts à partir. En attendant le lot suivant, j'ai une idée. je passe un coup de fil à un autre cabinet voisin que je sais se fournir dans une autre centrale d'achats que la nôtre. "Dis moi, tu pourrais me commander deux seringues Injecto-matic pour demain ? Oui, ils en ont en stock ? Magnifique !"
15h58 - Je passe un autre coup de fil, à la clinique cette fois. J'ai oublié de dire à Juliette de passer chercher les médicaments à la pharmacie pour les tests hormonaux, il faut se dépêcher si l'on veut rendre ce chien ce soir. Normalement, j'aurais du être en train de finir ces prises de sang et de m'occuper de ça, mais bon... J'ai du mal à l'entendre au bout du fil avec ces cons de veaux qui gueulent à 10 mètres de moi.
Couché sur l'asphalte, un setter hors d'âge me regarde d'un air morne.
16h02 - Prises de sang, vaccins, tampons, signatures, j'en profite pour remplir les cartes vertes.
16h15 - Trop vite, je me suis planté et j'ai rempli des cartes de veaux qui ne partent pas. J'ai gagné le droit d'appeler l'EDE pour demander des duplicatas, tiens.
16h24 - Je reviens à la clinique. Les test hormonaux sont lancés, je finis de ranger les prises de sang de prophylaxie ovine que j'avais entamées ce matin.
16h44 - Je reprends le chien à problèmes cutanés sur la table de consultation afin de refaire des recherches parasitaires. Raclages, calques, microscope...
16h58 - Pas moyen, tout est négatif, il n'y a pas un demodex sur ce chien...
17h04 - Je repasse quelques coups de fils pour les tournées de vaccination bovine de la fin de semaine. Il ne me reste presque plus d'élevages à placer.
17h11 - M. Tourlan veut me parler, et me tiens la jambe au moins 25 minutes sur l'organisation de la vaccination de son cheptel de 16 bêtes...
17h30 - L'anémie auto-immune se dégrade à nouveau. Je relance une prise de sang pour vérifier les paramètres sanguins. Pas trop mal, mais bon...
17h45 - Je modifie le traitement en ajoutant des immuno-suppresseurs. Demain, s'il empire, on tentera le tout pour le tout avec une transfusion.
17h52 - Je reprends mon bloc-note afin de facturer les six derniers jours de visites. Un enfer ponctué de coups de fil, du retour de M. Tourlan avec ses 15 vaches, d'un appel de la DSV qui me précise quand et comment me seront livrées les doses (merci, merci !).
18h07 - Je fais sa dernière prise de sang au chien de M. Dueil que je lui rends après lui avoir expliqué que nous n'avons rien trouvé de neuf. J'espère que les tests seront concluants mais je n'y crois plus trop.
18h15 - J'ai fini de centrifuger le sang du chien précédemment mentionné, et transfère le plasma dans des tubes stériles plus approprié au transport. J'en profite pour remplir sa feuille de commémoratifs, y agrafer son chèque et compléter le bon d'expédition en colissimo. En passant, ej signe un chèque pour un laboratoire qui nous a réalisé quelques analyses en début de semaine. Faudra penser à vérifier si c'est enregistré et refacturé, ça...
18h22 - Tout ça me fait penser que j'ai aussi les prises de sang des vaches de M. Bleure à préparer pour des sérologies douve. Feuille de commémos, bon d'expédition, facturation des frais d'envoi au client...
18h37 - Olivier est en train d'autopsier les poulets. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas l'air très frais... Ca parfume la pièce dans laquelle je suis en train de mettre à jour toutes les vaccinations ovines afin de préparer la tournée de rappels qui commence... la semaine prochaine déjà !
19h21 - J'en ai fini avec les feuilles de vaccination, je prépare celles de demain, puisque je partirai directement en tournée. J'en profite pour charger ma glacière avec 250 doses de chaque vaccin. Finalement, je passerais d'abord chez un autre véto voisin pour lui piquer une seringue automatique - j'en ai retrouvé une vieille qui fera bien l'affaire malgré ses joints défaillants.
19h24 - Comme je m'ennuyais, je passe dix minutes à changer les joints de la vieille seringue et à lubrifier tous ses composants.
19h35 - OK, je passe au chenil pour le dernier tour de la journée. le parvovireux est de mieux en mieux, je stoppe presque sa perfusion et le force à manger un peu après une batterie de piqûres. On verra s'il garde tout d'ici demain matin. L'ASV est partie depuis un quart d'heure et le téléphone ne sonne plus.
L'anémique a l'air un peu plus gaillard, et Olivier est en train de faire le tour de toutes les armoires de la clinique pour la commande de médicaments bi-hebdomadaire.
19h51 - Cette fois-ci, je m'attelle à la caisse. Compter, vérifier les chiffrages, contrôler que chaque traitement pour la FCO a été facturé en bonne et due forme pour la prise en charge - c'est le cas cette fois - reprendre les chèques, faire la remise, vérifier le fond de caisse et sauvegarder les données...
20h02 - Le téléphone sonne ! Un monsieur que nous ne connaissons pas et qui a manifestement de la FCO dans son petit cheptel ovin. Nous passerons demain, je prends dix minutes pour lui expliquer les choses et noter l'endroit précis où il habite.
20h12 - Le chiot à parvo hurle un coup. Je vais vérifier rapidement : cet ahuri de bleu de Gascogne s'est coincé la perfusion dans les lattes de son caillebotis... Rien de méchant.
20h17 - Cette fois, j'ai terminé la caisse, et Olivier semble en avoir fini avec la commande. L'heure de rentrer à la maison, un peu plus tôt que d'habitude dans cette journée finalement moins chargée que celles de la semaine dernière...
Comme vous vous en doutez, je ne vous ai pas parlé de tout ce que j'ai pu faire dans cette journée, puisque j'en ai déjà oublié la moitié. Plus que 5 semaines à tenir...
Commentaires
Pardonnez ma question, mais pourquoi ne faites-vous pas appel à des aides extérieures pour faire les vaccinations? Est-ce parce que, au final, les visites de vaccination ne sont pas ce qu'il y a de plus "prenant" dans cette campagne?
En tout cas, bon courage pour tenir jusqu'à la fin de cette frénésie FCO.
Fourrure : Oh, pour une raison très simple : nous n'en avons pas du tout les moyens financiers...
Ouuuch... Faudrait pas que ça dure trop longtemps comme ça quand même, tu vas nous pêter un cable ! A ne plus en dormir la nuit...
Courage !!! Et essayes de te reposer un peu quand même, c'est important.
Fourrure : M. Mereposer ? Il a pris rendez-vous ? Nan ? Ben il attendra alors. Namého.
Bonjour,
Un truc qui m'étonne, vous prenez la même seringue pour vacciner plusieurs bêtes ?
Pas de risque de transport de cochonneries de l'une à l'autre ?
(cette question vient d'un extérieur au monde médical, à qui "seringue automatique" ne parle pas)
Courage !
Fourrure : C'est une bonne question. Non, nous ne changeons ni de seringue, ce qui en soit n'est pas un problème, ni d'aiguille, ce qui est plus discutable. Nous ne désinfectons pas non plus le point d'injection. En fait, le changement d'aiguille est systématique lorsque l'on touche au sang (notamment lors des prises de sang de prophylaxie, je vous en reparlerai), mais on garde la même pour des injections sous-cutanées ou intra-musculaires, surtout pour des vaccinations. En réalité, les agents pathogènes qui pourraient être en assez grande quantité pour être dangereux, même sur un animal malade, ne peuvent se trouver que dans le sang. Dans les autres tissus, en dehors d'un abcès, le risque est négligeable - et négligé. Par contre, changement d'aiguille entre les exploitations - au cas où - même si je pense que c'est inutile, sauf cas particuliers.
19h24 - Comme je m'ennuyais, je passe dix minutes à changer les joints de la vieille seringue et à lubrifier tous ses composants.
Ah ah, elle est bien bonne celle-là...
Faut vraiment aimer son métier, et les animaux, pour vivre des journées de dingue pareilles.
Dis-moi, tu as un logiciel de transcription de la parole, pour pouvoir écrire un post aussi long ? C'est pas possible, tu vis des journées d'au moins 48h toi !!!
Fourrure : Il me semble aussi... !
Moi, je te tire mon chapeau.
Fourrure : Là il faut tirer le chapeau à tous les vétos, mais aussi aux autres acteurs de la filière, qui se tapent ce délire vaccinal !
Et le burning out....il sort c'est ça?....OUT!
Mes félicitations Docteur, des journées pareilles c'est bon de rappeler à certains que ça existe...Notamment à ceux qui pensent que notre salaire nous met à l'écart de la fatigue....
De là à dire que c'est un objectif louable je ne sais pas....comment garder toutes ses capacités et du recul avec un tel rythme...c'est là que le bas blesse...La tête dans le guidon, parfois on n'a pas le choix effectivement cela dit, je ne pense pas que ce soit là qu'on donne le meilleur de soi.
Bon courage en tout cas et merci...pour eux, pour tout ce travail réalisé, pour ton abnégation voire ta folie...
En y repensant à froid et à la lumière des commentaires, il est vrai qu'il faut faire gaffe, car c'est un beau facteur d'erreurs...
Le transport maritime est un bel exemple, surtout les petits caboteurs, qui conjuguent escales rapprochées et équipage réduit (parfois deux personnes pour faire le quart qui se relayent en 6h/6h en mer), et cela donne... des accidents, quand celui qui est chargé de regarder dehors ne le fait plus.
Bonne nuit ...
Je viens de découvrir ton blog (merci la semaine véto) et quel bonheur, je me rends compte qu'il existe d'autres gens qui vivent des "journées en enfer"! ça dédramatise et fait relativiser..
merci pour la description de mes journées quotidiennes, je n'arriverai pas à le faire aussi bien. Car ce que tu décris c'est ma vie de véto rurale parcourant les routes des Pyrénées les seringues à la main (heureusement ça se termine!) et qui adore faire naitre des veaux à la pointe du jour.
Bon courage et à bon entendeur..