Check-up de la stagiaire

La semaine dernière, il y avait un peu d'animation : une jeune stagiaire, plutôt sympathique, moins timide que la moyenne (elle parvient à articuler bonjour et à sourire, je leur fais peur d'habitude).
Elève en 4ème, le stage classique de découverte pendant une semaine. Fille d'éleveur, donc habituée aux vaches et plutôt dégourdie, ce sont celles que je préfère.

Dans la voiture, entre deux visites :

"Et donc, pourquoi avoir choisi le stage chez nous ? Tu veux faire véto ?
- Heu, je sais pas, je crois pas j'ai pas d'assez bonnes notes, mais j'avais envie de voir, c'est intéressant."

OK, déjà, c'est pas mal. La dernière, elle m'avait répondu que la coiffeuse avait déjà deux stagiaires et que le boulanger en avait une aussi. Super.

Evidemment, c'est encore une fille. Je crois que je n'ai jamais eu de stagiaire mâle. Je ne sais pas où ils vont, eux...

Comme d'habitude, il va falloir faire gaffe aux éleveurs pas malins, quoique elle doit avoir l'habitude avec les amis de son père. On va encore avoir droit à des grands moments d'humour fin et poétique s'il y a un vêlage ou un taureau avec des problèmes de reproduction. Ou en prophylaxie, quand on fait les prises de sang sous la queue des vaches, une réflexion du genre "ah la la moi pas besoin de me la lever pour qu'elle tienne."
Genre...

Mais pour les stagiaires, le plus important, c'est le check-up :

"OK, tu as ton attestation d'assurance ?
- Oui.
- Tes bottes ?
- Oui.
- Une blouse ou une combinaison pour les vaches ?
Elle me montre un sac.
- Tu as peur du sang ?
- Heu non.
Elle sourit.
- Tu as mangé ce matin ?"
Là, elle est un peu interloquée, mais elle hoche la tête : oui.

Parfait.

Sauf si...

Salle de chirurgie.
La chatte est attachée sur le dos, elle dort depuis peu, l'incision abdominale fait au moins... trois centimètres. Je vois que l'ovariectomie se mue en ovario-hystérectomie, ce qui n'est pas une mauvaise idée vu l'apparence de l'utérus. Pas une goutte de sang, tout se passe bien. Juste à côté de moi, il y a Adeline, la stagiaire. Il fait bon. Ni trop chaud, ni trop froid , et tout est très calme. C'est reposant.
Et puis tout d'un coup la lampe scialytique s'éloigne de moi, tandis qu'Adeline s'effondre littéralement et s'évanouit comme dans les films. Tout en douceur, au ralenti, c'est presque irréel ! Olivier se penche au-dessus de la chatte pour voir tandis que j'écarte la lampe et redresse un peu la tête de notre stagiaire. Elle est tombée doucement, elle n'a pas du se faire mal, d'autant qu'elle n'est pas très grande et que le sol n'est pas dur.
Il lui faut bien 30 secondes pour reprendre ses esprits et accepter le verre d'eau que notre ASV lui tend.
Je lui propose de venir avec moi en visite en rurale, histoire de prendre l'air.
Elle hoche la tête, un peu engourdie.

Bon, il faut que je retienne ça : la vérification du petit-déjeuner n'est pas suffisante.
Il faudra faire plus attention à la lampe la prochaine fois, elle aurait pu se faire mal sur son pied.

On va finir par être au point avec les stagiaires qui tombent dans les pommes !

Et pendant ce temps, Olivier se marre en douce. Adeline semble flotter dans du coton. On va attendre un peu pour partir en visite, hein ?

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