dimanche 14 décembre 2008

Tique TOC

"Cabinet vétérinaire bonjour ?
- Alloooo c'est horriiiible je voudrais parler au plus vite avec un vétérinaire !
- C'est le Dr Fourrure au téléphone, je vous écoute.
- C'est pour prendre un rendez-vous !"

Ca commence bien : elle veut parler en particulier avec un vétérinaire pour une prise de rendez-vous.

"Oui, c'est pour quoi ?
- C'est horriiiiiiible il me faut un rendez-vous au plus viiiiite !
- Heu oui, ben si c'est une urgence, amenez votre chien de suite.
- J'envoie mon mari !
- Heuu oui mais il a quoi votr..."

Tut tut tut

OK

Je vérifie que tout est prêt pour accueillir un blessé, un accidenté, mais allez savoir pourquoi, je n'y crois pas trop.

Dix minutes plus tard, un homme rougeaud entre dans la clinique avec un genre de labrador dans les bras, obèse, et un peu catastrophé d'être porté n'importe comment. Il faut dire que vu son poids, il est difficile de faire mieux, mais là c'est ridicule : le gars doit mesurer 1m65, son ventre dépasse de son T-shirt, ses rares cheveux sont plus ou moins enroulés en vrac sur son crâne et l'absence de ceinture donne l'impression qu'il porte un baggies. Le chien, il le tient sous les aisselles, plaqué contre lui pour ne pas le laisser glisser, le ventre vers l'avant, les pattes arrières qui pendent lamentablement quand les pattes avant pointent vers le plafond.

Le tout tressautant.

"Docteur docteur c'est affreux !
- Entrez par ici !"

Le bonhomme largue le chien sur la table de consultation.

Lui, il remue la queue, il semble un peu hébété.

"Que se passe-t-il ?
- Il a un tic !
- Une tique ?
- Un tic !
- Heu...
- Là, sous le ventre, on a essayé de l'enlever avec une pince à épiler après avoir mis de l'éther, après j'ai pris une pince dans ma boîte à outil mais il a résisté alors j'ai chopé une cigarette pour le cramer, le tique, et puis j'ai préféré vous l'amener avant de le couper avec les ciseaux de peur qu'il attrape la fièvre des tiques !
- Ouais, unE tique, donc."

Au fil du récit, j'ai basculé le chien sur le côté.

J'ai vite trouvé la zone, avec tout leur trafic : un petit mamelon grisâtre, à moitié brûlé, près du fourreau.

"Monsieur."

J'ai faillir dire : "vous êtes un imbécile".

"C'est une mamelle. Pas une tique. Vous avez pincé brûlé et je-ne-sais-quoi-isé votre chien !"

Le gars est stupéfait. Je dois avoir un extra-terrestre caché derrière moi. Ou un tic géant.

"Hé docteur vous êtes con ?"

Il a du entendre mon "vous êtes un imbécile" au son de ma voix.

"Docteur, vous dites n'importe quoi, c'est un mâle !"

vendredi 29 février 2008

Transfusions

Premier petit préambule, technique

Le corps est capable de reconnaître ce qui circule en lui et qui lui appartient pas - c'est le non-soi. Ces molécules du non-soi sont des antigènes, dont la présence dans les tissus déclenche une réaction de l'organisme, et notamment la production d'anticorps, qui sont des molécules qui se fixent sur les antigènes et les neutralisent ou les marquent comme des cibles à abattre pour les globules blancs. L'antigène, c'est la cible, l'anticorps, le missile. Un anticorps est relativement spécifique d'une cible : il suffit que le système de reconnaissance des antigènes (le satellite ?) trouve que deux choses se ressemblent pour faire n'importe quoi (par exemple, prendre des silos à grains irakiens pour des armes de destruction massive).
Les groupes sanguins sont définis par des antigènes, A et B chez l'homme (et les rhésus, mais passons) [1].

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