La maladie de Sachs
jeudi 16 mai 2013, 21:57 Un peu de recul Lien permanent
Si vous n'avez pas lu la Maladie de Sachs, vous ne devriez peut-être pas lire ce billet. Vous devriez plutôt lire ce livre. C'est un livre important. Et puis, après, on pourra discuter, si vous voulez. Enfin, vous faites bien ce que vous voulez.
Je n'ai pas lu la Maladie de Sachs par hasard. D'ailleurs, jusque là, je ne l'avais pas lu du tout. J'ai d'abord ignoré la Maladie de Sachs. Je ne savais même pas qu'il existait, ce bouquin. Et puis j'ai commencé à écrire mon blog, en 2007. Dans les premiers commentaires, quelqu'un a évoqué ce livre. Ce ne me disait rien, et, de toute façon, j'avais envie de faire ma cuisine tout seul dans mon coin, sans trop savoir où aller, sans me faire influencer. De plus, je ne lis que de la SF, ou presque. Alors un genre de roman médical, ou un truc comme ça, non. Merci. Et puis j'ai oublié.
Quelques années plus tard, j'ai découvert Jaddo, puis la, ou les « blogosphère(s) médicale(s) ». Borée, Babeth, Blouse, Fluorette. Et quelques autres. J'ai noté un « Dr Sachs junior »,ou « Fils du Dr Sachs ». Borée a annoncé à Winckler qu'il le faisait chier. Martin Winckler, l'auteur de la Maladie de Sachs. D'autres ont écrit qu'ils étaient devenus généralistes après avoir l'avoir lu. Je me suis demandé si ce livre aurait pu avoir cette influence sur moi. Sur Twitter, sur les blogs, on évoquait Winckler. Parfois, il répondait. Il a préfacé le bouquin de Jaddo, puis celui de Borée.
Un jour, j'ai demandé à mon père – médecin généraliste – s'il connaissait Winckler. J'ai cru comprendre, entre deux réponses prudentes, que lui aussi trouvait qu'il faisait chier, Winckler. Évidemment, mon père est un excellent médecin. Enfin, je suppose. De fait, je n'en sais foutre rien. Mais je sais, intimement, la puissance et l'intelligence qu'il déploie pour écouter. Mon père n'a jamais beaucoup parlé. Jamais de son travail, de ses patients. « Secret médical ». Sauf un, un jour, un soir, lorsqu'il est venu, dans ma chambre, les yeux rouges – j'avais quoi, 15 ans ? - m'annoncer le décès d'un jeune vétérinaire que je connaissais pour avoir fait mon stage avec lui, l'année précédente. Je crois que je l'ai plus ou moins envoyé chier. J'ai demandé « Quoi ? Quoi ? De quoi ? », avec hargne, parce qu'il était sans doute plus simple d'être en colère que d'accepter la douleur. Surtout celle de mon père. Il ne m'a plus jamais rien confié qui touche à son travail. Il n'en a sans doute pas eu l'occasion. Je ne sais pas s'il en a eu le besoin, je n'aurais sans doute pas pu écouter, de toute façon. Pas si jeune.
Je n'ai jamais vraiment repensé à ce vétérinaire. J'étais trop jeune pour l'apprécier à sa juste valeur. J'ai l'impression diffuse que lui aussi savait écouter.
J'ai par contre souvent repensé à ma réaction et à celle de mon père, ce soir là. Je m'en veux toujours de ne pas avoir su écouter. Je sais que je n'en étais pas capable, de toute façon. Je ne sais pas s'il a quelqu'un à qui parler. Des confrères, un groupe de pairs, un Balint ? Ou ma mère ?
Lorsque j'ai demandé à mon père s'il avait la Maladie de Sachs dans sa bibliothèque, il m'a dit que ma mère l'avait commencé, il y a des années. Lui ne l'avait pas lu. Elle m'a précisé qu'elle avait abandonné : « des histoires de cabinet, des histoires de patient, toute la journée, j'en avais bien assez pour ne pas en lire en plus ».
Mon père m'a retrouvé et donné le livre. Un grand bouquin avec une très agréable couverture gaufrée. Martin Winckler, en italiques. La Maladie de Sachs, en grandes lettres bleues. Roman. POL. Un bandeau bleu, prix du livre Inter. Au dos :
Dans la salle d'attente du Docteur Bruno Sachs, les patients souffrent en silence.
Dans le cabinet du Docteur Sachs, les plaintes se dévident, les douleurs se répandent.
Sur des feuilles et des cahiers, Bruno Sachs déverse le trop-plaint de ceux qu'il soigne.
Mais qui soigne la maladie de Sachs ?
J'ai abandonné le livre sur la pile de bouquins et BD en bordel qui attendent mon envie de les lire, à côté de mon lit. C'était il y a un peu moins d'un an.
Lorsque j'ai commencé à lire ce livre, j'ai d'abord été irrité. Par le style bizarre. Ce tutoiement du narrateur, souvent un patient. N'importe quel patient, ou n'importe quel témoin. Tu fais ceci, tu fais cela, j'observe la salle d'attente qui est comme ci, comme ça. Le narrateur change et se succèdent les scènes et les mots. L'attente, l'examen, l'histoire, la discussion. Les attentes, les examens, les histoires, les discussions, les mêmes, avec variations. Les quotidiens. Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais je n'en attendais de toute façon pas. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais. A rien, sans doute. Je voulais juste comprendre pourquoi ce livre est important. Jusque là, au bout de soixante-dix pages, je le trouve chiant. Intéressant, mais chiant. Je soupire et referme le livre, souvent. Rafraichis ma TL sur Twitter, et reprends ma lecture.
Le narrateur est un patient, mais tu emploies le mot « client ». Je trouve ça intrigant. Intéressant. Franc. Ah merde, j'ai écrit « tu ». je voulais dire « il ». Martin Winckler. Bruno Sachs.
Sur le grand cahier de rendez-vous, tu inscris un C juste en face de mon nom. Tu te lèves, je me lève, tu passes devant moi, tu ouvres la porte intérieure du cabinet médical, je glisse l'ordonnance dans mon sac ou dans ma poche, tu pousses la porte de communication et tu passes dans la salle d'attente, je ramasse mon magazine ou mon journal sur la plateau de bois peint, je sors. Le dos à la porte, tu me serres la main, Au revoir.
Quelqu'un s'est déjà levé. Je t'entends lui dire Entrez.
Je sors de la salle d'attente.
Avant les blogs, avant Twitter, Martin Winckler a inventé le « tutoiement de rigueur ».
Il y a dans ces pages à la fois beaucoup de non-dits, et aucune intimité. Beaucoup de douceur, beaucoup de respect, et pourtant, une violente nudité dans cet étrange mélange entre écriture travaillée et apparente simplicité.
Je vois cela, et je m'emmerde. C'est ma première impression.
Bruno Sachs est médecin à Play. Il vient de s'installer. Play est un petit village, où l'on cause, où l'on commente. Plutôt semblable au mien. Play n'est pas très loin de Tourmens, où se trouve l'hôpital où Bruno Sachs effectue des consultations d'orthogénie. Des IVG.
Les clients de Sachs, ce sont les miens.
Mais ce que je n'ai pas vu venir, entre deux soupirs, c'est la beigne que je me suis prise dans la tronche, je ne sais pas exactement quand. Ça a commencé vers les pages 70-80, peut-être. Il y a comme un début d'histoire, d'histoires. Des récurrences de patients ou de personnages secondaires qui commencent à tisser une trame. Ce ne sont plus les billets sans liens que l'on aurait pu lire sur un blog. Mais ce n'est pas encore très important. Par contre, je referme le livre. Je ne sais plus sur quel chapitre. J'expire. Je suis étourdi par la colère. La colère des mots de Winckler, la dureté des pages de la Maladie de Sachs. Pas à cause d'histoires tristes, ou dures. Non : il y a dans ce livre une colère que je n'avais pas vu venir. Une colère silencieuse, une rage qui sourd, qui s'infiltre entre les lignes. Winckler ne me prend pas à partie. Il ne s'indigne pas, il ne rage pas. Pas encore. Mais il m'y prépare. Je suis mal à l'aise.
J'ai toujours mal au bide lorsque je relis certains chapitres. Je ne suis pas habitué à la colère. Et ça va mieux lorsque celle-ci s'exprime, lorsque des mots se posent dessus.
Bruno Sachs est un médecin idéal. Un médecin qui écoute, un médecin toujours disponible, un médecin qui n'a pas de vie. Ce médecin que tant d'impatients réclament à corps et à cris, parce qu'ils ont cotisé, parce que bon, leurs études, on les leurs a payées.
Un médecin qui n'aime pas les médicaments lorsqu'ils ne servent à rien. Un médecin qui sait aussi bien être souple que raide comme la justice. Qu'elle est con cette expression.
Bruno Sachs vit seul. Il a quelques amis. Quelques pairs. Des confrères. Une secrétaire.
Bruno Sachs noircit les pages de ses cahiers.
Et Martin Winckler est un foutu moralisateur. Tu m'étonnes, qu'il fasse chier. Il a fait de Sachs un idéal inaccessible auquel lui a réussi à accéder. Pas sans défaut, non, Sachs n'est pas un docteur-sans-erreur. Des fautes, il en fait, mais Winckler donne l'impression qu'il les arbore presque. Ou en tout cas, qu'il les accepte, et qu'il en tire, comme il le faut, les enseignements nécessaires. Et comme Sachs, c'est Winckler, l'impression est curieuse. Sachs est humble quand il est avec ses patients, mais Winckler est méchamment arrogant quand il parle de médecine.
Ce bouquin me met dans une foutue colère. Il me donne envie de marcher dans le jardin en collant des coups de pieds aux arbres et au mobilier en plastique.
Je ressors du bureau. Je pose le carnet de rendez-vous près du téléphone. Tu n'es pas souvent de bonne humeur le matin, encore moins les lendemains de garde. On dirait que tu n'as pas envie de travailler. Lorsque tu as eu des journées chargées, je comprends ça. Voir des gens malades toute la journée, ça doit être fatigant, mais parfois, lorsque les appels se font plus rares je me fais du souci, je me dis que les patients ne veulent peut-être plus venir, les gens sont si changeants.
Et puis les chapitres changent, sensiblement. On quitte la routine du quotidien, et Sachs parle enfin, indirectement. Et sa rage contrôlée me heurte de plein fouet. Le chapitre s'intitule Pensées inconvenantes. Et on se demande à quoi ont pensé ceux qui sont devenus généralistes grâce à ce livre.
Et la voilà qui se met à raconter sa vie, sa foutue vie de femme et pendant qu'elle raconte, l'autre – celui ou celle pour qui on a appelé, en principe – sent qu'il n'est plus dans le coup, qu'elle n'est plus en première ligne, et il tend la main vers le chevet pour saisir son pistolet, et elle s'assied dans le lit pour jouer avec ses poupées et au bout d'un moment, quand il trouve que ça commence à bien faire, quand elle pense que ça s'éternise un peu, elle dit « Maman, j'ai faim », il lance « As-tu ramené le journal ? » parce que, c'est bien beau tout ça mon vieux, t'es bien gentil de t'occuper d'elle, ça me laisse le temps de souffler mais faudrait pas oublier qu'elle, elle est là pour me soigner.
C'est sur ce chapitre que j'ai été happé. J'ai refermé le livre. Je l'ai rouvert, et je ne l'ai plus vraiment lâché. La colère avait éclaté. On allait pouvoir passer à autre chose, même si, bien sûr, nous n'allions pas quitter cette rage plus ou moins contrôlée.
Les histoires, qui avaient à peine commencé, allaient se poursuivre. Histoires de familles. Histoires de patients. De petites histoires, mais des histoires de vies, comme celles de mes clients. Celles que j'aurais sans doute préféré ne pas connaître. Je ne suis pas le médecin, je ne viens pas soigner mon client. Ou alors par accident. Par contre, oui, j'écoute. Je suis là, je connais le chien, les vaches, les poules, et la fille qui vit dans le hameau d'à côté, je donne la vie, et surtout je donne la mort – ah, docteur, comme j'aimerais pouvoir m'endormir comme lui, comme j'aimerais qu'on puisse me la faire, cette piqure. Comme Sachs, je suis un étranger. On se méfie de lui comme on se méfie de moi, on se confie à lui comme, parfois, on se confie à moi. Parce qu'il y a le secret, parce que je suis un étranger, parce que je suis devenu familier. Parce que je me lève la nuit pour faire vêler, parce que je travaille le dimanche, parce qu'il y a toujours quelqu'un au bout du fil, même si ce n'est pas moi, même si c'est l'un de mes associés. Les clients n'aiment pas la régul'. « On peut bien crever. » J'ai le beau rôle. Si l'on peut dire.
La maladie de Sachs me fait mal. Moins qu'à lui, parce que moi, j'ai mon blog, j'ai Twitter, j'ai trouvé, et rencontré, des pairs, à défaut de confrères. Et je sais que cela a profondément changé ma façon d'évoluer.
… Nox. A la fac, les étudiants l'appelaient l'inoxydable Sachs parce qu'il n'arrêtait pas de leur faire la morale, alors ils ne le rataient pas. Quelques copains disaient l'inox, ou l'intox, parce qu'il n'arrêtait pas de coller des pamphlets sur les murs de la fac de médecine, du genre « Ordre Médical, Ordre Nouveau ? » ou « Nous sommes tous des médecins nazis ».
Les pages se suivent et Winckler se désacralise. Sachs redevient humain, mais curieusement, je trouve que cela ne marche pas bien. Comme s'il perdait de sa substance alors qu'on tente de lui en donner une. Le livre devient plus un roman, mais... il reste un pamphlet. La longue litanie des « tu fais ceci, tu fais cela » a disparu, ou presque. Les histoires, celles des patients et celles de Sachs, prennent le dessus. La colère s'est presque effacée. J'ai l'impression que Sachs ne se construit plus trop « contre » les autres médecins, ni « pour » ses clients. Il évolue pour lui. Ses visites et ses consultations sont moins surprenantes, ou moins barbantes, mais elles portent tout le poids d'une normalité que si peu de patients comprennent. Il n'y a qu'à voir sur ce dernier point les commentaires sous l'annonce, par Borée, de sa décision de quitter son village et son cabinet (sur son blog, et sur Rue89 où l'article a été repris). Son billet, et ces réactions, auraient pu être le dernier chapitre du livre de Winckler.
Le rythme reste haché entre les récits – ceux qui concernent directement Sachs, et ceux qui s'attachent aux histoires de ses patients – et les pages de ses carnets. Ses pamphlets étudiants, ses angoisses, ses putains de colères sans nuance, son indignation. Ses grands discours moralisateurs. Bien sûr qu'il fait chier, Winckler.
C'est pour tout cela que la Maladie de Sachs est un livre important. Pour ces coups de gueule, pour ces histoires à la fois dérisoires et essentielles. Pour le quotidien et pour ce qui l'est moins. Winckler porte son idéal de la médecine, et personne ne peut décemment le lui reprocher, même si son aspect « donneur de leçons » est franchement détestable. Il le sait, évidemment, il le fait dire à ses confrères ou à ses patients, dans son roman.
Je comprends qu'il soit détesté, Winckler : il aurait sans doute pu faire passer le même message dans un essai, dans des articles sur la philosophie de la médecine, du soin, du soignant, ou dans de simples relations du quotidien. Un peu comme le font les blogueurs plus tôt cités. Mais Winckler se met en scène, et son arrogance est époustouflante.
Cela ne me dérange pas vraiment : même si je suis, à mon niveau, moi aussi interpellé, je pense qu'elle était nécessaire, cette arrogance. Je ne sais pas du tout si elle est calculée, si elle est écrite, ou si elle fait partie du personnage. Sachs a raison, bien entendu, il ne peut qu'avoir raison. Tout le monde ne peut qu'être d'accord avec le fait qu'il ait raison. Mais sa façon d'impliquer qu'il est presque le seul chevalier paré de ces vertus a forcément de quoi heurter ses confrères. D'autant qu'il serait si facile de reprocher aux soignants qui se sentent heurtés « de ne pas avoir la conscience tranquille ». Sachs s'en fout, il sait qu'il a raison. Et Winckler ?
Winckler n'aurait jamais pu toucher autant de lecteurs, et notamment autant de patients, s'il avait écrit des articles ou des essais. C'est toute la force de ce roman qui habille ses idées. De cette forme à la fois autobiographie, pamphlet, essai, roman : de toute façon, la Maladie de Sachs est effectivement un livre important. Il y a sans doute des façons très variées de réagir à sa lecture, selon son histoire, sa profession, sa place dans le système de santé. Je suis très content de l'avoir lu « tard » dans mon cheminement de vétérinaire, comme dans mon cheminement de blogueur.
Et c'est un livre dont il ne faut certainement pas hésiter à discuter.
Commentaires
Je partage ton opinion si ce n'est que je serais un peu plus dure avec son style ^^
Peut-être sommes nous plus durs car pas généralistes. En tout cas j'ai pas trouvé que son message passait si bien que ça.
Ce qui est sûr c'est que ce livre ne laisse pas indifférent.
Quand je l'ai lu, j'étais en 5e année, à l'époque, pas d'expérience de médecine générale dans mon cursus, ça n'existait pas à l'époque.
Je sentais bien qu'aucune spécialité ne me bottais suffisamment pour me motiver à bosser l'internat, mais la seule vision que j'avais de la médecine générale, c'était ce que j'avais vécu en tant que patient, et la vision péjorative et simplificatrice que mes profs d'université pouvaient en donner.
Et là, je lis ce bouquin. Et c'est une révélation.
Le roman met en avant tous les non-dit, les dessous de la consultation, les rapports profonds entre le médecin traitant et le patient. C'est ça que je veux faire quand je serai grand (euh, dans 4 ans donc).
En plus de ça, ce médecin est idéalisé.
Winckler était-il aussi parfait? Je ne sais pas. Il me faudra quelques années pour me rendre compte à quel point c'est dur d'atteindre cet archétype, et douloureux de réaliser que je ne peux l'atteindre, même de loin.
Mais ça reste une des lectures les plus déterminantes dans ma vie, qui m'a donné envie de tendre vers cet exercice.
Et de lui chiper son nom pour mon blog!
C'est bizarre, en vous lisant, je me demande, encore une fois, ce qui peut donner à croire à des lecteurs (à vous et à d'autres) que Bruno Sachs se sent supérieur aux autres médecins. Sa colère ne vient pas d'un sentiment de supériorité, elle vient de la frustration à voir des idéaux bafoués par ceux-là même qui se prétendent agir au nom des patients. Elle vient de son sentiment d'impuissance permanente. Elle vient de la certitude que ce qu'il fait est minuscule. Arrogant ? Supérieur ? Manichéen ? En quoi, exactement est-ce que la colère serait tout ça ? Moralisateur ? Ou bien, tout simplement, pointant vers les objectifs moraux qu'il tente d'atteindre ? C'est bizarre que la lecture provoque ce genre de réaction... et que ces réactions se portent ensuite sur moi, comme si j'étais Sachs, comme s'il était une sorte de représentation de moi, ce qu'il n'est pas (il a d'autres modèles...)... Et comme si je n'avais aucune distance à son égard (le roman dit le contraire, il y a beaucoup de passages ironiques au sujet de Sachs, qui est tout de même décrit par ses patients sous des dehors souvent pas très flatteurs, mais on dirait que tout ça est transparent, alors que pour moi, c'était l'essentiel du livre : un médecin est une personne comme les autres, avec ses travers et ses lacunes, et ce sont les autres qui le disent, pas lui...)
Cela étant dit, merci pour ce billet, qui m'honore, par sa longueur, sa précision et sa franchise. Amicalement, MW
Fourrure :
Je n'ai plus le livre sous la main, l'ayant rendu à mon père (dont j'attends avec impatience l'avis, du coup). Je pense que ce sentiment d'arrogance et de supériorité de la part de Sachs se concrétise à la lecture de sa réaction face à la consœur remplaçante dont j'ai oublié le nom, si tant est qu'elle en ait eu un. Pas que cette colère soit injustifiée, d'ailleurs, je comprends bien la frustration et l'indignation nées de la trahison du patient par son soignant lorsque, au delà de son incompétence (on a tous nos limites et nos lacunes), il devient maltraitant, par négligence ou par stupidité (au sens d'insensibilité). Cette arrogance, je la ressens en négatif, par le contraste entre Sachs et les autres médecins (ou pharmaciens) évoqués. Parce qu'il est le seul modèle positif du bouquin. Même s'il y a des nuances très tendres, d'ailleurs, avec ce médecin dont j'ai aussi mangé le nom, dont vous évoquez la triste fin (j'essaie d'éviter de dévoiler trop le livre).
J'avoue avoir du mal à saisir la nuance entre "moralisateur" et "pointant vers les objectifs moraux qu'il tente d'atteindre". On peut être moralisateur sans être soit même un parangon de morale, je suppose. Ce doit même souvent être le cas. Et "moralisateur" n'est pas forcément purement négatif. Par contre, l'exemple, l'objectif pointé, devient difficile à admettre lorsque l'on a soit même renoncé... même par petites touches. J'imagine que c'est pour cela que les médecins, ou autres soignants, ont du mal avec Sachs. Personne, je suppose, ne peut être celui que Sachs voudrait être. C'est dur à admettre, ce renoncement, même partiel, même sans devenir l'antithèse, le connard fini, le maltraitant. C'est sans doute d'autant plus mal vécu par ceux qui font de leur mieux, et dont le livre souligne, dans l'intimité de la lecture, les échecs. N'est-ce pas d'ailleurs le sujet du billet de Borée que j'évoquais plus haut ?
Quant à la confusion entre Winckler, Sachs et Zaffran... Elle me semble évidente. Rien ne vient la contredire, sinon des explications comme celle que vous venez, très simplement, de donner. D'autant moins depuis l'avènement de blogs comme ceux de la plupart des médecins qui racontent leur vie, leurs consultations, leur métier, leurs souffrances, leurs joies, et qui se racontent eux, travestissant à peine les identités et les situations. Il est assez naturel d'imaginer que vous faites de même, bien que l'on sache que la maladie de Sachs est un roman. Et puis, bon, tonner contre un personnage de roman, ce n'est pas très satisfaisant, même si cela peut avoir un certain panache romantique.
En ce qui concerne les critiques, descriptions, observations des patients ou des habitants de Play ou d'ailleurs, elles ne sont pas transparentes. Mais elles m'ont semblé injustes, au même titre que les injustices que je ressens au quotidien lorsque j'entends parler de moi. Étant injustes ou infondées, elles ne "salissent" pas Sachs, mais ces commères.
Votre roman montre peut-être qu'un médecin est une personne comme les autres. Mais Sachs n'est pas un médecin comme les autres.
PS : J'oubliais : les lecteurs qui trouvent Sachs (et moi) arrogant (et l'écrivent) sont presque toujours médecins ou chirurgiens ; jamais infirmier(e)s ou "simples" patients. Et il y a des lecteurs médecins ou chirurgiens qui ne le trouvent pas arrogant mais me disent qu'ils auraient pu écrire ce roman, que les patients de Sachs leur rappellent les leurs, que les pensées de Sachs sont aussi les leurs... Alors je me demande si la sensation d'arrogance vient de Sachs ou si elle est le produit du "choc" que l'on peut ressentir (et que vous décrivez) en lisant le livre. Ce serait alors une question de perception. Et c'est indiscutable : face à un texte ou à un film, toute perception est légitime, même si elle n'est pas celle que le(s) auteur(s) ont voulu produire...
Euh, ouhla, je voulais commenter mais pas après MW quoi;)
Juste te dire qu'au delà du ton, style, ce livre avait changé ma façon de voir l'exercice médical, en fait.
Dans le sens "anti médecine à papa", anti-paternalisme médical, en gros.
Comme soignante, comme sage-femme, comme femme ses écrits (la maladie de Sachs mais aussi ses écrits sur l'IVG, la maltraitance dans les soins aux femmes) ont fait qu'il y a un avant et un après, un peu. :)
Bon voilà, un autre livre de MW, à lire, offrir et discuter, mon préféré : le cœur des femmes Pour les sujet que tu évoques, SophieSF. Parce qu'il est resté dans mon cœur et quelà, ces jours ci, alors que ma grand mère est vraisemblablement en train de mourir à l’hôpital, c'est lui qui me porte.
1) Je suis rassuré de voir que des vétérinaires lisent Winckler puisque certains responsables politiques ont lancé l'idée de les solliciter pour s'occuper des habitants des déserts médicaux ... (ça c'est pour le second degré OK Boules De Fourrure ? pas de nouveau malentendu entre nous)
2)J'ai lu ce bouquin en 2ème année de médecine, et ça ne m'a pas parlé. Il faut dire qu'en P2, tu es loin de ce genre de réflexions, tout du moins moi je l'étais. Puis je l'ai vraiment (re)découvert en fin d'internat. Là, je crois que c'était le bon moment pour moi, pour la connexion. Et honnêtement, je suis encore aujourd'hui très reconnaissant envers ce Monsieur. Mes 9 années de formation ont formaté un pseudo-technicien de la médecine. Certains professeurs ont imposé leurs dogmes, bousculé, humilié voire maltraité les étudiants. Lire Winckler m'a permis de devenir soignant (d'essayer du moins). Il n'impose rien, il propose. Je comprends que certains parlent d'arrogance, mais je ne suis pas d'accord. Pas pour ses romans, il s'agit de fiction, de personnages, ne l'oublions pas. Ce que fait dire un auteur à ses personnages ne reflète pas forcément ce qu'il pense lui-même et heureusement. On peut éventuellement être plus heurtés par ses écrits sur son blog, notamment sur sa série concernant les médecins terroristes, maltraitants, etc. Mais là encore, je pense qu'il faut prendre du recul. Je me suis personnellement senti visé par ces écrits-là. Je me suis reconnu dans chacun de ses tableaux, mais reconnu un peu seulement, et c'est justement ce qui me permet de rectifier un peu le tir et me rassure. Ce qui m'inquiète, ce sont les médecins qui ne s'y reconnaissent pas, eux je pense sincèrement qu'il faut les éviter... Nous avons besoin que quelqu'un nous tire un peu les oreilles. Moi j'ai choisi (le verbe choisir est important)de me les faire tirer par Winckler, entre autre. Comme il est encore jeune... je risque de me les faire tirer encore longtemps, mais je peux stopper ça quand je le décide. Et je ne serais pas étonné qu'il nous ponde un jour un roman encore bien plus important que La Maladie de Sachs.
3)Enfin, puisque tu parles de tes goûts pour la lecture, je ne serais pas étonné que son roman "Les trois médecins" te plaise. Un roman sur la formation de Sachs, la formation des médecins, un grand sujet où beaucoup de choses seraient à améliorer.
Merci car ton écrit m'a fait découvrir ton blog et je reviendrai.
Ca se confirme...
Un blog, c'est nécessairement naricissique!
Ou bien, une sorte de psychothérapie??!!..
Fourrure :
Les deux, mon capitaine. Écrire un blog, diminutif de weblog, et finalement, carnet de bord ou journal vaguement intime, est à mon avis nécessairement narcissique. Parce qu'on écrit sur soi.
Et psychothérapie ? Dans mon cas, oui, bien sûr. J'ai besoin de parler de ce qui me touche, souvent dans le négatif, parfois dans le positif. Il n'y a personne pour m'écouter (enfin, personne d'étranger), et je n'ai pas envie de me payer un psy. Vous me faites faire des économies !
Si ce livre a donné envie à certains de devenir généralistes, je vais alors le lire, assurément. Même si ce n'est pas mon projet de devenir généraliste.
Merci pour ce billet.
C'est rigolo, j'ai lu ce livre il y a à peine 3 semaines, d'une traite... Suite aussi aux posts des Borée et autres.
J'avais lu le choeur des femmes avant, et finalement il était beaucoup plus facile d'accès, l'intrigue était plus accrocheuse, on apprenait tout plein de choses comme dans un da vinci code, et puis il m'a fait comprendre qu'en cherchant, je trouverais un jour des soignants qui me conviennent... Finalement, je me dis que d'avoir le choeur des femmes avant m'a aidé car j'étais curieuse de comparer les 2 écritures.
La maladie du docteur Sachs j'ai aussi était surprise par le style, et puis je me suis prise à l'histoire, l'écriture est moins facile mais plus élaborée, ça fait plus livre inter que roman de gare, et puis ça fait réfléchir. PAr contre je n'ai pas été en colère dans ce livre, peut être parce que je ne suis pas soignante... Mais je n'ose pas trop parler de ces livres à mes amies médecin, j'ai peur qu'elles aient l'impression que je les juge à cette aune, que je me mêle de ce qui ne me regarde pas.. c'est étrange non?
Fourrure :
Étrange, je ne pense pas. Intéressant, oui, par contre.
J'ai invité des ami(e)s mécontents du comportement de leur médecin à lire la maladie de Sachs en salle d'attente, et de le laisser bien visible en entrant en salle de consultation, juste pour voir.
Si j'ai bien compris il suffit de passer le cap des 70 premières pages. D'après les bribes que vous reprenez ds le billet je pense que je vais avoir du mal avec la narration, mais comme je trouve les médecins globalement arrogants et dépressifs - sauf le mien - (pardon - ils sont "à cran"), pourquoi pas.
Critique du thème du livre postée quand j'ai visualisé le film, qui semble assez fidèle au bouquin :
http://www.rhumatopratique.com/wp/r...
Je n'ai pas lu le livre mais j'ai vu le film avec Albert Dupontel et j'avais adoré l'étrangeté du film.
Fourrure :
J'ai le DVD. Plus qu'à trouver le temps de le regarder !
Lu il y a pas mal de temps. J'avais adoré. Et là, forcément, à force d'entendre parler du coeur des femmes, je sens qu'il va falloir que je le lise aussi.
J'aime beaucoup l'analyse que tu fais de ce livre. Du coup, ça me donne envie de le relire, parce que depuis j'ai changé, alors peut-être y découvrirai-je des choses que je n'avais pas vues.
C'est "Le choeur des Femmes"
mon comm précédent ne s'est pas enregistré dc je recommence
j'ai lu la maladie de Sachs il y a longtemps et ce fut un double choc. J'ai réalisé à quel point j'avais été un mauvais externe flemmard et inconscient. pendant toutes mes études j'avais cru vouloir être MG jusqu'à ce que je tombe amoureux de ma spécialité. à cette époque j'étais déjà installé comme oph et ce livre m'a réconcilié avec la MG et m'a permis de réfléchir sur ma façon d'exercer ma spécialité. En quelque sorte "racheter" mon inconscience et ma flemme et tenter de voir le patient globalement sans se focaliser sur ses yeux...
Sachs est effectivement agaçant un peu "mister perfect" avec qq défauts presque attachants :à l'époque où ce livre est sorti(j'ai quasi le mm âge que MW) cette façon d'appréhender la médecine avait qq chose de "révolutionnaire" voire subversif.
quant à l'écriture ça évoquait un peu Perec. Bref, selon moi, un des meilleurs livres de ces 30 dernières années même si parfois on envie de dire avec Borée "tu fais ch... Martin Wincker" oui tu fais ch... mais tu as souvent raison ; bien sûr j'ai bp aimé les trois médecins également. je me promets de lire un jour le coeur des femmes.
"L'arrogance" que l'on peut évoquer, et qui transparaît souvent par sa manière de contester les dogmes actuels (et il faut le faire), me fait penser plutôt à une forme de jalousie ressentie par le lecteur. Je m'explique.
Sachs tend en permanence à atteindre son idéal, que ce soit dans l'exercice de la médecine ou autre ; idéal que beaucoup d'entre nous ne vise pas / ou plus, par flemme / ignorance / découragement (sans que ce soit une critique, on ne peut pas tout faire dans la vie). Et voir quelqu'un envisager cet idéal comme possible, c'est très très énervant, et il est facile alors de le trouver arrogant.
C'est un peu comme en français, quand tout le monde disait : "ce n'est pas possible d'avoir 20 en français". Et pourquoi ? Sûr, l'écriture ne sera pas digne de Victor Hugo. Mais on peut prétendre correspondre au barème et à ce qui est attendu d'un élève de première.
J'ai lu ce livre il y a longtemps, probablement trop tôt. Je n'ai pas ressenti d'arrogance, mais plutôt un espoir par le fait que ces idéaux restent malgré tout envisagés -ables
J'ai aussi lu ce livre et j'avais beaucoup aimé !
Alors je l'ai lu.
Au tout début du livre on est au pays des Bisounours. Le gentil Dr Sachs installé dans le village de Play (Plaie?) évolue au milieu de gentils habitants - un peu caricaturaux certes mais gentils - et dispense avec une zénitude sidérante des ordonnances, des sourires et des paroles gentilles à tout le monde. Il a une gentille secrétaire qui n'envoie jamais bouler les gens (même les plus chiants), et une gentille dame lui fait son ménage et son repassage. A Play même les enfants sont gentils. Ils ne hurlent pas et ne bavent pas en étalant leurs miettes de gateaux sur le tampon encreur. Il n'y a pas de haines ancestrales à Play, les gens emmènent leurs voisins à la pharmacie, se rendent des services, personne ne dit du mal de personne.
Il sont tous sédatés là-dedans.
Pour survivre au bout de 7 ans dans pareil trou - parce que même au milieu de gentils habitants Play reste un trou - je me suis demandée si la soupape de Sachs n'était pas l'autocomplaisance. Et ce presque malgré lui. Si il ne s'est pas installé dans un quotidien qui est devenu agréable parce qu'il a su faire en sorte que les patients lui renvoient une belle image de lui-même. Grâce à ou plutôt à cause de son extrême empathie.
Après il y a un virage et on sort un peu de la mièvrerie, mais jamais complètement.
Alors oui, Sachs est un vrai gentil, il prescrit de la morphine, il écoute les gens lui confier leurs petites et leurs grandes misères, il se déplace à pas d'heure, et quand il travaille à l'hôpital, là on voit qu'on est dans un roman et pas à l'Assistance Publique de la vraie vie. Les passages à l'hôpital sont vraiment, totalement irréalistes (puisque nous savons tous, à commencer par l'auteur, que les services gynéco existent uniquement pour légitimer la torture faite aux femmes).
En dehors de ça j'ai trouvé Sachs, à ce stade du livre, toujours dans sa tour d'ivoire - regardez comme je suis bon et parfait - sans même qu'il en ait réellement conscience. J'ai trouvé qu'il n'avait pas de substance. Les malades c'est bien ça présente l'avantage d'être faible, c'est fragile et ça vous est éternellement reconnaissant. Ceux qui ne sont pas malades et qu'on ne peut pas ramasser dans le caniveau ont-ils un intérêt?
Plus loin il y a toutefois un passage, "Le secret" (version molle) qui est un morceau d'anthologie. Dommage qu'après on verse dans le pathos et dans l'histoire abracadabrante ("le secret" version originelle).
Mon problème avec ce livre en fait c'est qu'à aucun moment je n'ai cru au personnage de Sachs. Plus j'avancais dans le livre et plus je le trouvais ...niais. Je trouve sa copine niaise, ou leur relation, je ne sais pas. On ne peut pas lui enlever son empathie extrême, c'est juste qu'il n'est pas crédible.
Je sais que ce livre plaît et je ne veux pas le dézinguer, surtout parce que je n'aime pas qu'on assimile la gentillesse à la connerie. Mais je n'ai pas accroché, le sujet me touche mais pas le livre.
Ne pas oublier que ce livre a été écrit il y a près de 15 ans. Marc Zaffran/Martin Winckler l'écrirait-il dans les mêmes termes aujourd'hui ?
Alors j'ai pas lu Winkler, j'attends qu'il soit mort... (si il a bien la politesse de mourir avant moi, merci, cher doc).
Mais j'en entends parler des échos ici et là, dans ton blog, pis dans d'autres, ceux de borée, etc.
Je suis pas médecin, mais patient; ayant la viande un peu faisandée, je passe pas mal de temps dans les cabinets médicaux. Et comme je bouge pas mal, j'ai testé beaucoup de médecins (et non, je ne suis pas plus hypocondriaque que la moyenne, pas plus que Woody Allen en tout cas).
Louable sont les intentions des médecins (et véto) de votre génération qui ont cessé de considéré le patient comme un gosse. D'autant, que merci Doctissimo et wikipédia, le gosse a accès aujourd'hui à la plupart des bouquins que vous vous êtes envoyés pendant vos chers études, et en plus, mode anglo-saxonne aidant, il a appris à vous envoyer bouler sur des questions que le langage obscure des médecins permettaient de planquer soigneusement (bonux si le patient a en plus un smartphone et s'en sert pour vérifier DANS VOTRE CABINET vos compétences...!). Aie, certes, il n'a pas eu les cours ni appris à observer sur le terrain, donc entre les symptômes de la migraine et ceux de l'anévrisme, il ne sait pas trop lequel choisir. Ni les cours intermédiaires qui lui expliquent comment la bidoche fonctionne au vu des connaissances actuelles: pour ça il n'a que les revues (disponibles justement dans le cabinet du médecin!) qui lui définissent la meilleur manière de perdre du poids avec la mayonnaise, faut bien que la presse écrite survive ma bonne dame. Bref, le gosse est devenu ado: qui remet tout en question et qui estime que son point de vue unique et novateur est nécessairement meilleur que celui de ses aînés. Papa toubib et maman véto vont en ch..er des bulles carrées.
Je ricane.
Mais j'ai connu la transition entre les deux types de médecins. En fait, le plus dur ça a été d'admettre que le médecin ne sait pas tout, qu'il ne sait pas tout guérir, que la médecine est une science qui évolue encore, et pas seulement pour les maladies rares qu'on attrapera jamais surtout si on a du pot. Et que d'un autre coté, il fait du mieux qu'il peut et que dans l'ensemble c'est pas trop mal.
Vos blogs (vous, mais aussi d'autres) m'ont pas mal aidé à mieux comprendre ce qui se passait dans vos têtes, comment vous nous ressentiez nous patients, et pourquoi le Dr B va me donner tel médoc alors que le Dr A ne le fera pas.
Merci.
En fait, si je fais le bilan, je fais des fois plus ch...er mon médecin que mon garagiste. Mais lui il est tranquille, il y a pas de "garagistissimo"!
Très joli article !
Bonjour, on ne se connait pas (enfin, je ne crois pas), je m'appelle Stéphanie et je suis véto à Marseille. J'ai découvert ton blog depuis quelques semaines et j'aime beaucoup ta sensibilité et ton approche de notre métier. Je voulais juste te le dire, et aussi te dire que si tu as un peu de temps et que tu ne connais pas déjà, tu devrais lire le blog http://www.alorsvoila.com/, écrit par un interne en médecine (humaine), et que j'aime beaucoup.
Bonne continuation et qui sait, peut-être un à un de ces jours "en vrai"!
Bonjour,
J'arrive après la bataille, ça sent le réchauffé du coup.
J'apporte simplement un témoignage manquant : à la seconde où j'ai lu ce livre j'ai pensé que mon médecin de famille l'avait écrit.
J'ai appelé le médecin de mon enfance,
celui qui a soigné mes otites chroniques,
celui qui m'énervait en m'expliquant qu'il ne me donnerait pas de médicaments autres que du Doliprane,
celui que je détestais pour avoir parfois 1h de retard car il avait une consultation longue avant moi,
celui qui aidait mes angoisses d'adolescente à renforts d'homéopathie...
Il a refusé à grands coups de lettres aux élites de vouloir prendre les cartes vitales, il ne voulait pas que les dossiers médicaux soient mal partagés.
Il était tellement parfait, tellement disponible, il venait parfois soigner mes laryngites en pleine nuit même s'il n'était pas de garde...
Il était irritant d'avoir toujours lu tous les supers livres, toujours le bon mot pour rire, toujours cette manière douce de ne pas céder aux caprices de patients...
J'étais persuadée qu'il n'avait pas de vie personnelle tant il était dévoué à son cabinet.
Et en fait si. Même ça il l'avait.
Alors donc j'ai appelé ce médecin à qui je n'avais pas parlé depuis 15 ans. Et je l'ai remercié. J'ai entendu son sourire dans le combiné.
Ce livre n'est pas la chronique d'un médecin idéal, ni méprisant ni complaisant envers ses patients il me semble...
Aujourd'hui que j'ai une boutique, je ne suis pas soumise au secret médical et pourtant je connais des secrets lourds que je ne divulgue pas, je sers régulièrement de déversoir aux angoisses des clients, j'ai le plus possible le mot qui saura les apaiser, les calmer, je n'ai pas d'enfants mais des convictions fortes qui peuvent irriter ou amuser...
J'ai beaucoup aimé ce livre car il reflète une réalité banale à milles lieues de la téléréalité.
Merci pour ce post Madame Fourrure
Bien à vous, Madame Plume ;)
Bonjour, j'ai lu ce livre et je me demandais... Est-ce moi ou la description des femmes dans cet extrait est quelque peu péjorative (le plus souvent) ?