Vétérinaire, ou vétérinaires ?
samedi 23 janvier 2010, 13:35 Quelques bases Lien permanent
Suite à quelques questions ou incompréhensions de la part de clients ou de lecteurs, je me suis dit qu'une petite série d'explications sur les différents rôles, statuts et diplômes de vétérinaires ne serait pas inutile... Je précise que je ne me cantonne ici qu'aux vétérinaires exerçant la médecine et la chirurgie des animaux. Pour le reste, on en reparlera, si vous le souhaitez, une autre fois.
Le site du Conseil National de l'Ordre Vétérinaire est plutôt pas trop mal fait à cet égard, vous y trouverez la plupart des références citées ici.
Les diplômes et titres
Le diplôme de vétérinaire et le doctorat
Les docteurs vétérinaires français ont suivi une formation dans l'une des quatre Écoles Nationales Vétérinaires (Lyon, Maison-Alfort, Toulouse, Nantes, par ordre d'ancienneté).
Ils ont un Diplôme d'Études Fondamentales Vétérinaires (DEFV) et un doctorat, suite à la soutenance d'une thèse de doctorat vétérinaire, délivré par une université. Tous les vétérinaires formés dans les ENV sont donc des docteurs vétérinaires.
Les vétérinaires de l'Union Européenne peuvent également exercer en France sans formalité lourde, même s'ils n'ont pas de doctorat (article L241-2 et suivants du code rural et arrêté NOR : AGRG0818829A)
Les vétérinaires des autres pays doivent voir leur situation au cas par cas avec l'Ordre pour pouvoir exercer en France.
Les autres diplômes et certificats
Les vétérinaires peuvent suivre des formations au-delà de leur doctorat. Ces formations peuvent permettre d'obtenir des diplômes ou des certificats. L'article R812-55 du Code rural en établit la liste.
Ce sont par exemple les Certificats d'Études Supérieures (CES), les Certificats d'Études Approfondies (CEAV), Diplômes d'Études Spécialisées (DESV) et Diplômes d'Écoles (DE). Vous pouvez consulter leur liste complète ici. Ils peuvent être mentionnés sur les plaques et ordonnances puisqu'ils sont une reconnaissance officielle d'études supérieures. Je précise ce point car on ne peut pas mettre n'importe quoi sur sa plaque ou ses ordonnances, seulement les diplômes de cette liste et certains autres indépendants des écoles vétérinaires mais reconnus par l'Ordre. Par exemple, la formation sur l'évaluation de la dangerosité des chiens n'ouvre droit à aucun diplôme, je ne peux donc la mentionner sur mes documents officiels.
Vous trouvez cette liste compliquée et vous ne comprenez pas la différence entre un CEAV, un CES et un DESV ? Ne vous inquiétez pas, nous non plus. Ce système d'empilement de paperasses hérité des décennies passées ne fait que se compliquer, est illisible pour le grand public et n'est pas reconnu au niveau européen. De plus, il ne sanctionne pas une compétence, mais uniquement le suivi d'une formation et le passage d'un examen. On espère un jour une mise à plat de tout ce bazar, mais en attendant... on fait avec.
L'apparition de nouveaux domaines de connaissance ou le développement de certaines approches de la médecine vétérinaire viennent encore plus compliquer les choses : comportement, ostéopathie, acupuncture, homéopathie, liste non limitative de domaines qui ne trouvent que très progressivement leur place au sein de l'Ordre. Les choses peuvent parfois s'embrouiller encore plus avec des fédérations ou des associations assurant des formations et délivrant des diplômes parfois concurrents et en tout cas bien peu compréhensibles. Cette confusion n'est pas anormale : on l'a retrouvée, quelle que soit son étendue, à toutes les époques du développement des professions médicales et para-médicales. Querelles d'écoles ou de clochers, les choses se tasseront avec le temps...
Les spécialistes
Pour couronner le tout, tous ces diplômes et certificats ne permettent absolument pas de se prétendre spécialiste. Le titre de spécialiste est très rare, réservé uniquement à une élite titulaire d'un DESV ou reconnue par la profession, plus précisément par le Conseil National de la Spécialisation Vétérinaire (CNSV), selon les conditions de l'article R242-34 du Code rural et l'arrêté AGRE0914544A.
On peut consulter la liste des vétérinaires spécialiste sur le site du Conseil Supérieur de l'Ordre.
Pour simplifier les choses : si vous voyez "CEAV de médecine interne" ou "CES d'ophtalmologie vétérinaire", vous pouvez malgré tout être raisonnablement sûr de la compétence de ces vétérinaires dans ces domaines particuliers. Obtenir un CES ou un CEAV n'est pas à la portée de tout le monde. Le DESV qui donne le titre de spécialiste, c'est encore pire.
Après, il y a les Boards (américain) et autres diplômes de Collèges européens... Là, pareil, c'est du lourd, équivalent ou supérieur au titre de "spécialiste".
Les différents statuts des vétérinaires
Cabinet, clinique, hôpital ?
Le distinguo n'est pas innocent. Même si la confusion est grande, même au sein de la profession, ces lieux d'exercice ne peuvent être appelé cabinets, clinique ou centres hospitaliers vétérinaires que s'ils remplissent des conditions bien précises de matériel, locaux, présence vétérinaire ou diplômes vétérinaires (détails dans l'arrêté NOR : AGRG0302505A)
Par exemple, pour les deux plus courants :
- Un cabinet vétérinaire est un ensemble de locaux comprenant au moins : un lieu de réception, une pièce réservée aux examens et aux interventions médico-chirurgicales adaptée aux activités revendiquées.
- Pour prétendre à l'appellation de clinique vétérinaire, le domicile professionnel doit :
- disposer d'un ensemble immobilier composé de locaux distincts affectés à la réception, à l'examen clinique, à la radiologie, aux interventions chirurgicales et à l'hospitalisation des animaux des espèces habituellement prises en charge par l'établissement.
- Il doit être prévu au minimum deux zones d'hospitalisation séparées, l'une réservée aux animaux contagieux, l'autre aux animaux non contagieux ;
- disposer à demeure des équipements suivants :
- matériel permettant les examens biologiques et radiologiques ;
- matériel nécessaire aux interventions chirurgicales et aux soins courants ;
- moyens de stérilisation adaptés pour les instruments et le linge destinés aux interventions chirurgicales ;
- appareils d'anesthésie et de réanimation ;
- des aménagements de réveil adaptés aux espèces traitées ;
- employer au moins un auxiliaire vétérinaire, d'échelon 2, tel que qualifié dans la convention collective nationale des cabinets et cliniques vétérinaires.
Salarié, libéral ?
Un vétérinaire peut être un libéral, ou un salarié.
En tant que libéral, il peut :
- exercer en nom propre (le véto solitaire sans société)
- être associé au sein d'une société d'exercice vétérinaire (il en existe plusieurs types mais cela n'a pas d'importance pour le client), auquel cas il est propriétaire de parts de cette société
- être collaborateur, c'est à dire exercer au sein d'une société d'exercice vétérinaire sans y être associé
En tant que salarié, le vétérinaire a un CDD ou un CDI, à plein temps ou à temps partiel. Il existe une convention collective. Les vétérinaires parlent souvent d'"assistant", d'ALD ou d'ACD, mais ces termes n'ont aucune valeur légale. Il est alors subordonné aux vétérinaires pour ce qui concerne l'organisation du travail au sein de la structure, mais pas en ce qui concerne l'exercice de l'art vétérinaire. La nuance est très importante, puisqu'elle préserve l'indépendance du salarié vétérinaire dans sa pratique quotidienne. Évidemment, les esprits chagrins diront que cette nuance est théorique. Dans mon expérience, elle a toujours été réelle.
Aujourd'hui, de plus en plus de vétérinaire sont salariés, alors que ce mode d'exercice était encore il y a peu plutôt exceptionnel, et surtout transitoire, avant une association. Évolution des mœurs, augmentation de taille des structures, féminisation de la profession, protection du salarié par la convention collective, augmentation des contraintes sur les libéraux : ce sont certains des facteurs qui expliquent l'attrait croissant du statut de salarié.
Remplaçant ?
Le vétérinaire remplaçant peut être salarié du vétérinaire qu'il remplace, ou collaborateur. Pour vous, cela a peu d'importance. De toute façon, il remplit forcément les conditions d'exercice de la profession.
Les différents types de pratiques vétérinaires
A l'origine, les vétérinaires ne soignaient que les chevaux et les animaux dits "de rente" : bovins, ovins, porcins. Une piqûre ou une chirurgie plus ou moins expérimentale pour le chien de la ferme, pourquoi pas, mais bon, pour un chien, hein, on ne va pas non plus trop en faire. Petit à petit, il y a une trentaine à une quarantaine d'années, l'exercice canin est devenu de plus en plus courant, et certains ont même envisagé de soigner les chats, voire, incongruité formidable, les souris ou les hamsters du gamin. L'exercice dit "canin", plutôt urbain au départ, s'est développé en zone rurale, et, peu à peu, l'a supplanté en de nombreuses régions.
Aujourd'hui, les "ruraux" purs, qui exercent surtout en médecine et chirurgie bovine, mais aussi ovine ou caprine, sont devenus rares. Ils ne représente plus que 1200 vétérinaires environ sur les plus de 15000 que compte la France. Leur exercice de médecine individuelle tend de plus en plus vers de la médecine de troupeau.
La plupart d'entre eux sont devenus des "mixtes", comme moi, qui touchent un peu à tout, et qui ont tendance à devenir de plus en plus "canins" avec la disparition progressive de l'élevage dans de nombreuses régions françaises. Nous sommes un peu plus de 3000 à nous revendiquer "mixtes".
Les "équins" ont toujours été un peu à part, car si les ruraux comme les mixtes soignent aussi les chevaux, les chevaux de valeur ou les cas les plus compliqués sont le domaine de praticiens particuliers. Ils sont environ 600 en France.
La médecine d'élevage de porcs, de lapins et de volailles est elle aussi à part : il m'arrive de soigner un cochon à droite à gauche, mais les gros élevages sont suivis par des vétérinaires très spécialisés, souvent intégrés dans des groupements ou appartenant à de gros réseaux de spécialistes (spécialiste étant un terme impropre selon la loi, d'ailleurs, mais bon, vous voyez ce que je veux dire). Ils sont environ 200 en France.
Les plus nombreux sont aujourd'hui les "canins", dont l'appellation traditionnelle masque la part croissante de la médecine et chirurgie féline dans leur pratique quotidienne. Ils sont environ 9000 en France. En général, ce sont eux aussi qui s'occupent des rongeurs et autres "NAC", même si certains praticiens commencent à se spécialiser dans ces espèces.
Ces chiffres sont issus d'un ensemble de statistiques disponible ici.
Disons que la tendance générale est à la spécialisation par espèce voire par type de production ou d'exercice, les connaissances devenant de plus en plus pointues et les exigences des clients de plus en plus grandes. Le bloc formé par la profession (qui a dit : "corporation" ?) se fissure sous le poids des réalités pratiques, du changement des aspirations des vétos (l'âge d'or des libéraux ruraux est révolu, la profession perd en rentabilité et en attrait, le salariat se développe) et des transformations, qui, d'une manière générale, touchent la société française et donc les vétérinaires.
Le vétérinaire "qui soigne tous les animaux" devient peu à peu une image d'Épinal, et nombreux sont ceux, qui, parmi nous, sont prêts à abandonner leur métier pour autre chose, le jour où il aura tellement changé... que nous ne nous y retrouverons plus.
Dans mon cas précis, mes clients propriétaires de chiens ou de chats ont parfois du mal à comprendre que je fonce sur un vêlage ou que je revienne couvert de merde au cabinet. Mes clients éleveurs bovins acceptent mal que je les fasse attendre pour un chien. Ils acceptent encore plus mal l'idée de ne plus être ceux qui me font vivre... Quant aux propriétaires de chevaux, ils n'admettent pas que je ne sois pas un spécialiste en médecine équine, ou que je n'abandonne pas le reste pour m'y consacrer. Évidemment, je caricature et généralise, mais je ne suis pas loin de la réalité. Bien entendu, certains apprécient que je garde les pieds dans le fumier, les mains dans la tripe et la tête dans la médecine interne la plus pointue, qu'une brebis venue pour une césarienne passe entre deux chiens au cabinet ou que je puisse soigner leur cheval de compagnie qui fait une colique.
Mais je ne vois pas comment ceci pourra durer...
En tout cas, si vous avez des questions, n'hésitez pas, je pourrais y répondre en commentaires ou éditer et développer le billet selon vos interrogations.
Commentaires
C'est un exposé fort détaillé et passionnant, merci Docteur !
J'ai le sentiment, sans doute primaire, que votre métier et tant d'autres souffrent de la schizophrénie de notre société : le professionnel doit être "total" et dans tous les domaines, savoir TOUT traiter en EXPERT(le tout sans reconnaissance et pour pas cher - exceller étant simplement "normal"). Sinon, il ne survit pas. Et ses interlocuteurs, eux-mêmes pris dans leur propre environnement, n'ont pas/plus forcément le recul et l'ouverture pour comprendre "tout" ce que cela signifie, de pouvoir gérer tant de problèmes si différents.
Je voyais mon métier touché (l'instit doit être prof d'Anglais, prof de Sport, prof de Musique, prof d'Informatique, spécialisé dans le développement cognitif de l'enfant, en plus des traditionnels domaines réguliers - et Assistant Social, et Educateur Spécialisé, et Orthophoniste et Psychologue, j'en oublie - nombreux sont nos interlocuteurs qui ne pardonnent pas la moindre faiblesse dans ces domaines), et bref, je suis de moins en moins surprise de lire ça et là que beaucoup de professions différentes font face au même écartèlement !
Merci, parce que personnelement je n'y comprenais absolument rien à toutes ces désignations et abréviations de diplômes...
Juste une petite précision, un employé des cabinets vétérinaires échelon 2 n'est pas qualifié selon la convention d'"auxiliaire vétérinaire", mais seulement de "personnel d'accueil et secrétariat". L' auxiliaire vétérinaire tout court est à l'échelon 3, s'en suit l'Auxiliaire Vétérinaire Qualifié (AVQ) échelon 4 et l'Auxiliaire Spécialisée Vétérinaire (ASV) échelon 5.
Si je ne m'abuse ;)
Fourrure :
Attention ! Je ne parle que des vétérinaires, là, pas des auxiliaires ! Pour le reste, de mémoire, vous avez raison, mais je ne suis pas le plus qualifié pour parler des ASV.
je viens de votre région, je suis meme certainement venue dans votre cabinet, je n'ai jamais eu de problemes pour avoir des soins appropriés sur mes betes dans n'importe quel des cabinets du coin! ma vieille ponette m'a fait 2 AVC, les 2 tres bien soignés, sans pratiquement aucune sequelles!
mais depuis j'ai demenagé, je suis dans une région plus céréaliere, un veto pour mes chiens, mes chats et octodons, j'ai!
mais pour mes chevaux , rien!
il y a 2 cabinet sur tout le departement avec un specialiste equin, l'un ne se deplace que pour les chevaux de valeur et l'autre est trop loin, il ne se deplace qu'en cas de grosse urgence!
heureusement je n'ai pas eu a le faire deplacer, je me suis toujours debrouillée avec le centre équestre du coin pour avoir des produits, les soins les faisant moi meme!
aujourd'hui pour vacciner mes chevaux je me proccure les vaccins chez mon veto "chiens", fait les injections moi- meme, mais malheureusement cela est illégal et les carnets des chevaux ne sont pas signés!
ici on est riche en tracteur mais pauvre en vétérinaire, y a bien des fois ou je regrette mon coin de vallée!
Bonsoir,
Personnellement j'ai plusieurs vétos en fonctions des animaux/interventions à faire. Pour les vaccinations et petits bobo/tracas pour chiens/chats je vais au cabinet à 5minutes de chez moi. Lorsqu'il s'agit d'une intervention, je préfère faire appel à la clinique qui est plus loin ( intervention prévues à l'avance genre stérilisation).
Et enfin une véto équin pour ma jument, la pas trop de choix dans mon coin, et on passe souvent des après midi à l'attendre pour les vaccinations tellement elle est débordée. Pour les urgences elle essai d'être plus rapide mais bon par moment on trouve le temps long et on se sent très impuissant à coté de 500kg de cheval qui souffre.
Je pense que j'assimile la clinique vétérinaire à un hôpital et donc que c'est pour ça que j'y amène mes bêtes pour les opérations. Avec le recul, je me rends bien compte que ma véto du cabinet vétérinaire est tout aussi bien qualifiée pour stériliser ( dans mon cas) un chat ou un chien que les vétos de la clinique.
"Attention ! Je ne parle que des vétérinaires, là, pas des auxiliaires ! Pour le reste, de mémoire, vous avez raison, mais je ne suis pas le plus qualifié pour parler des ASV."
Je le sais bien Dr Fourrure, néanmoins je voulais juste réagir à une des phrases de cet article, concernant le droit à l'appelation clinique vétérinaire; "employer au moins un auxiliaire vétérinaire, d'échelon 2, tel que qualifié dans la convention collective nationale des cabinets et cliniques vétérinaires".
Pour une fois que je pouvais réagir à un de vos articles depuis le temps que j'y traine, je n'ai pu m'en empecher! ;)
Bonne continuation.
Fourrure :
Vous avez raison ! J'avais recopié l'article du texte de loi sans trop faire attention, disons que le terme "d'auxiliaire" est assez générique.
mes vétérinaires (je n'ai pas su choisir l'un ou l'autre donc chacun suit un de mes chats...) sont des veto plutot canin/felin mais j'aime l'idée du veto sachant soigner tous les animaux...
C'est intéressant ce coup de rétro sur la profession... Tes prospectives pour la rurale ne sont pas gaies et malheureusement bien réelles... On l'a bien compris en voyant ce qui se passe dans la région ! La plupart des vétérinaires sont belges. La féminisation du métier joue un grand rôle très important dans cette évolution ! Concilier une vie de famille avec une période de vêlage en charolais est quasi impossible... J'ai été assommé quand les filles d'amis auxquelles j'avais trouvé des stages deux années de suite m'ont dit le taux de filles à Lyon ! Je te laisse deviner ...
Fourrure :
J'ai un ou plusieurs billets à écrire qui ne me donnent pas du tout une vision optimiste sur les régions où l'élevage est peu rentable, comme la mienne. Je les rumine encore avant de les publier, il me faut encore digérer certaines choses... Pour les filles dans les ENV, à ma connaissance, on tourne à 75-85% selon les écoles et les années. Certaines deviennent d'excellents véto ruraux, mais il est clair que ce n'est pas l'orientation de la majorité. ceci étant, les garçons qui restent ne se tournent pas pour autant plus vers la rurale.
Ta dernière remarque est très pertinente ! Je ne m'en réjouis pas du tout. D'ailleurs, on a le même problème avec les médecins ! Déficit d'image de la vie à la campagne, crainte que les enfants soient pénalisés, astreintes énormes en saison de vêlage, spécialisation possibles en canin, propreté générale, obligation d'intervenir dans des endroits peu sympa... La liste est longue ... J'attends donc la fin de la rumination avec impatience. Je n'omets pas non plus les aspects pécuniaires...
Ca n'est pas trop dans le sujet, mais j'ai une, ou plutôt 3, petites questions sur les vétérinaires et leur code de déontologie, par rapport à la communication. Donc comme je ne sais pas trop où les mettre, je me suis dis que là, ce serait encore le moins inaproprié. :)
Donc voici mes petites interrogations du moment:
- votre code de déontologie vous autorise-t-il à faire partie du conseil d'administration d'une association loi 1901 à but non-lucratif ?
Fourrure :
Les règles viennent de changer en ce qui concerne la communication des vétérinaires (pub etc) avec une nouvelle directive européenne, mais sans transcription dans le code de déontologie pour le moment. Donc mes réponses seront basées sur la situation antérieure à cette directive.
Pour votre première question, oui, aucun problème, avec les précautions logiques qui accompagnent cette présence dans le bureau de l'association : par exemple, le vétérinaire ne doit pas se servir de cette position pour imposer son cabinet dans les soins des animaux d'un refuge... Le choix doit rester libre.
- peut-on citer le nom d'un vétérinaire (avec son autorisation évidemment) sur un document à large diffusion (internet + papier genre newsletter) ?
Fourrure :
Oui mais cela ne doit pas constituer pour lui une publicité qui induirait une concurrence déloyale par rapport à ses confrères (dur dur).
- un vétérinaire/cabinet ou clinique vétérinaire peut-il être sponsor d'un document non-commercial (plaquette d'information) ?
Fourrure :
Oui, mais encore une fois, cela ne doit pas constituer une publicité. Notre cabinet sponsorise ainsi plusieurs associations mais nous leur demandons de faire figuer un message du genre "la santé de votre animal passe par votre vétérinaire".
- a-t-on le droit de citer le nom d'un vétérinaire sur un forum de discussion ou un site internet ?
- un vétérinaire/cabinet/clinique vétérinaire a-t-il le droit de faire un site internet pour son cabinet ? (Je pensais que non, mais je suis tombée sur un site l'autre jour, où il y avait même une zone privée réservée aux clients du cabinet, je ne sais pas si c'est autorisé, mais j'ai trouvé ça chouette moi !).
Fourrure :
La partie publique du site ne doit pas offrir plus d'informations que la façade de la clinique et l'annuaire, c'est à dire pas grand chose : informations sur les animaux soignés, les horaires, etc.
Une partie réservée aux clients peut exister et être bien plus développée.
- un vétérinaire qui, comme vous, utilise un pseudo, doit-il le signaler à l'ordre des vétérinaires ?
Fourrure :
Ah ça j'en avais déjà parlé.
Voilà, ça fait 6 en fait ! Si vous aviez deux petites minutes à consacrer pour y répondre, j'en serais ravie. :)
Fourrure :
J'attendais de toute façon les conséquences de la nouvelle directive pour aborder ces sujets.
Un grand merci pour toutes ces réponses. :)
Dr, vous avez écrit :
"Aujourd'hui, de plus en plus de vétérinaire sont salariés, alors que ce mode d'exercice était encore il y a peu plutôt exceptionnel, et surtout transitoire, avant une association. Évolution des mœurs, augmentation de taille des structures, féminisation de la profession, protection du salarié par la convention collective, augmentation des contraintes sur les libéraux : ce sont certains des facteurs qui expliquent l'attrait croissant du statut de salarié."
Arghhh......., Dr, voulez-vous m'expliquer la relation entre la féminisation de la profession et la part croissante du salariat ?
C'est la même chose chez les médecins, selon le Conseil de l'Ordre seulement 10% des jeunes diplomés choisissent maintenant l'exercice libéral. Idem pour la féminisation dont les causes et conséquences sont multiples (meilleures étudiantes globalement, l'activité libérale supporte mal moins de 55 h/ semaine comme Fourrure l'a clairement montré, le reste à débattre sans s'énerver...)
Pour les avocats on a le même problème. Clairement les femmes souhaitent le plus souvent avoir une vie de famille et être particulièrement présente. Or tous les métiers en libéral nécessitent une présence accrue au travail, des horaires de fou, peu compatibles avec le fait d'aller chercher ses enfants à l'école. Peu de femmes acceptent ce type de rythme très longtemps, peut etre les premières années, mais pas après avoir eu des enfants.
La faute au schéma traditionnel de la famille qui a la vie dure? Peut etre. Mais en même temps de ce que j'ai pu voir dans la profession d'avocat, c'est plus un désire des femmes que quelque chose d'imposée.
je suis une jeune femme vétérinaire à activité mixte, et je suis 100% d'accord avec la description dressée par fourrure de la profession en général et des vétos mixtes en particulier. merci pour ce beau tableau qui met en avant les meilleurs aspects de notre travail. En tant que toute jeune véto, je suis encore souvent choquée par le mépris qu'on semble inspirer à de nombreux "spécialistes" ou pur canin quoi...on a le mérite de toucher à tout, c'est un aspect passionnant de notre travail et je suis convaincue maintenant que l'expérience acquise dans un domaine nous sert dans les autres...
voilà, ça fait peu de temps que je vous lis, j'avoue être assez passionnée, c'est très agréable de se sentir moins seul, on essuie les mêmes échecs et difficultés, les mêmes incompréhensions de clients parfois butés...Je n'ai qu'une requête : pitié faites éditer tous ces billets qui racontent si bien notre quotidien, ce serait encore tellement mieux de pouvoir vous lire ailleurs que scotché à un ordi, surtout qu'à la longue, ça donne mal à la tête !!
Bonjour Fourrure,
petite rectification: les vétérinaires ayant obtenu leur diplôme à l'étranger (hors Europe) ne sont pas vus "au cas par cas" par le conseil de l'ordre.
En fait, ils ne pourront exercer l'art de la médecine et de la chirurgie vétérinaire en France que s'ils ont obtenu la nationalité française (s'ils ne l'avaient pas avant) et s'ils réussissent à passer un concours appelé (injustement) "Concours Vétérinaire des Pays Tiers".
Ce concours est proposé une fois par an, à raison de 6 à 14 places selon les années.
Il se déroule sur 3 jours:
- 1er jour: écrit de 4 épreuves éliminatoires (législation, pathologie des carnivores et équidés, Hygiène alimentaire, Production animale)
Le soir même, ceux qui sont pris à l'oral et à la pratique sont listés.
- 2e & 3e jours: oral choisi + pratique choisie + oral/exposé de législation avec un panel de 12 professeurs spécialistes à vous poser diverses questions (hum! Il faut voir lesquelles...)
Soir du 3e jour: affichage des admis.
(Il faut savoir que pour préparer ce concours ... il n'y a que vous même. A vous de vous débrouiller pour récupérer les cours des 5 années d'étude des 4 écoles, car parfois ils peuvent pas mal différer)...
Amicalement
Je me pose une petite question sur cette partie de votre article : "vous ne comprenez pas la différence entre un CEAV, un CES et un DESV ? (...) Il ne sanctionne pas une compétence, mais uniquement le suivi d'une formation et le passage d'un examen."
Cela signifie que l'obtention d'un DESV, etc... ne garantit pas la compétence dudit spécialiste, juste une aptitude particulière à bachoter ?
Merci si vous pouvez m'apporter une précision.
Fourrure :
Oui et non : ce sont des examens, qui nécessitent d'une part d'apprendre et de passer un contrôle de connaissance (théorique et éventuellement pratique selon la formation et le domaine), et/ou de rédiger une série de cas cliniques illustrant le domaine concerné. C'est donc plus une garantie de connaissances théoriques et pratiques que de compétence. Mais il ne faut pas oublier qu'on ne passe pas ces diplômes "pour le plaisir" : c'est cher et ça prend du temps, il faut donc que ce soit utile, et y porter un intérêt appuyé. C'est donc, indirectement, un gage de compétence. Mais personne ne viendra au-dessus de l'épaule du véto pendant ses consultations pour vérifier s'il est compétent. Comment ferait-on, d'ailleurs ? Notez que c'est grosso-modo la même chose pour les spécialistes en médecine humaine !
Par ailleurs, n'oublions pas qu'en diagnostic, la compétence vient de la méthode mais aussi de la connaissance !
Madame, Monsieur,
J'aimerais que vous me fassiez savoir s'il y a actuellement des négociations pour que soit bientôt supprimée l'interdiction de publicité pour les vétérinaires, au plan français, au plan européen. Salutations distinguées. Remerciements.
Fourrure :
La directive européenne "services" doit être transposée en droit français, et les décrets sont actuellement en cours de rédaction, en concertation entre les représentants de la professions et l'état. La question de la publicité fait effectivement partie des points abordés par cette directive "services", qui tendrait à l'autoriser... dans quelles conditions, comment, ça, nous ne le savons pas encore.