Supprimons les jours fériés !
lundi 12 mai 2008, 11:37 Vétérinaire au quotidien Lien permanent
Non mais... C'est vrai, quoi, ras-le-bol des ponts de mai ! C'était sympa à l'école, mais depuis ces jours fériés sont devenus un redoutable cauchemar !
Vous ne me croyez pas ?
Deux hypothèses :
1) Je suis de garde/d'astreinte
Si le jour férié tombe un lundi ou un samedi, ça fait deux jours de garde d'affilée. Je commence la garde samedi soir à 19h00, je la termine mardi matin à 9h00, et en plus derrière j'enchaîne une journée de travail. Si je compte bien, ça fait 62h pendant lesquelles je vis avec mon téléphone portable sur moi dans l'attente d'un coup de fil pour une urgence. A 20h00, à minuit, à 2h00, à 11h00... Pas moyen de partir de chez moi ou de la clinique, interdiction de m'écarter de plus de 5 minutes de la voiture (donc pas de ballade dominicale, de cinéma, de restaurant...), pas question de prévoir quoi que ce soit à part attendre, attendre, attendre... et intervenir.
Vêlage, accidents, piros, les urgences se succèdent, les coups de téléphone aussi : docteur, mon chien a ceci, c'est une urgence ? Docteur, mon cheval a de la fièvre. Docteur, ya un veau au cul d'la vache, y a la tête mais pas les pattes...
Dans l'ensemble, que des vraies urgences, mais c'est usant...
Le stress est continu, car toutes ces pathologies exigent que je sois au plus vite au chevet de l'animal, à tout instant. Mon téléphone est à côté de la douche, sur ma table de nuit, dans ma poche aux WC.
De plus, je suis tout seul : pas question de me reposer sur l'un de mes confrères en cas de pathologie lourde ou de cas qu'ils ont suivi plus que moi, je dois me débrouiller avec leurs fiches et leurs ordonnances, ça a intérêt à être clair. Et je fais quoi si en plus apparemment il s'est gouré juste avant de partir en week-end ?
Et puis tout ça est payé des clopinettes, en plus. Si je suis libéral, ça ne m'apportera pas grand chose : la garde n'est pas directement rémunératrice, parce que la majoration du prix de la consultation ne compense en aucune manière la disponibilité exigée.
Je n'évoque même pas la possibilité de payer un salarié pour ça, la convention collective a tué ce recours pour la majorité des cabinets vétérinaires français.
Dans les zones assez peuplées, des réseaux de garde se mettent en place, c'est une véritable solution aux innombrables avantages. Pour les vétérinaires du moins. Mais dans une zone rurale, c'est à peu près inenvisageable si la densité de la clientèle est faible : trop de kilomètres. Et je fais quoi s'il y a un vêlage à 50 bornes de l'endroit où je suis déjà en train d'intervenir ?
Évidemment, vous me direz que tous ces inconvénients sont compensés par les jours fériés dont je profite quand mon confrère est de garde.
Des clous
2) Je ne suis pas de garde/d'astreinte
Et ben c'est pas mieux !
Avant de partir en week-end, je m'assure que tous mes dossiers sont bien remplis, que mon confrère de garde est au courant de tous les cas complexes que j'ai pris en charge ces derniers jours, que mes clients ont bien compris que ce ne serait pas moi qui répondrait au téléphone pendant plusieurs jours mais que le vétérinaire de garde serait au courant, etc.
Pendant tout le week-end en question, si je n'ai pas trouvé un moyen de m'occuper l'esprit à plein temps, je vais passer mon temps à me demander si j'ai bien pensé à parler à Olivier du york de madame Branchu, et si elle a bien compris mes recommandations au sujet de son cœur. Le matin, pas moyen de faire une grasse mat' : je suis épuisé, mais deux jours ne suffisent pas à couper le cordon, les angoisses de ces derniers jours de travail me tournent dans la tête.
Et le pire, c'est le retour au boulot au sortir du week-end. Je sais que mon confrère aura hospitalisé des cas nécessitant une chirurgie, que les clients vont se précipiter pour tous ces soins pas urgents qui, au lieu d'être étalés sur une semaine normale, s'accumulent sur quelques jours. En plus, certains d'entre eux auront laissé traîner des maladies qui n'auraient pas du attendre, ou auront empiré les choses avec une pincée d'automédication mal choisie...
Accessoirement, les stocks de médicaments ne ressemblent à rien, les jours de livraison et de commande étant décalés. Comme d'habitude, nous nous sommes emmêlés les pinceaux, et certains produits commencent à manquer.
Le rapport de la commission Fourruri préconise donc :
La suppression pure et simple des jours fériés à l'exception de Noël, parce qu'avec les enfants, c'est quand même plus sympa, et du jour de l'an, parce que c'est une vraie occasion de se réunir avec des amis.
Tous les autres ne servent de toute façon pas vraiment à retrouver des gens que l'on apprécie grâce à un jour de repos en commun, donc, peu importe, un dimanche le fera aussi bien, non ?
Ou alors on met les jours fériés le dimanche.
Je plaisante ?
Pas vraiment...
Commentaires
Bon ben.... suppression que pour les vétos alors parce qu'il y en a d'autres qui en profitent bien....
Décidément, être véto n'est pas un boulot facile...
Fourrure : Et pour tous les autres qui travaillent les jours fériés, c'est à dire beaucoup de monde !
Je compatis, suis de garde depuis vendredi matin, et ce, jusqu'à jeudi soir prochain...pas de souci...En plus, je sais que le planning de mardi et mercredi est délirant, car les gens n'ont pas prévu ces choses là entre le pont du 1er et 8 mai, arrgghhh !!! Vivement le we prochain, 4 jours off, je me tire en we !
Je n'ai pas précisé que les 62 heures c'était la marge basse. Pour ce week-end pour moi ce sera du vendredi matin 9 h au mardi soir 19h, soit 96 heures de rang si je compte bien. Mais le pire, c'est que je sais que je ne suis pas à plaindre. Une pensée pour les vétos qui bossent seuls ou même tous ceux qui en enfileront encore plus...
Suis parfois de garde 15 jours et 15 nuits consécutives en plein mois de février...si c'est un premier quartier de lune c'est gagné!!! et de garde 21 jours et 21 nuits non stop en août sans compter 10-12 jours de suite en octobre et avril...
Fourrure : Quand je dis que je ne suis pas à plaindre...
j'avoue que pour remplir le frigo dans ces moments c'est cocasse...la convention collective soit disant tueuse dont tu parles m'indemnise et me permet de régler les URSAFF et le salaire de la personne que j'emploie dans ces moments pour des trucs cons comme sortir le chien parce que je suis partie en vêlage express le matin, faire les courses et s'occuper du linge ;-)!...
Fourrure : Ben dans mon cas les astreintes ne génèrent pas assez d'argent (pas assez d'interventions !) pour arriver à payer à la convention collective...
J'ai la désagréable impression que ces tarifs (qui sont pourtant réalistes, je ne les critique pas) ne peuvent être supportés que par les rurales rentables en urgences, comprendre, les enchaînements de césariennes...
Sans compter que la vie sociale en prend un coup et les problèmes de santé s'accroissent....vive les AINS et le tétrazépam les lendemains de césariennes et torsions...
Je sais , les salariés ça fait que se plaindre...du coup je signe en canine avec des gardes partagées...doublé d'une bonne mésothérapie étalée sur l'été!...la rurale au féminin s'en remettra je suppose...
Fourrure : CQFD.
Sinon, moi je suis pour supprimer Noël férié que j'assure depuis 5 ans en garde, par contre j'espère pour les autres jours fériés l'année prochaine...alors pas de blague...Disons que pour les libéraux au moins ils ont l'impression que s'ils se reposent, ça ne coûte rien à la structure, et que s'ils bossent, ça leur rapporte des sous.
Pour les salariés, de toute façon la "présence" est payée donc une astreinte de salarié coûte forcément de l'argent à la structure, ce qui est normal. Cependant, c'est un luxe pour de nombreux cabinets...
Pour les non astreintes, détends-toi un peu, tes collègues gèrent aussi non?
Fourrure : à moins de trois jours de repos je reste "dans" le boulot, j'ai beau me raisonner, j'angoisse quand même... On va voir quand tombera le burn out.
Ben, mon avis est partagé. Bon, d'accord, je suis une prof, donc de toute façon, pour bcp de gens, je ne travaille pas... Mais...
Les jours fériés sont ch... car j'ai du mal à boucler mon programme (si, si, y en a un, même en français; et surtout ch... quand une inspection tombe ds ces jours-là), les élèves se croient en vacances qd ils reviennent et j'ai du mal à me forcer à préparer mes cours et corriger mes copies quand on peut profiter du week end pour faire qch. De plus, pas de pont pour les profs car ça ferait trop de demi-journées à rattraper (vendredi entier et samedi matin), mais les élèves le font de leur côté...
Cependant, les jours fériés, c'est génial car on peut se reposer. Je ne parle pas de faire la grasse mat car on garde le rythme de la semaine (lever retardé à 7h au lieu de 6h15), mais on peut un peu traîner, faire les rangements qui nous attendaient depuis des jours (programme peu réjouissant). On peut faire du sport. On peut faire des barbecues avec des potes (vive le beau temps!). On peut s'en aller s'il y a plusieurs jours (à condition d'avoir la force de faire de la route). En parlant de boulot qui trotte ds la tête, c'est sûr que si l'on reste chez soi, on reste dans l'ambiance boulot: mes copies, mes cours sont là; mon bureau, sur lequel je travaille tous les jours, est toujours là (lieu de travail et lieu privé se rejoignent pour moi). Donc, si je veux profiter d'un jour férié, il faut que je sois arrivée à m'organiser pour pouvoir m'en aller ou faire qch sur place. Sinon, le jour férié ne sera que l'occasion de récupérer le retard que j'ai ds la correction de mes copies. Le pb est le décalage qui existe avec mon mari, qui, lui, n'a pas de boulot à faire à la maison: il voudra tjs bouger, faire plein de choses; moi, mon boulot est encore là...
Ceci ne concerne que moi, évidemment (et d'autres profs).
Je compatis à ta situation. J'espère que tu arriveras tout de même à te détacher un peu plus de ton boulot quand tu n'y seras pas... Courage, courage!
Pas d'accord!
Et comment je termine mes expertises judiciaires moi?
La vie est faite pour travailler du matin au soir. Les jours fériés pour rattraper son travail en retard...
Euh, vous, c'est la nuit aussi?
Bon ok, je sors...
Eh, je cherche killme (yeah), je m inquiète beaucoup (yeah bab') car je ne l ai pas vu depuis longtemps (baby yeah baby), il est peut être resté coincé (yeah) dans sa chaise (roll over baby) à cause de ses rhumatismes (baby) :)
Fourrure : She's au fond du couloir at right, I suppose.
Je crois que c'est juste Zythom...quant aux salariés s'ils sont pas contents z'ont qu'à s'installer ;-)! et là au moins ils veront ce que c'est...
Bon je sors avec Zythom...
Pour revenir à la convention j'avais essayé de bidouiller un peu dans la comission paritaire pour ménager un peu la chèvre et le chou...faire un fixe pour la garde et ajouter un pourcentage des actes...z'ont pas voulu...je suis d'accord c'est un luxe quand les gardes sont calmes...par contre quand ça bouge un peu un salarié rentabilise bien...et s'il assure seul, c'est autant de repos pour le libéral...quant au chiffre à la fin de l'année, je suis encore à la recherche d'un patron assez transparent pour qu'on les mette sur la table à la fin de l'année...je ne crois pas avoir jamais fait perdre de l'argent à mes employeurs mais bon...par contre je n'ai pas souvent eu le choix de mon planing non plus...mais c'est un long débat et comme je sors je vous laisse donc entre libéraux...moi je botte en touche sinon je vais me fâcher sans le vouloir...
Ciao
Fourrure : moi c'est comme ça que je fais, mais chut... Mon premier employeur me payait un tout petit fixe, et un pourcentage des actes hors taxe. Ca m'est resté...
Mais euh pour les nuits "normales", il y a des gardes aussi ?
Faudrait arrêter les nuits aussi ?
Je sors :D
Bon, dans mon futur boulot, de toute façon c'est tout vu : je serai officier sur des navires marine marchande, donc je suis à bord une certaine période, et c'est boulot par quarts (4h de boulot, 8h de repos) ou à la journée si la machine est automatisée, mais en cas de pépin c'est téléphone et au boulot... le navire ne doit pas s'arrêter !
En ce qui me concerne, je ne vais pas me plaindre, j'ai eu droit au viaduc de 5 jours :-)
Donc les jours feriés, je ne crains pas!
Bon, ça m'arrive quand même d'être de garde de temps en temps, mais je suis dans une région où les gardes en rurale ne sont pas si affreuses que ça (quoique ça dépend de la saison quand même).
Il y a bien quelques semaines dans l'année où je suis seule au boulot (jours, nuits et WE) quand mon boss part en vacances et c'est vrai que ça fait du bien quand on arrive à la fin... (et à chaque fois je me demande comment j'ai réussi à ne pas jeter le téléphone portable par la fenêtre...)
Mais bon, après les gardes viennent les repos compensateurs alors je ne vais pas pleurer non plus!
Coucou! Ok pour le stress des gardes. Même quand il n'y a pas de clients, c'est super gonflant de rester d'astreinte. Mais quand tu n'es pas de garde il faut absolument que tu arrives à déstresser!!! Surtout si tu as la chance d'avoir des collègues sur qui te reposer... Décroches un peu! Faut arriver à accepter que tu ne peux pas tout faire et assumer tes faiblesses. Si les choses se passent mal quand tu n'es pas là, tu n'y peux rien, tu es humain et ne peux pas assurer 24 h sur 24. Fais attention, tout ce stress, c'est peut être vivable comme ça au jour le jour, mais à long terme c'est quand même pas trop bon, tu le sais?
Tiens la dernière de l'administration fiscale...du 1er Octobre 2007 au 31 décembre 2007 je n'ai fait aucune heure supplémentaire...bizarre comme j'ai eu l'impression qu'elles étaient longues mes 35H...et donc je vais payer des impôts plein pot...comme quoi ça vaut vachement le coup la globalisation des heures de travail, l'annualisation et la convention collective...Je te rejoins Fourrure, c'était mieux sans la convention collective qui apparemment ne satisfait ni l'employeur que tu es, ni la salariée que je suis....Avec la convention collective, j'ai eu certes droit à un salaire plus important mais comme il était plus important on m'a demandé plus de souplesse et de disponibilité, plus d'heures, non comptées apparemment comme supplémentaires, j'ai dû employer quelqu'un chez moi pour m'aider à combler le manque de temps pour continuer à fonctionner à peu près normalement et maintenant on m'annonce en plus que je vais devoir payer en plus de l'URSAFF et du salaire de mon employée ménagère, une grosse différence d'impôt, ... quand à la vie sociale elle en a pris un sérieux coup dans les dents à cause d'un planning de fou, d'une convention enfin appliquée et qui soit disant n'avantage que les salariés...et tout ça pour gagner à peine plus, permettre un roulement harmonieux d'une structure qui ne m'appartiendra jamais, prendre des congés genre 1ère semaine de mars, voire la fin du mois de novembre...et c'est étrange, mais une fois de plus je démissionne....Cela dit, fais attention quand même au burning out...il semblerait que tu en présentes quelques symptômes...
Fourrure : en fait, je n'étais pas satisfait en tant que salarié, pas satisfait en tant que collaborateur libéral, pas satisfait en tant que libéral... mais ça donne un cadre, ce qui est déjà pas mal, et évite certaines situations ubuesques de sous-paiements aussi, rares mais délirantes !
Chez moi, le problème est réglé : j'assure toutes les urgences...
Petit cabinet indépendant vivant en parallèle d'un gros réseau de garde - qui ne veut pas de moi pour des raisons aussi variées que le délit de sale gueule ou une prétendue insuffisance de matériel d'urgence - j'ai la chance d'assurer la continuité des soins en moyenne 300 jours par an. C'est usant, très, d'autant que je reçois, malgré tout, des cas de vétérinaires appartenant au fameux service de garde très performant auquel je ne participe pas. Parce que se renvoyer les gens, la nuit, pour n'avoir qu'une nuit de garde sur 20, c'est bien, mais il faut que cela soit raisonné.
Je ne compte plus les nuits/WE ou les vétos se sont gourrés sur leurs répondeurs dans le tour de garde et se renvoient donc mutuellement les clients sur leurs boites vocales. Je ne compte plus les fois où l'on me dit "Docteur, je ne suis pas client chez vous, mais la garde assurée pour mon vétérinaire habituel m'envoie à 70 km..."
Dans ces cas-là, évidemment, je reçois, il serait malvenu de ne traiter que "ses" urgences" pour "sa" clientèle (les gens n'appartiennent qu'à eux-mêmes, et c'est très bien ainsi). Et je maudis celui qui dort tranquillement en pensant que les gens sont prêts à faire 70 km en moins de 20 minutes (temps d'intervention maximum conseillé par l'Ordre pour une urgence) pour consulter le vétérinaire vers qui il a consciencieusement référé ses urgences... Celui qui dort et me dira, le lendemain, "Ah, c'est chez vous qu'il est venu ? Bon, ben dites-lui que je prends la suite" et raccroche sans dire merci et sans reconnaitre que, même sans "matériel nécessaire aux urgences", je l'ai bien géré, "son" cas. Lui, 19 nuits sur 20, il dort sans stresser parce que le téléphone va certainement sonner. Moi, même quand il ne sonne pas, je rêve que c'est le cas.
Fin de la digression. Tout cela pour dire que, même en canine, la vie n'est pas toujours rose (et la confraternité pas toujours évidente). Enorme avantage toutefois : les urgences, on me les amène, je n'ai pas à courir de ferme en ferme en pleine nuit.
Et donc, c'est quand qu'on interdit les nuits ? :D
On me dit dans mon oreillette que le projet de loi sur l'interdiction des nuits, dimanches et jours fériés fait partie d'un pack visant également à interdire les diarrhées, les obstructions urétrales, les hémorragies, les empoisonnements, les corps étrangers, les oedemes de Quincke, les chenilles processionnaires et les mises bas... C'est pas gagné, ca va débattre sec à l'Assemblée... ;op
non on ne supprime aucun jour ferie
Fourrure :
Bien monsieur, merci monsieur.
On peut garder le 1er mai ? C'est mon anniversaire (oui je sais, on s'en fiche).
Si non, je postais un commentaire pour dire que votre blog est vraiment très interessant et remarquablement bien écrit !
En tout cas il confirme ce que je pensais : les vétos sont quand même un peu fous de faire ce métier !