Chiens dangereux : ras-le-bol !

Ce sera mon premier coup de gueule sur ce blog, mais là, j'en ai ras-le-bol. Le traitement de cette information, déjà, m'avait agacé. Une annonce lapidaire sur France Info, et une dépêche du même tonneau sur Le Monde.fr

Prenons les choses par le commencement :

Lu sur Le Monde.fr d'après une dépêche Reuters :

Ce n'est qu'une dépêche factuelle, mais elle comprend déjà quelques erreurs regrettables...

Un garçon de deux ans et demi a été mordu à mort, mercredi soir 9 janvier, par le rottweiller familial. La mère de l'enfant venait de se garer devant le domicile de la famille, à Charnay, un village du Beaujolais, quand le chien, âgé de 4 ans, est devenu agressif et a attaqué le garçon au visage à sa descente du véhicule, ont rapporté les gendarmes. Les services de secours n'ont pas réussi à sauver l'enfant grièvement blessé.

On ne sait rien sur les circonstances du drame, j'espère plus d'informations rapidement.

Le rottweiller a été enfermé dans un garage avant d'être récupéré par la brigade cynophile de la gendarmerie et conduit à la SPA. Il pourrait être euthanasié, la décision revenant à un tribunal.

Si la morsure n'a pas d'explication "logique", le chien devra passer par trois visites réalisées par un vétérinaire titulaire du mandat sanitaire afin de déterminer s'il pourrait être atteint de rage. En tout état de cause, il serait illégal de l'euthanasier avant 15 jours, le délai nécessaire à la réalisation de ces visites (et de plus il me semble que la décision revient au maire ou au préfet, si les propriétaires du chien ne décident pas d'eux-même de l'euthanasie).



Selon les premiers éléments de l'enquête, le chien était en règle, officiellement déclaré en mairie et ses propriétaires possédaient un "permis de détention" de chien dangereux.

Le permis de détention n'existe pas (encore), le reste ressort de la procédure normale de déclaration d'un chien de deuxième catégorie. Comme quoi ces lois très contraignantes n'empêchent pas les accidents dans le cercle familial (et même au dehors).

La dépêche d'Associated Press sur le Nouvel Obs est moins pire.

Mais ce qui me hérisse le plus, au final, ce sont les réactions lues à droite à gauche (commentaires des abonnés du Monde.fr par exemple, représentatif de ce que j'entends autour de moi en ce moment).

Arrêtez de penser que l'euthanasie (oui, ce terme est le bon, même pour un animal) des chiens de première ou seconde catégorie va résoudre le problème ! Tant qu'il y aura des chiens de plus de 15 kg il y aura des morsures potentiellement mortelles. Va-t-il falloir tous les abattre ?

C'est regrettable, mais il y aura toujours des morsures, des chiens méchants et des drames. Ce n'est pas en empilant des législations bancales et répressives qu'on améliorera la situation. Ni en bombardant tout azimut la population de reportages bâclés ou de dépêches lapidaires. Faire de la prévention, expliquer aux gens qu'un chien ça peut être dangereux, surtout avec un enfant, repérer les chiens qui présentent un comportement inquiétant, oui ! Tout baser sur le délit de sale gueule, non ! Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit à l'heure actuelle.
Et bien sur, ça ne suffira pas. Comme il y aura toujours des enfants pour se noyer dans une piscine, d'autres pour se faire renverser devant l'école, tomber dans un escalier ou s'électrocuter. Bien entendu, il y a des lois et du bon sens pour limiter ces accidents. Mais tout le monde a compris que ça ne les empêchera pas complètement, je suppose. La différence, là, c'est qu'il s'agit de plusieurs centaines de milliers de chiens, voire de millions de chiens potentiellement dangereux (si l'on prend en compte le poids des chiens). Et on voudrait tous les tuer parce que certains d'entre eux ont mordu ? Doit-on supprimer les humains pour se débarrasser des psychopathes, ou tous les enfermer chez eux, peut-être ? Faut-il interdire les piscines, le métro, les prises de courant, les objets coupants ?

J'espère surtout que les parlementaires qui examineront le projet de loi sur les chiens dangereux dans les jours qui viennent ne subiront pas de pression médiatique suite à ce dernier drame.

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