Boules de Fourrure

M’agenouiller.
Devant son chien, et l’inviter
A me rejoindre.
Redresser sa grosse tête, la soutenir
De mes deux mains
La poser dans les siennes, le transmettre,
Le redresser,
Le ramener, juste
Le réveiller
Parce que nous ne gagnerons pas
Je leur ai offert
Du temps,
Celui des adieux, celui du départ
Celui d’admettre, celui d’accepter
J’ai posé ses babines
Sur ses paumes ouvertes
Ses yeux dans les siens
Un dernier regard
Lui dire au revoir
J’ai dit
Les mots qui délivrent,
Je l’ai écouté
Juste, le raconter
Puis
J’ai
Injecté

Il m’a heurté hier soir.
Un énorme chien qui déboule, son maître, sa maîtresse, des liens, des vies, une famille, une histoire, et maintenant
C’est fini
Je l’ai accueilli, je l’ai soulagé, je l’ai surveillé. Je l’ai accompagné, et je les ai aidés
A réaliser
Que personne
Ne pourrait le sauver.
Je n’ai pas suscité d’espoir, mais je lui ai laissé une chance, celle de me détromper.
Je les ai écoutés, ils m’ont bousculé, ils m’ont fait chavirer, et je suis resté
A leur côté.
J’ai assisté à leur échange,
Témoin privilégié. J’ai réussi à le ramener, juste assez, juste assez. Pour qu’ils puissent se regarder, puisqu’ils puissent tout se dire.

« Il nous restera les souvenirs ».

Je vous souhaite
Qu’un jour quelqu’un vous regarde
Comme ils se sont regardés.